Les discours du corps au XVIIIe siècle : littérature-philosophie-histoire-scien

Les discours du corps au XVIIIe siècle : littérature-philosophie-histoire-science Page laissée blanche intentionnellement Les discours du corps au XVIIIe siècle : littérature-philosophie- histoire-science Sous la direction d’Hélène Cussac, d’Anne Deneys-Tunney et de Catriona Seth Textes réunis par Hélène Cussac Les Presses de l’Université Laval Les Presses de l’Université Laval reçoivent chaque année du Conseil des Arts du Canada et de la Société de développement des entreprises culturelles du Québec une aide financière pour l’ensemble de leur programme de publication. Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise de son Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour nos activités d’édition. Mise en pages : Santô graph Maquette de couverture : Mariette Montambault ISBN-978-2-7637-8836-4 © LES PRESSES DE L’UNIVERSITÉ LAVAL, 2009 Tous droits réservés. Imprimé au Canada Dépôt légal, 1er trimestre 2009 www.pulaval.com Table des matières Avant-Propos 1 Hélène Cussac, Anne Deneys-Tunney et Catriona Seth I-Science, techniques et médecine du corps Pensée, expérience et imaginaire Physiologie du corps érotique, imaginaire de la science 11 Mladen Kozul La représentation du corps chez Sade : visée encyclopédique et régénérescence du corps 31 Brice Koumba Hume et les dangers moraux de la science 43 Abraham Anderson Machines enchantées selon Jean-Jacques Rousseau 51 Anne Deneys-Tunney « Affections humorales » Rhétorique scientifique et enjeux polémiques dans l’article « Spasme » de l’Encyclopédie 69 Adrien Paschoud Nostalgie, hystérie, mélancolie dans la Nosographie philosophique de Philippe Pinel 81 Anouchka Vasak Le corps romanesque exposé au regard médical. La chaleur du corps au XVIIIe siècle 97 Nathalie Kremer II-Gouvernement du corps Expérience sensorielle Le corps de Julie, ou le personnage romanesque comme lieu de théorisation 117 Capucine Lebreton Quand Bernardin de Saint-Pierre écrit les maux du corps pour dire les souffrances de l’âme 129 Hélène Cussac Expérience morale Figurations de la belle âme : l’expérience morale et rhétorique dans Rousseau juge de Jean-Jacques 141 Masano Yamashita La maladie du temps qui passe : Restif et l’inscription 155 Philippe Barr Réalité et illusion, morale et fiction dans Les Lettres de mistriss Fanni Butlerd de Madame Riccoboni 167 Karen Santos Da Silva Santé et Hygiène La promenade de santé au XVIIIe siècle : transformation d’un modèle médical 183 Laurent Turcot Valeur et pratiques de la propreté dans l’armée au XVIIIe siècle 201 Naoko Seriu III- Représentations idéologiques du corps Rejet Le corps invisible des enfants trouvés 217 Catriona Seth Monstrueux, noble, triomphant : les modalités du corps africain dans la tradition narrative 235 Catherine Gallouët Voyage dans la maladie et dans la médecine sauvages 249 Constance Naji Préjugés et Fantasmes Le corps féminin : fantasmes et représentations au XVIIIe siècle 263 Stéphanie Genand L’écriture du corps féminin dans l’utopie romanesque au croisement de la science et de la doxa 275 Marie-Françoise Bosquet Mistriss Henley lectrice de l’Encyclopédie ? Rencontre des discours scientifique et romanesque sur la femme 289 Marie-Hélène Chabut Étrangeté et proximité du corps des Africains dans le Voyage au Sénégal (1757) d’Adanson 301 David Diop Modèles Regards anatomiques sur le corps pathologique et sur le corps monstrueux dans la médecine du XVIIIe siècle 325 Gilles Barroux L’Art du portrait dans Jacques le Fataliste : vers un modèle scientifique ? 339 Odile Richard-Pauchet Conclusion : Le corps du XVIIIe siècle mis en lumière 349 Hélène Cussac Liste des auteurs Abraham Anderson : Sarah Lawrence College (U.S.A.) Philippe Barr : University of North Carolina (U.S.A.) Gilles Barroux : Université Paris X (France) Marie-Françoise Bosquet : Université de la Réunion (France outre-mer) Marie-Hélène Chabut : Lehigh University (U.S.A.) Hélène Cussac : Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand (France) Anne Deneys-Tunney : New York University (U.S.A.) David Diop : Université de Pau (France) Stéphanie Genand : Université de Rouen (France) Catherine Gallouet : Hobart and William Colleges (U.S.A.) Nathalie Kremer : Université Catholique de Louvain (Belgique) Mladen Kozul : Missoula University (U.S.A.) Brice Koumba : Université de Nancy (France) Capucine Lebreton : Université de Paris X (France) Yamashita Masano : New York University (U.S.A.) Constance Naji : Université de Montpellier (France) Adrien Paschoud : Université de Lausanne (Suisse) Odile Richard-Pauchet : Université de Toulouse (France) Naoko Seriu : European University Institute (Italie) Catriona Seth : Université de Nancy (France) Karen Santos Da Silva : New York University (U.S.A.) Laurent Turcot : Université du Québec à Trois-Rivières (Canada) Anouchka Vasak : Université de Poitiers (France) Avant-Propos Pourquoi