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Vincent Ouattara Les Secrets des sorciers noirs Publibook Retrouvez notre catalogue sur le site des Éditions Publibook : http://www.publibook.com Ce texte publié par les Éditions Publibook est protégé par les lois et traités internationaux relatifs aux droits d’auteur. Son impression sur papier est strictement réservée à l’acquéreur et limitée à son usage personnel. Toute autre reproduction ou copie, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon et serait passible des sanctions prévues par les textes susvisés et notamment le Code français de la propriété intellectuelle et les conventions internationales en vigueur sur la protection des droits d’auteur. Éditions Publibook 14, rue des Volontaires 75015 PARIS – France Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55 IDDN.FR.010.0118031.000.R.P.2012.030.31500 Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication aux Éditions Publibook en 2013 9 Remerciements au Laboratoire Société en Développement – Études Transdisciplinaires (SEDET), qui a mis à notre disposition un cadre de travail adéquat pour effectuer nos recherches et apporté le soutien nécessaire pour avoir accès à plu- sieurs bibliothèques de la ville de Paris ; aux Professeurs Jean-Marie Privat et Marie Scarpa, pour leur soutien dans mes recherches à l’Université de Metz ; au Professeur Yves Dakouo, Maître de Conférences à l’Université de Ouagadougou qui a accepté de lire et de préfacer mon manuscrit ; à Alain Jacob Blanc pour m’avoir donné un gîte du- rant mes séjours à Paris et offert les livres de Dim Delobsom Ouédraogo. 11 Préface Pour un renouvellement des études littéraires en Afrique L’histoire littéraire, celle qui prend en compte l’ensemble des composantes du fait littéraire (aussi bien les instances du texte que celles des producteurs et des lecteurs) enseigne qu’il faut tenir compte du glissement épistémologique qui s’opère au fil du temps dans la dé- termination du statut des textes littéraires et subséquemment de leurs producteurs, les écrivains. Au- trement dit, un critique du XXe siècle devrait lire les œuvres du passé avec l’épistémè de son époque et pas seu- lement avec celle dont les œuvres sont contemporaines. L’observation ou non de cette règle de la « distance his- torique » peut être à la source d’une sorte de « tension interprétative » pouvant déboucher sur une querelle litté- raire. Au Burkina Faso, tout semble laisser croire que « la querelle » sur le statut des Secrets des sorciers noirs de Ouédraogo Dim Dolobsom trouve ses sources dans le po- sitionnement épistémologique des uns et des autres. Hypothèse 1 : Les Secrets des sorciers noirs est une œu- vre littéraire. Cette hypothèse trouve ses arguments dans l’ambiance intellectuelle de l’époque coloniale où les frontières entre les disciplines étaient mises en sourdine : « Ainsi les plus éminents spécialistes justifiaient- ils à propos de la littérature dite coloniale, 12 l’intégration des écrits d’ordre ethnologique et historique, les récits des explorateurs, les études religieuses et celles concernant le droit coutumier (…) Il est donc légitime de faire figurer dans cette littérature africaine les auteurs traitant de ces divers problèmes comme aussi les économistes, théologiens, pédagogues qui, malgré l’austérité des matières traitées, ont fait preuve d’écrivain. »1 Ainsi, à cette époque, était « littéraire » tout écrit en langue française et était « écrivain » tout auteur de tel texte. La littérature était, pour ainsi dire, le dénominateur commun de tous les écrits dont l’auteur était africain. Le cheminement argumentatif du critique est fondé sur le critère de détermination du texte colonial : on applique au domaine B (texte africain) les critères du domaine A (texte colonial). Cela conférait sans nul doute une certaine consistance (quantitative) à cette production émergente. Et de fait, dans l’ouvrage critique de R. Cornevin, on retrouve sous la rubrique littérature de Haute-Volta, côte à côte, des auteurs comme Nazi Boni, Salfo Balima, Joseph Ki-Zerbo ! Mais avec la distance historique, avec la quantification des textes produits par les Voltaïques-Burkinabé, il apparaît nécessaire et logique d’établir des critères pour distinguer ces différents textes qu’on aurait « tort » de ranger tous, sans distinguo, dans la rubrique « littérature » au risque de faire de celle-ci un « fourre-tout ». D’où la montée d’autres voix critiques. Hypothèse 2 : Les Secrets des sorciers noirs n’est pas une œuvre littéraire. Cette seconde hypothèse repose sur le critère « classi- que » qui permet d’isoler le texte « littéraire » des autres 1 Robert Cornevin., Littératures d’Afrique noire de langue française, PUF, 1976, p. 20-21. 