Littérature française du xviie siècle La littérature française du xviie siècle

Littérature française du xviie siècle La littérature française du xviie siècle est liée aux évolutions politiques, intellectuelles et artistiques qui se font entre 1598 – promulgation de l’édit de Nantes d’Henri IV qui met fin aux guerres de religions du xvie siècle –, et 1715, date de la mort de Louis XIV, le Roi-Soleil qui a imposé la monarchie absolue au royaume. L’un des faits dominants dans le domaine culturel est la forte consolidation du pouvoir royal qui fait, à la fin du xviie siècle, de la Cour et du roi, à Versailles, les maîtres du bon goût, même si la « ville » et sa bourgeoisie commencent à jouer un rôle dans le domaine des arts et de la littérature avec une diffusion plus large des œuvres et un développement de la lecture. Le xviie siècle est un siècle majeur pour la langue et la littérature française en particulier pour les œuvres du théâtre classique avec les comédies de Molière et les tragédies de Corneille et Racine. Mais si le classicisme s’impose dans la seconde moitié du siècle sous le règne de Louis XIV, les chefs-d’œuvre qu’il a produits ne doivent pas éclipser d’autres genres comme les textes des moralistes et des fabulistes (Jean de La Fontaine) et le genre du roman qui s’invente au cours de cette période avec les romans précieux, les histoires comiques et les premiers romans psychologiques comme la Princesse de Clèves, ou encore la poésie baroque de la période Louis XIII. Contexte Pour la France, le xviie siècle en tant qu’unité historique peut être défini par deux dates : 1598 et l’édit de Nantes d’Henri IV qui met fin aux guerres de religions du xvie siècle, et 1715, date de la mort de Louis XIV qui a imposé au cours de son très long règne la monarchie absolue au royaume qu’il a agrandi par de nombreuses conquêtes. Entre ces deux dates le pouvoir royal s’affermit par l’œuvre de Louis XIII secondé par Richelieu et durant la régence d’Anne d’Autriche grâce à Mazarin1. Ce pouvoir royal intervient dans le monde des arts par le soutien qu’il apporte aux artistes instituant ainsi ce qu’on a appelé le « classicisme français » et par la création de l’Académie française qui établit une norme pour le vocabulaire, la syntaxe ou la poétique comme le montre en 1637 la querelle du Cid. Ce souci de la codification du langage anime aussi les salons et les cercles littéraires : c’est par exemple la Grammaire de Port-Royal, élaborée par les Solitaires de Port-Royal des Champs, qui fixe pour la première fois les règles grammaticales et sert de base, jusqu’à nos jours, à la grammaire française. Si le xvie siècle s’était occupé d’enrichir la langue française pour la rendre rivale des autres langues anciennes et si les auteurs accueillaient volontiers toute invention, le xviie siècle se charge de l’épurer et d’établir des règles comme avec Vaugelas, et c’est à la fin du xviie siècle qu’apparaissent les premiers dictionnaires de la langue française avec Richelet (en 1680), Furetière (posthume, en 1690) et un peu plus tard l’Académie française (1698). En même temps, l’idéal social évolue avec le type de l’honnête homme, cultivé, sociable et ouvert, et le monde des idées poursuit son évolution avec le cartésianisme qui modifie les démarches intellectuelles en donnant une place primordiale à la Raison (Cogito ergo sum) et qui influera sur l’idéal classique par son souci d’ordre et de discipline. La philosophie de René Descartes (1596-1650), en érigeant le doute comme principe de son système métaphysique, débouchera à la fin du siècle sur les prémices des Lumières avec les remises en cause d’esprits novateurs comme Bayle ou Fontenelle en même temps que s’affirmeront, en Europe, les démarches scientifiques avec Kepler, Harvey, Blaise Pascal ou Newton. Le libertinage intellectuel, bien que sévèrement combattu par l’Église, pèse aussi peu à peu sur les esprits dans le sillage de Pierre Gassendi (1592-1655), matérialiste sensualiste qui ouvre des brèches encore timides à l’athéisme. En effet les considérations et les pratiques religieuses marquent aussi fortement le siècle avec la révocation de l’édit de Nantes par Louis XIV en 1685, qui met fin à la tolérance vis-à-vis des protestants, et le poids des Jésuites et des Jansénistes. En effet les Jésuites, en plus de leur influence politique, critiquée par les tenants du gallicanisme, contribuent à la formation de la pensée du siècle et à l’élaboration du style classique. Les écoles jésuites apportent deux éléments essentiels dans la formation du classicisme : le goût humaniste pour les Anciens reconnus comme modèle de beauté et de sagesse, et la psychologie, qui