• Anne-Marie Vindras, « L’excédent sexuel empêche la traduction » pour Janine A

• Anne-Marie Vindras, « L’excédent sexuel empêche la traduction » pour Janine ALTOUNIAN, L’écriture de Freud. Traversée traumatique et traduction • Fabrice Arcamone, L’école est finie ? pour Pierre BRUNO, Marie-Jean SAURET, Problèmes de psychanalyse • Laurent Cornaz, Quand l’esprit (de la science) déserte la psychanalyse, la sagesse l’envahit pour Nina COLTART, Bouddhisme et psychanalyse • Marie-Claude Thomas, Sensations de langue pour Patrice MANIGLIER, La vie énigmatique des signes. Saussure et la naissance du structuralisme • Guy Casadamont, Exercices spirituels foucaldiens pour Michel FOUCAULT, L’herméneutique du sujet Quid pro quo n°2 septembre 2007 EPEL revue critique de publications psychanalytiques SOMMAIRE DU No 2 • Anne-Marie VINDRAS, « L’excédent sexuel empêche la traduction » 3 L’écriture de Freud. Traversée traumatique et traduction de Janine ALTOUNIAN • Fabrice ARCAMONE, L’école est finie ? 13 Problèmes de psychanalyse de Pierre BRUNO, Marie-Jean SAURET • Laurent CORNAZ, Quand l’esprit (de la science) déserte la psychanalyse, 23 la sagesse l’envahit Bouddhisme et psychanalyse de Nina COLTART • Marie-Claude THOMAS, Sensations de langue 41 La vie énigmatique des signes. Saussure et la naissance du structuralisme de Patrice MANIGLIER • Guy CASADAMONT, Exercices spirituels foucaldiens 63 L’herméneutique du sujet de Michel FOUCAULT Bulletin d’abonnement à Quid pro quo 85 « L’excédent sexuel empêche la traduction » L’écriture de Freud. Traversée traumatique et traduction Janine ALTOUNIAN, Paris, PUF, coll. « Bibliothèque de psychanalyse », 2003 Un préalable Il y a maintenant, pour moi, un avant et un après dans le temps de l’écriture de cet article sur le livre de Janine Altounian. Je dois m’expliquer. Ce qui a fait rupture : la lecture, enfin, d’un supplément de L’Unebévue publié en 1998 et intitulé : « 1917 Une difficulté de la psychanalyse. Eine Schwierigkeit der Psychoanalyse. S. Freud. » (1998), EPEL – L’Unebévue. Supplément gratuit du n° 10 réservé aux abonnés. Je l’avais dans ma bibliothèque ce petit supplément, mais l’avais-je lu ? Évidem- ment non, puisqu’en le cherchant je ne l’ai même pas vu passer entre mes mains. Tout de même, il me restait une idée assez floue qu’il s’était passé, autour des traductions de Freud, une affaire grave entre la revue de l’École lacanienne de psychanalyse L’Unebévue et les éditeurs des œuvres de Freud en français. Que peut-on lire dans ce supplément-surprise qui annonce, sur la couverture, un titre de Freud, et, en première page, un sommaire de la revue Imago, puis une tren- taine de pages contenant des échanges de lettres, de factures, de textes très brefs datés de juillet 1997 à septembre 1998. Elles retracent l’histoire de l’interdiction assenée à L’Unebévue, de la part des PUF et de Gallimard, de faire paraître d’autres traductions de Freud que les leurs. Plus question, donc, à partir du numéro 10 de la revue, de donner aux abonnés la possibilité de lire une traduction inédite de Freud : la collection dirigée par Jean Laplanche des Œuvres complètes de Freud éditées par les Presses Universitaires de France a les droits exclusifs du copyright freudien et entend le faire respecter. Voici un extrait de la lettre signée par Michel Prigent, directeur des PUF, pour donner les raisons « raisonnables » du refus catégorique de publier d’autres traductions de Freud que celles de l’équipe de J. Laplanche : « Il nous apparaît que, pour des raisons de cohérence éditoriale et scientifique, les textes dont nous détenons les droits ne peu- vent être disponibles dans plusieurs versions, ce qui dérouterait sans nul doute le lec- teur. C’est d’ailleurs dans cet esprit et afin d’élargir l’accès aux textes de Freud que nous éditons progressivement dans « Quadrige », c’est-à-dire à un prix poche, les textes traduits dans la version reliée des œuvres dont nous détenons les droits. » Oui, en effet, les textes de Freud sont bien en détention ! Pas moyen de dérouter qui que ce soit puisqu’il n’y a plus qu’une seule route pour lire Freud en français. Les portes de l’exclusivité sont retombées lourdement : la lecture de Freud doit se faire « en sens unique », c’est-à-dire celui indiqué par une seule équipe de traducteurs, celle composée par Jean Laplanche. Cette équipe prépare une traduction des œuvres complètes de Freud « appropriée » au lecteur qui ne doit pas être dérouté. 