Corrigé – Bac 2008 Corpus /4 La question porte sur la façon dont le romancier d
Corrigé – Bac 2008 Corpus /4 La question porte sur la façon dont le romancier dresse le portrait de ses personnages et plus particulièrement sur leur rapport au réel. La difficulté tient essentiellement à la richesse des extraits proposés : un niveau de langue très recherché, des références au mythe ou à l'art pas toujours évidentes à repérer. I - L'ANALYSE ET LES DIFFICULTES DU SUJET Sujet Contraintes Montrer que les portraits s'appuient sur le réel. ► Procédés d'illusion réaliste. Mais qu'ils le dépassent. ► Transformation des personnages par les images ou l'amplification. II - LES DIFFERENTS TYPES DE PLANS POSSIBLES Le plan est contenu dans le sujet. Inutile de chercher une problématique particulière. Il s'agit : ● de montrer comment le romancier s'appuie sur le réel pour dresser le portrait du personnage ● de montrer ensuite que, malgré cet appui sur le réel, les personnages sont "transposés", c'est-à-dire métamorphosés en figures presque irréelles. III - LES PISTES DE REPONSES Le plan choisi consiste : 1. à montrer comment le romancier crée des personnages réalistes. 2. à montrer comment il les métamorphose en êtres presque surnaturels. PREMIERE PARTIE Les 4 portraits sont plus ou moins réalistes. ● Celui qui prend le plus appui sur le réel est sans aucun doute le texte de Balzac, et pour cause : Balzac est le chef de file du courant réaliste. Le narrateur détaille ainsi longuement le visage : "front", nez", "bouche", "menton", "yeux". Il se focalise ensuite sur le corps et le costume. Surtout, il accumule les adjectifs pour caractériser avec précision ces différents éléments : "front chauve, bombé, proéminant, retombant en saillie", "petit nez écrasé, retroussé", "bouche rieuse et ridée", "menton court", "yeux vert de mer ternis en apparence par l'âge", "corps fluet et débile", etc. Toutes ces notations donnent l'impression que le narrateur s'est inspiré d'un homme réel. ● Zola s'appuie lui aussi sur le réel, mais dans une moindre mesure. Il détaille à peine le visage ou le corps de Goujet : "ses cheveux courts, frisant sur son front bas, sa belle barbe jaune" ; "une poitrine vaste". Le narrateur insiste plutôt sur le travail du forgeron. Aussi décrit-il ses mouvements : "il lança le marteau de haut, à grandes volées régulières". Il mentionne également quelques éléments propres à l'univers de la forge : "le fer rouge", "la tête du boulon", "la grande flamme de sa forge". Fidèle au credo naturaliste, Zola lie l'homme et son milieu. ● Victor Hugo et Marcel Proust s'appuient quant à eux à peine sur le réel. De Gwynplaine, on sait juste qu'il est "saltimbanque" et que son visage est marqué d'un "rictus" gravé à jamais par "la mystérieuse opération probablement subie" lorsqu'il était enfant. Mais le romancier ne détaille pas le visage, il répète inlassablement (15 fois dans le passage) la présence de ce rire. Habilement, Hugo laisse entendre peut-être par là que le visage du héros est indescriptible. Quant à Proust, il s'appuie aussi très peu sur le réel. Du duc de Guermantes, il mentionne juste "les mèches blanches de sa magnifique chevelure moins épaisse", le teint "gris plombé des joues raides et usées" ou "la faible lumière" de ses yeux. Mais ce qu'on a ici, ce sont les indices caractéristiques de toute forme de vieillesse en général et non celles du personnage en particulier. Transition Même s'ils s'appuient sur le réel, ces portraits le transposent, le dépassent. DEUXIEME PARTIE ● Dans chaque extrait, les personnages sont transformés en oeuvre d'art. La peinture : le vieillard de Balzac est comparé à "une toile de Rembrandt". Proust métaphorise la vieillesse en un peintre qui aurait donné sa "palette" et son "éclairage" pour peindre le duc. Tout au long du texte, il le compare à un paysage tout droit emprunté à une toile romantique : "une ruine, cette belle chose romantique que peut être un rocher dans la tempête". Il insiste aussi sur les couleurs du visage, empruntant au lexique de la peinture : "reflets étranges", "gris plombé", "le gris presque blanc et moutonnant". La sculpture. Proust utilise en outre la référence à la sculpture : "une de ces belles têtes antiques", "dureté sculpturale", "figure effritée comme un bloc". Zola également : "des épaules et des bras sculptés qui paraissaient copiés sur ceux d'un géant, dans un musée", ou "un cou pareil à une colonne, blanc..." qui fait allusion au marbre. Hugo reste plus général : Gwynplaine apparaît comme une oeuvre d'art, sans autre précision. Il est "admirablement réussi", son visage est "façonné" par "une industrie bizarrement spéciale". ● Les personnages sont aussi