REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUP

REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE UNIVERSITE DE BATNA – El HADJ LAKHDAR - Faculté des Lettres et des Sciences Humaines Département de Français Ecole Doctorale de Français Réseau Est Antenne de Batna Mémoire élaboré en vue de l’obtention du diplôme de Magistère Option : Sciences des textes littéraires Sous la direction du : Dr. Rachida SIMON Présenté et soutenu par : Melle. Fatima Zohra HABCHI Membres du Jury - Président : Pr. Saddek AOUADI, Pr. Université de Annaba - Rapporteur : Dr. Rachida SIMON, M.C. Université de Batna - Examinateur : Dr. Foudil DAHOU, M.C. Université de Ouargla - Examinateur : Dr. Saïd KHADRAOUI, M.C. Université de Batna Année universitaire : 2005 / 2006 A l’épreuve des frontières : Les Nuits de Strasbourg de Assia Djebar 1 "Et s’il était à refaire, je referai ce chemin…" Louis Aragon 2 Remerciements Je tiens à remercier mon directeur de thèse, le Docteur Rachida Simon, pour m’avoir soutenue et encouragée tout au long de mes recherches et pour m’avoir inspirée et guidée durant le cheminement de ce travail. Cette thèse n’aurait pas vu le jour sans sa détermination à mener à bien ce projet, elle a fait preuve d’une largesse d’esprit exemplaire. J’ai le plaisir de remercier le Docteur Samir Abdelhamid pour ses nombreux conseils, qui ont permis d’améliorer la qualité des cours dispensés dans le cadre de l’école doctorale algéro-française de l’université de Batna. Mes remerciements vont au Docteur Saïd Khadraoui, responsable de la filière "Sciences des textes littéraires", pour sa justesse et son esprit critique. Je suis très reconnaissante à mes enseignants : Gherbi Rahal, Kamel Metatha, et surtout ma gratitude va au Professeur Mohamed Salah Nedjai. Les idées puisées au cours de ses discussions ont inspirées beaucoup de réflexions et d’interrogations dans l’étude présente. A tous mes collègues aussi de l’école doctorale que je remercie vivement. 3 INTRODUCTION Une problématique importante marque la pensée contemporaine depuis les années cinquante : celle de l’altérité. Les discours sur l’Autre prennent de plus en plus d’ampleur et occupent le devant de la scène et comme ils se retrouvent avec insistance en littérature, ils apparaissent de pair avec l’activité créatrice, l’écriture. Le concept d’altérité illustre actuellement une nouvelle vision du monde, dite postcoloniale, en rupture avec l’idéologie coloniale. Son objectif principal étant de promouvoir l’affirmation de l’identité non en termes d’oppositions, mais en termes de différence et de complémentarité. Dans la présente recherche, nous nous attacherons à expliquer le concept d’altérité dans sa nouvelle acception. Pour ce faire, nous nous proposons de l’analyser dans l’œuvre d’Assia Djebar, Les Nuits de Strasbourg, roman paru en 1997. Dans ce roman, Assia Djebar va tenter l’impossible : écrire le roman du dialogue avec l’Autre. A travers un imaginaire ambivalent, elle appréhende une toute nouvelle façon d’aborder l’Autre, elle joue à inventer plusieurs formes de langages et s’exerce à une expression plurielle. L’importance accordée à la notion de l’Autre nous amène à nous questionner sur la manière dont l’auteur envisage la rencontre de Soi et de l’Autre, dans un discours sans cesse renouvelé par cette relation à l’Autre: Assia Djebar, réussira t-elle à faire du langage pluriel, voire polyphonique, un véritable dialogue ? Les hypothèses que nous émettrons à ce sujet sont : 4 - La rencontre de Soi et de l’Autre dans le récit: 1/ La rencontre avec l’Autre, peut favoriser l’ouverture, le savoir, la reconnaissance, l’échange, le métissage, l’interculturalité ou au contraire, susciter toutes formes de rejet dues à la méfiance, l’ignorance, ou encore l’intolérance et la peur. La rencontre de Soi et de l’Autre dans l’écriture : 1/ Le dialogue peut aboutir à l’instauration d’un langage pluriel intégrateur. Pour traiter le sujet, nous nous proposons d’étudier Les Nuits de Strasbourg selon trois principales orientations que nous avons organisées comme suit : Dans le premier chapitre intitulé "Assia Djebar ou l’itinéraire accompli" et réservée à la présentation de l’auteur et du corpus, nous nous intéresserons plus particulièrement à l’entrée d’Assia Djebar à l’Académie française qui est un événement important pour la reconnaissance des écrivains maghrébins. Pour connaître mieux cet écrivain, nous avons tenu à exposer sa vie ainsi que son parcours littéraire. Enfin, nous étudierons l’histoire de la publication de son roman Les Nuits de Strasbourg et le résumé de ce dernier afin d’en rappeler l’intrigue. Dans le deuxième chapitre intitulé "L’écriture de l’Autre" nous essayerons de mettre en lumière les notions d’identité/altérité dans les Nuits de Strasbourg au niveau thématique. Pour cela, nous avons dégagé deux formes de quêtes : une quête spatiale et une quête identitaire, cette dernière sous-tendue par une autre quête : celle du double. Dans