Les Pères apostoliques (V) : La Didachè Cours de patrologie de soeur Gabriel Pe
Les Pères apostoliques (V) : La Didachè Cours de patrologie de soeur Gabriel Peters o.s.b., chapitre 2 Vous trouverez ici le chapitre sur la Didachè publié dans le manuel de patrologie de Soeur Gabriel Peters. Les Pères apostoliques sont ceux qui sont réputés avoir connu les apôtres. I. La découverte de la Didachè II. Aperçu sur le contenu de la Didachè - 1. Le Duae Viae - 2. Instructions diverses - 3. Nouvelles instructions - 4. La conclusion : Veillez III. Importance de la fixation de la date IV. Le bilan de 75 ans de critique V. Le renouvellement de la question par l’importante étude d’Audet - 1. La mise au point du genre littéraire exprimé par le titre - 2. Les étapes de la composition littéraire - 3. La date proposée - 4. Le lieu d’origine VI. Préparation à la lecture de la Didachè - 1. Le Duae Viae - 2. L’instruction sur l’eucharistie - 3. Quelques points importants - 4. La conclusion : Veillez Conclusion : Importance de la Didachè Réunissez-vous le jour du Seigneur, rompez le pain et rendez grâces après avoir d’abord confessé vos péchés, afin que votre sacrifice soit pur. (14,1) I. La découverte de la Didachè En 1873, au couvent du Saint Sépulcre de Constantinople, le métropolite [1] de Nicomédie, Philotée Bryennios, feuilletait un manuscrit daté de 1056. À la suite d’écrits de s. Jean Chrysostome et des deux lettres dites de s. Clément [2], il y trouva un écrit intitulé : Διδαχὴ τῶν δώδεκα ἀποστόλων ce que l’on traduisit : La Doctrine des Douze Apôtres. Un second titre, plus long, semblait expliciter le premier : Doctrine du Seigneur enseignée aux nations par les douze Apôtres. Le couvent de Constantinople dépendant du patriarcat grec orthodoxe de Jérusalem, le manuscrit y fut transféré et prit par conséquent le nom de Hierosolymitanus désigné sous le sigle H. 54. En 1883, parut l’édition princeps. La diffusion du petit, ouvrage suscita, dans tous les milieux savants, un enthousiasme fiévreux difficile à décrire. Il semblait que tous les problèmes (concernant le baptême, l’Eucharistie, la prédication apostolique et la fixation du texte des Évangiles, la hiérarchie de l’Église primitive, etc… ), allaient être remis en question à la lumière de ce petit volume enfin sorti de l’obscurité. Notre époque a connu un phénomène semblable à la suite de la découverte des manuscrits du désert de Juda en 1947. Le livret de la Didachè ne se présentait pas comme un inconnu : une liste d’écrits chrétiens, dressée par Eusèbe de Césarée († 339) le mentionnait, le mettant au rang des apocryphes, tout comme le Pasteur d’Hermas, l’Épître attribuée à Barnabé et l’Apocalypse de Jean. [3] Saint Athanase, écrivant en 367, nous apprend dans la Lettre festale 39 que la Didachè est depuis longtemps utilisée en Égypte pour la formation des catéchumènes. De plus, à la lecture du texte, on crut reconnaître que de très nombreux auteurs le citaient. Parmi ces auteurs, nommons seulement les plus anciens : le pseudo-Barnabé et Hermas. La Didachè leur était donc antérieure ? Mais si l’auteur de la Didachè avait au contraire copié lui-même le pseudo-Barnabé, et Hermas ? On le voit, les questions vont surgir : date, lieu d’origine, portée de l’écrit… Le texte seul apportera les réponses. Prenons-en rapidement connaissance. II. Aperçu sur le contenu de la Didachè Vient d’abord le double titre. Ensuite, on a pu diviser le texte en seize chapitres. 1. Le « Duae Viae » (6 chapitres) Voici la toute première phrase : Il y a deux chemins, un de la vie et un de la mort. L’écart est grand entre ces deux chemins. Les six premiers chapitres développent cette introduction. On les appelle communément le Duae Viae : les deux voies. Le développement consacré au « chemin de la vie » est long : 4 chapitres. Au contraire, celui qui parle du « chemin de la mort » est très bref : le seul chapitre 5. Le chapitre 6 est la conclusion du Duae Viae. En voici le début : Veille à ce que nul ne te détourne de cette voie de la Didachè, car celui-là te propose un enseignement étranger à Dieu. Il est remarquable que les emprunts ou les prétendus emprunts faits à la Didachè sont presque tous pris à ces chapitres : c’est le cas des emprunts du pseudo-Barnabé et d’Hermas. 