Annales de l'Université « Dunărea de Jos » de Galaţi Fascicule XXIII, volume VI
Annales de l'Université « Dunărea de Jos » de Galaţi Fascicule XXIII, volume VII, nº 9 Mélangesfrancophones DIALOGUES EN FRANCOPHONIE GALATI UNIVERSITY PRESS Annales de l’Université « Dunărea de Jos » de Galaţi Fascicule XXIII, volume VII, no 9 Mélanges francophones DIALOGUES EN FRANCOPHONIE GALATI UNIVERSITY PRESS 2013 DIALOGUES EN FRANCOPHONIE Revue publiée sous l’égide du Centre de recherche Théorie et Pratique du Discours et du Département de langue et littérature françaises de la Faculté des Lettres, Université « Dunărea de Jos » de Galaţi. ISSN 1843-8539 RÉDACTEUR EN CHEF Alina GANEA SECRÉTAIRE DE RÉDACTION Elena COSTANDACHE COMITÉ DE RÉDACTION Carmen ANDREI ( Littérature) Eugenia ALAMAN & Gabriela SCRIPNIC ( L i n g u i s t i q u e ) Angelica VÂLCU (Didactique) Mirela DRĂGOI (Comptesrendus) COMITÉ SCIENTIFIQUE Mohammed ALKHATIB, Université de Nizwa, Sultanat d’Oman Anna ANASTASSIADIS-SYMEONIDIS, Université « Aristote » de Thessalonique, Grèce Sâadane BRAIK, Université Abdelhamid Ibn Badis de Mostaganem, Algérie Alexandra CUNIŢĂ, Université de Bucarest, Roumanie Anca GÂŢĂ, Université « Dunărea de Jos », Galaţi, Roumanie Amélie HEIN, Université Laurentienne, Sudbury (Ontario), Canada Nicolae IOANA, Université « Dunărea de Jos », Galaţi, Roumanie Denis LEGROS, Université Paris 8, France Virginia LUCATELLI, Université « Dunărea de Jos », Galaţi, Roumanie Marina MUREŞANU IONESCU, Université « AL. I. Cuza » Iaşi, Roumanie Michel OTTEN, Université Catholique de Louvain, Belgique Floriana POPESCU, Université « Dunărea de Jos », Galaţi, Roumanie Elena PRUS, Université Libre Internationale de Moldova Zhihong PU, Université Sun Yat-sen, Chine Lydia SCIRIHA, Université de Malte, Malte Carmen Ştefania STOEAN, Académie des Sciences Economiques, Bucarest, Roumanie © 2013 Galaţi University Press Les auteurs sont autorisés à utiliser les articles publiés seulement sur accord de la maison d’édition ou de l’éditeur et en faisant référence à ce volume. Galaţi University Press – Cod CNCSIS 281 Maison d’Édition de l’Université Dunărea de Jos Str. Domnească 47, 800008 Galaţi, Romania, gup@ugal.ro Tel. +40 236 41 36 02 Fax: +40 236 46 13 53 Couverture : René Magritte, La Valse Hésitation (1950) Table des matières Éditorial ............................................................................ 7 TRANSFERTS, EMPRUNTS, CONTAMINATIONS LINGUISTIQUES DANS LA FRANCOPHONIE Svetlana KRYLOSOVA & Valentin TOMACHPOLSKI Mafiosi, raviolis et picadores : à propos du pluriel «roman» en français contemporain ......11 Mustapha GUENAOU La francophonie et l’Algérie : histoire, mémoire et instruments ....................................... 22 Nada NADER Entre langue maternelle et langue d’adoption : le cas de Farjallah Haïk ......................... 36 Voudina NGARSOU Francophonie et emprunts linguistiques ........................................................................... 45 Mustapha TIDJET Le français dans le kabyle : emprunts et calques.............................................................. 53 TRADUCTIONS DES LITTÉRATURES FRANCOPHONES : ENJEUX ET DÉFIS Giada BOSCHI Commentaire de la traduction du français vers l’italien de la pièce « Un Touareg s’est marié à une Pygmée » de Werewere Liking-Gnepo.......................................................... 71 Nataša RASCHI Pour une analyse linguistique et traductologique : « Hiroshima mon amour » de Marguerite Duras .......................................................................................................... 