Portrait de l’auteur par Pablo Picasso. PAUL ÉLUARD AU RENDEZ-VOUS ALLEMAND sui
Portrait de l’auteur par Pablo Picasso. PAUL ÉLUARD AU RENDEZ-VOUS ALLEMAND suivi de POÉSIE ET VÉRITÉ 1942 LES ÉDITIONS DE MINUIT © 1945-2012 by LES ÉDITIONS DE MINUIT pour l'édition papier © 2012 by LES ÉDITIONS DE MINUIT pour la présente édition électronique www.leseditionsdeminuit.fr ISBN 9782707324160 Couverture : reproduction du manuscrit de Liberté. Table des matières AU RENDEZ-VOUS ALLEMAND AVIS COURAGE LES BELLES BALANCES DE L’ENNEMI CHANT NAZI « UN PETIT NOMBRE D’INTELLECTUELS FRANÇAIS S’EST MIS AU SERVICE DE L’ENNEMI » LES SEPT POÈMES D’AMOUR EN GUERRE CRITIQUE DE LA POÉSIE L’AUBE DISSOUT LES MONSTRES ENTERRAR Y CALLAR LES ARMES DE LA DOULEUR TUER BÊTES ET MÉCHANTS D’UN SEUL POÈME ENTRE LA VIE ET LA MORT PENSEZ ON TE MENACE À CELLE DONT ILS RÊVENT EN PLEIN MOIS D’AOÛT LE POÈME HOSTILE COMPRENNE QUI VOUDRA GABRIEL PÉRI DANS UN MIROIR NOIR CHARNIERS LE MÊME JOUR POUR TOUS CHANT DU FEU VAINQUEUR DU FEU À L’ÉCHELLE HUMAINE LES VENDEURS D’INDULGENCE FAIRE VIVRE POÉSIE ET VÉRITÉ 1942 LIBERTÉ SUR LES PENTES INFÉRIEURES PREMIÈRE MARCHE LA VOIX D’UN AUTRE LE RÔLE DES FEMMES PATIENCE UN FEU SANS TACHE BIENTÔT LA HALTE DES HEURES DIMANCHE APRÈS-MIDI DOUTER DU CRIME COUVRE-FEU DRESSÉ PAR LA FAMINE UN LOUP UN LOUP DU DEHORS DU DEDANS LA DERNIÈRE NUIT RAISONS D’ÉCRIRE, ENTRE AUTRES, et BIBLIOGRAPHIE NOVEMBRE 1936 LA VICTOIRE DE GUERNICA LES VAINQUEURS D’HIER PÉRIRONT AU RENDEZ-VOUS ALLEMAND AVIS La nuit qui précéda sa mort Fut la plus courte de sa vie L’idée qu’il existait encore Lui brûlait le sang aux poignets Le poids de son corps l’écœurait Sa force le faisait gémir C’est tout au fond de cette horreur Qu’il a commencé à sourire Il n’avait pas UN camarade Mais des millions et des millions Pour le venger il le savait Et le jour se leva pour lui. COURAGE Paris a froid Paris a faim Paris ne mange plus de marrons dans la rue Paris a mis de vieux vêtements de vieille Paris dort tout debout sans air dans le métro Plus de malheur encore est imposé aux pauvres Et la sagesse et la folie De Paris malheureux C’est l’air pur c’est le feu C’est la beauté c’est la bonté De ses travailleurs affamés Ne crie pas au secours Paris Tu es vivant d’une vie sans égale Et derrière la nudité De ta pâleur de ta maigreur Tout ce qui est humain se révèle en tes yeux Paris ma belle ville Fine comme une aiguille forte comme une épée Ingénue et savante Tu ne supportes pas l’injustice Pour toi c’est le seul désordre Tu vas te libérer Paris Paris tremblant comme une étoile Notre espoir survivant Tu vas te libérer de la fatigue et de la boue Frères ayons du courage Nous qui ne sommes pas casqués Ni bottés ni gantés ni bien élevés Un rayon s’allume en nos veines Notre lumière nous revient Les meilleurs d’entre nous sont morts pour nous Et voici que leur sang retrouve notre cœur Et c’est de nouveau le matin un matin de Paris La pointe de la délivrance L’espace du printemps naissant La force idiote a le dessous Ces esclaves nos ennemis S’ils ont compris S’ils sont capables de comprendre Vont se lever. 1942 LES BELLES BALANCES DE L’ENNEMI Des saluts font justice de la dignité Des bottes font justice de nos promenades Des imbéciles font justice de nos rêves Des goujats font justice de la liberté Des privations ont fait justice des enfants Ô mon frère on a fait justice de ton frère Du plomb a fait justice du plus beau visage La haine a fait justice de notre souffrance Et nos forces nous sont rendues Nous ferons justice du mal. CHANT NAZI Le vol fou d’un papillon La fenêtre l’évasion Le soleil interminable La promesse inépuisable Et qui se joue bien des balles Cerne les yeux d’un frisson L’arbre est neuf l’arbre est saignant Mes enfants c’est le printemps La dernière des saisons Hâtez-vous profitez-en C’est le bagne ou la prison La fusillade ou le front Dernière fête des mères Le cœur cède saluons Partout la mort la misère Et l’Allemagne asservie Et l’Allemagne accroupie Dans le sang et la sanie Dans les plaies qu’elle a creusées Notre tâche est terminée Ainsi chantent chantent bien Les bons maîtres assassins. « UN PETIT NOMBRE D’INTELLECTUELS FRANÇAIS S’EST MIS AU SERVICE DE L’ENNEMI » Épouvantés épouvantables L’heure est venue de les compter Car la fin de leur règne arrive Ils nous ont vanté nos bourreaux Ils nous ont détaillé le mal