3 pour Jean Allouch a beau répondre dans une longue lettre très argumentée, à la verve cinglante : « Le mieux, Monsieur le Directeur, serait de me permettre de mettre ce malencontreux paragraphe à la poubelle, en le versant ainsi au compte d’une bêtise commise en un instant d’égarement. Permettez-nous de l’oublier définitivement », le directeur des PUF maintient l’interdiction et préfère « pour éviter tout risque de polé- mique inutile, ne pas commenter le style [qu’il] trouve inutilement agressif et mépri- sant ». Pour saisir cette triste affaire en détail, je recommande de lire ce supplément très instructif. Il a fait irruption dans ce que j’étais en train d’écrire et m’a arrêtée pendant un temps : Janine Altounian, l’auteur du livre que j’étais en train de présenter et cri- tiquer, fait justement partie de cette équipe éditoriale dirigée par André Bourguignon – Pierre Cotet – et Jean Laplanche comme directeur scientifique. Elle le mentionne explicitement dans l’avant-propos de son ouvrage. Je me suis demandé quelle aurait/avait pu être la position de J. Altounian dans ce conflit sur l’exclusivité des tra- ductions opposant son équipe et L’Unebévue. Question à laquelle je ne peux pas répon- dre et qui me semble maintenant superflue. Je remarque cependant l’importance des précautions avancées par J. Altounian à propos des « échanges passionnés, pour ne pas dire passionnels sur les problèmes de la traduction de Freud… ». Maintes précautions de sa part, qui peuvent résonner comme des dénégations, ses visées n’étant « nullement polémiques », elle précise aussi que ce regroupement d’articles écrits entre 1988 et 2003 n’est pas « une défense ou illustration » de l’entreprise à laquelle elle collabore. Peut-être ses précautions émanent-elles d’un réel souci de se dégager des rigidités de ceux avec qui elle tra- vaille depuis si longtemps. Je ne dispose pas des éléments qui me permettraient de trancher. Je me suis retrouvée devant un choix subjectivement difficile : faire comme si rien n’était arrivé entre les PUF, l’équipe de traduction de Laplanche d’un côté et L’Unebévue de l’autre ; suspendre la rédaction de l’article, ce qui a été mon choix pen- dant un temps ; ou encore, faire état aussi correctement que possible, dans le cadre de la revue du Quid pro quo, à la fois de ma lecture de ce supplément et du livre de J. Altounian. « Trente ans de traversée : avis aux simplificateurs » Le sommaire de cet ouvrage de J. Altounian est divisé en trois grandes parties : « La psychanalyse s’est pensée et écrite en langue allemande », « Inscription d’une traversée traumatique et traduction », « Corps textuel et théorisation ». L’ouvrage ras- semble treize articles de l’auteur parus entre 1988 et 2003 dans diverses revues de psychanalyse dont nous avons la liste à la fin de l’avant-propos. La « Bibliothèque de psychanalyse » des PUF les a réunis en un seul volume. Dans cet ensemble, très hétérogène, existe-t-il une cohérence suffisante pour justifier ce rassemblement ? À la simple lecture du sommaire apparaissent en caractères gras, très visibles, une série de noms propres : Jean Améry, Freud, Luther, Wagner, Schreber, Lou Andreas-Salomé. La trop grande hétérogénéité du contenu de ces textes 4 qui se laisse deviner par la liste des noms propres que je viens d’égrener et des ques- tions débattues dans chacun d’entre eux m’a poussée à limiter mon étude au premier chapitre, « La psychanalyse s’est pensée et écrite en langue allemande », qui repré- sente la moitié du livre. Cependant, il existe un fil rouge, qui relie et donne un sem- blant d’unité à ces travaux écrits en l’espace de quinze ans ; il porte sur les difficul- tés ou les impossibilités de passage de l’allemand de Freud au français. Janine Altounian, marquée par la tragédie de l’histoire arménienne de sa famille, a consacré une trentaine d’années de sa vie à la lecture des textes de Freud et à les faire passer de l’allemand au français. Elle fait entendre sa passion pour ce travail de traversée d’une langue à l’autre et elle développe de façon approfondie sa méthode de traduction. La question de la traversée traumatique en relation avec son histoire fami- liale et l’exercice de la traduction est un axe fort de l’ouvrage que j’aborderai dans la deuxième partie de ce travail. Forte de ces dizaines d’années d’expérience en tant que traductrice de la langue de Freud, elle critique la naïveté de certains lecteurs français qui semblent se méprendre sur la facilité du passage d’une langue à une autre, et propose comme titre, dans un mouvement d’humeur, « Petit manuel de langue freudienne à l’usage des sim- plificateurs ». Les possibles simplificateurs en sont véritablement pour leurs frais s’ils lisent ce livre attentivement. La lecture en est très exigeante, elle suppose de s’inves- tir, papier et uploads/Litterature/ revista-litoral.pdf

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