DEVOIR COMMUN 3e CORRIGÉ Vendredi 29 janvier 2016 9h25-10h25 récréation 10h40-1

DEVOIR COMMUN 3e CORRIGÉ Vendredi 29 janvier 2016 9h25-10h25 récréation 10h40-11h05 FRANCAIS Première partie : Texte, questions et orthographe. Durée : 3 H - Questions (15 points) et réécriture (4 points) 1 heure - Dictée (6 points) 30 minutes L’usage de la calculatrice et de tout document est interdit. Le poisson Dans la mythologie antique, Narcisse est un personnage célèbre pour sa beauté. Ovide a raconté son histoire dans Les Métamorphoses: parce qu’il restait insensible à toutes les jeunes filles qui l’aimaient, il fut condamné à s’aimer . Il vit son image dans le reflet de l’eau, en tomba éperdument amoureux, mais ne pouvant pas la saisir , il mourut symboliquement en se transformant en narcisse flottant sur l'eau. Le narcisse est aujourd’hui une fleur du printemps. Ce ne fut que vers huit heures du soir, quand la nuit allait lui sauter à la gorge, comme un chat sauvage, que le pêcheur sentit soudain le froid. Il était arrivé devant ce plan d’eau à l’aube, il n’avait pas pris le moindre poisson. Cela lui parut inquiétant. Comme tous les pêcheurs, il n’avait que peu de cervelle et peu de faculté de raisonner, mais il pensa quand même qu’il prenait toujours au moins un poisson, même dans les étangs morts que l’on prétendait peu poissonneux. De là à penser à la poisse1, il n’y avait qu’un pas. Il le franchit et s’obstina. Il ne voulait pas rentrer bredouille. Il accrocha un nouvel hameçon à sa ligne, la lança et se mit à penser. Il se demanda pourquoi il était venu là, qui lui avait indiqué cet endroit, comment il était arrivé jusque- là, pourquoi il s’obstinait, et il ne trouva pas de réponse à ses questions relativement complexes. Il en était là quand soudain son bouchon plongea sous l’eau. Il avait enfin accroché un poisson. Un gros poisson sans doute parce qu’il n’arrivait pas à l’arracher à l’eau. Cela dura longtemps, cette lutte. Mais le poisson résistait. Et le pêcheur résistait aussi. Comme s’il avait été pris dans un bloc de glaise2 ou de glace, relié par sa ligne à un autre bloc de glaise, l’homme se paralysait dans son geste de tirer à lui quelque chose qui ne voulait pas venir à lui et puisque le poisson ne cédait pas, il ne cédait pas non plus. Un seul fait lui importait : il avait enfin pris quelque chose alors que, depuis ce matin, il n’avait rien pris. Quelque chose d’énorme puisque ça lui résistait alors qu’il tirait de toutes ses forces. À minuit, il tirait toujours. Épuisé, glacé, essoufflé. À l’aube du lendemain, alors qu’il respirait à peine, il vit enfin le poisson qu’il avait harponné. Il sortait en effet des eaux. C’était une chose translucide, apparemment molle, qui ne semblait pas avoir de contours, mais qui pesait de tout son poids alors qu’elle ne semblait pas avoir de réalité. Et l’homme tirait toujours, alors qu’il n’avait plus de force en lui. Et il ne voyait jamais qu’une chose qui sortait peu de l’eau, de plus en plus irréelle, de plus en plus lourde comme sans cesse gorgée de plus en plus d’eau ou d’algues invisibles. Jusqu’au moment où, soudain, il bascula en avant, vers l’eau. On ne retrouva le pêcheur que quelques jours plus tard, noyé, boursouflé entre deux gerbes d’algues, toujours accroché à sa ligne. Ce qu’il avait cru retirer des eaux, c’était la mort. Pas un simple poisson. Jacques Sternberg, Contes glacés, Espace Nord, © Éditions Labor, 2006. 1. malchance. 2. terre grasse utilisée en poterie. 5 10 15 20 25 30 QUESTIONS (15 POINTS) Toutes vos réponses devront être rédigées sous forme de phrases. 1. a. Qui est le héros de l'histoire ? Comment est-il désigné ? (1 point) Le héros de l'histoire est un pêcheur. b. Que nous apprend le texte sur le physique du personnage ? sur son caractère ? (1,5 point) On ne sait rien sur le physique du personnage et pas grand-chose sur son caractère : le texte nous dit seulement que "comme tous le pêcheurs, il avait peu de cervelle et de facultés de raisonner" (l. 4-5 – cette remarque est corroborée par le fait qu'il ne sait plus "pourquoi il était venu là, qui lui avait indiqué cet endroit", l. 9), et l'on remarque qu'il est patient et obstiné (il a attendu une prise de "l'aube" à "huit heures du soir", puis se bat pour avoir le poisson : "Cela dura longtemps, cette lutte. Mais le poisson résistait", l 12-13... jusqu'à "l'aube du lendemain", l. 20, pour être précis !). • 0,5 pour "rien sur son physique" • 0,5 si idée qu'il "avait peu de cervelle" • 1 pour "patient" ou "obstiné" (qualités qui doivent être déduites du texte). 