83 INTERCULTUREL ET TRANSCULTUREL AU SEIN DE LA FRANCOPHONIE Raymond Mbassi ATEBA Passe(s) et impasse(s) du sujet postmoderne chez Kérels et Le Clézio : entre mondialité, (dé)mondialisation et transculturalité............................................................................... 99 Zhihong PU & Lue HUANG Implicite et facteurs de la communication interculturelle................................................ 117 ANALYSE DU DISCOURS FRANCOPHONE Abdelali BECETTI Inscrire les paroles jeunes algériennes dans un continuum dynamique : du code switching aux lectes fusionnés via le code mixing. Polyfonctionnalisation, (dés) indexicalisation, grammaticalisation ....................................................................... 131 Lindita GJATA Réflexions textuelles sur une formation discursive philosophique et littéraire ............... 144 Ruxandra CONSTANTINESCU-ŞTEFĂNEL Les caractéristiques du discours publicitaire des magazines français éducationnels du début du XXI-e siècle. L’exemple de « Géo »............................................................ 157 Onome Stella OMONIGHO Le langage comme expression de soi: l’image des leaders africains dans Équatorium de Maxime N’debeka et L’Ile de Bahila de Cheikh Ndao............................................. 180 Mihaela POPESCU Conversations ludiques sur Facebook. Quelques aspects sémantiques et pragmatiques 188 COMPTES RENDUS Mirela DRĂGOI Dominque Chancé et Alain Ricard (éds). 2013. Traductions postcoloniales. Études Littéraires Africaines, no. 34. Metz : Université de Lorraine.................................... 203 53 Mustapha TIDJET Université A. Mira de Bejaïa, Algérie mustaphatidjet@yahoo.fr Le françaisdans le kabyle : emprunts et calques Résumé Le berbère est, depuis des siècles, en contact permanent avec des langues dominantes. Cet état de langue dominée a affaibli ses ressorts internes de production lexicale. C’est pour cela que le kabyle d’aujourd’hui est truffé d’emprunts lexicaux. Et, en synchronie, le français est l’un de ses principaux pourvoyeurs. Sauf que ces emprunts sont d’abord manipulés, triturés, adaptés au moule de la structure lexicale kabyle avant leur adoption. Avant qu’ils ne soient intégrés à la langue, ils subissent des traitements phonético-phonologiques et morphosémantiques divers. L’introduction du kabyle dans les nouveaux domaines de la vie moderne, que sont l’école et les mass-médias, ont induit de nouveaux besoins, d’où la création néologique massive, surtout pour combler les lacunes terminologiques. Alors apparait le phénomène des calques où, contrairement aux emprunts, il est fait usage des constituants du kabyle dans des structures syntaxiques du français. Mots-clés : évolution, interférence, contact, adaptation linguistique Les 130 années de présence française en Kabylie ont certes laissé beaucoup de traces dans la langue autochtone, mais ce sont surtout les options du pouvoir central algérien après l’indépendance, le déni identitaire du berbère et la volonté d’arabiser les populations berbérophones, qui ont poussé les Kabyles à se réfugier dans la langue de l’ancien colonisateur. Aujourd’hui le français est quasiment présent dans tout discours kabyle1. Dans le cadre de cet article, on ne s’intéressera pas à la partie visible de l’iceberg que représente le « mélange de langues (sur l’anglais code mixing) ou alternance codique (sur l’anglais code switching) » (Calvet, 1993 : 29), mais plutôt à ce français qui a intégré la langue kabyle sans que les locuteurs ne s’en aperçoivent, il s’agit des emprunts et qui sont de deux types : les emprunts directs et les emprunts par calques syntaxiques. Pour les premiers, la mise en morphologie et le traitement phonético- phonologique et sémantique des emprunts aboutissent souvent à la méconnaissance des unités empruntées. Nous allons essayer de montrer les différentes stratégies utilisées pour l’intégration des unités françaises 1 Pour l’anecdote, on dit qu’on a demandé à un kabyle : aygher dima tessedawm-d tafransist deg lehdur-nwen (fr. pourquoi vous mélangez toujours le français dans vos discours), ce Kabyle répond : jamais ! 