1 CORRECTION BAC BLANC SERIES S /ES /L Objet d’étude : LA POESIE CORPUS “carpe
1 CORRECTION BAC BLANC SERIES S /ES /L Objet d’étude : LA POESIE CORPUS “carpe diem” Contenu du correctif : 1/Corrigé rédigé de la question de corpus 2/ Corrigé rédigé du commentaire 3/ Corrigé rédigé de la dissertation 1/ Question de corpus bac blanc 29 janvier 2010, lycée DUBY Comment le poète, dans ces différents textes, veut-il charmer ou persuader ? Ce corpus de quatre textes fait apparaître un thème commun : le discours sur la mort, adressé à la muse, sous forme, plus ou moins ironique, de « carpe diem ». Nous avons pour cela affaire d’abord au sonnet incontournable lorsqu’il s’agit de la traduction française du « carpe diem » horacien , le sonnet de Ronsard, typique des sonnets de la Renaissance ; puis à un second sonnet du XVI, celui de Guillaume de Colletet, qui médite lui-aussi sur la cruauté du temps humain qui passe comme par opposition à la pérennité de l’œuvre d’art, puis à un quatrième sonnet sur les ravages du temps, celui très connu de Baudelaire, l’auteur des Fleurs du mal, publié à l’orée du symbolisme ; enfin le poème de Raymond Queneau, illustre représentant de l’OULIPO, est une ironique variation en prose, sur le thème du vieillissement de la muse jadis inspiratrice toute puissante. Malgré la forme lyrique et traditionnelle qui domine (le sonnet pour trois poèmes sur quatre), ces quatre poèmes n’ont pas tous la même vocation ; le sonnet de Baudelaire vise, paradoxalement, malgré son champ lexical très présent de la mort (avec des termes comme « fosse », « tombeau », « les morts ») semble fait pour charmer la muse auquel s’adresse ce poème : par l’originalité des rimes (la rime en « oir », spécialité baudelairienne est peu employée dans le reste de la poésie), par l’aspect très visuel et donc très entraînant, très actuel des images violentes (le « ver ») ainsi que par la forme dialoguée. Enfin, ce poème très sombre n’exclut pas la sensualité, au contraire, puisque le corps de la femme, ses « flancs » et sa « poitrine » son « cœur » et ses « pieds » couvrent tout le second quatrain, comme si, malgré les mots et la rhétorique du poète, le corps concret primait. En revanche, les trois autres poèmes n’ont pas forcément le but de charmer. L’entreprise est plus argumentative, ce qui apparaît très clairement avec les impératifs du dernier tercet chez Ronsard ou de la fin du poème de Queneau. La rhétorique charmante n’est qu’au service d’une volonté de persuader : chez Ronsard, les mots doivent exhorter à profiter de la vie et de l’amour : Ronsard construit son sonnet comme une démonstration argumentative : dans chaque strophe, le terme se 2 rapportant au temps vient à la fin, comme si le temps avait le dernier mot (« temps », « immortelle », « vieille », « aujourd’hui »), cela constitue en effet la thèse implicite de cette démonstration, illustrée par tout un exemple (la muse vieillissante). Les procédés narratifs de Ronsard renforcent d’ailleurs pour ce poème l’aspect d’apologue. La persuasion fonctionne différemment dans les deux autres textes : chez Colletet, tout le texte, écrit au futur, résonne comme une sentence par anticipation ; la muse est engagée à ne pas mépriser le poète parce que tout le sonnet est un contre-exemple à ne pas suivre, c’est une sorte de démonstration moins par l’absurde que par l’horreur des erreurs du passé, et le ton est très clairement moral : l’ « orgueil », « la gloire », la « puissance » achèvent de nous prouver que l’heure n’est plus au lyrisme mais bien à l’argumentaire. Chez Queneau enfin, la persuasion, à coups d’anaphores (« si tu crois ») et de répétitions (« cueille », « fillette » ou le verbe « se gourer ») joue non pas sur un argumentaire mais sur un procédé vieux comme le monde et qui se substitue souvent aux entreprise de persuasion : le martèlement pur et simple des mots qui fâchent le plus : « fillette » qui renvoie à cet état tout transitoire de la femme, et « se gourer », synonyme familier de « se tromper ». Quatre textes sur le « carpe diem » mais dont le but n’est pas forcément le même et du coup dont le rapport à leurs destinataires respectifs n’est pas identique : le rapport ironique que le poète peut entretenir avec sa muse, et par là avec son lecteur dans les sonnets de la Renaissance, devient sous couvert de l’esthétique (chez Baudelaire) ou de l’humour et de la familiarité (chez Queneau) de plus en plus glaçant, au point que la persuasion devient chez Queneau, qui clôture notre corpus une franche sommation, une mise en demeure, signe des temps ; la muse n’est plus sacrée. Ou en tout cas, est devenue moins sacrée que la vie, urgente ou « immédiate » pour emprunter des mots chers aux surréalistes, Eluard en tête, que Queneau a longtemps fréquentés. 