Décollage difficile de la bancassurance en Tunisie Avec une contribution de 4,6
Décollage difficile de la bancassurance en Tunisie Avec une contribution de 4,6% au chiffre d’affaires global du secteur des assurances, la bancassurance reste encore embryonnaire en Tunisie. Les produits commercialisés restent très complexes. PAR WALID KÉFI, TUNIS Institutionnalisée en 2002 avec l’amendement du code des assurances, la bancassurance occupe toujours une place marginale dans le marché tunisien des assurances. A la fin de l’année dernière, les primes émises par le secteur ont atteint 44,3 millions de dinars (1 dinar = 0, 54 euro), selon les statistiques de la commission de contrôle des assurances au Ministère des finances. La part de la bancassurance dans le chiffre d’affaires global du secteur des assurances s’est ainsi située à 4,6% en 2008. A titre de comparaison, cette part s’est établie à plus de 20% au Maroc au cours du même exercice. 73 accords de distribution Soucieuses de diversifier leurs sources de revenus, treize banques tunisiennes ont jusqu’ici conclu 73 accords de distribution avec quatorze compagnies d’assurances motivées par les perspectives de renforcement de leurs portefeuilles clients. « Ces accords ont fait passer les produits d’assurances commercialisés dans les guichets de banque d’une dizaine en 2003 à 83 produits couvrant tous les segments de l’assurance de personnes, du crédit et des risques agricoles à la fin 2008 », précise Souheila Chabchoub, présidente de la commission de contrôle des assurances. Mieux, trois importantes institutions bancaires ont adopté d’autres modèles de développement de la bancassurance. La deuxième banque privée du pays, Amen Bank, a préféré la stratégie de groupe en commercialisant les produits des compagnies Comar et Hayett, détenues majoritairement par sa maison mère, le groupe Al-Amen. La Banque internationale arabe de Tunisie (BIAT) et la Banque de l’habitat ont, quant à elles, adopté la stratégie de la filialisation, en créant respectivement les compagnies BIAT-Assurances et Salim. Des produits complexes En dépit de cette offre diversifiée qui a transformé les agences bancaires en « one stop shop » où le client obtient des réponses à l’ensemble de ses besoins financiers, de nombreux produits, en dehors de l’assurance vie, demeurent quasiment boudés par les clients des banques malgré leurs prix intéressants. Environ 95% des primes émises par les bancassureurs en 2008 proviennent des produits assurance vie liés aux crédits. Le secteur pâtit essentiellement de la complexité des produits offerts, selon une enquête sur l’acceptabilité de la bancassurance réalisée en 2007 auprès d’un échantillon représentatif des Tunisiens bancarisés. Cette étude a révélé que près de 60% des clients de banque sont insatisfaits des produits de la bancassurance en raison de leur complexité. Les assureurs reconnaissent, de leur côté, qu’ils peinent à se défaire de la sophistication en terme de technicité. « Généralement, les compagnies d’assurances ne font pas preuve d’assez d’innovation pour mettre en place des produits faciles à comprendre pour le client », estime Ezzeddine Baâzoug, directeur marketing à la Compagnie tunisienne pour l’assurance du commerce extérieur. Même son de cloche chez un cadre de : « Nos clients boudent souvent les produits sophistiqués qui n’offrent pas une tarification lisible et une démarche de souscription simple, avec peu de formulaires à remplir. » Des mutations importantes en vue La simplification des contrats d’assurance qu’appellent de leurs vœux les banquiers suppose une meilleure intégration des systèmes d’information des banques et des compagnies d’assurances ainsi qu’une bonne formation du personnel. Une tâche à laquelle s’attèlent désormais, avec beaucoup de succès, les banques contrôlées par des institutions étrangères bénéficiant d’une forte expertise dans le domaine de la bancassurance, comme Attijari Bank-Tunisie, filiale du groupe marocain Attijariwafa Bank, ou encore l’Union bancaire pour le commerce et l’industrie, détenue à hauteur de 50% par le groupe français BNP Paribas. Le potentiel encore inexploité de l’assurance vie, dont le taux de pénétration est de 0,2%, devrait également constituer, selon les professionnels, un puissant catalyseur du développement de la bancassurance. Des mutations à suivre de très près durant les prochaines années. 13-04-2009 : La Bancassurance et l’assurance vie : toutes les chances pour réussir, qu’en disent les acteurs ? H.Tlili Lire aussi 2-03-2008|Tunisie : 0,5 % de part de marché pour La Poste en assurance vie ! 