avoir choisi de recueillir une série d’articles sur le corps des Lumières ? Est-il de plus légitime de faire voisiner des corpus poétiques et artistiques, romanesques et médicaux ? Il nous a semblé, à la vue de portraits et de planches d’anatomie, à la lecture de romans et de traités, d’ouvrages médicaux comme de propos philosophiques et théologiques, que le corps se retrouve à cette époque au centre de la scène, étudié, scruté, malmené, redressé, guéri. Le rejet de la torture à la fin du siècle accompagne les progrès de la médecine au cours des décennies. Le corps mérite qu’on lui porte attention. Souffrir ne serait pas l’une des conditions de l’existence humaine. Émerge ainsi un corps physiologique, un corps profond – Michel Foucault l’a montré dans son Histoire de la sexualité – qui met fin au dualisme métaphysique et à la soumission passive du corps à l’âme. La religion reste un principe organisateur de la vie quotidienne, mais son influence sur nombre de penseurs diminue. Le « moi » cesse d’être haïssable aux yeux de l’écrivain ou de l’artiste. D’autres mystères, de nouveaux abîmes, des approches inédites s’ouvrent alors. La régénération se lit à l’horizon. Dans ce siècle des Lumières qui abandonne Descartes au profit de Locke, émerge l’individuation. Elle s’inscrit aussi bien dans le champ littéraire ou philosophique que politique, scientifique ou sociologique. Les mêmes auteurs sont souvent au centre de plusieurs approches du corps. Songeons, par exemple, à Diderot dont la Lettre sur les aveugles et celle sur les sourds et muets répondent à La Religieuse ou au Rêve de d’Alembert ; à Voltaire, dont les Lettres philosophiques sont comme l’envers du Mondain. Les érudits ou les « amateurs » éclairés du XVIIIe siècle montrent ainsi la voie d’une investigation conjointe des discours médicaux et romanesques, philosophiques et historiques. La diversité des articles consacrés au corps dans les dictionnaires du temps, du corps naturel au physique, du simple au complexe, du vivant au mort, en passant par nombre d’expressions idiomatiques, en fait également un sujet essentiel pour lexicographes, littéraires et historiens. Et il ne faut pas oublier qu’un recueil d’articles comme celui-ci mérite, si nous en croyons le Dictionnaire de l’Académie de l’an VII, d’être qualifié de corps : « se dit aussi figurément du recueil, 2 Les discours du corps au XVIIIe siècle de l’assemblage de plusieurs pièces d’un ou de divers auteurs1 ». L’une des locutions proposées en exemple caractérise la démarche de l’éditeur : « Il faut ramasser toutes ces pièces et en faire un Corps2 ». La représentation des corps constitue l’un des enjeux majeurs des Lumières. Les praticiens de l’anthropométrie les mesurent. Des artistes et des médecins les étudient dans leurs moindres détails anatomiques. Romanciers et dramaturges les mettent en scène. Le lien entre le corps sain d’un fou et son esprit malade interroge les hommes de science et les philosophes. Les ex-voto dépeignent le retour à la vie de corps que l’on croyait perdus. La question de la norme est posée par la mise en rapport entre des êtres sains et malsains. Littérature, peinture et musique accompagnent ainsi le mouvement de la médecine, des sciences et des techniques. Dans le Salon carré du Louvre, comme dans les cabinets particuliers, les portraits d’individus ordinaires côtoient les tableaux de grands du monde. Ils ne sont pas plus beaux, plus intelligents, plus riches. Ils sont, tout simplement. Leur présence fixée sur la toile ou le papier rompt l’équilibre social dans lequel seules les incarnations du pouvoir auraient à être représentées et montrées publiquement. La statue de Voltaire par Pigalle témoigne de cet intérêt renouvelé pour le corps, un corps décharné, vieilli, nu. Un homme vivant, sans naissance, est représenté. C’est un auteur de génie. Ses œuvres sont là pour en témoigner. Et pourtant ses amis, la discrète Madame Necker en tête, tiennent à conserver, pour la postérité, l’image de l’homme tel qu’il fut, à figer pour l’éternité, dans le marbre, les formes du grand écrivain. Le corps devient aussi l’enjeu d’une redéfinition du sujet moral. L’enfermement, la torture, la contrainte suscitent interrogations et rejet. Les barrières de l’interdit sont mises à mal par les actes des uns, les pensées des autres. De la responsabilité à la folie, les états physiques et mentaux sont examinés dans leur rapport à l’univers moral. Médecine et droit, entre autres, obligent à penser une éthique du corps dans la différence et la norme, dans l’unicité et le partage. Par le biais de l’expérience, le corps entre dans un rapport aux autres et au monde. Ce n’est jamais, en effet, un corps brut, isolé. Au contraire, il est au centre d’un réseau de relations complexes où se mêlent à la fois le social et le uploads/Litterature/ aa-vv-les-discours-du-corps-au-xviii-siecle.pdf

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