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Digitized by the Internet Archive in 2010 with funding from University of Ottawa Iittp://www.arcliive.org/details/oeuvrescompl04rons L^ OEUVRES COMPLETES P. de Ronsard OEUVRES COMPLÈTES DE P. de Ronsard NOUVELLE ÉDITION REVISÉE, AUGMENTÉE ET ANNOTÉE FAR PAUL LAUMONIER TOME QUATRIEME PARIS LIBRAIRIE ALPHONSE LEMERRE 23-33, PASSAGE CHOISEUL, 23-33 19 14- 19 19 418/180 LES ELEGIES DE PIERRE DE RONSARD. A TRES-VERTVEVX SEIGNEVR, ANNE DE lOYEVSE, ADMIRAI DE FRANCE. iiensarJ. — IV. EPITHALAME DE MONSEIGNEVR DE lOYEVSE, ADMIRAL DE FRANCE. loyeuje, fuy ton nom, qui ioyeux te conuie A ïouïr doucement d'vne ioyeufe vie, Puis que ta dejiijiée a Jurmoîité le Jort De Fortune, &" conduit ta nauire à bon port. Oui maintenant de fleurs au haure eft couronnée. Portant dejjus le mafl: le flambeau d'Hymenée. Le iour que tu nafquis, d'artifice fubtil La Parque te trama les replis d'vn beau fil. Et t'en fit vn prefent, de ton bien defireufe, Pour voir pajfer ta vie en toute chofe heureufe. Car à peine la barbe a crefpé ton menton De la douce toifon de [on premier cotton, Qu'armé de la vertu non vulgaire ù" commune Tu prejfes fous tes pieds l'Enuie ù" la Fortune, Des peuples bien-aimé, de ton Prince chéri. Des Mufes Ù" de Mars à l'égal fauori : Les Mufes te chaînant, ù' Mars dés ta ieunejfe Signalant ta valeur d'honneur &" de prou'éjfe. le te voy, ce me femble, au milieu des tournois Vn Afire fur la tefie, i^ au dos le harnais, Accompaigîié d'Amour enuoyer iufqu'aux nues Les trançons ef datez de tes lances rompues. le voy dejfous l'acier de ton fort coutelas Tomber ù" inorions ù" pennaches à bas: le te voy foudroyant combatre à la barrière, Et poudroyant le camp d'vne vijîe carrière (Comme ces vieux guerriers aux armes bien appris) Donner dedans la bague, ù" t'honorer du pris, Et fur tous en valeur paroijlre fur la place. Puis lefoir enfumant quand Vefper de fa face Aura bruni le Ciel au poinB que le iour faut, le te voy préparer pour vn plus doux ajfaut. Non moins afpre au méfier de Cyprine la belle, Que vaillant aux combas quand la guerre t'appelle. le voy défia lefoir des amans attendu, le voy défia le U6i par les Grâces tendu, Qui danfent à l'entour, ù" verfent à mains pleines Myrtes, Rofes Ù" Lis, Oeillets ù" Marjolaines. Venus pour hoîiorer ce foir tant defiré, Dedans fon char portée à deux Cygnes tiré Fendra l'air pour venir, ù" fur la couuerture De ta couche nopciere ejiendra fa ceinture, A fin que fon Cefton d'vnion compofé Serre à iamais l'efpoufe auecques l'efpoufé. Les Amours féuentant à petits branles d'ailes T'allumeront le cœur de cent fiâmes nouuelles. le les voy, ce me femble, vn défia defiacher Ta robe, Ù" doucement dans le liôî te coucher. Te parfumer d'odeurs, ù' de la mariée L'autre qui la ceinture a défia défiée, ELEGIES. Et luy verjer aux yeux mille Grâces, à fin Qu'vne fi Jairite amour ne prenne iamais fin : Mais d'âge en âge croifi^e autant jerme enlacée, Que la vigne tient l'orme enfes plis embrajfée. La Parole & le leu, qui les amans conioint, Les baijers colombins rie vous dejaillent point : Que chaque membre face en fi doux exercice. Comme pouffiez d'Amour, tout amoureux office : Et de vofire bon-heur heureufement contens. Cueillez fein contre fein les fleurs de vos Printemps. Car l'âge le meilleur s'enfuit dés la ieuneffe. Et en fa place vient la mort ir la vieilleffe. le voy, ce jemble, Hymen prote&eur des humains, Le brodequin es pieds, le flambeau dans les mains. Hymen conferuateur des noms ifr des familles. Séparer en deux rangs les garçons Ù" les filles, Et les faire chanter à l'entour de ton lit, Efclairez de jon jeu qui ta nopce embellit. i oy défia de leurs pas la cadance ordonnée, V oy toute la maijon nefo?iner qu'Hymenée, Et le cornet à l'huis faire vn bruit, pour n'ouir Les cris qui en pleurant la feront refiouir. La Concorde à iamais en ta maifon feiourne : T feiourne la Foy, Ù" que l'an ne retourne Sans vn petit loyeux, qui refemble à tous deux, Pour faire père ù" mère enfemble bien ioyeux : A fin que ta vertu d'vn tel Prince appuyée. Et au fang des Lorrains d'vn ?iœud jerme alliée, Luife vn iiouueau joleil, priuant de fa clairté Ceux qui feront ialoux de ta félicité. ELEGIES. AV ROY. ELEGIE I. le refemble, mon Prince, au Prejîre d'Apollon, Qui n'ejl iamais attamt du poignant aiguillon Ou [oit de