UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE ÉCOLE DOCTORALE V : CONCEPTS ET LANGAGES Laboratoire

UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE ÉCOLE DOCTORALE V : CONCEPTS ET LANGAGES Laboratoire de recherche STIH T H È S E pour obtenir le grade de DOCTEUR DE L’UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Discipline : Langue et littérature françaises Présentée et soutenue par : Catherine MAO le : 26 juin 2014 La bande dessinée autobiographique francophone (1982-2013) : Transgression, hybridation, lyrisme Sous la direction de : M. Jacques DÜRRENMATT – Professeur à l’Université Paris-Sorbonne Membres du jury : M. Benoît BERTHOU – Maître de conférences à l’Université Paris 13 M. Yves HERSANT – Directeur d’études à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales Mme Françoise REVAZ – Professeur à l’Université de Fribourg M. Bernard VOUILLOUX – Professeur à l’Université Paris-Sorbonne Remerciements J’adresse ma profonde gratitude à Monsieur Jacques Dürrenmatt qui a accepté de diriger mes recherches et qui m’a permis de les mener à leur terme. Sa disponibilité, sa clairvoyance et sa bienveillance me furent précieuses. Je tiens à remercier Monsieur Yves Hersant, le premier à m’avoir accordé sa confiance en m’invitant à poser les premières pierres de ce travail. Ses conseils et son humanisme furent d’un réel soutien. Toute ma reconnaissance à Madame Françoise Revaz, Monsieur Bernard Vouilloux et Monsieur Benoît Berthou pour avoir accepté de siéger à mon jury. J’aimerais remercier toutes les personnes qui m’ont offert, à travers plusieurs espaces de publication ou de communication, des occasions toujours bénéfiques de discussion et de réflexion. Parmi elles, Aurélie Barre, Laurence Danguy, Jean-Michel Gardes, Thierry Groensteen, Xavier Guilbert, Bernard Joubert ou encore Tania Vladova, grâce à leur intérêt, leur exigence et leurs remarques, m’ont invitée à explorer certaines intuitions, à en abandonner d’autres et à toujours chercher à affûter mon propos. De même, je tiens à remercier mes élèves à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales qui m’ont souvent permis de débrouiller ma pensée. Je souhaite remercier Madame Muriel Pic et Madame Françoise Weyer pour leurs conseils et leur gentillesse. Mes remerciements vont également à mon amie Marie Berjon pour avoir partagé avec moi un peu de sa connaissance de la bande dessinée et, au moment de finir, de ses compétences éditoriales. Je suis particulièrement redevable à mes amis lecteurs, qui ont bien voulu lire tout ou partie de ce travail et qui ont joué un grand rôle dans mes efforts de synthèse et de clarification : Perrine Brullon et Sophie Balthus pour leur lecture investie et attentive, David Le Goupil pour ses conseils et sa sensibilité, Lucie Chartier et Guillaume Ruffat pour leur appui et leur enthousiasme, Mina Lejamble et Annie Hentzy pour leur promptitude et leur précision. Je remercie particulièrement Claire Latxague : en relectrice avisée, aussi attentive à la forme d’une apostrophe qu’à l’articulation de la pensée, elle m’a apporté une aide stimulante et précieuse. Des remerciements également à Magali Boudissa et Clément Magnier pour leurs conseils techniques et leur disponibilité des derniers instants. Pour leur soutien tout au long de ce travail, je voudrais remercier les personnes qui m’entourent, ma famille d’abord, en particulier ma mère Marie-Christine et mon père Claude, et mes amis : leur confiance, leur curiosité et leur amitié m’ont aidée, quand il le fallait, à aller au bout de ce projet. Sommaire PREMIÈRE PARTIE L’AUTOBIOGRAPHIE AUX FRONTIÈRES DE LA BANDE DESSINÉE .....................................................................................................17 CHAPITRE 1 : BRÈVE HISTOIRE DE LA BANDE DESSINÉE AUTOBIOGRAPHIQUE..........................21 I. Les années 80, le temps de la timidité................................................................... 24 II. La révolution éditoriale des années 90 ................................................................. 38 III. Le défi du renouvellement ..................................................................................... 52 CHAPITRE 2 : OBJET DE DISCOURS, OBJET DE VALEUR(S)............................................................63 I. Du constat de l’engouement à la question de la visibilité..................................... 66 II. Une identité éditoriale ancrée dans le champ de l’indépendance ........................ 78 CHAPITRE 3 : UNE VASTE NÉBULEUSE AUTOBIOGRAPHIQUE : CONTINUITÉS ET MUTATIONS ..93 I. Contre l’autobiographie........................................................................................ 98 II. La transparence et ses obstacles......................................................................... 104 III. L’écriture de soi à l’épreuve de l’altérité ........................................................... 112 CHAPITRE 4 : ENJEUX ET LIMITES DU CORPUS AUTOBIOGRAPHIQUE DANS LA BANDE DESSINÉE117 I. L’autobiographie, une aventure de la bande dessinée........................................ 120 II. Questions de corpus : affinités et disparités ....................................................... 128 DEUXIÈME PARTIE L’AUTEUR ET SON DOUBLE : DE LA FIGURE À LA FICTION ...155 CHAPITRE 1 : PRENDRE CORPS EN BANDE DESSINÉE : MÉCANISMES ET ENJEUX .....................163 I. La question du personnage : la recherche d’une grammaire contre celle d’une identité ?.............................................................................................................. 166 II. Écriture de soi et exposition de soi : du personnel à l’impersonnel...................... 