1 2 3 Béance eschatologique Bouddha et Christ 4 Sites internet de l'auteur www.

1 2 3 Béance eschatologique Bouddha et Christ 4 Sites internet de l'auteur www.meta-noia.org www.beance.org www.gerard-eschbach.org Contact avec l'auteur g.eschbach@meta-noia.org © www.beance.org - 2011 5 Gérard Eschbach Béance eschatologique Bouddha et Christ meta-noia.org 6 7 INTRODUCTION La béance dans la rondeur de notre monde, loin de signifier un vide stérile, dénote au contraire une fissure ouvrant un ailleurs. Un ailleurs du monde et un ailleurs de l'homme. Un premier travail, propédeutique vers une ‘anthropologie né- gative’, avait abouti à trois volumes sur les " bulles béantes ". Faites le tour de toutes les bulles du possible hu- main (logique, scientifique, philosophique, épistémologique, pragmatique, idéologique...), aucune ne réussit à se bou- cler en plénitude autonome. Il n’est pas de bulle si grande ou si petite soit-elle qui, ulti- mement, ne reste béante. Cette universelle béance, sur quoi, finalement, est-elle béante ? Cette question hante la suite de notre recherche. Ici, sans doute, la simple philosophie doit être prête à s’ou- vrir à un au-delà d’elle-même. C’est du côté des mystiques et des sagesses que nous viennent d’étonnantes lumières. Dans un précédent volume, une réponse venait, limpide, de la part du mystique chrétien Johan Tauler pour qui le pos- sible humain est finalement béant sur un impossible que la foi appelle Dieu. La béance refuse, sans doute pour toujours, les réponses 8 définitives. Comme si l’humain était fait pour marcher inlas- sablement, dangereusement, sur la route d’un exode infini. Pourquoi l'existence ne s'écoule-t-elle pas en sereine indif- férence ? Pourquoi surgit-elle 'entre' ? Entre dispersion et retour. Entre nécessité et liberté. Entre chute et salut. Entre faute et rédemption. Entre péché et grâce... Bouddhisme et christianisme donnent sens dans la faille de cet 'entre'. De façon radicalement différente. Mais non radi- calement contraire. La question eschatologique Il s’agit à la fois de la question du sens et de la question du salut. L’existence, l’existence personnelle ou collective, a-t- elle un sens ou est-elle livrée au non-sens et à l’absurde ? D’où vient l’existence ? Où va-t-elle ? Où va notre question- nement ? Destin ? Destinée ? En passant du général au particulier, ces questions peuvent prendre une dimension angoissante. C’est à la fin que la question se pose. Que cette ‘fin’ soit envisagée comme le terme réel de mon existence, et alors la question se pose de façon irréversible, ou bien comme le point d’aboutissement d’un tour d’horizon, auquel cas elle ne reste encore que virtuelle. Me projetant ‘à la fin’ je peux poser des questions telles que : " Mon existence a-t-elle eu un sens ? N’ai-je pas ab- surdement raté ma vie ? " Imagine qu’à la fin de ta course un regard souverain se pose sur toi. Il est bienveillant, mais infiniment critique il te dit ces simples mots sans appel: " tu as tout raté ". Puis, selon la tournure religieuse de ton propre esprit il ajoute : " Vas à la poubelle pour toujours ! " ou bien " Vas renaître comme puceron ! ". Le puceron 9 bouddhique a du moins la chance de renaître pour d’autres essais. Dans la poubelle éternelle, le raté chrétien est irréversible. Et nous ? Lorsque tu t’éveilles, tu es déjà en route! Tu te découvres ‘toi’ et tu es embarqué. Personne n’a demandé ton avis avant d’ 'être' et encore moins avant d' 'être toi'. Personne n’a demandé ton avis avant l’embarquement. Te voilà à bord d’une sorte de grand vaisseau intergalactique appelé le ‘monde’. Il file à grande vitesse. Il fonce dans le brouillard. Où allons-nous ? Notre carte d’embarquement ne mentionne qu’un aller vers une destination incertaine. Il n’est pas question de ‘retour’. L’angoissant de la question se dilue habituellement dans le ‘sérieux’ du quotidien. L’humour la contourne. Parfois intra- duisible comme cette petite histoire en son allemand origi- nal. Zwei Schweine diskutieren über die letzten Dinge. ‒ Das Erste: « Was wird eigentlich einmal aus uns wer- den ? » ‒ Das Andere: « Ist doch Wurst ! » Comment tra- duire ? Deux cochons discutent sur les ‘fins dernières’. ‒ Le premier: "Qu’allons-nous devenir un jour ?" L’autre: "Mais c’est de la saucisse..." La traduction ne fait pas rire parce qu’elle passe à côté. Que les cochons soient destinés à de- venir de la saucisse, c’est l’évidence terre-à-terre. Mais l’expression "Ist doch Wurst ! " – "C’est de la saucisse ! " – dit essentiellement en allemand: "Cela m’est complètement égal." La banalité se confond