1 2 ELOISA JAMES IL ETAIT UNE FOIS 1 AU DOUZIEME COUP DE MINUIT Traduit de l’an

1 2 ELOISA JAMES IL ETAIT UNE FOIS 1 AU DOUZIEME COUP DE MINUIT Traduit de l’anglais (États-Unis) par Cécile Desthuilliers Titre original A KISS AT MIDNIGHT 3 Reléguée au rang de simple servante depuis la mort de son père, Kate Daltry vit sous le joug de Marianna, dont la fille, Victoria, est destinée au riche prince Dimsdale. Or, souffrante, Victoria ne peut se rendre au dîner de leurs fiançailles. Il faut à tout prix trouver une demoiselle qui se fera passer pour elle ! Qu’elle le veuille ou non, ce sera Kate… 4 Ce livre est dédié à la mémoire de ma mère, Carol Bly. Elle ne nourrissait pas une passion pour le genre romanesque - du moins l’affirmait-elle - mais elle nous a lu et relu des contes de fées, à ma sœur et à moi, nous faisant rêver avec des histoires de princes sur leur blanc destrier et de princesses aux cheveux d’or (qui, à l’occasion, leur servaient d’échelles). Elle m’a offert mes premiers exemplaires de Anne... la maison aux pignons verts, Les Quatre Filles du docteur March et Orgueil et Préjugés. En un mot, maman, tout est ta faute ! Remerciements Mes romans sont comme des petits enfants, ils ont besoin d’une solide équipe pédagogique pour s’épanouir. Je remercie du fond du cœur mon équipe pédagogique personnelle : mon éditrice Carrie Feron, mon agent littéraire Kim Witherspoon, les designers de mon site Wax Creative et, les derniers mais non les moindres, les fidèles Kim Castillo, Franzeca Drouin et Anne Connell. À chacun et chacune d’entre vous, j’exprime toute ma gratitude ! 5 Prologue Il était une fois, il n’y a pas si longtemps... Cette histoire commence avec un carrosse qui n’avait jamais été une citrouille, même s’il disparaissait à minuit, une marraine qui avait oublié ses responsabilités, même si elle n’avait pas de baguette magique, et quelques-uns des fameux rats qui, en secret, auraient sans doute adoré porter livrée. Et, bien entendu, il y avait aussi une jeune fille, même si elle ne savait pas danser et n’avait aucune envie d’épouser un prince. Oui, tout a débuté avec les rats. C’était un véritable fléau, tout le monde le disait. Mme Swallow, la gouvernante, s’en plaignait sans cesse. — Ces affreuses bestioles viennent dévorer les chaussures dès qu’on a le dos tourné, dit-elle un jour au majordome, un brave homme du nom de Cherryderry. 6 — Je suis bien d’accord, renchérit celui-ci d’une voix tendue tout à fait inhabituelle chez lui. Je ne peux pas les supporter, avec leurs petits museaux pointus, leur façon de couiner en pleine nuit et... — Et leur voracité ! l’interrompit Mme Swallow. Ils mangent sur la table, presque dans les assiettes ! — Dans les assiettes, absolument, déclara M. Cherryderry. Je l’ai vu, de mes yeux vu, madame Swallow! De la main de Mme Daltry elle-même ! On aurait pu entendre le petit cri indigné de Mme Swallow jusqu’au salon... si les rats n’y faisaient pas déjà tant de bruit qu’il était impossible de distinguer le moindre son dans cette pièce. 7 1 Yarrow House, résidence de Mme Mariana Daltry, de Victoria sa fille et de miss Katherine Daltry Miss Katherine Daltry, que presque tout le monde appelait Kate, sauta de son cheval, folle de rage. Il serait juste de préciser quelle était souvent d’une humeur massacrante. Avant le décès de son père, sept ans auparavant, il lui était parfois arrivé de trouver sa belle-mère agaçante. Pourtant, depuis que la nouvelle Mme Daltry dirigeait la propriété, Kate avait réellement appris ce qu’est la colère. La colère de voir les fermiers du domaine familial être contraints de payer le double d’un loyer normal, ou de quitter la maison où ils avaient toujours vécu. La colère de voir les récoltes faner sur pied et les haies envahir les champs parce que Mariana refusait de dépenser un penny pour l’entretien du domaine. La 8 colère de voir sa belle-mère et sa belle-sœur dilapider la fortune de feu son père en robes, chapeaux et autres fanfreluches, en telles quantités qu’il n’y avait pas assez de jours dans l’année pour les porter toutes. La colère de subir les regards apitoyés des connaissances qu’elle ne croisait plus dans les dîners. D’avoir été reléguée dans une sinistre mansarde dont le mobilier défraîchi était à l’image de la nouvelle position de Kate dans la maisonnée. La honte de ne pas trouver le courage de quitter cet endroit une fois pour toutes. Et tout cela était encore avivé par l’humiliation, le désespoir...et