Bricqueville, Eugène H. de (1854-1933). Un Coin de la curiosité. Les anciens in

Bricqueville, Eugène H. de (1854-1933). Un Coin de la curiosité. Les anciens instruments de musique, par Eugène de Bricqueville. (1894). 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. 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MOIIIÎAU ET Cic, 41, RUE DE LA VICTOIRE UN. COIN DE LA CURIOSITE LES ANCIEMSr-^ INSTRUMENTS Dt îvîf SIQUE PAR EUGÈNE DE BRICQ.UEVILLE PARIS LIBRAIRIE DE L'ART S, BOULEVARDDES CAPUCINES,8 LE SONGE D'UN COLLECTIONNEUR (DIALOGUE DE MORTS) Un de mes bons amis, je puis dire le plus intime, appelons-le Chely- phile, si vous voulez, — s'est voué à la recherche et à la conservation des vieux instruments de musique. 11 aspire au titre de saint Vincent de Paul des luths, clavecins, violes, guitares, flûtes et hautbois démodés, et sa maison est l'Hôtel des Invalides des produits de la lutherie. Or, l'été dernier, mon ami venait d'installer à la place d'honneur de son Musée une épinette, de celles que les Italiens nommaient da sare- nala. La poursuite avait été difficile, l'accommodement laborieux. De plus, il faisait une chaleur étouffante, si bien qu'après avoir placé en bon jour son acquisition et l'avoir longuement admirée, Chelyphile s'endormit. Alors, tout ce vieux petit monde en bois, en ivoire, en cuivre, en écaille se mit à bavarder, à jacasser, avec des voix éteintes et voilées. Ce fut, d'abord, une exclamation générale comme celle qui salue un écolier faisant sa première apparition le matin de la rentrée des classes : « Un nouveau ! il y a un nouveau ! » Aussitôt, un grand clavecin, per- sonnage important par son volume, s'adressant au « nouveau » : —- Pardon ! à qui avons-nous le plaisir de parler ? L.EPINETTE. Ze souis oune petite spinetta en bois de cyprès, faite à Venise dans les dernières années du XVIe siècle. Ze languissais dans une boutique EPINETTE ITALIENNE. (Collection de Bricqueville.) — t>— assez sordida, parmi des bibelots hétéroclites, quand un amateur m'a distinguée et emportée dans cette galerie. LE CLAVECIN. A merveille, signorina, soyez la bienvenue. Je suis, moi, un clavecin à deux claviers, contemporain du roy Louis XVI. Mon collègue que vous voyez là-bas, tout orné de peintures, est beaucoup plus âgé; il remonte au commencement du règne de Louis XIV. L'ÉPINETTE. Vous avez peut-être, Eccellenza, appartenu à la reine Marie-Antoi- nette ? UN GROSTAMBOUR. Ah non ! vous savez, pas de blagues, sacrebleu ! UN SERPENT. Ces militaires sont toujours mal embouchés ! LE TAMBOUR. Parlons-en, de votre embouchure, vous n'ayez jamais pu réussir à faire six notes justes. C'est que, voyez-vous, j'ai battu en tète de Mes- sieurs de la Maison du Roy. Jetez un coup d'ceil sur les flammes rouges et blanches peintes sur mon fût. Ce sont les couleurs du régiment des Suisses, maugrebieu ! DEUXTIMBALES. : N'insultez pas l'armée. Nous en sommes aussi, tonnerre ! Un cheval rouan magnifique nous portait, à vingt pas du premier escadron, et un nègre empanaché frappait sur nos peaux à tour de bras. UNE TROMPETTE. J'ai sonné la charge à Fontenoy. Et vous, vertueux serpent, je suis sûre que vous avez figuré dans la chapelle de Charles X. UN TUOMBONE-BUCCIN (l83o). Hommes noirs, d'où sortei-vous? UNE MANDORE. Oh ! de grâce, ne parlons pas politique ici. (Un basson à 6 clés, contemporain de la Révolution, se met à jouer les premières mesures de la Marseillaise.) TOUS. Assez ! assez! (Deux harpes causent entre elles discrètement J PREMIÈREHARPE. Avez-vous remarqué, ma