vise à connaître l’homme, à discuter sur lui, mesurer la puissance de ses passions et de sa volonté. Le jansénisme exerce quant à lui une influence plutôt indirecte et morale avec leur idéal austère lié à une théologie de la prédestination. Tous ces éléments vont peser dans le domaine esthétique et dans l’importance relative des deux courants qui dominent le siècle : d’abord le mouvement baroque, plus long et paneuropéen, puis le classicisme, plus spécifiquement français et moins long, lié au « siècle de Louis XIV »2. Si le baroque est une esthétique de l’incertain, du flou et de la surabondance, le classicisme est fait de retenue, d’ordre et d’ambition morale : c’est ce courant qui s’imposera en France dans la deuxième moitié du siècle avec l’intervention du monarque absolu et centralisateur qui encouragera la fondation de nombreuses Académies pour veiller aux principes et aux usages admis de la pensée et des arts (l’Académie française en 1635, l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1665, l’Académie des sciences en 1666). La Cour et le roi, à Versailles, sont bien, à la fin du xviie siècle, en France, les maîtres du bon goût même si la « ville » et sa bourgeoisie commencent à jouer un rôle dans le domaine des arts et de la littérature avec une diffusion plus large des œuvres et un développement de la lecture. Pour avoir un panorama littéraire du siècle précédent on se reportera à Littérature française du xvie siècle. La codification du langage En relation avec les salons et les cercles littéraires, commence très tôt un mouvement de codification du langage. Le xvie siècle s’était occupé d’enrichir la langue française pour la rendre rivale des autres langues anciennes. Les auteurs accueillaient volontiers toute invention. Le xviie siècle se charge de la rendre plus précieuse, de l’épurer. Il est plus exigeant et fait la différence entre l’exercice de la pensée et la pratique littéraire ainsi que l’écriture à des fins non esthétiques. L’Académie française se propose de codifier le vocabulaire, la syntaxe, la poétique. Bien que la culture subisse les conséquences du centralisme politique, à la fin de la période commence à se sentir la contestation de l’imitation des Anciens et en même temps apparaissent une volonté de modernité et un désir qui tient davantage compte de l’évolution historique. La variété de la littérature française du xviie siècle Les deux courants qui dominent le siècle sont le baroque et le classicisme, mais ces notions ne seront systématisées que bien plus tard et s’il y a débat et opposition esthétiques, il y a aussi souvent cohabitation des deux approches dans une œuvre ou chez un auteur. D’autres orientations, plus mineures, sont également identifiables, ce qui interdit une approche trop simpliste ou simplifiée des créations littéraires du temps. Le Baroque C’est un mouvement qui dominera l’Europe du xviie siècle. Peu agressif en France, il se développe sous l’influence avant tout de l’Italie et représente souvent la tendance principale des années 1598 - 1630. Le baroque est né en réaction contre l’austérité protestante. Il est attaché à une conception d’un monde instable, d’un monde en transformation incessante3 . Ce courant est avide de liberté et ouvert à la complexité de la vie. En littérature il comporte une multitude de tendances contradictoires mais peut se concentrer autour de quelques principes communs : goût de la sensualité, des extrêmes, de l’ornementation, du langage à effets. Les genres privilégiés du baroque sont la poésie avec Théophile de Viau, Pierre de Marbeuf ou Saint-Amant, et le théâtre, influencé par les auteurs espagnols (par exemple l’Illusion comique de Pierre Corneille)4. Durant la période de transition qui va de 1630 à 1660, le baroque, bien que peu à peu supplanté déjà par le classicisme, continue encore à jouer son rôle. Il est présent dans le courant précieux, le courant burlesque et le courant libertin. Cependant ces trois courants ne se confondent pas avec le baroque, mais chacun développe, de façon privilégiée, un de ses aspects. Le Courant précieux La préciosité est un mouvement européen des lettres qui atteint son apogée en France dans les années 1650-1660. C’est un courant esthétique d’affirmation aristocratique marqué par un désir de se distinguer du commun. Cette volonté d’élégance et de raffinement se manifeste dans le domaine du comportement, des manières, du goût aussi bien que dans celui du langage. Ce courant est également associé à une revendication féministe soucieuse de faire reconnaître uploads/Litterature/ litterature-francaise-du-xviie-siecle.pdf

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