29-11-2007|Tunisie : Nouvelle mesure concernant l’assurance vie ! A l’occasion de la table ronde qui a été organisée par le magazine « Réalités », de nombreux intervenants du secteur des assurances se sont trouvés face à face avec le ministre des Finances, Rachid Kéchiche. Les débats ont porté sur différents sujets à partir du thème principal de la rencontre, à savoir celui du « Rôle des assureurs dans l’accompagnement du développement des économies en mutation ». Souheila Chabchoub, présidente de la Commission du contrôle des assurances au sein du Comité Général des Assurances, a présenté un exposé sur l’évolution de l’assurance vie et la bancassurance et les perspectives de leur développement dans le contexte tunisien. Assurance Vie ; un long chemin encore à parcourir ! L’assurance vie prend une part prépondérante dans le monde, alors qu’en Tunisie, son rôle demeure encore faible dans la mobilisation de l’épargne. Chiffres à l’appui, la part de l’assurance vie en Tunisie n’a connu qu’une faible évolution durant la période 2003-2007, progressant de 7,9% à 10,8%. Par contre, la part de l’assurance vie occupe une partie assez importante dans la mobilisation de l’épargne dans le monde, passant de 56,9% en 2003, à 58,9% fin 2007. La modestie de l’assurance vie en Tunisie, comparée à ce qui se passe dans le monde, apparait aussi au niveau de son taux de pénétration (0,2% en 2007), alors qu’elle dépasse 4,4% dans le monde, ce qui s’est répercuté sur la prime moyenne par habitant qui est de 458,4 DT, dans le monde, alors qu’elle ne dépasse pas 9 DT en Tunisie. La bancassurance a enregistré une importante expansion au cours des années 1980, qui s’est traduite par une envolée du chiffre d’affaires de l’assurance vie. Cette expansion a été en réalité l’apogée de l’activité dont les débuts remontent aux années 1970. En 1971, indique S. Chabchoub dans son exposé, le Crédit Mutuel en France, a créé deux filiales dédiées aux opérations d’assurance, à savoir ACM vie et ACM- IARD. L’idée de la banque, a-t-elle encore souligné, était de devenir l’assureur de ses propres clients bénéficiaires de crédits, de même pour les services de la bancassurance qui avait pour objectif de distribuer les services d’assurance par le réseau des banques. En Tunisie, 73 conventions ont été ratifiées, elles comprennent l’écoulement sur le marché de 83 produits d’assurance (44 produits d’assurance vie dont 37 produits d’assurance temporaire en cas de décès). 14 compagnies d’assurance, 13 banques et l’ONP (Office National de la Poste) ont ratifié ces conventions. La commercialisation de ces services a contribué à la hausse du chiffre d’affaires d’une façon claire. Le CA de la bancassurance en Tunisie a évolué de 29 MD en 2006, puis à 36,6 MDT en 2007, pour se situer à 44, 3 MDT en 2008. Le CA de l’assurance vie a connu à son tour une évolution importante puisqu’il est passé de 28 MDT en 2006, à 34,3 MDT en 2007 et à 41,2 MDT en 2008. Ces évolutions ont permis à la part de la bancassurance dans le chiffre d’affaires global d’assurance d’évoluer de 3,6% en 2006, à 4,2% en 2007 pour atteindre 4,6 % en 2008 (chiffre provisoire). Vu les conditions actuelles du marché, l’avenir des deux activités peut devenir plus intéressant En guise de carte de route, S. Chabchoub a présenté une vision sur les marges de réussite de l’assurance vie et de la bancassurance vie en Tunisie. Pour elle, « il est difficile d’établir des facteurs absolument déterminants ; par contre, l’étude des expériences diverses dans le monde permet d’identifier une série de conditions de base ». La réglementation, les avantages fiscaux et la position des autorités, sont des facteurs déterminants dans le processus de développement des deux activités. En Tunisie, souligne-t-elle « ces conditions préalables à l’activité de bancassurance vie sont aujourd’hui satisfaites grâce à une panoplie de textes législatifs promulgués depuis quelques années ». S. Chabchoub s’est basée sur le texte de loi autorisant les banques (en 2002) et l’ONP (en 2003) de conclure des contrats d’assurance au nom et pour le compte d’une ou de plusieurs entreprises d’assurances, ainsi que la signature de la convention cadre de bancassurance (en 2003) et de post assurance (en 2004). C’est ce qui représente « une série d’avantages fiscaux prévus par divers textes qui se traduisent par une exonération en amont et en aval », a-t-elle conclu. Par ailleurs, d’autres conditions doivent être remplies pour que ces deux activités trouvent un terrain propice et donc un meilleur sort durant les années à venir. Le premier levier de cette croissance serait celui du taux de pénétration d’assurance vie, qui nécessitera une implantation géographique structurée et dense du réseau bancaire. L’image de la banque sur le marché devra, quant à elle, prendre l’allure de relations privilégiées des clients avec des produits simples et standardisés. Une forte intégration du système d’information ainsi qu’une formation adaptée pour le réseau bancaire devront aussi être uploads/Finance/ ww-bna.pdf
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- Publié le Apv 19, 2021
- Catégorie Business / Finance
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