année, N-os 4-6. Avril-juin 1926. REVUE HISTORIQUE DU SUD-EST EUROKEN (Continua
année, N-os 4-6. Avril-juin 1926. REVUE HISTORIQUE DU SUD-EST EUROKEN (Continuation du Bulletin de l'Institut pour l'étude de l'Europe sud-orientale") PUBLICATION TRIMESTRIELLE dirig6e par N. IORGA, Professeur a l'Universite de Bucarest, Agree a la Sorbonne, Correspondant de l'Institut de France. BUCAREST LIBRAIRIE PAVEL SURU 73, Ca lea Victoriei. PARIS LIBRAIRIE J. GAMBER 7, Rue Danton. . -- . III-eme www.dacoromanica.ro SECRETAIRE DE REDACTION: C. MAJUNESCII Professeur a l'Universit6 de Cluj. SOMMAIRE: ARTICLES. N. lorga: Charles XII a Bender (conference donnee a Upsal). L'art préhistorique du Sud-Est de l'Europe et la Suede (idees exprimées dans une conference a- Upsal). La socidté roumaine du XIX-e siecle dans le theatre roumain: I. Premiers essais de theatre roumain. J. C. Filitti: Une lettre du prince de Serbie au prince de Valachie en 1849. COMPTE-RENDUS sur: G. Bal*, Th. Capidan, J. P. Oliveira Martins, Vasil I. Zlatarski, André Grabar, Jean Lahovary, Fried- rich Muller Langenthal, Heinz Brandsch, K. Schullerus, Constan- tin Kiritescu, Dr. Alois Hajek, N. lorga. NOTICES. lb% 0111110111111111111110111. 11, Imprimerle Datina Romineascii" ValenH-de-Munte N. . www.dacoromanica.ro REVUE HISTORIQUE DU SUD-EST EUROPEEN PIIBLTEE PAR N. IORGA, leROFESSEUR A L'UNIVERBITE DE PIIOAREST III-E ANNEE, N-os 4-0. AVRIL-JIIIN 1926- Charles XII A Bender Conference donnée a Upsal. I. II y a une partie de l'épopee douloureuse de Charles XII a Ben- der qui n'a pas été assez éclaircie, malgré le grand nombre de travaux qui Iui ont été consacrés et par lesquels presque tous les details ont été methodiquement fixes. Ce sont ses rapports avec le monde tout special dans lequel l'avait transporté sa défaite et son espoir de revanche, sa tenace decision de regagner par une victoire en Pologne sur le roi Auguste, qu'il meprisait, sinon une nouvelle superiorité sur le vainqueur de Poultava, au moins un libre chemin d'honneur vers sa patrie lointaine. L'opinion courante est celle que l'hérolque roi de Suede s'est butte contre un monde archaique et ridicule, contre une Asie bar- bare, une vieille tyrannfe funambulesque, a laquelle il ne put pas imposer le prestige de sa personnalité geniale et qui finit par le brusquer de la facon ila plus brutale, de sorte que lui-meme au depart, en 1716, en aurait rapporte, indigné, les mu- vaises impressions. Or, la vérité est autre. Je Le prouverai par l'examen attentif des sources orientales, d'Aphendouli et surtout d'Amira, le plus important, qui, conune interprete pour les knives orientates dans le camp suedois, avait aussi bien la connaissance des actes écritS que le sens exact de leur valeur et qui eut a subir même l'emprisonnement a cause de sa fidélité a ce maitre extraordinaire 1 Mais, avant d'entrepren- dre cette analyse, fixons un parallele. 1 Voy. notre edition dans les Studii fi Documente, de Bucarest, IX, et dans les publications de la Societe 'pour l'histoire de Suede. .------ www.dacoromanica.ro 82 N. lorga Charles XII n'est pas seulement tin héros donnant une interpre- tation die wiking a la legende d'Afexandre-le-Grabd; ii n'est pas seulement un grand general et un inlassable chercheur d'aven- tures ne devant s'arreter qu'aux limites de son ambition, qui s'est avérée illimitée; ii n'est pas seulement une autre forme que celle de Pierre-le-Grand pour Poccklentalisation de la Russie encore tatare: il est un médiateur entre l'Occident et POrient. Alors, rappelons-nous tin autre contact, tout aussi plein de con- flits, inexplicable pour les contemporains et pour tous ceux qui ensuite, jusqu'aujourd'hui, en ont partage et en partagent les préjugés, entre ces deux mondes d'tme tradition si nettement (Rife- rente et A oertaines epoques inconciliable. A la fin du XI-e siecle, les croises arrlivent a Contstiantinople. Fiers de leur bravoure, incontestable, de leur élan, admirable, de leur esprit d'entreprise, qui devait etre fécond, croient avoir de- vant eux un monde dégénéré, corrompu, Fache, dont l'étiquette, qu'ils ne comprennent pas, recouvrirait une totale incapacité de se défendre. C'est pourquoi ils refusent oet homtriage qu'Alexis Comnene, qui est un guerrier et qui se considère comme maitre legal des territoires envahis par la croisade., en dehors de sa qua- lite de maitre de l'olzoop.iy1, reelable absolument de la part de ces hetes qui se croient invites, 'mais' ne le sont pas, car By- zance n'emplole pas des allies, mais bien de simples soudoyers comme les Varegues et les Normands. Tel petit chevalier prend possession meme du siege imperial et, lorsqu'on veut l'en deloger, il declare hautement que dans son pays A lui, oil ii y a une cha- pelle de carrefour pour attendre les défis, chacun occupe la seule place qu'il peut défendre de ses propres bras. Et de oette totale de s'entendre entre le pays de la légitimité tra- ditionneLe et entre celui de l'individualisme innovateur resulte Vette mauvaise inteligence lUi, si elle ne se rencontre pas dans les lettres d'un Etienne de Blois, colore a Pegard de Byzance presque toutes les chroniques des croisés. La même chose arriva en 1709-1713, quand l'appetit de choses toujours .nouvelles, Pardeur bouillante du Suédois se trouva de- vant les accoutumanoes,invariablesd'un regne a l'autre, d'un siecle un autre siècle, de cette Turquie, qui est de fait un Empirek fOt-ii meme ottoman, une continuation, présidée par les Mu- sulmans, de Byzance, de la Rome d'Orient elle-1118rue. impos- ibilité Cs a www.dacoromanica.ro Charles XII A Bender 83 Charles XII veut se chercher en pays turc, non pas un abri, un nid de faineantise, pas meme une place de repos entre deux guerres, sur ce sol ottoman gulls considére uniquement comme point de depart, avec des tnoyens militaires renouvelés, d'une offensive prochaine contre les Moscovites. C'est le sens de son passage, qui sera annoncé seulement plus tard, contre l'etiquette, violée plus d'une fois, mais jaMais sans consequences, par les Occidentaux, au Sultan qui est cependant bien le maitre du pays. Conime si ce pays de barbares était un large espace ouvert, Charles passe le Dniester, avertissant seulement, d'une certaine fawn, le Pacha d'Otschacov ou d'Ozott, gardien du Dnieper. Or celui-ci n'a guere le droit de prendre une decision s'il ne veut pas perdre sa tete; II faut s'adresse a tin chef hierarchique qui est Youssouf, Pac lie de Bender, lequel A son tour devrait en faire le rapport au Grand-Vizir. On pense bien que queIqu'un presse et échauffé comme le roi Charles ne pouvait pas attendre cette decision lointaine. II en- voie un corps pour se sacrifier en retenant ceux qui le poursui- vent, passe le Dniester et arrive sur le dcimaine du Pacha de Bender. Quel était l'état politique de ce pays oa II arrivait et qui n'ett devenu qu'un siecle apres, pour les Russes envahisseurs, une Bessarabie, grace A remploi abusif tal'une denomination geo- graphique qui ne s'appliquait qu'au Sud, qu'à la bande danubienne et maritime du territoire jadis entièrement moldave entre le Dnies- ter et le Pruth? Dans la vraie Bessarabia, depuis environ 1600 des villages tatars alternent avec les anciens établissements roumains oft vivent des paysans libres, dans des conditions matérielles qui ne se distin- guent guere de miles d'aujourd'hui. Sur les Nogalis laids et gros- siers, s'étendait l'autorité du lieutenant du Khan ou plutelt de ses differents lieutenants, l'empereur" de la Horde" ne paraissant que rarement, comme ce fut le cas en 1711, dans sa residence bessarabienne de Causani (Kaouchan), oü vivaient dans les fan- bourgs des Roumains dont la petite égllse sans tour et sans do- cher pone encore ses fresques du XVIII-e siecle et présente comme quit www.dacoromanica.ro 84 N. Iorga chef cupreme de ces communautés chrétiennes l'eveque des m- itts" turques, resident a Braila. Les cites fortifiées abritaient des garnisons .turques,le Khan n'a- yant pas le droit de s'y meler: il y avait done des japissaires a Ismail, le Smil moldave, a Chi lia-Kili et a Akkerman, qui a eté jadis et est redevenue la Cetatea AlbA, la cite blanche" des Rou- mains. De meme Bender, avec -tout un district aUtour d'elleo la vieille Tighinea, cette coriquete réalisee sur la Moldavie par Soli- man le Magnifique en 1538, était sous les ordres du seul Pacha. Tout le Nord de la Bessarabie, plus de la moitié, était soumis au prince de Moldavie, resident a Jassy. C'était a cette époque Nico- las Maurocordato, fils du savant drogman de la Porte, Alexandre, i'Exaporite", et lui-meme possesseur d'une sPlendide biblio- theque tres enviee par les missionnaires archeologiques du roi ge France en Orient, et auteur d'un De officiis" grec que les Fran- cais ont pensé traduire un moment. En 1710, pour preparer la guerre contre le Tzar, il fut remplacé par l'historien Deme- trius Cantemir, esprit beaucoup plus vaste, qui finit par pas- ser aux Moseovites, dont il croyait l'avenement en Orient fres prochain. Mais l'ancien serviteur fidele, personnage de la meil- leure société, écrivant, comma ancien drogman, et parlant le la- tin et probablement aussi le frangais, revint apres la révolte de Cantemir et le provisorat d'un frere de connaissances plus modestes, Jean Maur000rdato. III. Ayant une fois passé la frontiere, Charles XII était pour les Tures un mossafir", un hOte. Dans eette qualite il avait le droit au gite et a l'entrefen. Youssouf lui envoya une tente jusqu'it uploads/Litterature/ revue-historique-du-sud-est-europeen-03-1926-2.pdf
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- Publié le Jul 24, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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