Prophétie, ou [oit de Poèfie, S'il nefent de fou Dieu [on ame ejtre faifie. Mais alors que Phebus, qui fait à fou cojlé Sonner l'arc Ù" le lut, quitte le Ciel voûté, Et vient voir fes autels, [es fejîes &" [on temple, Son Minière [oudain qui le voit ifr contemple, Et le reçoit en [oy, effarouché d'horreur Se trouble tout le [ang d'vne ardente Jureur, Et Prophète deuie?it [ous le Dieu qui le preJJ}, Puis [on Dieu le laijfant, [a [ureur le delaiJJ} : Monjlrant par tel accès que nojîre humanité N'eji [mon le iou'ét de la diuinité, Tantojî plein, tantojl vuide, autant que veut la Grâce Du Ciel, qui courte en nous, ou large en nous s'atnajfe, Pource trois [ois heureux ceux au[quels eji permis De voir les Dieux de près, ù' [e les rendre amis. Ainfi quand par [ortune, ou quand par maladie le m'ab[ente de vous, ma Mu[e ejl re[roidie. Parnajfe & [es deux [ronts me [emblent des de[erts. Et pour moy [e tarijî la fontaine des vers, le me [ens trans[ormé, comme jt le breuuage De Circe auoit charmé ma vois ù" mon courage. Tant ma langue s'arrefîe à mon palais tout court. Mais lors que ie retourne au temple de la Court, ELEGIES. 7 Et lors que voy Henry l'Apollon qui m'infpire, Soudain ie me dsjcharme, Ù" ma langue veut dire Les honneurs d'vn tel Prince, Ù" me fens r'enchanter D'vn nouvel enthoujiafme, afin de mieus chanter Vojîre vertu qui règne au monde fans égale, Et toufiours vous chantant mourir vojîre cigale. C'eji pourquoy ie retourne à baifer vos genous Pour réchaufer mon [ang en m'aprochant de vous, Et aujjt, mon grand Roy, pour ofer fatisfaire A vos commandemens, s'il vous plaifl me les faire. Ne vous arrefiez point à la vieille prifon Qui enferme mon corps, ny à mon poil grifon, A mon menton fleuri : mon corps n'efi que l'efcorce. Seruez-vous de l'efprit, mon efprit eji ma force. Le corps doit bien toft rendre en vu tombeau poudreux Aux premiers Elemens cela qu'il a pris d'eux. Uefprit viura toufiours qui vous doit faire viure, Au moins tant que viuront les plumes ù' le Hure. Quand i'auray ceft honneur fait devons rencontrer Sortant devofire chambre, ou foit pour y entrer, le vous fuppli' de dire (Ù" aujfi ie l'efpere) Celuy fut eleué par les mains de mon père, Par mes frères nourri, Ù" de moy bien-aimé: ïl fut l'vn des premiers qui de gloire allumé Fit paffer mon langage aux nations ejîranges, Ornant ma race Ù" moy d'honneurs iD' de louanges. Et monfira le chemin encores non battu A mes nobles François de fuiure la vertu. Ne faites point vers moy ainfi qu'vn mauuais maiflre Fait enuers fon cheual, ne luy donnant que paifire, Encor qu'il ait gaigné des batailles fous luy, Lors que la maladie, ou le commun ennuy D'vn chacun, la vieilleffe, accident fans refource^ Kefroidift fes iarrets, <ùf empefche fa courfe. ELEGIES. Mais juiuezScipion, qui baflit jon tombeau Sur Cartilage, <Ù^ qui onq' ne fifi rien de fi beau Qu' enterrer près de Joy, pour honorer Ja gloire, Le bon père Ennius, chantre de [a victoire : A fin que vif Ù' mort il eufi à fon cofté La Muje, qui auoit à fa race apporté Plus de Lauriers jacrez, que n auoit fon ejpée Aufang des ennemis tant de jais retrempée. Car vaincre Hannibal, ù" pouuoir par f es mains Defiourner le bon-heur de Carthage aux Romains, C'eftoit vn œuure grand, dépendant de Fortune, Qui fe înonfire à chacun également commufie : Mais allonger fon nom, Ù' le rendre aimantin Contre la jaulx du Temps, dependoit du deftin. Comme le vofire. Sire, ayant ce priuilege D'ejfre aimé d'Apollon ù" de tout Jon collège. ELEGIE II, Hier quand bouche à bouche ajfis auprès de vous le contemplois vos yeux fi cruels ù' fi dous. Dont Amour fifi le coup qui me rend fantaflique : Vous demandiez pourquoy i'efiois mélancolique, Et que toutes les fois que me verriez aiifi, Vouliez fçauoir le mal qui caufoit mon fouci. Or à fin quvne fois pour toutes ie vous die La Jeule occafion de telle maladie, Lifez ces vers, Madatne, ù' vous verrez comment. Et pourquoy ie me deuls d'amour iîicejjamment. Quand ie Juis près de vous, en vous voyant fi belle, Et vos cheueux jrifez d'vne crefpe cautelle, ELEGIES. Qui vous feruent d'vn reth, où vous pourriez lier Seulemeîit d'vn filet vn Scythe le plus fier. Et voyant vojlre front &" voftre ail qui uploads/Litterature/ oeuvres-completes-de-p-de-ronsard-t-4-les-elegies-et-les-hymnes.pdf

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