ANGÉLIQUE Anne Golon Angélique MarquISe des angeS L DE LA MÊME AUTRICE ANGÉLIQU
ANGÉLIQUE Anne Golon Angélique MarquISe des angeS L DE LA MÊME AUTRICE ANGÉLIQUE (version d’origine) AUX ÉDITIONS DE L’ARCHIPEL 2. Angélique, le chemin de Versailles. 3. Angélique et le Roy. 4. Indomptable Angélique. ANGÉLIQUE (version augmentée) AUX ÉDITIONS ARCHIPOCHE 1. Marquise des Anges. 2. La Fiancée vendue. 3. Fêtes royales. 4. Le Supplicié de Notre-Dame. 5. Ombres et Lumières. 6. Le Chemin de Versailles. Anne Golon ANGÉLIQUE Marquise des Anges version d’origine Préface de Nadine Goloubinoff Notre catalogue est disponible à l’adresse suivante : www.editionsarchipel.com Éditions de l’Archipel 92, avenue de France 75013 Paris ISBN 978-2-8098-4292-0 Copyright © Éditions de l’Archipel, 2014, 2021. 7 Préface « Je ne vois pas pourquoi on veut rendre Dieu responsable de tout, surtout de la bêtise humaine. Et d’ailleurs Angélique, elle est comme ça. Et c’est comme ça qu’il faut être. » Anne Golon Dans son pays, Anne Golon fut longtemps cet albatros que l’on attirait sur le pont des bateaux pour l’amusement de la canaille, « tant est naturel à l’humain le désir de voir abattre la beauté, et humilier ce qui ne veut pas ramper1 ». Parce qu’elle avait créé Angélique, œuvre populaire méprisée des « élites » dites culturelles qui n’en lurent jamais une ligne et la crurent richissime – ce qu’elle aurait dû être et ne fut jamais. « Et qu’avez-vous fait de tout cet argent ? lui demanda dans les années 1980-1990 une célèbre journaliste, comme s’il provenait d’un casse. — J’ai élevé quatre enfants. — Vous n’êtes pas la seule ! — Avec une plume ? En France ? Sans autre profession ni l’argent d’un mari ? Ça m’étonnerait ! Renseignez-vous. » L’interview ne fut pas diffusée. « Qu’est-ce que je lui avais fait, à cette femme ? », s’interro- geait ma mère. Ce qu’elle avait fait ? Elle avait créé une héroïne mythique, célèbre dans le monde entier. Elle avait écrit un monu- ment de la littérature populaire et, comble du crime, vendu des 1. Extrait inédit d’Angélique se révolte. 8 millions d’exemplaires. Elle avait gagné la vie de sa famille en un temps où ce n’était pas légalement permis. Elle avait connu l’amour et même eu des enfants désirés, en un temps où, telles les novices prenant le voile, les rares femmes de lettres, roman- cières ou journalistes, devaient y renoncer pour garder un tant soit peu de considération professionnelle. Elle avait été une mère aimante, le cœur du nid de notre enfance, et les histoires et romans historiques qu’elle inventait pour nous étaient le vent du monde. Elle avait joué avec nous, fait des gâteaux, des santons, des chansons, du ski-bob, sans cesser d’écrire Angélique. Et ses livres se répandaient sur la planète. D’aucun parti, d’aucune coterie, écrivant sans cesse, mère de famille et d’allure sage, Anne Golon n’avait rien pour être admise par ses pairs et n’eut ni amis célèbres ni bandes de fêtards indispensables aux vedettes des années 1950 à 1970. Belle et élégante, elle crut longtemps n’être pas assez dans le ton, à la mode, bref, n’avoir pas ce qu’il fallait pour, disait-elle, « passer ». Elle se débarrassa heureusement de tout cela au seuil de la vieillesse. Une seule crainte lui restait : qu’on l’empêche d’écrire ! C’était son oxygène depuis sa première histoire, Les Aventures d’un petit chandail couleur citron, créée à sept ans, jusqu’à notre ultime conversation, la veille de son dernier jour, qui concernait évidemment… la suite d’Angélique. La créatrice d’Angélique, Marquise des Anges est partie un 14 juillet. Pas mal, pour « l’auteur français vivant le plus lu au monde »… Le premier hommage vint de l’ambassadeur de la Fédération de Russie, S. E. Alexandre Orlov, qui m’écrivit le 26 juillet 2017, nous apportant le soutien de son pays : « La grande dame de la littérature Anne Golon nous a laissés tous, ses fi dèles lecteurs et lectrices, orphelins de son immense talent, de son humanité et de sa passion. » Le second, le 14 août, du président de la République Emma- nuel Macron : « À travers la saga littéraire Angélique, Anne Golon a dressé le portrait d’une femme indépendante et volontaire, à son image, et a offert à un très large public un récit d’aventures qui a passionné plusieurs générations et continuera de nous émouvoir. » 9 Anne Golon et Angélique « Êtes-vous Angélique ? », lui demandaient souvent dans ses dernières années les journalistes, moins méprisants et imbéciles que ceux d’antan. « Ah