Presented îo the LIBRARYo/fAe UNIVERSITY OF TORONTO by ALEX PATHY La Marchande
Presented îo the LIBRARYo/fAe UNIVERSITY OF TORONTO by ALEX PATHY La Marchande de Modes de Marie=Antoinette DU MÊME AUTEUR POKSIES Les Propylées. A travers la Haine. La Plante merveilleuse de Tintagel. LITTÉRATURE Jehan Bodel BEAUX-ARTS Les Artistes Artésiens aux Salons 1903 1910. ( Bihliûthèque Xationale.) ROSE BEHTIN D'après la peinture de Tiuxquessf., j^ravée par Janinet.) EMILE LANGLADE La Marchande de Modes de Marîe=Antoînette Rose Bertin PARIS ALBIN MICHEL, ÉDITEUR 22, RUE HUYGHENS, 22 AVANT-PROPOS Nous revenons toujours, avec un plaisir nouveau, à ce xv!!!*" siècle, si curieux et si captivant, dont le charme ne s'etface pas. Il se doutait évidemment de l'attrait qu'il devait exercer sur les générations à venir, quand il écrivait tous ces Mémoires, quand il traçait ces Tableaux de Paris, contait ces Anecdotes du temps de Louis XVI, écoutait aux portes le bruit de ses pro- pres scandales, dont il étalait les tares sous la loupe des pamphlétaires, gens tarés eux-mêmes, gagés et venimeux, sans se douter qu'il mettait des armes ter- ribles aux mains de ses pires ennemis. Il nous semble qu'en entendant crier sous nos pas le sable des allées de Trianon, nous allons rencontrer les fantômes évanouis des duchesses et des marquises qui le peuplaient jadis, et nous écoutons si l'écho, qui s'enfuit dans le mystère des buissons obscurs, ne s'éveille point au bruit joyeux de leur rire perlé. Nous nous plaisons à nous ligurer : l'animation grouillante et le pittoresque des rues du vieux Paris ; la cohue des toits qui encapuchonnaient des maisons VI AVANT-PHOPOS qu'Haussmann n'avait pas encore alignées au cordeau ; les petits mélioi-s; le carleux de souliers, dans son échoppe, chantant Malboroiigh, l'air en vogue; l'écri- vain public, l'écrivain public! quelle vieillerie!... dans sa baraque peinte en vert ; le rémouleur, sonnaillant et déambulant par la ville, sa meule sur le dos; le porteur d'eau ; les abbés en culotte courte; les voleurs exposés au pilori, là-bas, à la Croix duTrahoir. Et, devant la vision d'un magasin empli des mille {"anfreluclies dont raffolaient nos grand'nières, nous nous sentons pris de rirrésistible tentation d'y péné- trer, de toucher de nos mains les demi-bonnets et les chapeaux à la Henri IV, les robes turques et les déli- cieux linons, qui firent leurs délices et furent leur folie ; alors, nous sentons peu à peu notre rêve prendre corps, et, ouvrant cette porte qu'un siècle entier a tenue close, l'auteur, avec vous, pénètre dans la maison de Rose Bertin. Pour rendre un peu de vie à la grande maison de modes, il n'a point laissé courir au hasard une fantai- siste imagination ; il a préféré s'en tenir aux faits et s'en rapporter aux documents. Il a compulsé nombre de journaux du temps ; il a fouillé les dossiers conser- vés aux Archives nationales, aux Archives de la Seine, consulté les manuscrits de la Bibliothèque nationale et de la Bibliothèque de Versailles, puisé dans les archives d'Abbeville et d'Epinay-sur-Seine, dépouillé des dossiers de collections particulières; et il doit dire que partout il a reçu le meilleur accueil, que partout il a vu ses recherches facilitées ; il en veut remercier ici tout particulièrement et M. Jacques Doucet, et AVANT-PROPOS VII MM. Lazare, Prost, Capon, Plessis, d'autres encore dont l'hospitalité et l'obligeance lui ont été d'un grand prix. Cependant, il ne s'est point contenté de la masse de ces pièces officielles, il a aussi voulu écouter l'écho douteux de menus faits et de brocards qui couraient la ville, faisaient parfois même l'objet des conversations de la cour, et qu'on s'y racontait à demi-voix, en sou- riant, derrière un éventail. Il a rapporté, sans trop s'y arrêter cependant, les légendes qui se formèrent ainsi, et qui donnèrent à la vie banale d'une femme qui, au fond, n'était qu'une commerçante avisée et une vieille fille endurcie, le piquant de quelques aimables aven- tures. Ce n'est point un roman qu'il faut s'attendre à lire dans ces pages, mais plutôt un exposé de la vie d'une époque. Si l'auteur a noté le prix d'une fourniture sans intérêt apparent, c'est qu'il a pensé qu'il y avait ma- tière à rapprochements, à comparaisons. Si, par hasard, il lui est arrivé de parler d'un personnage inconnu, insignifiant, c'est qu'il a trouvé que, tel qu'il était, il faisait figure. Enfin il s'estimera satisfait s'il a pu, en contant l'histoire de quelque coin de Paris, éveiller, à son tour, la curiosité du lecteur, lui faire comprendre que, dans tel quartier qu'il fréquente, dans telle rue oii, journellement, il passe, il doit sentir quelque chose d'autre que la banalité moderne palpiter derrière ces murailles que, naguère encore, il coudoyait indifférent. La Marchande de Modes de Marie=Antoinette ROSE BKRTIN I Les débuts d'une grande modiste. — Son influence A LA COUR (1770-177Zi) Le règne de Marie-Antoinette tut celui des futilités et du chiffon, et, si elle ne créa point un ministère de la toilette, il y eut, à la cour de Versailles, des coiffeurs, des couturiers et des faiseuses de modes plus écoutés que des conseillers du roi. De ce nombre fut Rose Bertin. Rose Bertin, dont le véritable nom était Marie-Jeanne Bertin, figure dans la plupart des grands dictionnaires et des ouvrages bio- graphiques comme étant née à Amiens en 17hh (!)