2. Instructions diverses (7-11, 2) Instruction sur le rite du baptême : « Baptisez ainsi » (ch.7) Instructions sur les jeûnes hebdomadaires : il est demandé de se différencier des Juifs (8, 1) et sur la prière quotidienne le Pater qui est cité (8, 2-3) Instruction sur l’Eucharistie : des prières eucharistiques très belles, formules de bénédiction sont citées (9 et 10) Mise en garde contre des instructions contraires (11, 1-2). Cette mise en garde semble bien être une finale, une conclusion : Si quelqu’un donc se présente à vous avec des instructions conformes à tout ce qui vient d’être dit, recevez-le, mais si celui-là même qui enseigne est perverti et propose d’autres instructions dans le but de démolir, ne lui prêtez pas attention ; enseigne-t-il au contraire en vue d’accroître la justice et la connaissance du Seigneur, recevez-le comme le Seigneur. 3. Nouvelles instructions relatives surtout à l’organisation des communautés : Conduite à tenir à l’égard des apôtres (11, 3-6) et des prophètes (11, 7-12) Les devoirs de l’hospitalité (12, 1 - 13, 2) L’offrande des prémices aux prophètes (13, 3-7) La synaxe dominicale (14, 1-3) Le choix des évêques et des diacres (15, 1-2) La correction fraternelle (15, La prière, l’aumône et les autres pratiques (15, 4) 4. Conclusion : « Veillez » (16, 1-8) L’attente du retour du Seigneur. III. Importance de la fixation de la date Après 75 ans de critique, aucun consentement général n’étant intervenu, il n’y a pas encore de solution définitive. La question majeure qui retient l’attention de tous est celle de la fixation de la date de l’écrit. L’énoncer, c’est dire son importance : Ou bien l’ouvrage remonte à une date très ancienne et, en ce cas, il est pour nous un écrit très précieux, un document historique de premier ordre qui nous renseigne sur l’Église primitive, ou bien - et cela dans l’hypothèse où le pseudo-Barnabé et Hermas seraient copiés par l’auteur de la Didachè cet écrit nous trompe et il n’est qu’une fiction littéraire archaïsante, une fiction apostolique. Il n’est plus alors qu’un curieux objet d’étude. D’où viendra la réponse ? Du texte seul. La date de la Didachè ne peut être que la résultante d’indices majeurs convergents dispersés dans le texte. IV. Le bilan de 75 ans de critique Les travaux de base qui ont orienté toutes les recherches postérieures sont ceux de Bryennios et d’Harnack : or, tous deux définissent clairement le genre littéraire de la Didachè en se basant sur son titre et sur son titre long. Nous citons une formule d’Harnack qui traduit parfaitement sa conception : après avoir dit que le deuxième titre est naturellement le plus ancien, il ajoute : « Rédigé à l’intention des convertis de la gentilité, l’écrit est véritablement, comme le déclare son titre, un précis de l’enseignement reçu du Christ et donné à la communauté des chrétiens sur tout ce qui regarde la vie chrétienne et ecclésiale, tel que, dans la pensée de l’auteur, les douze apôtres l’ont eux-mêmes prêché et transmis » [4]. Restait à bien déterminer les rapports littéraires entre la Didachè et l’Epître dite de Barnabé. « On doit dire, sans hésiter, que c’est l’auteur de la Didachè qui a utilisé l’Epître de Barnabé », conclut Harnack [5]. Tel ne fut pas l’avis de tous, loin de là. Et Lightfoot a cette réflexion qui ne manque pas de sagesse : « Quand je vois deux groupes de critiques maintenir chacun avec une égale assurance et avec quelque apparence de raison, l’un que Barnabé emprunte à la Didachè, l’autre que la Didachè dépend de Barnabé, une troisième solution me vient à l’esprit qui me semble plus probable que l’une et l’autre. Ne se peut-il qu’aucun des deux ne plagie l’autre, mais que tous deux tiennent ce qu’ils ont de commun d’une troisième source ? » [6]. Lightfoot d’ailleurs conclut son étude de la Didachè par une position assurée : « De toute évidence, l’ouvrage remonte à une date très ancienne » [7]. Harnack et Lightfoot sont comme deux chefs de file derrière lesquels se rangeront les savants, ajoutant à la thèse première le poids de leurs recherches personnelles. Mais le dernier mot n’est pas dit encore et, à l’époque actuelle, l’incertitude demeure et la défiance domine : cette fiction archaïsante serait à dater, dit-on, de la fin du deuxième siècle et non pas de la fin du premier, comme osent le proposer encore quelques conservateurs attardés. Une minutieuse et très importante étude du Père Audet [8] parue en 1958, renouvelle entièrement le problème uploads/Litterature/ didache-pdf.pdf
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- Publié le Jul 25, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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