Institut Dominicain d’Etudes Orientales Coordonnées : Tél. : 00 (202) 482 5509
Institut Dominicain d’Etudes Orientales Coordonnées : Tél. : 00 (202) 482 5509 Fax : 00 (202) 682 0682 E-mail : info@ideo-cairo.org Web : www.ideo-cairo.org Biographie de Serge de Beaurecueil, o.p. « Ô mon Dieu, qu'est-ce donc que Tu as fait pour tes amis ? Quiconque les cherche Te trouve et tant qu'il ne T'a pas trouvé, il ne les connaît pas. » (Rūmī, citation que Serge aimait particulièrement.) Le frère Serge de Laugier de Beaurecueil est né à Paris le 28 août 1917. Fils d'un officier de cavalerie, il est le cadet d'une famille de trois enfants. Après des études primaires et secondaires à l'École Gerson et au lycée Janson-de-Sailly à Paris, il passe son baccalauréat « philosophie » avec l'arabe comme troisième langue. Entré chez les Dominicains en 1935, il fait ses études au Saulchoir, sous la direction du P. Marie- Dominique Chenu. En 1939, il fait son service militaire à Jounieh au Liban, où il est mobilisé au moment de la déclaration de guerre. Démobilisé en juin 1940, il rentre au Saulchoir pour finir ses études et est ordonné prêtre en mars 1943. Lors de sa dernière année de théologie, il s'inscrit à l'École nationale des Langues orientales à Paris, où il poursuit ses études d'arabe et fréquente Louis Massignon. À la même époque, Georges Anawati et Jacques Jomier se préparent à rejoindre le Caire, pour créer le centre d'études de l'islam et des sociétés musulmanes projeté depuis 1938 par le Saint-Siège et l'Ordre dominicain. Serge de Beaurecueil est avec eux un des membres fondateurs de l'Institut dominicain d'Études orientales du Caire (IDEO). À son arrivée au Caire en 1946, Serge de Beaurecueil commence ses recherches sur la mystique musulmane, comme attaché libre de l'IFAO (Institut français d'Archéologie orientale), avant d'intégrer pleinement l'IDEO. En 17 années d'intense labeur, il devient le spécialiste mondialement reconnu d'Anṣārī, un mystique persan du 11e siècle. En 1953-1954, il publie à l'IFAO un Commentaire du livre des étapes, ouvrage d'Anṣārī dont il publie l'édition critique en 1962 ( Les étapes des itinérants vers Dieu). Suivront plusieurs autres ouvrages sur Anṣārī : Khwâdja 'Abdullāh Anṣārī" (396-481/1006- 1089), mystique hanbalite, Beyrouth, 1965. Il publie aussi de nombreux articles dans la revue MIDEO. Sa compétence lui vaut d'être officiellement invité en Afghanistan en 1963 à l'occasion de la célébration du neuvième centenaire lunaire de la mort d'Anṣārī. Il publie alors un recueil des Manuscrits d'Afghanistan (IFAO, 1964). En 1971, il passe un doctorat d'État ès lettres à la Sorbonne, sur l'ensemble de ses travaux (cf. MIDEO, 11 (1972), 291-300). Commence alors une nouvelle étape de sa vie : il est d'abord invité à venir s'installer à Kaboul où on lui confie à l'université une chaire d'histoire de la mystique musulmane. Mais très vite, il va préférer s'occuper d'enfants, à la fois comme enseignant ou conseiller pédagogique au lycée Esteqlal, mais aussi en recueillant chez lui jusqu'à 20 ou 25 enfants abandonnés ou handicapés. Tous sont musulmans, des diverses ethnies de l'Afghanistan. Seul prêtre catholique dans ce pays, il fait part de ses réflexions sur le sens de cette présence chrétienne en milieu musulman dans deux ouvrages qui eurent un grand retentissement : Nous avons partagé le pain et le sel (Cerf, 1965) et Prêtres des non- chrétiens (Cerf, 1968). Au moment de l'invasion soviétique de l'Afghanistan, il doit quitter le pays dans des conditions dramatiques. Il s'établit alors à Bruxelles, où il est trois ans prieur de la communauté dominicaine, puis à Paris au couvent de l'Annonciation. Revenant sur son expérience afghane, il publiera deux livres : Mes enfants de Kaboul (Cerf, 1992 ; réédité en 2004) et Un chrétien en Afghanistan (Cerf, 1985, réédité en 2001). Il revient aussi à Anṣārī, dont il publie Anṣārī, Chemin de Dieu. Trois traités spirituels, en 1985 et Anṣārī, Cris du cœur, Paris, 1988. Ce départ forcé d'Afghanistan fut pour lui une très grande épreuve. En France, il retrouve, à l'hôpital de Saint-Fargeau, des enfants handicapés qui ont besoin d'aide. Mais il garde aussi le contact avec l'Afghanistan à travers ceux de ses enfants qui ont voulu poursuivre son œuvre. Son filleul afghan, Ehsan, a créé à Kaboul une structure qui accueille 350 enfants défavorisés de Kaboul et entend le faire dans le même esprit que Serge. Il aura la joie de revoir son pays, l'Afghanistan, en 2003, accompagné d'une équipe de la télévision française (Envoyé spécial) venue tourner un reportage sur ce parcours peu ordinaire : Le père de Kaboul. Retrouvant la maison où il avait vécu, Serge ne put retenir ses larmes. Il reviendra aussi à deux reprises en Égypte, au moment du décès du père Anawati en 1994, puis en 2002 et 2003, donnant à ses frères dominicains un ultime enseignement sur Anṣārī ; une synthèse, intitulée « L'amour de Dieu chez Anṣārī », sera publiée dans le prochain numéro de MIDEO. Au Caire, Serge retrouve alors de vieux amis, connus lorsqu'il était aumônier des scouts et de l'école des frères de Khoronfish. Ces retrouvailles furent des moments de grande joie, pour lui comme pour eux. Sa connaissance intime de l'islam par la mystique, et des musulmans par les enfants les plus défavorisés, ont donné à Serge de Beaurecueil un regard sans équivalent sur le sens de la présence chrétienne en monde musulman ; on en retrouvera les grandes intuitions dans un recueil d'articles à paraître prochainement aux éditions du Cerf sous le titre : J'attends l'étoile du matin. On peut aussi rappeler que la communauté dominicaine du Caire continue de prier les psaumes dans une très belle traduction arabe faite en 1961 par Muḥammad al-Ṣādiq Ḥusayn, en collaboration avec le frère Serge. Il s'est endormi dans la paix du Seigneur le 2 mars au matin, au terme d'une vie accomplie et après une brève maladie, ayant demandé qu'on lui apporte à l'hôpital le texte persan des Cris du cœur (Munajāt) d'Anṣārī, le mystique soufi de Hérat, qu'il avait traduit en 1988 pour les éditions Sindbad. Voici le texte des deux passages qui ont accompagné sa Pâque : N° 56 des Cris du cœur : « Comment aurais-je su que la souffrance est mère de la joie, et que sous une déception se cachent mille trésors ? Comment aurais-je su que la vraie vie se trouve dans la mort, et que l'objet de nos désirs se trouve tout entier dans l'absence de tout désir ? La vie, c'est la vie du cœur ; la mort, c'est la mort de l'âme. Tant que tu ne mourras pas en toi, jamais tu ne vivras en Dieu. Meurs, mon ami, si tu veux vivre ! Il a bien dit l'homme au cœur généreux : « L'amour n'agrée pas plus l'âme vivante que le faucon ne chasse le rat mort. » Celui de qui Tu es la vie, comment pourrait-il mourir ? Celui dont Tu es le tourment, son tourment quand pourrait-il finir ? Toi qui es là et que l'on peut trouver ! Il n'est de joie que par Ta connaissance, il n'est de vie que par Ta découverte. Celui qui vit sans Toi est comme un mort au fond de sa prison. Qui a trouvé Ta compagnie échappe à ce monde et à l'autre. » N° 57 des Cris du cœur : « Mon Dieu ! Il n'est de joie que par Ta connaissance, il n'est de vie que par Ta découverte. Celui qui vit sans Toi est comme un mort au fond de sa prison. La vie sans Toi est une mort. Celui qui vit par Toi vit éternellement ». uploads/Histoire/ biog-serge-pdf.pdf
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- Publié le Nov 12, 2021
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