2/ Baudelaire, « remords posthume », in Les Fleurs du mal (1857) , commentaire littéraire Baudelaire est le poète incontournable des années lycée en France. Probablement parce qu’il est au croisement des mouvements (entre romantisme et symbolisme), des tendances (entre spleen et idéal) et qu’il renouvelle les formes anciennes (le sonnet) ou exotiques (le pantoum) tout en proposant une nouvelle définition de la poésie avec son travail sur le poème en prose. « Remords posthume » est l’un de ses sonnets les plus connus : pourquoi ce sonnet qui se présente comme une énième variation à partir du cliché du « carpe diem » est-il de toutes les anthologies ? Nous montrerons comment Baudelaire à partir du topos surexploité du carpe diem réussit à évoquer la mort de façon originale et marquante. Pour cela, nous étudierons d’abord l’originalité en pleine poésie, du mélange discours/récit qui doit marquer, réveiller le lecteur ; puis la force des contraste, la mort apparaissant ici à la fois belle et noble d’une part, hideuse et inéluctable d’autre part ; enfin l’on verra comment le poète rend ici compte de ce que la mort signifie pour lui : l’éternité et l’universalité. En proposant dans un poème, un mélange discours-récit, Baudelaire rend son « Remords posthume » forcément original. Bien que nous ne soyons pas ici dans le genre romanesque, Baudelaire bâtit ici un récit. 3 On retrouve fréquemment, et en ouverture de vers, des marqueurs de temps : « quand », « lorsque » ; de plus le poème prend des allures apocalyptiques avec la narration au futur, rare et originale dans un récit : « Lorsque tu dormiras… tu n’auras… ». Ce qui accroche également le lecteur, c’est la forme dialoguée. Certes, Ronsard et Musset eux aussi dialoguent avec des muses mais ici l’originalité vient du fait que le poète propose non pas un mais deux niveaux de communication de sorte que nous sommes les témoins de deux dialogues enchâssés : l’un entre le poète et la muse, l’autre entre le tombeau et la muse à partir du premier tercet. Pour frapper l’imagination de son lecteur, Baudelaire compte aussi sur la force des images, notamment dans leur aspect contrasté, avec la tension typiquement baudelairienne entre beauté et noirceur, spleen et idéal. D’un côté, et cela semble naturel pour un poème, a fortiori adressé à la muse, du moins à la femme aimée, la beauté et la noblesse sont célébrées par le poète, ce que l’on repère non seulement en identifiant la forme du poème , le sonnet, traditionnellement attaché depuis le 16e siècle à l’expression du lyrisme poétique, mais aussi grâce à l’emploi de l’alexandrin, qui donne au propos son allure noble voire sentencieux. D’un autre côté la négativité et la noirceur ne sont jamais loin avec Baudelaire : c’est le spécialiste de la rime en « oir » peu gracieuse, et donc marquante –que l’on trouve aussi dans « Harmonie du soir »- ici présente avec des termes tels que « nonchaloir », « vouloir », « noir ». Et puis, bien sûr, impossible d’échapper au champ lexical dense, voire obsédante de la noirceur et de la mort, dès le titre avec « posthume », et tout le long du sonnet, avec « caveau », « morts », «fosse ». Enfin, le poète ne se gêne pas pour interrompre lui-même son évocation, avec l’utilisation du tiret, brutal, au tout dernier vers, où la brutalité stylistique et typographique doit mimer la brutalité de la mort qui surgit dans une vie humaine. Mais si ce poème n’était qu’une provocation formelle, jouant sur les effets baroques de contrastes ou de surprise, il n’est pas dit qu’il parviendrait à rendre vraiment compte du sujet qu’il annonce en son titre, la mort, sujet O combien rebattu en littérature et donc difficile à rendre. Pour toucher son destinataire (au-delà de la muse, le lecteur), Baudelaire, réussit, comme dans nombre de ses poèmes des Fleurs du mal, à faire se rencontrer le fond et la forme. Ici, pour parler de uploads/Litterature/ correction-integrale-bac-blanc-la-poesie-carpe-diem.pdf
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- Publié le Aoû 03, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
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