Corrigé « La ballade des pendus » de François Villon Quelques mots sur François

Corrigé « La ballade des pendus » de François Villon Quelques mots sur François Villon : C’est un personnage énigmatique. On ne connaît pas sa date de naissance et encore moins sa date de décès. Il a été adopté par un prêtre et a fait des études universitaires en théologie et en rhétorique. Il a fréquenté de mauvaises personnes et plusieurs versions existent à son sujet : il se serait beaucoup battu, il aurait participé à des vols importants et assassiné plusieurs personnes selon certains spécialistes. Selon d’autres, il aurait tué pour se défendre. Il a été plusieurs fois condamné à mort mais l’influence de son père adoptif a été très importante pour le libérer. Lors de sa dernière condamnation à mort, sa peine a été transformée en 10 ans de bannissement. A l’âge de 31 ans, il sort de prison et il n’y a plus de trace de lui. Selon certains spécialistes, il était déjà très malade en prison en raison des conditions d’hygiène et du peu d’alimentation. Il serait mort peu après sa sortie. Pour d’autres, il aurait pu changer de vie et d’identité ; cependant, il semble difficile d’envisager pour les experts qu’il n’y ait plus d’écrits de sa part. Suite à sa disparition, François Villon est devenu une légende. François Villon est le poète le plus important du Moyen Age et un des poètes de langue française les plus importants de l’Histoire. Son influence est considérable dans la littérature française comme étrangère : il a influencé de très nombreux artistes, écrivains, chanteurs, comme Bob Dylan ou encore Tennessee Williams qui reprend un célèbre refrain d’une ballade de Villon « Où sont les neiges » dans sa pièce The glass menagerie. Concernant son œuvre, Villon ne renouvelle pas la forme poétique : il respecte les formes fixes. La nouveauté est que sa poésie est contre le fin’amor et privilégie donc le réalisme. Son travail poétique se centre sur le double sens, ce qui rend l’œuvre assez difficile d’accès. Beaucoup de ses poèmes sont autobiographiques et il est probable que La ballade des pendus ait été écrite par rapport à son expérience en tant que condamné à mort par pendaison. Analyse informelle de l’œuvre : Au niveau de la forme, il s’agit d’une ballade. Elle est divisée en quatre strophes : trois strophes carrées et un envoi. Les vers sont des décasyllabes (10 syllabes), les trois strophes carrées sont constituées de dix vers. L’envoi, qui est aussi la dernière strophe, fait la moitié des vers (5 vers). Généralement, l’envoi d’une ballade est destiné à une personne célèbre (un roi, un prince, un duc, etc.). Dans le texte, l’envoi est destiné à Jésus. A la fin de chaque strophe, il y a un refrain, c’est-à-dire la même phrase répétée à la fin de chaque strophe. Les rimes sont mêlées (croisées et plates) selon la forme ABABBCCDCD. Les rimes sont riches. La particularité est que l’alternance masculine/féminine n’est pas suivie ; il y a d’abord 5 rimes masculines puis 5 rimes féminines. Au niveau de la forme encore, on peut remarquer les points d’exclamation à la fin des refrains. Il y a donc une intention émotionnelle avec ces phrases. La ponctuation est principalement constituée de virgules et de points virgules assez nombreux. Les phrases sont courtes, il y a donc un rapport au temps qui nécessite une certaine rapidité, peut-être à cause de la mort, mais à ce stade de l’analyse on ne peut pas encore le certifier. Au niveau du fond : La première strophe commence par « frères humains qui après nous vivez » : le texte est écrit à la première personne et au présent. C’est le plan du discours où la subjectivité est la plus forte. Le narrateur assume totalement ses propos et la situation semble être vécue directement par le narrateur. « Frères humains » est une interpellation. Il s’agit de tous les être humains qui vivront après « nous ». Donc qui est « nous » ? Le « après » est un marqueur de temps qui indique que les « frères humains » sont tous ceux qui vivront après ce « nous ». « N’ayez » est un impératif. Il y a ici une forme d’ordre. La négation « n’ » cherche à nier l’opposition indiquée par la préposition « contre » ; le narrateur cherche à éviter