197 CHAPITRE 2 : LA FABRIQUE DE L’ALTÉRITÉ...............................................................................233 I. Identité et altérité au dessin ................................................................................ 237 II. Le miroir des muses : autoportrait au modèle .................................................... 267 III. Nouvelles formes de déterritorialisation : de l’objet lyrique à la fable.............. 287 TROISIÈME PARTIE LE CORPS DE L’ŒUVRE : REPRÉSENTATION ET PRÉSENTATION DANS LA BANDE DESSINÉE AUTOBIOGRAPHIQUE ...........................................................................313 CHAPITRE 1 : TRANSPARENCE ET OPACITÉ................................................................................ 321 I. La dilatation de la figure .....................................................................................324 II. Le miroir opaque de la planche ...........................................................................339 CHAPITRE 2 : FRONTALITÉ ET MODERNITÉ DE LA BANDE DESSINÉE ....................................... 361 I. La bande dessinée en crise...................................................................................364 II. Platitudes : le désir du neutre dans la bande dessine autobiographique ............378 Introduction La bande dessinée autobiographique, un objet de notre époque La parole autobiographique a aujourd’hui envahi les domaines artistiques, culturels et sociaux de notre époque. Galopante et toujours plus insaisissable, cette parole ne cesse d’enjamber les frontières – celles des arts ainsi que celles entre les arts – et de s’émanciper des codes, des définitions et du même coup de la tutelle des théoriciens. Dans ce contexte, c’est sans surprise que l’on constate depuis quelques décennies, en particulier depuis les années 1990, le développement d’une bande dessinée autobiographique. Certains albums ont bénéficié d’une visibilité exceptionnelle et ont contribué à attirer l’attention d’un public jusque là peu curieux de neuvième art. On attribue par exemple à Maus, le célèbre chef-d’œuvre d’Art Spigelman dans lequel il recueille les souvenirs de son père survivant d’Auschwitz, le mérite d’avoir donné à la bande dessinée ses premières lettres de noblesse. Plus récemment, Marjane Satrapi a connu au début des années 2000 un succès critique et commercial considérable avec Persepolis, une œuvre en quatre tomes dans laquelle elle relate sa vie de son enfance en Iran à son entrée dans la vie adulte. Le nombre des albums continue de croître et de nourrir un corpus désormais vaste et varié. Face à un tel foisonnement, circonscrire ce champ est devenu une véritable gageure : à part le fait que l’auteur de bande dessinée prend le parti de raconter sa vie, il est tout sauf évident d’avancer d’autres critères réellement définitoires permettant d’inclure ou d’exclure telle œuvre ou telle autre. Ainsi, ce dénominatif a été adopté comme terme générique pour désigner un phénomène notable et une réalité protéiforme, signe que cette parole autobiographique a bien « pris » en bande dessinée. Cette alliance n’allait pourtant pas de soi et appelle a priori deux remarques liminaires : d’une part, elle indique une écriture à la première personne et laisse ainsi entendre qu’une voix d’auteur se déploie au sein de la bande dessinée ; d’autre part, elle renvoie à son inscription dans une tradition littéraire, qu’elle soit consciente ou inconsciente, revendiquée ou souterraine. L’autobiographie est en effet un genre artistique et surtout littéraire qui s’est considérablement répandu, diversifié et complexifié depuis plusieurs décennies, en particulier les années 70, et qui poursuit sa mutation. Quand on sait que le neuvième art est encore souvent associé à la légèreté et le monde de l’enfance, une forme d’opposition caractérise l’exploration de ce genre par cet art : la bande dessinée autobiographique semble rompre par nature avec d’autres formes du neuvième art, à commencer par l’aventure, la science fiction, le divertissement, autrement dit avec ce qui constitue parfois dans l’imaginaire commun la vocation même de la bande dessinée. L’expression populaire « c’est de la bande dessinée » ne permet-elle pas de dépeindre un monde fabuleux ou abracadabrantesque, fait de bric et de broc ? En passant par l’écriture de soi, le neuvième art avertit qu’il explore non plus les territoires du merveilleux ou de l’invraisemblable, mais ceux du réalisme et de l’intime. En d’autres termes, notre objet semble fournir de manière spontanée les outils d’un décloisonnement et d’une ouverture. Ajoutons que ce n’est pas propre à la bande dessinée et que le domaine de l’intime constitue dans tous les arts un espace privilégié de revendications. Pour cette raison, la bande dessinée autobiographique comporte une indéniable teneur symbolique. Il n’est d’ailleurs pas anodin qu’elle soit apparue dans le champ de la contre-culture des années 60 et 70 aux États-Unis: Art Spiegelman, Robert Crumb, Justin Green ou Harvey Pekar ont fait de leurs travaux intimes les emblèmes du mouvement underground dans la bande dessinée. En France, c’est dans le champ d’une édition indépendante se réclamant parfois des avant-gardes littéraires qu’elle s’est épanouie. D’un point de vue strictement lexical, remarquons qu’on ne parle jamais de bande dessinée autobiographique « d’auteur », « d’avant-garde » ou « indépendante » comme si, entre l’adjectif et le complément, il risquait de se glisser une certaine redondance. Ce poids axiologique peut expliquer que l’on en parle uploads/Litterature/ mao-catherine-2014-these.pdf

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