avec l’indicible. L’évidence se met à rire jaune devant le possible tragique. L’univers de la gent porcine ne s’étend pas au-delà du groin. Celui de certains humains, hélas, ne va pas plus 10 loin ! Mais l’homme n’est pas ou ne devrait pas être limité, comme l’animal, par l’ ‘horizon indépassable' de son igno- rance ou de ses certitudes terre-à-terre. L’homme est ou- vert sur l’infini. Il ne saurait donc passer à côté de la ques- tion eschatologique. Mais il y a mille autres façons d’évacuer la question. Et d’in- finiment sérieuses ! Soit en évacuant son urgence comme font les naturalismes ou les matérialismes. Soit en la recen- trant en immanence comme font les multiples variations du stoïcisme ou de l’épicurisme. Eschatologie Eschatologie signifie de façon générale la vision des ‘ choses ultimes ’ – ta eschata, en grec – en même temps que celles des ‘ fins dernières ’ de l’homme. Qu'est-ce qui est 'au-delà' ? Qu’est-ce qui advient ‘ après ’ ? Après les li- mites de l’espace et du temps de notre condition humaine. Au-delà même des limites du pensable. Un tel questionnement n’a cessé de produire un genre litté- raire particulier, l’apocalyptique. On le retrouve multiforme à travers tous les temps et toutes les cultures. Dans l’espace judéo-chrétien s’est particulièrement développé entre le IVe siècle avant J-C. et le IIe après. Les apocalypses les plus connues sont celles du prophète Daniel et de l’évangéliste saint Jean. ‘ Apocalypse ’ – apokalypsis en grec – veut dire ‘ révélation ’. Elle veut être ‘ découverte ’ de l’état et du sta- tut définitifs des choses, terrestres et célestes, à la ‘ fin ’ de l’Histoire. Un regard superficiel pourrait faire croire que les grands thèmes eschatologiques se sont aujourd’hui évanouis ou se sont réfugiés du côté des sectes. Où trouver dans l’art 11 contemporain quelque chose de comparable au ‘ Jugement dernier ’ d’un Michel-Ange dans la chapelle Sixtine ? Il faut sans doute dépasser une telle approche hâtive et aller beaucoup plus profond. Bien des signes, aujourd’hui, ne trahissent-ils pas d’étranges angoisses refoulées ? Face au nihilisme d’un monde matérialiste et technicien. Face à une civilisation qui déloge l’homme de sa niche écologique et le laisse sans liens existentiels. Face aux menaces de moyens de destruction planétaire. Face à l’improbabilité absolue de l’accès à l’immortalité biologique... La question de la "fin" et de l’ "après" porte, bien sûr, sur le destin ou la destinée de chaque individu humain après sa mort. Survie ? Résurrection ? Jugement ? Salut ? Damna- tion ? Eternité ? Mais elle porte autant sinon plus sur le destin universel de toute l’humanité. La fin du monde ? Les signes précurseurs ? Le cataclysme final ? Le nouvel ordre universel ? Les fins dernières L’ultime béance, la dernière, celle qui est au bout, du côté des ‘ fins dernières ’. Elle s’ouvre, abrupte, au-delà de cette limite qui marque la séparation entre mon monde, celui des évidences phénoménales, et le ‘ trou ’ qui s’ouvre béant im- médiatement après. Ce monde ‘ mien ’, celui de ‘ ma ’ vie et celui de ‘ mes ’ possibilités est l’unique monde de mes évidences. J’y suis né. J’y meurs. Je n’ai aucune expé- rience d’un hypothétique ‘ ailleurs ’. Personne n’est jamais revenu d’un au-delà. Pourquoi, alors, cette béance hante-t- elle l’existence ? Très schématiquement, on peut distinguer trois types d’existences face au problème ou plus exactement du mys- 12 tère de l’ultime béance. 1) L’attitude naturaliste boucle la pure immanence sur elle- même. Elle fonctionne sur un déni de tout au-delà, refoule toute angoisse métaphysique et se réconcilie ainsi avec la plénitude ‘ animale ’ de la vie. 2) Pour cette attitude, la mort n’est pas la fin absolue. En grisé se prolonge une ‘ existence ’ virtuelle qui ne prend fin qu’avec la fin du monde. On peut ainsi ‘ survivre ’ de mul- tiples manières. En devenant ‘ immortel ’ comme académi- cien, par exemple. En se perpétuant dans la vie de ses en- fants. En transmettant ses gènes (supposés immortels !). En entrant dans l’Histoire. En survivant dans la mémoire collective. 3) Il y a enfin les attitudes ouvertes à la transcendance. Ce 13 sont elles qui nous intéressent face à l’extrême béance, à savoir le bouddhisme et le christianisme. Eschaton Le concept d’eschatologie veut prendre dans notre pré- sente étude une extension maximale. Il s’agit de tout l’au- delà de la ‘ bulle ’ de notre existence. Cela peut se formuler par une seule question. Qu’y a-t-il uploads/Litterature/ livre-bouddha-pdf.pdf

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