l’opposition entre « nous » et les « frères humains ». Cette opposition est importante car elle va concerner l’opposition de plusieurs champs lexicaux comme la vie et la mort, la pitié et la dureté. Les « frères humains » sont désignés par « vous » au vers 5. C’est l’opposition « nous/vous » qui est niée par la négation. « Car » est un connecteur logique qui souligne un rapport de cause-conséquence. Cela signale qu’il y a une argumentation construite autour du champ lexical de la « pitié » avec les mots « pitié », « pauvres », « merci ». Le « nous » est qualifié par l’axiologique « pauvres » pour souligner que ce « nous » est constitué de personnes dans une situation qui suscite la pitié. L’argumentation signifie : ne soyez pas durs envers nous car si vous avez pitié de nous qui sommes de pauvres personnes, Dieu vous en sera reconnaissant. C’est un argument en quatre temps : Dieu est reconnaissant envers ceux qui ont pitié des pauvres personnes ; nous sommes de pauvres personnes, donc si vous voulez la reconnaissance de Dieu, ayez pitié de nous. Cette pitié est basée sur le mot « priez » à l’impératif qui est répété dans le refrain. Ce mot renvoie à la fois à la pitié et à Dieu. Suite à cette séquence argumentative, il y a une séquence descriptive introduite par le verbe « voir ». Concernant les champs lexicaux, nous avons la « mort » avec « attachés », « dévorée », « pourrie », « os », « cendre, « poudre ». Ce style est particulièrement réaliste, notamment parce qu’il mobilise le sens de la vue. Ce champ lexical caractérise « nous » : « nous » concerne donc les pendus qui sont en train d’être décomposés et de pourrir. Le « trop » qui renvoie à la chair nourrie explique leur état de pêcheur : ils ont pêché par la chair (nourriture, sexualité). Il y a également le champ lexical de la pitié « endurcis » dans la tournure négative, « cœurs », « pitié », « merci ». Ce champ lexical caractérise « vous ». Ici, la pitié du « vous » est suscitée par le réalisme de la séquence descriptive et par la mobilisation de Dieu. Dieu est d’ailleurs mentionné deux fois (Répétition). « De notre mal personne ne s’en rie » signifie « personne ne se moque de notre mal ». Le mot « mal » concerne le champ lexical de la « mort ». La négation vient nier la moquerie, c’est-à- dire que le mot « rie » avec la négation entre dans le champ lexical de la pitié. « Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre ! » C’est le refrain. Il est introduit par le connecteur logique « mais » qui s’oppose à ce qui précède. On retrouve l’impératif qui cherche à donner un ordre. « Absoudre » est synonyme de « pardonner », que l’on peut faire entrer dans le champ lexical de la « pitié ». La deuxième strophe reprend l’interpellation « frères » identifiée à « vous ». Le « si » introduit une condition : c’est un nouveau marqueur argumentatif. La négation « pas n’en » concerne le verbe « devoir » et le mot « dédain » qui signifie mépris. Le pronom « en » reprend de façon anaphorique ce qui précède. La phrase signifie : si nous vous appelons, vous ne devez pas nous mépriser. Cette phrase apparaît car le narrateur va expliquer pourquoi lui et d’autres ont été pendus : « occis par justice » signifie qu’ils ont été condamnés à mort par la justice ; ils sont donc coupables de graves crimes. « Quoique » est une conjonction de subordination qui traduit la concession ; c’est un nouveau marqueur argumentatif. On pourrait dire : même si nous avons été condamnés à mort par la justice, ne nous méprisez pas si nous vous appelons. La construction négative du mot « dédain » entre dans le champ lexical de la pitié. Le mot « occis » entre dans le champ lexical de la mort. Le passé simple « fûmes » indique qu’ils sont morts depuis longtemps. Le verbe « devez » est un nouvel impératif. « Toutefois » introduit une nouvelle opposition argumentative. La négation concerne le mot « sens » avec les axiologiques « bon » et « rassis » ; « rassis » signifie « pur », « calme ». Cette négation inverse donc le sens en disant que certains hommes sont assez agités ou perturbés. C’est pourquoi cette information est suivie uploads/Litterature/ correction-villon.pdf

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