ces deux sous-titres, il sera pour nous question de montrer comment les personnages évoluent dans la recherche perpétuelle d’un ancrage spatial et identitaire. C’est seulement après avoir discuté les deux ensembles que nous aborderons la question de l’Autre comme étranger à Soi. 5 Analyser le processus identité/altérité des Nuits de Strasbourg reviendra nécessairement à analyser la rencontre problématique de Soi avec l’Autre. La rencontre des personnages avec l’Autre engendre un rapport souvent conflictuel qui les place dans un entre-deux : entre le Moi et l’Autre. Dans le troisième chapitre intitulé "Langage de l’hétérogène, langage du possible" nous tenterons de montrer l’importance du dialogue. De par la rencontre des personnages, d’origines différentes, sont nés des couples, unis par des relations amoureuses, voire même des relations conjugales et, pour communiquer dans l’amour, le langage joue un rôle important puisque pour s’entendre, ces couples devront communiquer. Communiquer ne signifie pas seulement parler d’amour mais c’est surtout pour parler de son passé, de ses déchirures. Dans cette rencontre de l’Autre dans l’amour, on peut reconnaître différents niveaux: Premièrement, nous aborderons la rencontre avec l’Autre qui se réalisera par le biais du corps. Notre réflexion nous amènera à parler du langage du corps comme première forme d’entente, d’ouverture à l’Autre. C’est dans cette phase aussi que les personnages devront faire face à leur propre altérité. Deuxièmement, après la connaissance de l’Autre dans son intimité, dans le corps, les personnages devront rencontrer non plus l’Autre, le compagnon mais les autres. Ils font l’expérience de riches échanges qui les amèneront à discuter de leurs cultures "ensemble". Cette partie nous l’avons intitulée "Strasbourg, espace polyvocal". Troisièmement, nous tenterons de dégager que rencontrer l’Autre, le différent aboutit finalement à un contact des langues et des cultures. C’est pour cette raison que nous l’avons intitulée "Croisement des langues et créations linguistiques et littéraires" 6 car il y a dans le roman étudié entrecroisement des langues qui donne lieu à des créations. Dans ce titre également, nous avons abordé la symbolique du chiffre neuf, nous sommes arrivée à dégager deux sortes de lectures-interprétations. Concernant la méthode employée pour analyser ce roman, nous pencherons, comme première étape, pour une approche exclusivement basée sur le texte et la nature du texte. Nous commencerons par analyser ce dernier sans référence préalable aux écrits critiques, nous nous attacherons seulement à prendre en considération certains concepts théoriques essentiels à notre travail. A cet effet, une approche résolument littéraire nous paraît répondre à notre intuition d'aborder Les Nuits de Strasbourg par une lecture naïve. Puis nous tenterons de confronter ce que nous aurons dégagé à différentes théories littéraires sur l'altérité, essentiellement, les travaux de Julia Kristeva, Paul Ricœur, Tzvetan Todorov, etc. Concernant l'aspect linguistique dans sa forme polyphonique, nous ferons appel aux travaux de Mikhaïl Bakhtine dans sa théorie du langage romanesque. 7 PREMIER CHAPITRE Assia Djebar ou l’itinéraire accompli 8 I- l’entrée à l’Académie française « Je ne suis pas un symbole » Assia Djebar Première personnalité maghrébine à se frayer une place parmi les " immortels ", Assia Djebar, écrivain de grand talent et cinéaste, auteur prolifique de romans, d’essais, de poésies, de nouvelles, de pièces de théâtre…, fait partie à présent de la prestigieuse Académie française où elle a été élue le 16 juin 2005. Prestigieuse institution française, la plus ancienne des sociétés savantes, l’Académie française, a été fondée en 1635 par le cardinal de Richelieu. Elle a son siège au 23, quai de Conti à Paris. L’initiative de Richelieu avait son origine dans l’existence d’un cénacle de lettrés qui se réunissaient chez Conrart. Le nombre des académiciens passa somme toute assez vite de douze à quarante. Assez vite aussi, l’Académie cessa d’être une pure compagnie de lettrés. Dés le XVIIème siècle et, naturellement, pendant le XVIIIème siècle, on vit se mêler aux écrivains des diplomates, des juristes, des aristocrates diversement titrés, des hommes d’Etat, des maréchaux de France, des sociologues, des pédagogues, un médecin… Parmi les écrivains, qui représentent, avec assez de régularité, un peu plus de la moitié de l’effectif, on distingue, dès le siècle de la constitution, des poètes, lyriques ou dramatiques, un fabuliste, des moralistes, des philosophes, des traducteurs, des historiens, des mémorialistes, des érudits et des critiques, des bibliothécaires, un romancier. 9 Initialement réservé aux hommes, l’accès à l’Académie française n’a été permis aux femmes qu’en 1980 avec l’admission de la romancière belge Marguerite Yourcenar. L’Académie uploads/Litterature/ le-fatima-zohra-habchi.pdf

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