Collège pilote Sidi Bouzid Devoir de contrôle n°1 Enseignant : Lazhar Guedri No

Collège pilote Sidi Bouzid Devoir de contrôle n°1 Enseignant : Lazhar Guedri Nom & prénom : Niveau : 8ème B…. Note : ………/20 Ce qui me frappa d’abord, à mon arrivée au collège, c’est que j’étais le seul avec une blouse. À Lyon, les fils de riches ne portent pas de blouses ; il n’y a que les enfants de la rue, les gones comme on dit. Moi, j’en avais une, une petite blouse à carreaux qui datait de la fabrique ; j’avais une blouse, j’avais l’air d’un gone... Quand j’entrai dans la classe, les élèves ricanèrent1. On disait : « Tiens ! il a une blouse ! » Le professeur fit la grimace et tout de suite me prit en aversion2. Depuis lors, quand il me parla, ce fut toujours du bout des lèvres, d’un air méprisant. Jamais il ne m’appela par mon nom ; il disait toujours : « Hé ! Vous, là-bas, le petit Chose ! » Je lui avais dit pourtant plus de vingt fois que je m’appelais Daniel Ey-sset-te... À la fin, mes camarades me surnommèrent « le petit Chose », et le surnom me resta... Ce n’était pas seulement ma blouse qui me distinguait des autres enfants. Les autres avaient de beaux cartables en cuir jaune, des encriers de buis3 qui sentaient bon, des cahiers cartonnés, des livres neufs avec beaucoup de notes dans le bas ; moi, mes livres étaient de vieux bouquins achetés sur les quais, moisis, fanés, sentant le rance4 ; les couvertures étaient toujours en lambeaux5, quelquefois il manquait des pages. Jacques6 faisait bien de son mieux pour me les relier avec du gros carton et de la colle forte ; mais il mettait toujours trop de colle, et cela puait. Il m’avait fait aussi un cartable avec une infinité de poches, très commode, mais toujours trop de colle. Le besoin de coller et de cartonner était devenu chez Jacques une manie comme le besoin de pleurer. Il avait constamment devant le feu un tas de petits pots de colle et, dès qu’il pouvait s’échapper du magasin un moment, il collait, reliait, cartonnait. Le reste du temps, il portait des paquets en ville, écrivait sous la dictée, allait aux provisions, le - commerce enfin. Quant à moi, j’avais compris que lorsqu’on est boursier, qu’on porte une blouse, qu’on s’appelle « le petit Chose », il faut travailler deux fois plus que les autres pour être leur égal, et ma foi ! Le petit Chose se mit à travailler de tout son courage. Alphonse Daudet, Le Petit Chose 1 Ricanèrent : rirent, en se moquant de lui 2 Aversion : il eut de l’antipathie pour moi. 3 Buis ; bois jaunâtre. 4 Rance ; odeur forte 5 Lambeaux ; déchirées. 6 Jacques : le grand frère du « petit chose » 1 2 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 3 4 5 6 7 8 9 uploads/Litterature/ ce-qui-me-frappa-d-x27-abord-texte-alphonse-daudet.pdf

  • 43
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager