L’ANCIEN TESTAMENT : GENESE 2 ET 3 LE PARADIS ET LA CHUTE I – Présentation A) L

L’ANCIEN TESTAMENT : GENESE 2 ET 3 LE PARADIS ET LA CHUTE I – Présentation A) Les trois religions du Livre La Bible est le livre le plus diffusé au monde. Elle est le fondement des trois religions monothéistes : le judaïsme, le christianisme et l’islam (qui sont appelés par conséquent les religions du livre). L’Ancien Testament est la première alliance de Dieu avec le peuple juif et le Nouveau Testament représente la nouvelle alliance de Dieu avec tous les hommes, par l’intermédiaire de Jésus-Christ. Pour les juifs, le Nouveau Testament n’existe pas car pour ce peuple, Jésus n’est pas le prophète. Ils l’attendent donc toujours. Les musulmans ont pour livre sacré le Coran qui s’inspire de la Bible. Le plus important de ces points communs est le personnage d’Abraham, le « Père des croyants ». Dieu lui donnera pour mission de quitter sa patrie pour rejoindre le pays de Canaan. B) Les auteurs de la Bible La Bible est tout d’abord issue d’une tradition orale. Elle a été par la suite écrite entre le Xème siècle et le Ier siècle avant JC, puis complété au Ier siècle de notre ère. Le manuscrit le plus ancien que nous avons a été découvert sous forme de rouleaux dans les grottes de Qumrân (nord-ouest de la mer morte). De nombreux auteurs ont participé à la rédaction de la Bible et ils sont souvent anonymes. La Bible représente l’épopée du peuple élu, un texte sacré pour les croyants, ainsi qu’un extraordinaire réservoir de mythes pour tous les hommes. C) Les traductions de la Bible Le texte original était en hébreu. La Septante est la première traduction, en grec, destinée aux juifs de la diaspora dans l’Antiquité. La Vulgate est la traduction latine faite par Saint Jérôme à partir du texte hébreu, au début du Vème siècle de notre ère. La traduction de la Bible dans les langues populaires est l’objet de vifs débats au XVI ème siècle. Pour mettre fin à ces débats, la Sorbonne affirme l’authenticité et la suprématie de la version de Saint Jérôme. En 1534, Luther, le principal artisan de la Réforme protestante, traduit la Bible en allemand suivant le principe de la libre lecture des évangiles que prône le protestantisme. L’invention de l’imprimerie par Gutenberg, en 1450, favorise grandement la Réforme protestante (« Sans Gutenberg, pas de Luther »). 1 II – Commentaires A) Explication et interprétation Il existe plusieurs interprétations de la Bible. Nous adoptons ici un point de vue culturel : nous envisageons la Bible comme un ensemble de mythes fondateurs, et non comme un texte sacré. Nous nous appuyons sur la thèse de Mircea Eliade, qui est un grand historien des religions du XXème siècle. Selon lui, « tout mythe est un mythe des origines ». B) Un mythe d’origine Les grands mythes sont des « histoires » que les hommes inventent pour répondre à la question métaphysique par excellence : Pourquoi ? Les mythes permettent une sagesse de l’acceptation en donnant un sens à ce qui représente nos malheurs intolérables et révoltants  trouvent une origine au mal et à la mort. Dans la mythologie grecque, le mythe de la boîte de Pandore, tel qu’il est raconté par Hésiode, attribue à la curiosité d’une femme la venue des maux sur la terre. Pandore est en quelque sorte la sœur grecque de l’Eve biblique. Le schéma est toujours le même : autrefois, les hommes étaient heureux et vivaient dans une sorte d’âge d’or ou de paradis, mais l’un (ou l’une) d’entre eux a commis une erreur ou une faute, et l’humanité paie aujourd’hui les conséquences de cette infraction à l’ordre primitif. Le malheur de la condition humaine perd ainsi de son absurdité et prend un sens. C) La triple punition d’Adam et Eve Eve écoute le serpent et mange le fruit défendu, celui de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Dieu les chasse alors du jardin d’Eden, et instaure l’ordre naturel des choses en guise de malédiction :  La femme enfantera dans la douleur.  L’homme travaillera la terre à la sueur de son front.  