13 textes : c’est l’opposition fiction et réalité. Le texte litté- raire, perçu comme « non sérieux », suspend le critère de vérité et de réalité (sociale, économique, psychologique, historique, etc.) ; au contraire donc des autres textes, il se caractérise par l’absence de détonation : le lecteur, fort du contrat fiduciaire, n’a pas à s’interroger sur le statut réel ou non des actions décrites ni sur l’existence ou non des personnages ou des lieux de l’aventure. Bref, le contenu littéraire n’a aucun correspondant dans le monde réel, que ce soit celui de l’auteur ou du lecteur. Le sens s’y suffit à lui-même, nul besoin, nulle nécessité de recourir à une quelconque réalité : c’est le sens de l’immanence de l’œuvre littéraire. Ce que perçoit le lecteur à la lecture n’est pas du réel, mais un effet du réel, un simulacre, quel- que chose qui ressemble au réel. Or tel n’est pas le contrat d’écriture du livre de Dim Delobsom : il n’est pas construit sur une logique fiction- nelle, mais plutôt sur la quête d’une vérité sociologique/ethnologique, donc sur une logique du vrai sur le mode de vie des Mosse sous l’occupation française2. Hypothèse 3 : la voie de l’interdisciplinarité de Vincent Ouattara À ces deux points de vue, qui s’opposent radicalement, s’interpose une troisième voie, plus nuancée, celle du cul- turologue Vincent Ouattara, à travers cet ouvrage qui bousculera, sans nul doute, une certaine tradition bien an- crée dans la plupart des universités africaines francophones. En effet, s’il est un fait fâcheux dans l’organisation du savoir dans ces institutions, c’est bien l’étanche cloisonnement entre les disciplines scientifiques où l’interdisciplinarité, bien que vantée à tous les niveaux, semble se limiter à la constitution d’équipes mixtes autour de certains projets de recherche où chaque discipline 2 Ce critère de démarcation aurait empêché Tristes tropiques d’obtenir le prix Goncourt en 1955, cf. Vincent Ouattara ici même, p. 71-72. 14 aborde le thème de son point de vue ! Certes, les discipli- nes dialoguent avec le même objet de recherche mais nullement entre elles ! Sa proposition théorique et méthodologique vise à ins- taurer un dialogue interdisciplinaire interne avec l’objet de recherche. Autrement dit, il s’agit de construire une démarche cohérente où l’objet d’étude, en l’occurrence Les Secrets des sorciers noirs, sera perçu à la fois dans sa double dimension littéraire et ethnologique : c’est la voie de l’ethnocritique. Par cette hypothèse, le culturologue bouscule les frontières entre les disciplines et l’on perçoit plus nettement et plus avantageusement les relations de complémementarité entre les disciplines des sciences humaines (sociologie, ethnologie, anthropologie, histoire, philosophie, etc.) et les textes littéraires. Il cherche à concilier le statut anthropologique du texte littéraire et le caractère littéraire et fictionnel des textes anthropologiques. Il est lucide et salutaire de ne pas enfermer le texte littéraire dans sa seule dimension « esthète et fictionnelle » mais d’y voir plutôt une enquête sur la condition humaine. Une telle vision est tout à fait conforme au dogme de la négritude qui continue à être le principe dominant dans le champ littéraire africain où l’art jouit largement d’une présomption d’utilité sociale : « La vérité est que les chefs-d’œuvre du roman contemporain en disent beaucoup plus long sur l’homme et sur la nature, que de grands ou- vrages de philosophie, d’histoire et de critique. »3 Ou encore ces propos réconfortants et positivistes de Rivara : « Il est peu contestable que, de façon générale, l’intérêt littéraire considérable des récits de fiction est suscité par cette relation au réel : la littérature de fiction, qui en termes de logique, ne dénote aucun n’existant, nous parle de l’homme, naît de 3 Daniel Sallenave cité par Vincent Ouattara ici même, p. 40. 15 l’expérience humaine et enrichit l’expérience humaine. »4 De la même manière, au-delà de sa visée explicite d’être à la quête de l’homme, le texte anthropologique est traversé, de part en part, par le « littéraire » : le travail opéré sur le langage et l’usage de la fiction. Seule, en effet l’exploitation optimale des ressources du langage permet à l’un et à l’autre de rendre présentes à l’esprit du lecteur des faits et des réalités qui sont extérieurs, voire étrangers. C’est ce rapprochement qu’établit Lorenzo Bonoli5, car, écrit-il, « il s’agit d’insister sur la capacité de l’auteur à éclairer sur ce qui se passe dans ces lieux, aider à résoudre l’énigme qui se profile derrière l’autre, la forme média- trice du langage qui permet de voir l’autre comme ce qui est présenté dans le texte. Et s’il peut être rapproché des textes littéraires, c’est en raison de l’attention portée sur la langue que cet uploads/Litterature/ les-secrets-des-sorciers-noirs-de-vincent-ouattara-2.pdf

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