CNRS EDITIONS FRANÇOIS JOST MÉDIAS : SORTIR DE LA HAINE ? Présentation de l’édi

CNRS EDITIONS FRANÇOIS JOST MÉDIAS : SORTIR DE LA HAINE ? Présentation de l’éditeur Les Français comme les Européens ont de moins en moins confiance dans leurs médias, suspectés d’être liés au pouvoir politique ou aux puissances de l’argent. Dans les manifestations, les journalistes passent pour les « nou- veaux ennemis du peuple », tandis que, chez eux, de plus en plus de citoyens éteignent le poste pour éviter ces trop pesantes informations. La rupture semble consommée. Contre-pouvoirs indispensables de nos sociétés démocratiques, les médias sont pourtant l’affaire de tous et il est urgent de réapprendre à naviguer à travers ces eaux méconnues. Et dans cette traversée, il n’est sans doute pas meil- leur guide que François Jost. Passant en revue les causes historiques, philosophiques et sociologiques de cette défiance, il met au jour les racines de la haine et se demande finalement s’il est possible d’en sortir. Et comment. Après la Méchanceté en actes à l’ère numérique (2018), ce nouveau livre, accessible au plus grand nombre, fournit les outils pour une critique enfin utile des médias. Une œuvre salutaire pour se départir de la paranoïa ambiante. Professeur émérite à la Sorbonne nouvelle-Paris III, sémiologue, François Jost est l’auteur de nombreux livres sur l’image et les médias dont Les Nouveaux Méchants. Quand les séries améri- caines font bouger les lignes du Bien et du Mal (2015) et direc- teur de la revue Télévision (CNRS Éditions). CNRS EDITIONS FRANÇOIS JOST MÉDIAS: SORTIR DE LA HAINE?   Du même auteur Nouveau cinéma, nouvelle sémiologie (avec D. Chateau), UGE, 10/18, 1979, repris par les éditions de Minuit, 1983. L’Œil-caméra. Entre film et roman, Presses universitaires de Lyon, 1987. Le récit cinématographique (avec A. Gaudreault), Nathan, 1990 ; 3e édition actualisée et augmentée, Armand Colin, 2017. Un monde à notre image, Énonciation, Cinéma, Télévision, Méridiens- Klincksieck, 1992. La télévision française au jour le jour (en collaboration), INA-Anthropos, 1994. Le temps d’un regard. Du spectateur aux images, Montréal-Paris, Nuit blanche-Méridiens Klincksieck, 1998. Penser la télévision (dir.), Nathan, coll. Médias-recherche, 1998. Introduction à l’analyse de la télévision, Ellipses, 1999 ; 3e éd. 2007. La télévision du quotidien. Entre réalité et fiction, de Boeck Université/ INA, coll. Médias Recherche Méthodes, 2001. L’Empire du loft, La Dispute éditeurs, 2002. Realtà/finzione. L’Impero del falso, Milan, Castoro editrice (inédit en France), 2003. Seis lições sobre televisão, Porto Alegre, Editora Sulina (inédit en France), 2004. Années 70 : la télévision en jeu, F. Jost éd., CNRS Éditions, 2005. Comprendre la télévision, Armand Colin, coll. 128, 2005 ; 3e éd. actualisée et augmentée 2017. Le Culte du banal, CNRS Éditions, 2e ed. 2007. Repris dans la collection de poche Biblis. Le Téléprésident. Essai sur un pouvoir médiatique (avec Denis Muzet), Éditions de l’Aube, 2008 ; repris dans L’Aube Poche, 2011. Télé-réalité. Grandeur et misères de la téléréalité, Cavalier Bleu éditions, 2009. 50 Fiches pour comprendre les médias, Bréal, 2009 ; 2e éd. 2012. Les Médias et nous, Bréal, 2010. De quoi les séries américaines sont-elles le symptôme ? CNRS Éditions, coll. Débats, 2011, 2e éd. 2017. Sous le cinéma, la communication, Vrin, 2014. Pour une télévision de qualité (dir.), INA éditions, 2014. Les Nouveaux méchants. Quand les séries américaines font bouger les lignes du Bien et du mal, Bayard, 2015. Breaking Bad. Le Diable est dans les détails, Atlande, coll. À suivre, 2015. Pour une éthique des médias. Les images sont aussi des actes, éd. de l’Aube, 2016. La Méchanceté en actes à l’ère numérique, CNRS Éditions, 2018. François Jost Médias : Sortir de la haine ? CNRS ÉDITIONS 15, rue Malebranche – 75005 Paris © Lucas Barioulet / AFP. Maquette : © SYLVAIN COLLET © CNRS Éditions, Paris, 2020 ISBN : 978-2-271-13301-4 À Christine, encore et encore Pendant des années, pour ne pas dire des décennies, j’ai analysé les discours des médias, et j’ai enseigné à des générations d’étudiants comment les mettre à distance et les déconstruire. Pendant des années, j’ai analysé des jour- naux télévisés, des magazines de reportage, des couvertures et des articles de journaux. J’y ai consacré des ouvrages, un blog, une tribune hebdomadaire sur un site d’infor- mation. Chaque page que j’écrivais discutait la façon de montrer un événement, d’interroger les témoins, de tendre son micro aux passants, de hiérarchiser l’information, etc. Tout cela pouvait et, sans doute, devait, être pris comme une critique des médias. Mais jamais