• Des recherches effectuées dans les archives communales d'Amiens étant demeurées infructueuses; nous les avons continuées à Abbeville où il est avéré, le fait ayant déjà élé contrôlé par les historiens régionaux, qu'elle est née le 2 juillet i'kl. Voici d'aUleurs le texte (1) Did. de la conversai ion ; Grande Encyclopédie; Dict, Larousse, MiCHAUD, Biographie uniuerselle ; Nouvelle biographie générale. ROSE BERTIN de son extrait de baptême inséré au registre de la paroisse Saint-Gilles : « L'an mil sept cent quarante-sept, le deux juillet, sur les neuf heures du soir, est née en légitime mariage une fille à Nicolas Berlin, cavalier de la marécliaussée, et à Marie-Margueritte Méquignon, son épouse, et le lendemain a été baptisée par moi curé soussigné sous le nom de Marie-Jeanne. Le parein a été Jacques- Antoine d'Aras et la marreine Marie-Jeanne Gauterot dont l'un a signé et l'autre fait sa marque aîant déclarée ne savoir écrire, les jour et an susdits du baptême. Signé : Darras et Falcominier curé. « Le ménage de ses parents était fort modeste, et pour élever Marie-Jeanne, ainsi que son frère Jean-Laurent, de deux ans plus jeune qu'elle, — il était né également sur la paroisse Saint-Gilles le 5 mai 17/i9, — la paye du cavalier de la maréchaussée était quelque peu maigre. Aussi sa femme, pour augmenter le budget du ménage, exercjait-elle le métier de ;-::arde-malade. Les parents de Marie-Jeanne n'étaient donc pas en mesure de lui faire donner une bien brillante éducation. Celle qu'elle reçut fut forcément modeste mais suffisante pour développer l'ambition chez une jeune fille qui était loin, à cette époque, d'être disgraciée de la nature, et le savait, — les femmes n'ignorent jamais ces choses- là, et il est rare qu'elles ne cherchent point à en tirer parti ; — et qui, en outre, ne manquait pas de l'esprit nécessaire pour faire son chemin. Elle avait foi çn son horoscope. Or, voici ce qu'une bohémienne lui avait un jour prédit. Cette bohémienne avait été arrêtée et emprisonnée, alors que la petite LES DEBUTS D UNE GRANDE MODISTE 3 Rose était encore tout enfant. Les commères du voi- sinage, qui avaient des langues et de la superstition, racontaient monts et merveilles d'un tas de choses que la tzigane leur avait lues dans la main. La petite Rose, qui était déjà une petite demoiselle, voulut savoir ce que lui promettait l'avenir. Mais le père Bertin, ni la mère Bertin n'auraient jamais consenti à souscrire à pareille lantaisie ; la fine mouche le savait bien. Aussi Rose imagina-t-elle de se priver de manger ; et profitant sans doute de facilités spéciales que la profession de son père lui donnait pour pénétrer dans l'intérieur de la prison, elle réussit à voir la bohémienne et lui pro- posa;, en échange des mets, — évidemment préférables à ceux de l'ordinaire, — qu'elle lui apportait, de lui dire ce que le sort lui réservait. Les prisons d'alors n'étaient pas ce qu'elles sont devenues. La sorcière, qui avait sûrement les dents longues, ne fit pas de difficultés pour donner satisfaction à la curiosité enfan- tine de sa petite pourvoyeuse. Rose passa donc sa main mignonne au travers des barreaux qui les sépa- raient, et la bohémieime, l'ayant prise de ses gi'ands doigts, basanés et osseux, aux ongles en deuil, lui dit : i( Vous ferez une grande fortune; on vous portera la robe à la cour. » Et Rose sortit toute rayonnante de la prison. Mais Nicolas Bertin, son père, qui était loin d'être jeune, — il avait soixante-douze ans, — mourut le 2/i janvier 175/i, laissant toute la charge de l'éducation de ses enfants à sa veuve. Rose n'était pas fille à laisser sa mère, qu'elle aimait beaucoup, peiner pour elle lorsqu'elle pouvait l'aider. ROSE BERTIN Les années d'enfance éconlccs, elle prit son uploads/Litterature/ la-marchande-de-modes-de-marie-antoinette-rose-bertin-emile-langlade-1911.pdf
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- Publié le Nov 14, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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