Les origines de l’islam par André Frament Association Familiale et Scolaire Le
Les origines de l’islam par André Frament Association Familiale et Scolaire Le résultat des études sur l’origine de l’islam Les résultats des études récentes sur l’origine de l’islam ont été remarquablement complétées et synthétisées dans la thèse monumentale du P. Édouard Gallez : Le messie et son prophète. Aux origines de l’islam,1 [1] qui est devenue une référence incontournable. Ceux qui la liront auront intérêt et plaisir à lire ce livre, très accessible bien que scientifique. I - Une histoire difficile à établir 2 [2] L’islam s’est répandu par des guerres de conquête victorieuses. Les écrits historiques musulmans, rédigés par des vainqueurs, présentent une vue partiale. a) Les systèmes politiques fondés sur un corps d’idées ont utilisé leur pouvoir pour contrôler les idées et les écrits. L’empire islamique n’a pas échappé à cette règle. b) De plus, les documents islamiques sur lesquels se fondent jusqu’ici la connaissance du premier islam et de la vie de Mohammed3 [3] ont été mis par écrit plus de deux siècles après la mort de Mohammed, et les documents antérieurs ont tous disparu.4 [4] Comment faire pour surmonter cette difficulté ? Les méthodes de l’exégèse se sont développées, la découverte de nouvelles sources de documentation écrite et l’utilisation de nouveaux outils ont permis de surmonter cette difficulté. a) Les méthodes d’analyse des textes anciens, développées depuis 1850 en Europe, ont été appliquées aux écrits juifs et chrétiens, elles le sont maintenant aux écrits musulmans. b) Des textes en grec, latin, hébreu, arménien, géorgien, syriaque et persan ont été recherchés, retrouvés et traduits. Ils donnent, sur les débuts de l’islam, des informations datant de 10 à 30 ans après les faits, et parfois même sont contemporains des faits décrits. c) Les outils historiques ont été développés, ou ont connu un usage plus large. Ils permettent de compléter les documents historiques quand ils sont peu nombreux. Ce sont l’onomastique5 [5] , la toponymie6 [6] , l’épigraphie7 [7] , la linguistique8 [8] , la numismatique9 [9] et l’archéologie. Ils ont apporté une moisson de résultats qui éclairent l’histoire de Mohammed et celle du premier islam. Considérons donc d’abord ce qui a précédé l’islam, avant de voir ce qui a pu être historiquement établi sur la vie de Mohammed et enfin ce qui semble avoir suivi sa mort. II - La recherche d’un pré-islam D’après la théologie musulmane, Mohammed, venant à la suite d’une longue suite de prophètes, n’aurait fait qu’un "rappel", rendu nécessaire parce que les hommes oublient. On peut donc penser que des révélations faites aux prophètes prédécesseurs de Mohammed ont du laisser des traces. D’autre part, des historiens pensent que les nouveaux systèmes d’idées se développent à partir d’ébauches antécédentes. Quelle que soit l’hypothèse choisie, il a dû exister une sorte de pré-islam qu’il est intéressant de rechercher. 1[1] Il s’agit d’une thèse de doctorat en théologie / Histoire des religions (Univ. de Strasbourg II, 2004-2005). Thèse en 2 tomes. D’autres auteurs ont apporté une contribution importante, ils sont cités en notes et dans la bibliographie finale de ce texte. 2[2] Cf. : Anonyme. Mahomet et l'origine de l'islam : Mieux connaître Mahomet et le premier islam grâce aux méthodes historiques modernes [Internet]. Version 3. Knol. 2008 juil. 27. Disponible à l'adresse Internet : http://knol.google. com/k/ anonyme/mahomet- et-l-origine-de-l-islam/2ixhf6fwz08az/2 3[3] Mohammed est la transcription choisie par E. Pertus parce que plus proche de l’arabe. Mahomet est la forme francisée de ce nom. Nous gardons l’orthographe de Pertus. 4[4] La biographie de Mohammed par Ibn Hicham date de plus de deux cents ans après les faits, et la biographie par Ibn Ishaq, qui lui a servi de matériau, a disparu. Les cinq recueils de hadiths (paroles ou actes de Mohammed) principaux ont été mis par écrit plus de deux cent cinquante ans après les faits, alors que le premier recueil de hadiths, fait en 712 sur ordre califal, a disparu. 5[5] Onomastique : étude des noms propres. 6[6] Toponymie : étude linguistique et historique des noms de lieux. 7[7] Épigraphie : Science qui a pour objet l’étude des inscriptions. 8[8] Linguistique : Science des langages humains, elle étudie en particulier les phénomènes intéressant l’évolution des langues et leurs rapports entre elles. 