2. a. Lignes 21 à 25: Quel nom est utilisé à deux reprises pour désigner le poisson? (0,5 point) Le nom utilisé pour désigner le poisson est le nom "chose" (l. 21 et 24). b. Observez les expansions de ce nom: le lecteur peut-il facilement se représenter le poisson ? Relevez deux expansions du nom à l'appui de votre réponse. (1,5 point) Les expansions du nom "chose" sont : • "translucide", • "apparemment molle", • "qui ne semblait pas avoir de contours", • "qui pesait de tout son poids alors qu’elle ne semblait pas avoir de réalité" • "qui sortait peu de l’eau", • "de plus en plus irréelle", • "de plus en plus lourde comme sans cesse gorgée de plus en plus d’eau ou d’algues invisibles". Non, le lecteur ne peut pas se représenter facilement le poisson; il "ne sembl[e] pas avoir de contours" (l. 22) et "ne sembl[e] pas avoir de réalité" (l. 23). c. Ligne 17 : "Quelque chose". En vous appuyant sur votre précedente réponse, précisez la classe grammaticale du pronom "Quelque chose". (0,5 point) "Quelque chose" est un pronom indéfini. 3. Ligne 21 : Quel effet l'adverbe "apparemment" crée-t-il ? (0,5 point) Dans "apparemment molle", l'adverbe "apparemment" renforce l'incertitude à propos de la "chose" que le pêcheur a attrapée : on ne sait même pas si elle est solide ou pas. 4. a. Le pêcheur a-t-il réellement attrapé quelque chose? Expliquez. (1 point) Non, le pêcheur n'a rien attrapé : son poisson n'a aucune forme, ne semble "pas avoir de réalité", il s'agit d'une chose "de plus en plus irréelle" dont nous apprenons finalement qu'il s'agit de "la mort", donc d'une idée ou d'un symbole. b . De quoi le poisson est-il donc le symbole? Citez une phrase du texte à l'appui de votre réponse. (1 point) Le poisson est le symbole de la mort : "Ce qu’il avait cru retirer des eaux, c’était la mort." (l. 29) c. Relevez dans l'ensemble du texte le champ lexical qui développe ce symbole : quel est, se- lon vous, le rôle de ce symbole? (1,5 point) Le champ lexical qui annonce le symbole de la mort est celui de la paralysie : • "Comme s’il avait été pris dans un bloc de glaise ou de glace, relié par sa ligne à un autre bloc de glaise" (l. 13-14) • "l’homme se paralysait dans son geste" (l. 15) • "glacé" (l. 19). Lorsqu'il fait enfin sortir le "poisson" de l'étang, le pêcheur "respir[e] à peine" (l. 20) et "n'[a] plus de force en lui" (l. 23). Le poisson comme symbole de la mort permet de donner une dimension morale à cette nouvelle : d'un événement tragique mais anecdotique, on passe à une critique de l'acharnement du pêcheur, qui n'a pas su voir ni interpréter tous les signes qui l'incitaient à renoncer. 5. a. La fin de ce récit est-elle attendue? (0,5 point) Non, la fin de ce récit n'est pas attendue : pendant la majeure partie du texte, on se trouve dans un récit réaliste centré sur les difficultés de la vie de pêcheur, on n'attend pas une issue symbolique. b. Comment nomme-t-on ce type de nouvelle? (0,5 point) Il s'agit d'une nouvelle à chute. 6. Quelle(s) sensation(s) éprouvez-vous à la lecture de ce texte? Développez votre réponse. (2 points) En lisant ce texte, le lecteur peut éprouver une certaine lassitude face à l'acharnement stérile et excessif du pêcheur; on ressent fortement la pesanteur de sa situation et de son caractère, et la description du "poisson" à la fin peut susciter de l'étonnement et du dégoût, du fait de sa forme et de son apparence incertaines. C'est un texte qui nous confronte à ce qui est paralysant et pesant dans l'existence et dans l'âme humaine. 7. Quel rapport faites-vous entre ce récit et le mythe de Narcisse ? pour répondre, aidez-vous du chapeau du texte. Vous rédigerez une réponse détaillée et argumentée. (3 points) Comme Narcisse, le pêcheur se retrouve prisonnier de ce qu'il (croit) apercevoir dans l'eau : dans le cas de Narcisse, il s'agissait d'un reflet, dans celui du pêcheur, d'un poisson qui n'est pas réel mais projeté par son esprit dans le désir de trouver quelque chose. Comme Narcisse, le pêcheur se retrouve prisonnier d'une apparence, uploads/Litterature/ devoir-commun-janvier-2016-3e-corrige-pdf.pdf

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