1 Les études arabes à l’Université de Bucarest (1957-2017) Le début de l’étude

1 Les études arabes à l’Université de Bucarest (1957-2017) Le début de l’étude de la langue arabe au niveau universitaire remonte en Roumanie aux années cinquante du XXe siècle, la section arabe de l’Université de Bucarest ayant été fondée en l’année 1957, en vertu d’évolutions plus amples qui se produisaient dans le pays a l’époque, dont la plus étroitement liée a la décision de fonder un département pour l’étude et l’enseignement de l’arabe était l’effort des autorités roumaines pour consolider les relations du pays avec des états qui leur semblaient plus proches de leurs orientations politiques, comme ceux qui appartenaient au bloc socialiste ou au mouvement des non- alignés, auquel les pays arabes ont adhéré à la même époque. Tout cela a beaucoup contribué à tourner les regards de la Roumanie vers de vastes régions du monde s’étendant au delà de ce qu’on appelle conventionnellement « le monde occidental », ce qui a mené, dans le domaine de l’enseignement, à la fondation, sous la tutelle de la Faculté de lettres, d’une chaire de langues orientales comprenant, à côté du département d’arabe, d’autres départements, consacrés au chinois, au turc etc. Par la suite on a fondé une faculté de langues et littératures étrangères séparée de la Faculté de lettres, le département d’arabe changeant ainsi d’affiliation administrative. La langue arabe, cependant, est enseignée, depuis le début et jusqu'à présent, conformément à un système qui requiert l’étude de deux langues à la fois, représentant les spécialisations primaire et secondaire de chaque étudiant, l’arabe étant toujours, sauf un intervalle pendant les années quatre-vingt du siècle passé, étudié comme spécialisation primaire. Le programme d’études poursuivi au département d’arabe est semblable à ceux des autres départements, les seules différences de ce point de vue étant dues a la répartition des langues en deux grandes catégories, selon le fait qu’elles soient ou non étudiées dans l’enseignement pré-universitaire et, puisque l’arabe est l’une des langues dont l’enseignement commence, dans le département qui lui est dédié, à partir de zéro et que la vaste majorité de ses étudiants n’ont pas de connaissances d’arabe acquises d’avance, le programme d’études du département prévoit du temps supplémentaire réservé aux cours pratiques, comme c’est le cas des départements de toutes les autres langues qu’on 2 n’enseigne pas avant l’université. Quant aux livres utilisés dans l’enseignement, ils étaient tous, au début, d’importants travaux de référence produits par des centres reconnus de l’arabistique occidentale et russe, et aussi des textes classiques et modernes publiés dans de différents pays arabes, auxquels vinrent s’ajouter graduellement des manuels et des recherches produits par les membres du département. Les recherches qu’on y a menées au fil du temps varient selon les spécialisations et les intérêts de ses membres, dont quelques uns ont contribué à l’enrichissement du patrimoine de l’arabistique roumaine avec des travaux valeureux publiés en Roumanie et à l’étranger. Les activités du département ont commencé sous la tutelle des professeurs Olga Nagy et Yves Goldenberg, dont le second a pris en charge sa direction et a publié le premier manuel d’arabe en roumain ; à ceux-ci se joignit une deuxième génération d’enseignants appartenant à la première promotion de licenciés, représentée par les professeurs Nadia Anghelescu et Nicolae Dobrișan. Nadia Anghelescu succéda à Yves Goldenberg à la direction du département, qu’elle a géré jusqu’à la fin des années deux mille dix (entre 1977 et 1994 elle fut aussi directrice de la Chaire des langues orientales), ayant des contributions de la plus haute importance dans le développement de l’arabistique roumaine à tous les niveaux. Elle commença à enseigner en 1962, donnant des cours de linguistique, sémantique et anthropologie culturelle arabes et d’autres cours au niveau du département, à côté de cours de linguistique générale au niveau de la Chaire des langues orientales. Durant certaines périodes des vingt dernières années, elle a travaillé comme professeur invité à l’Institut pontifical d’études arabes et d’islamologie de Rome, au Collège de France et à l’École normale supérieure de Paris et comme professeur associé à l’Université de Lyon, et à partir de la moitié des années soixante-dix elle a tenu des conférences et a participé à des colloques scientifiques sur la linguistique et la culture arabes a des universités arabes et européennes. En 1994, elle organisa à Bucarest un colloque sur la linguistique arabe, suivi en 2002 par un autre colloque sur les études arabes dans les pays du Sud-est européen, organisé en collaboration avec l’ALECSO. Quant à la liste des travaux de Prof. Anghelescu, elle comprend des livres et des articles appréciés toujours et en égale mesure par les cercles des spécialistes et le public intéressé