la certitude que son père devait se retourner dans sa tombe. Kate gravit les marches d’un pas vif, prête pour le combat. — Bonjour, Cherryderry, dit-elle, un peu surprise de voir le cher vieux majordome ouvrir lui-même la porte. Vous jouez les valets de pied, à présent ? — Elle-Même les a expédiés à Londres pour chercher un médecin. Deux médecins, plus exactement. — Elle est encore malade ? Kate ôta ses gants de cuir avec précaution car la doublure commençait à se découdre au niveau du poignet. Autrefois, elle se serait demandé si sa belle- mère - que tout le personnel appelait « Elle-Même » - feignait d’être malade. Maintenant, elle n’en doutait pas un seul instant. Voilà des années qu’elle était régulièrement réveillée au beau milieu de la nuit par des 9 glapissements à propos d’attaques qui se révélaient n’être que des indigestions. — Cette fois, ce n’est pas Elle-Même, précisa Cherryderry. Je suppose que c’est pour miss Victoria. — Oh, la morsure ? Il hocha la tête. — Rosalie nous a dit ce matin que cela lui faisait pendre la lèvre. Et elle est toute gonflée. Malgré sa mauvaise humeur, Kate ressentit un élan de pitié. La pauvre Victoria n’avait pas grand-chose pour elle, à part son joli minois et ses robes élégantes. Kate aurait été désolée de la voir défigurée à vie. — Il faut que je voie Elle-Même à propos de la femme du vicaire, dit-elle en tendant son manteau au majordome. Ou plutôt, de la veuve du vicaire. J’ai installé la famille dans un autre cottage. — Triste affaire, fit le majordome. Un vicaire ne devrait pas prendre femme. — Il laisse quatre orphelins, lui rappela Kate. Et je ne parle pas de la lettre d’expulsion que ma belle-mère leur a envoyée hier. Cherryderry fronça les sourcils. — Au fait ! Elle-Même nous a annoncé que vous dînerez avec la famille, ce soir. Kate, qui se dirigeait déjà vers l’escalier, pila net. 10 — Pardon ? — Vous êtes invitée à sa table. Il y aura également lord Dimsdale. — Vous plaisantez ? Le majordome secoua la tête. — Pas du tout. En outre, elle a précisé que les rats de miss Victoria devaient s’en aller, mais pour une raison que j’ignore, elle les a fait installer dans votre chambre. Kate ferma les paupières quelques instants. Une journée qui commençait aussi mal ne pouvait aller qu’en empirant. Elle détestait les petits chiens de Victoria, que tout le monde, de manière plus ou moins affectueuse, surnommait « les rats ». Elle détestait Algernon Bennet, lord Dimsdale, le fiancé de sa belle-sœur. Et elle détestait par-dessus tout la perspective d’un dîner en famille. En général, elle s’arrangeait pour oublier qu’elle avait autrefois été la maîtresse de maison. Malade, sa mère était restée alitée de longues années avant sa mort. Très jeune, Kate avait été admise à table dans la salle à manger et avait décidé des menus avec la gouvernante, Mme Swallow. Elle avait toujours cru qu’un jour, elle ferait ses débuts dans le monde, se marierait et élèverait ses enfants dans cette maison. Jusqu’au jour où son père était mort, où elle avait été reléguée dans une chambre de bonne et traitée comme une moins-que-rien. Et voilà qu’on la convoquait à la table familiale pour y endurer les sourires 11 méprisants de lord Dimsdale, vêtue d’une robe depuis longtemps passée de mode ! Que se passait-il ? Animée d’un mauvais pressentiment, elle gravit les marches quatre à quatre. Sa belle-mère était assise devant sa coiffeuse, occupée à examiner son teint. La lumière du jour éclairait ses cheveux platine d’un éclat agressif, presque métallique. Elle portait une robe dont le bustier de dentelle mauve était resserré sous la poitrine par un ruban noué. Une robe charmante...pour une toute jeune fille. Mariana, qui n’avait jamais accepté l’idée que ses trente ans étaient désormais loin derrière elle, continuait de s’habiller comme lorsqu’elle avait vingt printemps. Il fallait au moins lui reconnaître ce mérite : la belle-mère de Kate était dotée d’une bravoure à toute épreuve et d’un superbe dédain envers les conventions au sujet des femmes mûres. Mais aucune femme de quarante ans n’en paraîtra jamais vingt, et aucune robe, fût-elle la plus exquise, n’est un élixir de jeunesse. — Te voilà de retour ? lança Mariana d’un ton acide. Je suppose que tu as fini de traîner avec ta clique? Kate parcourut du regard le boudoir de sa belle- mère. Là-bas, sous la pile de uploads/Litterature/ au-douzieme-coup-de-minuit-lt1.pdf

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