9[9] Numismatique : étude des médailles et pièces de monnaies. La trace des apports antérieurs De fait, certaines idées présentes dans l’islam d’aujourd’hui sont également présentes dans les sectes millénaristes et messianiques du Proche Orient, aux premier et deuxième siècles de notre ère. Voir comment ces idées ont cheminé dans cette région du monde a donné un éclairage supplémentaire. Dans le Coran, Myriam, sœur d’Aaron, et Marie, mère du Christ, est une seule et même personne, alors que 1.200 ans les séparent. La Trinité, formée pour les chrétiens du Père, du Christ et du Saint-Esprit, est déclarée dans le Coran formée, du Père, du Christ, et de Marie. Ces éléments, et d’autres de la sorte, font penser que le Coran est formé de plusieurs traditions différentes, comme on peut l’observer pour d’autres livres anciens.10 [10] Le messianisme s’est formé dans la Palestine antique Les messianismes juifs se sont formés en trois siècles, de 180 avant notre ère à 150 après. Leur théologie présente cinq idées centrales qui, durent encore de nos jours11 [11] : · La première est celle d’une guerre menée pour des raisons théologiques. · La seconde est celle d’émigration : les Justes devaient d’abord aller au désert, reproduisant l’Exode de Moïse au Néguev-Sinaï. · La troisième idée était la conquête de Jérusalem. · La quatrième était la libération complète de la Palestine juive. · La cinquième était la conquête du monde entier. Alors que les quatre premières étaient tout à fait générales dans les mouvements messianiques juifs, la dernière n’était acceptée que par une partie des adeptes. Les deux premières idées sont proches de celles de l’islam, et la cinquième reste un rêve que les musulmans ont poursuivi pendant quatorze siècles. Les judéo-chrétiens Le mot « judéo-chrétiens » ne veut pas désigner l’ensemble des juifs et des chrétiens, mais les membres de sectes nées dans les deux premiers siècles de notre ère. Ayant transformé des idées juives et des idées chrétiennes, ils ne sont plus ni juifs ni chrétiens. Pour eux, le Christ est un grand prophète, mais non un Dieu. Après avoir échappé à la crucifixion, il aurait été placé au ciel, en attendant de revenir pour mener une guerre de conquête mondiale, pour établir une société parfaite, où tous les justes seraient heureux, tandis que les injustes seraient esclaves ou serviteurs au service des justes.12 [12] Le nazaréisme La secte des nazaréens a concentré les adeptes et les idées des judéo-chrétiens. On la trouve attestée épisodiquement un peu avant le début de notre ère jusqu’à 80 ans après la naissance de l’islam13 [13] . Leur nom, araméen, signifie les aides (de Dieu : racine NZR), très proche de celui d’ansar qui signifie, en arabe (racine NSR), les aides (d’Allah). Ils enseignaient qu’après avoir émigré au désert, conquis Jérusalem et reconstruit le Temple, le Christ reviendrait du ciel pour prendre la tête des armées nazaréennes et conquérir le monde. Ils nommaient le Christ : « ‘Îsâ ». En dehors d’eux, seuls les musulmans le font. · Waraqa 14 [14] 10[10] Exemple : dans la Bible, l’exégèse fait apparaître deux "traditions" en ce qui concerne la Genèse : yawhiste ou élohiste suivant le nom utilisé pour désigner le Créateur. Ces deux traditions, loin de se contredire, se confortent. 11[11] Comme l’explique Gallez, dans l’avant propos du Tome 2, pages 8-9, cela se retrouve dans toutes les visions idéologiques ultérieures du monde, et jusqu’à nos jours. Pour de tels idéologues, tous les moyens sont justifiés « au nom de Dieu ». Cette référence "au nom de Dieu" pouvant devenir selon le cas, au nom de la Raison, du Sens de l’Histoire, de la Race supérieure, au nom de tout ce qu’on voudra... ce qui importe c’est que le discours fonctionne, c'est-à-dire qu’il emporte l’adhésion et fasse espérer le salut. 12[12] Dans l’islam, le statut du Christ, le djihad (ou jihad) c'est-à-dire la guerre sainte) et la situation des dhimmis (non musulmans sous le pouvoir des musulmans) ayant des droits restreints, sont très proches de ces idées. 13[13] C'est-à-dire au VIIIe siècle. 14[14] E-M. Gallez, in Entretien avec Edouard-Marie Gallez sur les origines de l’Islam jeudi 23 novembre 2006, accessible sur le site : http://www.missa.org/ forum/showthread.php?668-Les-vrai-origines-de-l-islam-et-du-Coran : "J’en profite pour dire que son rôle a dû être si important qu’il n’a pas pu être effacé, alors que tant de témoignages islamiques anciens, écrits ou non, disparaissaient, en fait tous ceux qui sont antérieurs à la biographie normative de Ibn Hichâm, composée et imposée deux siècles après la mort de Mahomet : c’est seulement par des citations que l’on connaît quelque chose des écrits antérieurs, qui furent systématiquement détruits." Waraqa était un Koreichite de la tribu de Mohammed, devenu prêtre nazaréen un peu avant le début de l’islam. Il est décrit par les documents musulmans comme "un des chef et des guides des Koreichites". Quand il est uploads/Histoire/ les-origines-de-l-x27-islam.pdf
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- Publié le Apv 01, 2021
- Catégorie History / Histoire
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