Ils n’ont rien dit innocemment Belles paroles d’alliance Ils vous ont voilées de vermine Leur bouche donne sur la mort Mais voici que l’heure est venue De s’aimer et de s’unir Pour les vaincre et les punir. LES SEPT POÈMES D’AMOUR EN GUERRE « J’écris dans ce pays où l’on parque les hommes Dans l’ordure et la soif le silence et la faim... » ARAGON, Le Musée Grévin. I Un navire dans tes yeux Se rendait maître du vent Tes yeux étaient le pays Que l’on retrouve en un instant Patients tes yeux nous attendaient Sous les arbres des forêts Dans la pluie dans la tourmente Sur la neige des sommets Entre les yeux et les jeux des enfants Patients tes yeux nous attendaient Ils étaient une vallée Plus tendre qu’un seul brin d’herbe Leur soleil donnait du poids Aux maigres moissons humaines Nous attendaient pour nous voir Toujours Car nous apportions l’amour La jeunesse de l’amour Et la raison de l’amour La sagesse de l’amour Et l’immortalité. II Jour de nos yeux mieux peuplés Que les plus grandes batailles Villes et banlieues villages De nos yeux vainqueurs du temps Dans la fraîche vallée brûle Le soleil fluide et fort Et sur l’herbe se pavane La chair rose du printemps * Le soir a fermé ses ailes Sur Paris désespéré Notre lampe soutient la nuit Comme un captif la liberté. III La source coulant douce et nue La nuit partout épanouie La nuit où nous nous unissons Dans une lutte faible et folle * Et la nuit qui nous fait injure La nuit où se creuse le lit Vide de la solitude L’avenir d’une agonie. IV C’est une plante qui frappe À la porte de la terre Et c’est un enfant qui frappe À la porte de sa mère C’est la pluie et le soleil Qui naissent avec l’enfant Grandissent avec la plante Fleurissent avec l’enfant J’entends raisonner et rire. * On a calculé la peine Qu’on peut faire à un enfant Tant de honte sans vomir Tant de larmes sans périr Un bruit de pas sous la voûte Noire et béate d’horreur On vient déterrer la plante On vient avilir l’enfant Par la misère et l’ennui. V Le coin du cœur disaient-ils gentiment Le coin d’amour et de haine et de gloire Répondions-nous et nos yeux reflétaient La vérité qui nous servait d’asile Nous n’avons jamais commencé Nous nous sommes toujours aimés Et parce que nous nous aimons Nous voulons libérer les autres De leur solitude glacée Nous voulons et je dis je veux Je dis tu veux et nous voulons Que la lumière perpétue Des couples brillants de vertu Des couples cuirassés d’audace Parce que leurs yeux se font face Et qu’ils ont leur but dans la vie des autres. VI Nous ne vous chantons pas trompettes Pour mieux vous montrer le malheur Tel qu’il est très grand très bête Et plus bête d’être entier Nous prétendions seule la mort Seule la terre nous limite Mais maintenant c’est la honte Qui nous mure tout vivants Honte du mal illimité Honte de nos bourreaux absurdes Toujours les mêmes toujours Les mêmes amants d’eux-mêmes Honte des trains de suppliciés Honte des mots terre brûlée Mais nous n’avons pas honte de notre souffrance Mais nous n’avons pas honte d’avoir honte Derrière les guerriers fuyards Même plus ne vit un oiseau L’air est vide de sanglots Vide de notre innocence Retentissant de haine et de vengeance. VII Au nom du front parfait profond Au nom des yeux que je regarde Et de la bouche que j’embrasse Pour aujourd’hui et pour toujours Au nom de l’espoir enterré Au nom des larmes dans le noir Au nom des plaintes qui font rire Au nom des rires qui font peur Au nom des rires dans la rue De la douceur qui lie nos mains Au nom des fruits couvrant les fleurs Sur une terre belle et bonne Au nom des hommes en prison Au nom des femmes déportées Au nom de tous nos camarades Martyrisés et massacrés Pour n’avoir pas accepté l’ombre Il nous faut drainer la colère Et faire se lever le fer Pour préserver l’image haute Des innocents partout traqués Et qui partout vont triompher. CRITIQUE DE LA POÉSIE Le feu réveille la forêt Les troncs les cœurs les mains les feuilles Le bonheur en un seul bouquet Confus léger fondant sucré C’est toute une forêt d’amis Qui s’assemble aux fontaines vertes Du bon soleil du bois flambant Garcia Lorca a été uploads/Litterature/ au-rendez-vous-allemand-eluard-paul.pdf
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- Publié le Mai 13, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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