L’homme et la femme ne seront plus immortels, ils mourront. Le dur travail Il faut éviter de commettre l’erreur fréquente de considérer le travail comme une malédiction. La malédiction consiste dans la dureté du travail, dans son aspect pénible, le sol étant désormais maudit. Le travail n’est donc pas un mal en soi. La mort La chute d’Adam et Eve entraîne la mortalité. Ils n’ont plus accès au fruit de l’arbre de la vie. Cependant, la durée de vie de l’homme après la Chute reste encore considérable : Adam meurt à 230 ans et un de ses descendants, Mathusalem, meurt à 239 ans. C’est peu avant le 2 Déluge que Dieu raccourcira la vie humaine à 120 ans maximum. Noé avait 600 ans lorsqu’il monta sur l’arche. D) La naissance de la conscience « Les yeux de l’un et l’autre s’ouvrirent, ils connurent qu’ils étaient nus » Il est aisé de voir dans la naissance de la pudeur une métaphore de la naissance de la conscience. Cette conscience fait d’Adam et Eve les égaux des dieux, comme l’avait dit le serpent à Eve (« vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal »). Mais ceci amène également la souffrance (« Qui augmente sa science, augmente sa souffrance », l’Ecclésiaste). Rousseau, dans son Discours sur les sciences et les arts (1750), affirme que Dieu avait fait preuve de sagesse en plaçant l’homme dans une « heureuse ignorance » et il n’aurait jamais dû sortir de cet état. E) Le péché originel Cette expression ne figure pas dans la Bible, elle s’est développé à la suite de Saint Paul (I er siècle), puis de Saint Augustin (Vème siècle). Selon Saint Paul, le péché des origines a plongé l’humanité dans le péché. Un seul homme, Adam, a perdu l’humanité ; un seul homme l’a sauvée, le Christ, nouvel Adam qui abolit la séparation avec Dieu que le premier avait causée. Ce thème d’une faute héréditaire qui entraînerait (sans le Christ) une peine héréditaire est proche de la tragédie grecque qui met en scène des familles maudites à cause du crime d’un ancêtre (la famille des Astrides ou des Labdacides). Ezéchiel, un des quatres grands prophètes (VIème siècle avant JC), s’oppose explicitement à cette idée dans l’Ancien Testament. Pour lui, les fautes des pères ne retomberont pas sur les fils justes. Il refuse ainsi la notion de fatalité et lui oppose la notion de la responsabilité individuelle de chaque pécheur  fatalité # responsabilité  liberté de l’homme. Donc, Dieu aurait crée l’homme libre ? F) Les correspondances avec le Nouveau Testament Dans Mytho-logiques, l’ethnologue Lévi-Strauss compare les mythes à des mille-feuilles. Les mythes présentent, en effet, tout un système de correspondances et d’oppositions qui relèvent d’une pensée logique. Le rapprochement de l’Ancien Testament et du Nouveau Testament offre un bon exemple de cette thèse : le Christ est le nouvel Adam qui rachète la faute du premier. Il en est de même pour Marie, la nouvelle Eve, traditionnellement représentée en train de fouler un serpent à ses pieds (ce qu’aurait dû faire la première Eve). Le Christ subit aussi dans le désert la tentation du diable, mais il en sort victorieux. La Pentecôte, où les apôtres reçoivent l’Esprit Saint et du même coup le don des langues, compense la division des langues issue de l’épisode de la tour de Babel. Enfin la croix est parfois comparée à un arbre qui redonne à l’homme sa vraie vie, grâce au sacrifice de Jésus  « arbre » de la croix # arbre du fruit défendu, origine du mal. 3 II – Héritage culturel A) La question des images Le second commandement du Décalogue exprime la chose suivante : « Tu ne feras point d’idole, ni une image quelconque de ce qui est en haut dans le ciel, ou en bas sur la terre, ou dans les eaux au dessous de la terre. Tu ne te prosterneras pas devant elles et tu ne les serviras point ». Le Nouveau Testament ne contredit pas cet interdit. Pourtant assez vite, le christianisme produit des icônes. Au VIIIème siècle et IXème siècle a lieu une Querelle des images. Le second concile de Nicée (787) autorisa à nouveau le culte des images en raison de l’argument suivant : le Christ s’est incarné, il est donc possible de représenter physiquement le Fils de Dieu et de peindre les saints. Cela explique le développement extraordinaire de l’art chrétien, et plus précisément catholique. Les juifs, les musulmans, et dans une moindre mesure, les protestants, continuent à refuser toute représentation. B) La peinture religieuse Les représentations d’Adam et Eve sont innombrables dans la peinture catholique :  Dans Annonciation de Cortone (1434), Fra Angelico représente en haut à gauche du panneau central l’expulsion d’Adam et Eve que menace l’épée de l’archange. L’idée est bien sûr que la naissance du Christ va racheter l’humanité et effacer la honte uploads/Litterature/ le-paradis-et-la-chute.pdf

  • 55
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager