Le dit des Dragons Cradactifs Possitopie légère au sujet de l'avenir des centra
Le dit des Dragons Cradactifs Possitopie légère au sujet de l'avenir des centrales nucléaires et de leurs déchets dans un contexte d'effondrement. Quelques mots d'introduction La production d'électricité grâce à l'énergie nucléaire présente des risques certains et bien connus de tous. En-dehors du risque évident d'accident, que ce soit dû à la vétusté des installations, un séisme, une attaque terroriste, une sécheresse,... la question insoluble du problème des déchets se pose. Les déchets les plus radioactifs resteront dangereux pendant des centaines de milliers d'année. Que faire avec ces déchets ? Deux solutions sont sérieusement envisagées : l'enfouissement dans des zones géologiques considérées comme stables (même si tout le monde sait qu'aucune stabilité ne peut être garantie sur de telles périodes) ou le stockage en surface, dans des lieux connus et surveillés. Mais comment faire pour se souvenir des emplacements et de la nature du danger ? Cette question n'a pas de réponse simple. Dans mille ans ou plus, il se peut que la langue soit très différente, ainsi que la culture. Qui comprend aujourd'hui l'écriture cunéiforme ou les hiéroglyphes ? Qui connaît les symboles utilisés par les civilisations antiques pour marquer le danger ? Quel livre ou quel support informatique, quelle matière résistera au temps ou aux changements pour être lisible et compréhensible dans cent, mille ou dix mille ans ? Des chercheurs américains se sont rendu compte que la façon de transmettre le savoir sur des périodes les plus longues semble être la parole : les mythes transmis de génération en génération par voie orale. Après avoir chassé les indigènes de leurs terres pour exploiter l’uranium, on est allé les chercher pour qu'ils donnent un coup de main. Ce sont des experts en la matière, depuis des dizaines de milliers d’années1. La réponse la plus satisfaisante, c'est donc la tradition orale, le conte. C'est le support le plus efficace pour se souvenir de quelque chose à travers les âges. C'est pourquoi j'ai écrit ce conte et souhaite qu'il soit raconté le plus largement possible. Il s'agit d'un conte plein d'espoir et d'optimisme. Ce conte imagine qu'il y aura un après. Malgré le réchauffement climatique, malgré les extinctions de nombreuses espèces animales et végétales, malgré les nombreux accidents que nous allons peut-être connaître dans nos vieilles centrales nucléaires, malgré l'effondrement possible voire probable de notre société thermo-industrielle basée sur le mythe absurde de la croissance infinie et nourrie au pétrole, j'espère qu'il y aura encore une vie pour l'espèce humaine. Et qu'il y aura encore des histoires... Thierry Bourgeois 1 « Le déclin du nucléaire » interview de Mycle Schneider, Silence, n°410, 2013, p. 9 Les Dragons Cradactifs « Baba Gaïa, Baba Gaïa va raconter l'histoire des Dragons ! » Deux petites filles crient à tue- tête, courent entre les grandes maisons de bois et de terre mélangée à la paille. L'une d'elle, Moïra, porte pour tout vêtement une fine robe en chanvre, de couleur écrue. Son amie Ihni est vêtue d'un pantalon léger et d'une tunique de la même matière. C'est qu'il fait encore bien chaud, en ce début de soirée de printemps. Près de 25 degrés, à vrai dire. L'hiver fut très doux et l'été sera certainement torride. Mais Baba Gaïa dit toujours qu'il faisait encore bien plus chaud avant, quand ellle était enfant, et qu'on peut commencer à espérer que le climat va bientôt se rafraîchir. Moïra se souvient fort bien des histoires qu'elle a racontées au sujet des très anciens hivers, avant que la Terre ne se réchauffe, lorsqu'il faisait tellement froid que les flaques d'eau sur le sol pouvaient devenir solides. On disait alors que l'eau était devenue garce. Ihni suppose que c'est parce qu'elle était tellement glissante que les gens tombaient en marchant dessus. « Venez, venez dans le cercle du conte, Baba Gaïa va raconter ! ». Cela fait des mois que Baba Gaïa promet aux enfants de la communauté de Bure de leur transmettre l'histoire des Dragons et des Friches Mortes. Moïra aura bientôt neuf ans, Ihni a neuf ans passés et, comme tous les autres enfants de moins de dix ans, elles ne l'ont encore jamais entendue. On ne la raconte que tous les dix ans... Après avoir braillé leur cri de ralliement et rameuté tous les enfants et les adultes disposés à écouter l'histoire, les deux amies prennent place dans le cercle avec les autres. Au centre de leur village un cercle de manguiers, d'avocatiers et de safoutiers constitue le lieu de rassemblement. C'est là que tout le monde s'assied, qui sur un coussin, qui sur un tabouret à trois pieds, qui à même le sol. Une fois tout le monde installé, le silence se fait rapidement. Les enfants d'habitude bruyants sont très attentifs. Ils vont enfin connaître le secret des Friches-Mortes, pourquoi on ne peut jamais aller jouer là-bas, pourquoi on ne peut laisser les chiens y aller de peur qu'ils meurent de la maladie d'hybradiation. Le silence est tel qu'on entend plus que le bruit du vent léger dans les branches des arbres et le doux chant des insectes du soir. La voix de Baba Gaïa s'élève alors, calme et apaisante, et le conte commence. « Autrefois, il y a si longtemps que le souvenir ne peut dire exactement quand cétait, notre monde était plus frais. La mer prenait moins de place. Les villes de Parici et Baricelles n'étaient pas sous l'eau mais étaient les villes où vivaient des Grands Chefs. Ces Grands Chefs dirigeaient la vie de tous les humains dans le seul but d'être toujours plus riches et puissants. Pendant cinquante ans et plus ils ont fait croire aux gens qu'ils leur donnaient un grand cadeau : l'amitié des Dragons Cradactifs. Ces dragons étaient très grands et très forts. Ils avaient tous leur nom, comme le Dragon de Ptitange, de Colle-Flèche, de Terre Mobile ou de Fou Cul Chie Moi. Leur feu était chaud, brûlant et dangereux. Ce feu, si on s'en approchait sans protection, pouvait nous hybradier et provoquer une mort lente et douloureuse par hybradiation... Malgré ce terrible danger, les dragons étaient utiles car leur feu était transformé en énergie invisible. Cette énergie, dont on a oublié le secret aujourd'hui, se promenait sur de grands fils et entrait dans les maisons. Elle était à nouveau transformée pour devenir de la lumière lorsqu'il faisait noir. On l'utilisait pour travailler à notre place : pour laver le linge sale, les couteaux et les planches après le repas, même pour faire avancer des charrettes sans chevaux, ânes ou boeufs. A cette époque, il faisait parfois tellement froid qu'on transformait à nouveau cette énergie en chaleur pour chauffer l'intérieur des maisons. On éclairait les villages, les routes et les chemins. Le feu des dragons servait à tant de choses et permettait tant de miracles que l'on ne peut se souvenir de tous... Et c'est pourquoi tout le monde ou presque croyait que ces dragons étaient vraiment nos amis. Tout le monde croyait que c'était un vrai et beau cadeau des grands chefs. Tout le monde pensait que les spécialistes des dragons, les zinzingénies, s'en occupaient, les avaient bien apprivoisés et savaient les maîtriser. Alors qu'en réalité les Grands Chefs et les zinzingénies souhaitaient simplement accumuler pouvoir et richesse et se sentir plus forts et plus malins que les autres. Les zinzingénies étaient les maîtres des dragons. On croyait tout ce qu'ils disaient. Même après les premières grandes colères de deux dragons qui sont devenus très célèbres. Leur colère a tué tant de gens qu'on ne les oubliera jamais. Ce sont les premiers qui ont montré que personne ne pouvait vraiment les maîtriser, malgré toutes les promesses des zinzingénies. C'était le dragon Terre Mobile, à deux mois de marche d'ici, et le dragon Fou Cul Chie Moi qui vivait de l'autre côté de la Terre sur une île appelée le Chat Bon. Plus d'un million de gens sont morts lorsqu'ils ont explosé de colère. Plus de gens qu'il n'y en a aujourd'hui de l'océan aux grandes montagnes de l'Orient. On a continué à utiliser les dragons malgré qu'on ait peur de leurs colères. Les Dragons crachaient leur feu le jour comme la nuit. Pouvaient-ils se fatiguer ? Certains dragons devenaient très vieux, qu'allait-il se passer s'ils mouraient ? Mais les gens avaient peur de parler de leurs peurs et les Grands Chefs de Parici et Baricelles disaient que nos dragons, chez nous, étaient de braves bêtes bien tranquilles. Les zinzingénies rassuraient tout le monde en affirmant que tout était prévu. S'ils avaient su ce qui arriverait lorsque cela deviendrait impossible de leur donner à boire... En effet, les dragons devaient boire beaucoup sans quoi leur feu risquait de les brûler de l'intérieur. Il leur fallait de l'eau bien fraîche. Quand il a fait de plus en plus chaud et de plus en plus sec c'est devenu très embêtant. Beaucoup de dragons se sont mis en colère et presque tout le monde est mort. Certains dragons, on a pu les endormir à temps, espérons-le pour toujours. Ceux-là sont surveillés par uploads/Geographie/ le-dit-des-dragons-cradactifs.pdf
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- Publié le Jul 12, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
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