54 dans le kabyle. Comment est réalisé l’habillage de ces emprunts par une morphologie berbère ? Quels sont les traitements qu’on leur fait subir pour les adapter phonétiquement et/ou sémantiquement et, ainsi, les faire adopter par la langue cible ? Mais le deuxième type est la stratégie la plus subtile utilisée dans l’enrichissement linguistique d’une langue, en ayant recours à une autre, sans pour autant que la langue source n’apparaisse. En effet, avec les calques, la langue emprunteuse utilise ses propres ressources lexicales mais dans un moule syntaxique d’une autre langue, ce qui masque, pour une personne non avisée, le caractère exogène de l’unité ainsi obtenue. Notre analyse sera bâtie sur des exemples pris dans le kabyle courant. Elle concernera d’abord les emprunts lexicaux qui sont très nombreux car touchant, pratiquement, tout le lexique technique et l’ensemble des concepts relatifs à la vie moderne. On n’oubliera pas, bien sûr, de toucher à ce nouveau langage caractérisant les jeunes générations. En effet, on assiste aujourd’hui à la transformation en verbes kabyles d’éléments linguistiques qui ne sont pas des verbes à l’origine, ainsi à partir de chaîne est formé chini2 « faire la chaîne », weekend donne wikandi « passer le weekend », etc. Les calques apparaissent dans la création néologique et surtout terminologique où le français a toujours représenté la grille de départ. Comme conséquence, on aboutit évidemment aux calques conceptuels (à chaque concept français correspond un et un seul concept kabyle), mais également aux calques formels et catégoriels. De plus, on s’intéressera à l’influence du français dans des champs qui, jusque là, sont bien rendus par le kabyle, à l’exemple des idiotismes qui, normalement, ne sont pas traduisibles. 1. Traitements des emprunts Un lexème d’une langue utilisé dans une autre est toujours ressenti comme un corps étranger, il est d’abord un xénisme, c’est-à-dire un mot qui « n’est pas mis en morphologie parce que n’appartenant pas (ou pas encore) à la langue-cible pour laquelle sa base est étrangère » (Cheriguen, 1989 : 55). Un emprunt, pour qu’il soit définitivement adopté par la langue cible, doit subir une série d’adaptations et de traitements. 1.1 Adaptation phonétique Parmi tous les sons que permet le système articulatoire humain, une partie seulement est utilisée par une communauté linguistique donnée. La partie qui permet de réaliser des distinctions est encore plus infime. C’est 2 Les lexèmes et expressions kabyles seront toujours notés en italique suivis de leurs interprétations en français entre guillemets. 55 pour cela que les systèmes phonétiques des langues naturelles sont différents les uns des autres. Ainsi, d’une part ceci crée des habitudes articulatoires particulières chez les locuteurs de chacune de ces langues, d’autre part ces habitudes ne sont pas faciles à changer. L’adaptation phonétique est le remplacement des phonèmes exogènes par des phonèmes berbères sentis comme ayant les mêmes caractères phonétiques, ou bien changer des successions de phonèmes inhabituelles par d’autres plus appropriées uploads/Litterature/ le-francais-dans-le-kabyle-emprunts-et-calques.pdf
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- Publié le Mar 07, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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