chère, que depuis qu'on a introduit chez nous certains instruments à vent, nos conversations n'ont plus le cachet de bonne compagnie qui les distinguait autrefois? Ce basson est du dernier commun. DEUXIÈMEHARPE. C'est vrai ; nous nous encanaillons un peu. Pouvez-vous la voir, cette petite épinette? Moi, je suis trop loin... Comment la trouvez-vous, ma chère ? PREMIÈREHARPE. Peuh... Avez-vous connu M. de Voltaire? DEUXIÈMEHARPE. Non, j'ai passé ma vie au fond d'un château, en province. PREMIÈREHARPE. Eh bien, M. de Voltaire appelait les produits artistiques de cette époque du gothique, par mépris. UNE BASSEDE VIOLE. Je vous assure qu'avec mes sept cordes bien tendues et habilement touchées par l'archet, je faisais un effet superbe. UNE GUITARE. Et moi, croyez-vous que je ne pouvais pas lutter avec avantage sous le rapport de l'élégance? Admirez ma rose découpée comme la plus merveilleuse dentelle et ces fines incrustations d'ivoire sur fond d'ébène. — 8 — UN CISTRE. Evidemment, nous valons beaucoup mieux que les instruments à clavier. UNE VIOLED'AMOUR. Ah ! parlez-moi du grand siècle, du siècle de la lutherie par excel- lence. UNE POCHETTE. Le xvme. UNE VIRGINALE. Non ! le xvne. UN LUTH. Point du tout, c'est le xvie qu'il faut louer. UN CORNETA.BOUQUIN. Moi, je m'en moque. Au début du xvmc siècle, époque où Ton m'a sottement abandonné, j'avais exactement la forme, le diapason et l'étendue qu'on me donnait au xive. En me considérant dans mon épais fourreau de cuir noir, personne ne saurait dire si je date de 1700 ou de i35o. UN CLAVICORDE. Je suis dans le même cas que vous et ma facture n'a guère varié pendant trois siècles. UNE MANDOLINE. Ce n'est pas comme le buccin. Celui-là reflète bien le goût de l'époque qui l'inspira. On s'aperçoit de suite qu'il n'a pu appartenir qu'à une musique de la garde nationale, sous Louis-Philippe. LE BUCCIN. Il y en a, heureusement, de plus disgracieux que moi : regardez l'ophicléide Forveille et le cor de basset. UNE LYRE. Mesdames, Messieurs, la discussion s'égare. Nous sommes ici pour faire valoir nos avantages et non pour signaler nos défauts. UNE VIELLE. Bien dit ! D'autant plus que nous avons eu, tous, notre heure de célébrité. Moi qui vous parle, j'ai été arrachée, il y a peu de temps, aux mains d'un petit savoyard qui me martyrisait ; et pourtant, dans ma jeunesse, je fus jouée par une grande dame qui imitait la reine Marie Leczinska, cette vielleuse renommée. Rien qu'à voir ma jolie tête sculptée et mes ornements de nacre, on devine que je n'ai pas été faite pour un virtuose du pavé. UN TAMBOURIN DE PROVENCE. Supposez-vous que c'est un ménétrier du Luberon qui tambourinait sur ma caisse couverte de si délicates sculptures ? UNE MUSETTE. Et moi, avec mes chalumeaux et mon bourdon d'ivoire, mes clés d'argent, ma robe de velours bordée de point d'Espagne et mon char- mant petit soufflet, croyez-vous que j'ai appartenu à un rustre ? Bon pour la cornemuse cela. UNE CORNEMUSE. Allons, allons, péronnelle, regardez les incrustations d'étain qui me décorent et dites si mes qualités de construction ne valent pas votre luxe d'habillement ; nous sommes, ne l'oubliez pas, de la même famille. DEUXIÈMEMUSETTE (à part). Oui ! Mais il y a les parents pauvres. UN HUCHET. Ces contemporains de Mme de Pompadour vous ont un petit air inso- lent !... Et cela compte à peine un siècle et demi d'existence! UN HAUTBOISALLEMAND. la wohl. Il est certain que la goguetterie, pour uploads/Geographie/ bricqueville.pdf

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