transformés en figures fantastiques : Certaines sont maléfiques et inquiétantes : le vieillard de Balzac a "quelque chose de diabolique", la couleur qui l'éclaire est qualifiée de "fantastique". Le vieux duc de Guermantes incarne "les noirceurs effrayantes et prophétiques (...) de la mort". D'autres plus positives : avec la couleur "or" qui envahit sa barbe, et toute sa figure ("sa belle barbe jaune", "une vraie figure d'or, sans mentir"), Goujet est comparé finalement à "un Bon Dieu" et non comme on l'attendrait à Vulcain, Dieu des enfers. Quant à Gwynplaine, il est plus ambigu : il est comparé à une "tête de Méduse gaie". Il est donc à la fois inquiétant (la Méduse pétrifie ceux qui croient son regard) mais cette méduse communique le rire. Il est le fruit d'une "providence Démon" ou d'une "providence Dieu". Conclusion N'oubliez pas de faire une petite phrase de conclusion. Ainsi, pour résumer on pourrait dire que les textes s'appuient à la fois sur le réel et sa transposition. On pourrait ajouter un mot d'analyse : paradoxalement, les textes les moins réalistes permettent peut-être au lecteur de mieux se représenter l'effet produit par le personnage. C'est le cas notamment du duc de Guermantes. On ne sait presque rien de lui, mais on imagine très bien l'impression de décrépitude qu'il dégage. IV - LES FAUSSES PISTES Il ne fallait surtout pas oublier la dimension fantastique des personnages. Il ne fallait pas se perdre dans les détails. Il ne fallait pas se contenter d'un inventaire, texte après texte. Dans la mesure du possible, il fallait comparer. Commentaire /16 Le commentaire porte sur l'extrait d'un roman de Balzac. Il s'agit d'un portrait qui mêle réalisme et fantastique. Le texte ne présente pas de difficultés particulières. L'élève ayant déjà étudié la technique du portrait dans n'importe quel autre roman réaliste pourra aisément réutiliser ses connaissances. I - L'ANALYSE ET LES DIFFICULTES DU SUJET Sujet Contraintes Vous ferez un commentaire du texte de Balzac ► Contrainte explicite : le commentaire d'un extrait du Chef-d'œuvre inconnu. ► Contrainte implicite : il convient de montrer : ► son habileté à commenter, en organisant une réflexion qui permette de révéler le sens profond du texte ; ► de savoir commenter le style en s'appuyant sur une observation précise des procédés d'écriture. Caractéristiques générales du texte attendu : ● Il s'agit de produire un commentaire composé qui prenne non pas la forme d'une explication de texte, comme à l'oral, et encore moins d'une paraphrase ou d'un récit reprenant le texte. ● Ce commentaire doit prendre la forme de la dissertation littéraire, il doit être écrit comme un essai. ● L'étude de la forme doit toujours être reliée au fond, à la signification du texte. ● Aucune allusion aux textes du corpus, aucune comparaison ne sont demandées, ni souhaitables. II - LES DIFFERENTS TYPES DE PLANS POSSIBLES ● Le plan le plus évident est induit par la question préliminaire : il s'agit d'opposer le réalisme au fantastique. Il s'agit donc d'un plan analytique : 1. Un portrait réaliste 2. Un personnage fantastique ● Mais ce plan est incomplet. Il est essentiel d'examiner la question du point de vue (ou focalisation), d'abord parce qu'elle se pose dans tous les portraits, ensuite parce qu'elle est ici particulièrement intéressante. On peut donc enrichir le plan analytique en ajoutant en préambule une partie sur le point de vue : 1. Un double point de vue 2. Un portrait réaliste 3. Un personnage étrange III - LES PISTES DE REPONSES Le plan choisi, et qui nous a semblé le plus simple, est de type analytique, il consiste : 1. à étudier le double point de vue qui introduit le portrait ; 2. à étudier les procédés d'illusion réaliste qui permettent de croire à l'existence du personnage ; 3. à montrer comment, malgré ces précisions réalistes, le personnage acquiert une dimension étrange. PREMIERE PARTIE : LE DOUBLE POINT DE VUE 1. Le point de vue de Nicolas Poussin : créer le mystère Le vieillard est vu en focalisation interne, à travers le regard d'un "jeune homme" qui le croise par hasard. Ce jeune homme est Nicolas Poussin, jeune peintre ambitieux qui se rend au domicile de Maître Probus, un célèbre peintre de cour, dans l'espoir de devenir son élève. Croisant le vieillard, "il se recula sur le palier pour lui faire place et l'examina curieusement". Le verbe "examina" montre au lecteur que le point de vue est celui de Poussin. L'adverbe "curieusement" uploads/Litterature/ corrige-bac-2008.pdf
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- Publié le Mar 04, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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