par les affaires arabes de Roumanie et d’autres pays, traitant des sujets comme la 3 grammaire arabe, les cultures arabe et islamique, la question de la langue dans la civilisation arabe, l’orientalisme, l’enseignement de l’arabe et la linguistique générale. Prof. Anghelescu a aussi déployé, pendant de longues années, des efforts infatigables pour la formation scientifique et professionnelle de beaucoup de ceux qui travaillent actuellement, ou ont travaillé précédemment, au département d’arabe ainsi qu’à d’autres départements de la Chaire des langues orientales, en dirigeant, avec un soin et une compétence exceptionnels, leurs thèses de doctorat, et aussi en leur offrant la possibilité de se mettre au courant avec les derniers développements scientifiques dans les domaines de leurs spécialisations, soit en leur fournissant d’importants et précieux ouvrages de référence, soit en les aidant à compléter leurs études dans des centres universitaires prestigieux au champ des études arabes et orientales. Prof. Anghelescu collabore à présent avec l’équipe du département en tant que professeur consultant. Le professeur Nicolae Dobrișan commença son activité en tant qu’enseignant au département d’arabe en 1963. Il y a donné des cours pratiques, ainsi que des cours théoriques de langue, civilisation, lexicologie, dialectologie et littérature classique et moderne arabes, se concentrant dans ses études sur ces mêmes domaines, auxquels s’ajoutent des sujets comme la littérature arabe populaire et les relations culturelles entre la Roumanie et le monde arabe, et publiant des recherches dans des périodiques spécialisés de Roumanie et de quelques pays arabes. En 1996 il fut élu membre de l’Académie de la langue arabe du Caire, et depuis lors il a participé régulièrement avec des recherches aux réunions annuelles de l’Académie. Il a participé aussi à des colloques internationaux en Roumanie et à l’étranger et ses articles, traductions et interviews ont paru en grand nombre dans la presse culturelle roumaine. À tout cela s’ajoutent deux livres (dont le premier traite la phonétique et la morphologie de l’arabe littéraire et le deuxième la lexicologie arabe) qu’on prend jusqu'à ce jour comme références dans l’enseignement de l’arabe au département et un dictionnaire arabe-roumain rédigé en collaboration avec le professeur George Grigore. L’une des activités les plus remarquables et importantes par lesquelles Prof. Dobrișan s’est distingué est son travail assidu mené pour la traduction de beaucoup d’oeuvres des grands lettrés arabes des âges moderne et contemporain (on rappelle, juste à titre d’exemple, Le livre des jours de Taha Hussein et la trilogie de Naguib Mahfouz), un travail fructueux que le professeur continue après sa 4 retraite en poursuivant les plus récentes évolutions de la scène littéraire arabe (dans les dernières années il a traduit des romans comme L’immeuble Yacoubian et Chicago de Alaa al-Aswani). Grâce à sa production prolifique dans ce domaine, il est devenu membre de l’Union des écrivains de Roumanie. Le directeur du département d’arabe est à présent le professeur George Grigore, qui se joignit à l’équipe de ses enseignants en 1997, après avoir travaillé comme traducteur dans les branches d’une compagnie pétrolière roumaine en Libye et en Irak. Il donne des cours de morphologie, syntaxe et dialectologie arabes et aussi sur les civilisations arabe et islamique, menant des recherches sur les dialectes arabes, l’arabe littéraire, la lexicologie arabe, les civilisations arabe et islamique et l’ethnographie arabe. Prof. Grigore a traduit le Coran et a approfondi le sujet de sa traduction en roumain dans sa thèse de doctorat, publiée en 1997. En l’an 2000 il lança, sous l’égide de la maison d’édition Kriterion, la collection Bibliotheca Islamica, où il publie, à côté d’autres spécialistes, des textes traduits en roumain comptés parmi les chefs d’œuvre des littératures arabe, turque et persane. Il lança aussi, en 2010, la collection Alif, sous l’égide de la maison Ars Longa, où l’on publie des traductions de la littérature arabe contemporaine. Il est membre des commissions scientifiques des collections Biblioteca Medievală de la maison roumaine d’édition Polirom et Arabeschi de la maison italienne d’édition Aracne. Il a donné des conférences dans des universités arabes et occidentales et a participé à des colloques sur l’islam et la civilisation islamique et, à partir de l’an 2000, il a pris part à toutes les conférences de l’Association internationale de dialectologie arabe. Prof. Grigore a publié un grand nombre d’ouvrages ayant relation à différents domaines des études arabes et islamiques, parmi lesquels on trouve, à côté d’une traduction du Coran en roumain et d’un dictionnaire arabe-roumain rédigé avec le professeur Dobrişan, qu’on a déjà mentionnés, des textes traduits uploads/Litterature/ les-etudes-arabes-a-l-x27-universite-de-bucarest.pdf

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