non ! répondait-elle. Certes, on ne se côtoie pas autant de temps sans partager des points de vue sur la vie et ce qu’il faut en faire ; mais si j’avais vécu une vie comme celle d’Angélique, je n’aurais jamais pu écrire. » On ne peut être à la fois dans le fracas du monde, traverser les mers, mener la révolte et vivre en ermite comme l’exige le métier d’écrire. Et l’écrivain n’aurait pas survécu à la mort d’un enfant, tel le petit Charles-Henry égorgé par les dragons du roi1. Pourtant, l’histoire d’Angélique s’inspirait de la vie d’Anne, née Simone Changeux. L’amour d’Angélique et de Joffrey de Peyrac a bien pour origine l’Amour qu’elle connut avec mon père, un mot qu’elle écrivait toujours avec un « A » majuscule. Josselin venu à l’aube dire adieu à sa sœur avant de quitter Monteloup pour tou- jours, c’est son jeune frère Maxime venu lui annoncer, une nuit, son départ pour le Maquis. « Toutes ces expériences que j’ai eues à la guerre, bien sûr, n’étaient pas aussi dramatiques que celles d’Angélique. » Certaines le furent pourtant : Angélique retrouve Josselin en Amérique ; mais le frère de Simone, lui, croisa la route de Klaus Barbie et ne revint jamais2. Les persécutions religieuses, les dragonnades, c’est le choc terrible qu’elle éprouva à la fi n de la guerre en découvrant les camps de concentration et ce que les nazis avaient fait aux juifs, dont tant d’enfants, avec l’aide de l’État français. Elle ne s’en remit jamais. Mais fi t qu’au moins Angélique, à La Rochelle, sauve quelques familles protestantes promises aux galères ou pire, en organisant leur fuite jusqu’au navire du Rescator. Angélique était une héroïne. Anne croyait ne pas l’être. « Je n’aurais pas eu son courage. » Et puis, ajoutait-elle à plus 1. Angélique se révolte. 2. Maxime Changeux, alias Gilles, combattant FFI, est exécuté sommaire- ment le 2 septembre 1944 à Lyon, à l’âge de vingt ans. Mort pour la France, il fut décoré de la médaille de l’ordre de la Libération à titre posthume. 10 de quatre-vingts ans, « je ne peux pas aller danser aussi libre- ment qu’Angélique ! ». Mais elles menèrent les mêmes combats : « Angélique, à l’extérieur, et moi, à l’intérieur » – contre le Mal, le fanatisme, les assassins de toute nature au nom de Dieu, de lois et d’usages criminels. Chacune à sa façon a tout risqué pour la liberté, l’amour, la foi, la vie bonne, pour défendre ceux que ma mère nommait « les hommes de bonne volonté ». « Je me suis aperçu qu’en réalité la personne subversive n’est pas elle, c’est moi, disait-elle en 2016. Chacune de son côté a un rôle à rem- plir. Je sens que nous sommes plus proches que jamais, parce qu’il y a encore du travail à accomplir ensemble. » Un journaliste osa le dire : « J’ai rencontré la Marquise des Anges ! » Sous sa chrysalide d’écrivain discret, de fragile vieille dame, l’héroïne fl amboyante poursuivait en effet sa course, renaissant de ses cendres pour défendre les persécutés, occire le fanatisme religieux, sociétal, et rendre grâce à la force infi nie de la puissance divine. Anne était le capitaine qui garde le cap au pire des tempêtes et des calmes plats, puis annonce un jour « Terre ! » au moment où l’on n’y croyait plus. Sans doute est-ce aussi pour cela que des lecteurs de tous âges et de tous pays lui dirent si souvent : « Vous m’avez sauvé la vie ! » Une vie d’aventures Rares sont les auteurs dont la personnalité et la vie furent à la hauteur de leur œuvre ou qui s’en approchèrent. Ma mère fut de ceux-là. Dans l’histoire d’Angélique, il y a le roman du roman, le roman de l’auteur, le roman du mari de l’auteur… Un livre n’y suffi rait pas. « Des vies comme celle d’Angélique, je ne dirais pas qu’elles sont légion, mais j’en ai rencontré plusieurs. […] L’aventure vient de la vie, de sa propre vie… Nous sommes tous des romans ambulants », écrivait-elle. Tout le monde n’a pas la chance de s’entendre dire un jour entre deux portes, par sa mère de quatre-vingt-deux ans : « N’empêche que moi, j’ai été invitée par le roi des Babinga1 ! » Le 1. Pygmées du centre de l’Afrique, au nord du Congo. 11 destin l’en avait d’ailleurs détournée, l’expédiant quelques jours plus tard vers l’homme de sa vie : Vsevolod Sergeivitch Golou- binow, géologue et auteur sous le nom de Serge uploads/Litterature/ marquise-anges-angelique.pdf
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- Publié le Mar 11, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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