le sentiment de les détester ne m’a effleuré car, plutôt que de condamner, je me suis toujours interrogé sur la meilleure façon de faire avec l’espoir que mes remarques ou mes analyses pou- vaient contribuer à un débat. L’heure n’est plus à la discussion, mais à la haine. Durant les manifestations des Gilets jaunes, des slogans contre les médias sont scandés devant l’AFP, une sta- tion de radio, France Bleu Isère, est incendiée, de même 9 que des kiosques à journaux, des journalistes sont atta- qués physiquement, certains doivent être escortés par des agents de sécurité pour faire leur travail, d’autres, parfois les mêmes, cachent leur appartenance à une rédaction de peur d’être agressés. Un journaliste pris pour cible, fin novembre 2018, déclare : « Je suis identifié ici, quelle que soit la couleur de mon micro. J’ai couvert des guerres, des conflits, mais jamais depuis une semaine je n’avais ressenti autant de haine envers les journalistes 1. » Cette détestation ne vient pas seulement de la rue. Jadis, seul Jean-Marie Le Pen osait s’en prendre aux médias, auxquels il repro- chait de ne pas l’inviter, aujourd’hui, nombreux sont les politiques qui les attaquent, accusés de corrompre la démocratie ou d’être les « ennemis du peuple ». À force, ne risque-t‑on pas de remettre en cause la sacro-sainte liberté de la presse qui est une loi incontournable de liberté tout court ? Entre la critique et la haine, il est encore une troisième voie qu’il m’arrive d’emprunter : éviter d’allumer la radio ou d’aller sur un site d’information pour ne pas plomber ma journée. Et apparemment je ne suis pas le seul. Une étude menée par l’agence Reuters sur trente-huit pays d’Europe, d’Amérique, d’Asie et d’Afrique montre que 32 % des personnes interrogées évitent « activement » les informations, souvent ou quelquefois 2. Le score de la France est un tout petit peu supérieur (33 %). Ne nous plaignons pas, il y a pire : en Croatie, en Turquie et en Grèce, c’est plus de 50 %. Près d’un tiers des Britanniques ne voulant plus entendre parler du Brexit ont quitté aux 1. AFP, 25 novembre 2018. 2. Reuters Institute Digital News Report 2019. Médias : Sortir de la haine ? 10 aussi les médias. Pour les toucher, Sky News a garanti une chaîne 100 % Brexit-Free ! La raison principale donnée par les personnes interrogées était que ces nouvelles avaient « un impact négatif sur leur humeur » (58 %) ou qu’ils étaient d’accord avec ces phrases : « Je n’ai pas le sentiment que je puisse faire quoi que ce soit » (40 %), « Je ne peux pas être sûr que ce soit vrai » (34 %). La négativité est un autre reproche souvent adressé aux médias. Est-ce le monde qui est déprimant, comme le laissent entendre parfois les présentateurs de journaux télévisés (JT) quand, pour lancer un reportage souriant, ils le valorisent en l’opposant à l’actualité qui est sombre ? Où est-ce la façon d’en parler ? La même enquête tranche en faveur de la seconde hypothèse. Seul un quart des per- sonnes interrogées remet en cause le rôle d’agenda des médias, les autres considérant que les thèmes choisis sont pertinents. 39 % des personnes interrogées – 42% en France –, pointent un problème de ton : les médias ont souvent une vision trop négative des événements. « L’idée de négativité, précise le rapport, a souvent été associée à la perception qu’un agenda négatif ou injuste était poursuivi par une publication (contre Donald Trump ou Serena Williams, par exemple). Au Royaume-Uni, beaucoup de personnes interrogées ont estimé que certains médias (populaires) avaient simplement un état d’esprit peu constructif 3. » Si les mêmes causes produisent les mêmes effets, on peut imaginer que la situation en France n’est pas très différente. Comment est-on passé de la critique à la haine ? Com- ment remédier à cette négativité ? 3. Ibid., p. 28. Introduction 11 Il serait illusoire de croire qu’il n’y a qu’une seule réponse à la première question. La généalogie de la haine des médias n’a pas l’allure tranquille d’un arbre avec ses arborescences, elle ressemble plus à ces rhizomes décrits par Deleuze dans lesquels « n’importe quel point d’un rhi- zome peut être connecté à un autre, et doit l’être 4 ». Je propose de partir de l’une des critiques récurrentes faites aux médias, de leur dépendance aux pouvoirs, poli- tiques ou financiers. Par médias, j’entends ici ceux qui font l’objet de toutes les attaques, ceux qui constituent « le cœur des médias », composé des principaux quoti- diens, sites Internet, chaînes de radio et télévisions 5. Un peu d’histoire ne fait pas uploads/Litterature/ medias-sortir-de-la-haine-francois-jost.pdf

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