Note de lecture d’Esther Martin Dans l’Economie du bien commun parue en 2016, J
Note de lecture d’Esther Martin Dans l’Economie du bien commun parue en 2016, Jean Tirole fait un effort de vulgarisation et dé- montre en quoi l’économie, au cœur de nos préoccupations quotidiennes, régit nos modes de vie. Dès lors, en quoi l’économie est-elle nécessaire pour la recherche du bien commun ? I. L’étude de l’économie est nécessaire pour comprendre le monde contemporain A. Une aversion des citoyens à l’économie qui n’est pas justifiée On constate que pour beaucoup de citoyens, les économistes ne se préoccupent que des chiffres de la croissance économique indépendamment du bien-être collectif. L’économie serait anti- sociale, constamment en conflit avec un Etat interventionniste. La finance en particulier est considérée comme vectrice d’inégalités. De plus, l’économie serait une science du dissensus : les désaccords entre économistes montre- raient leur inaptitude à prendre des décisions pour le collectif. Cela minorerait l’aspect scientifique de la discipline. Par ailleurs, le marché n’est pas considéré comme moral par les citoyens qui font une dis- tinction entre ce qui relève du sacré et du marché. Pourtant la morale n’est pas toujours bonne conseillère, et les récents changements sociétaux nous poussent à reconsidérer nos a priori. Ce rejet de l’économie relèverait d’une vision galvaudée de l’économie, qui ne prend pas en compte ses nouvelles avancées. En effet, l’économie est bien une science, qui procède à des expé- riences naturelles ou randomisées. Elle n’est pas assez étudiée, ce qui rend ses mécanismes obscurs pour les citoyens. Ce manque de discernement peut aboutir à une défaillance de la démocratie, les électeurs ne prenant pas les bonnes décisions économiques pour le pays. L’économie devrait donc être une science de la décision, et être diffusée plus largement. On note qu’à l’inverse de Jean Tirole, cer- tains économistes hétérodoxes revendiqueraient au contraire le dissensus au sein de la discipline, et pourraient se sentir floués quand Tirole pose que les économistes sont d’accord sur les fondamen- taux de l’économie. B. Les dernières avancées économiques nous permettent de mieux faire coïncider développement économique et bien commun Les dernières avancées économiques permettent de mieux comprendre les motivations des in- dividus, et d’ajuster la politique économique en fonction. La théorie de l’information induit que les dé- cisions des individus dépendent des informations dont ils disposent. Une situation d’asymétrie d’infor- mation est une défaillance du marché, où une seule partie d’un contrat dispose d’une information qui pourrait impacter l’autre partie. La théorie des jeux rend compte des stratégies d’acteurs qui ont des objectifs propres et en situation d’interdépendance. Ces théories venues des mathématiques per- mettent de mieux comprendre les choix individuels. La psychologie cognitive a aussi permis de nuancer le présupposé économique de la rationalité des individus, en montrant le caractère sélectif de notre mémoire. Également, les individus sont par- fois plus empathiques que rationnels, ce qui les rend altruistes, au détriment de la maximisation de leur satisfaction économique. Les individus ont parfois des comportements altruistes simplement parce qu’ils veulent correspondre à une norme sociale et paraître empathiques aux yeux de leurs pairs. On peut noter l’individualisme méthodologique de l’auteur, selon lequel les choix individuels abou- tissent à des comportements collectifs : certains économistes doutent de sa capacité à proposer une représentation de l’intérêt commun. Ces théories permettent de comprendre les motivations qui sous-tendent les choix individuels, et empêchent les économistes de former des modèles déconnectés de la réalité, qui doivent s’appuyer sur des faits empiriques. La recherche transversale a permis à la discipline de gagner en précision. I. L’économie de marché permet le développement optimal de nos sociétés, à condition de faire intervenir Etat et marché simultanément A. Le marché et l’Etat sont complémentaires dans la recherche du bien commun L’état et le marché présentent tous deux des défaillances, et c’est pourquoi ils doivent se compléter dans leurs tâches respectives. Les marchés rendent possible la coordination décentralisée des échanges par des systèmes de prix en situation de division du travail et de spécialisation. C’est un bon mode de gestion de la rareté, qui maximise la satisfaction des individus, en agrégeant les intérêts individuels. Les défaillances du mar- ché sont multiples : il peut présenter des externalités, une concurrence monopolistique, des asymé- tries d’information, ou encore engendrer des inégalités. L’Etat peut intervenir dans ces domaines afin d’imposer des régulations, des quotas, ou des taxes qui limitent leurs effets nuisibles sur le bien-être. L’Etat peut aussi agir sous influence des lobbies. Dans sa forme moderne, l’Etat intervient pour pal- lier les défaillances de marché, mais ne s’y substitue plus. L’Etat peut par exemple imposer des taxes aux entreprises en cas d’externalité négative, qui font correspondre le coût social au coût privé. Il y a donc un équilibre complémentaire à trouver entre marché et intervention étatique. B. En présence de régulation, les organismes privés contribuent donc également au bien commun Les acteurs privés comme les banques et les entreprises participent donc également au bien commun. Les entreprises sont des organisations commerciales qui coordonnent les activités hu- maines, achètent les facteurs de production et fixent des prix de vente. Garantie par l’Etat, la propriété privée permet à celles-ci de produire et d’en retirer des gains. Celles-ci peuvent répondre à une de- mande de comportement prosocial. La philanthropie est alors déléguée à l’entreprise, qui répond à cette demande en se spécialisant sans sacrifier son profit. La responsabilité sociale des entreprises dé- pend également de son mode de gouvernance. Donner un pouvoir de décision aux actionnaires peut permettre d’adopter une vision de plus long terme - les actionnaires voulant faire fructifier leurs capi- taux – et privilégierait une politique d’entreprise soutenable. Les banques sont également des acteurs essentiels à l’économie. Certes, des dérives financières ont eu lieu qui ont mené à la crise de 2008, mais une meilleure régulation permettrait de les éviter. Les banques, créatrices monétaires, transforment les échéances des créanciers et des débiteurs, et per- mettent aux acteurs économiques de financer leur projet de long terme, et de se prémunir des risques sociaux grâce à l’épargne et à l’investissement. Jean Tirole argumente donc pour un apprentissage élargi de l’économie, pour pouvoir en com- prendre la nécessité. Il montre la complémentarité entre Etat et marché dans la recherche du bien commun. Finance utile, finance régulée : n’accroisse pas nécessairement les inégalités, peut contribuer Gouvernance des entreprises ? Economie en entreprise ; Mode de gouv ? pv de décision aux actionnaires impératif du finance- ment ; Autorité formelle/auto réelle ; Rémunérat variable : inciter les gens à adopter une perspec- tive de long terme ? ; Modérer les plans d’invest ; France : absence d’émergence de nouvelles etps : faiblesse struturelle de l’actionnariat de masse ? ; Resp soc etp ? vision court termiste ? ; Compor- tement prosocial inclus par le marché ; Philantropie déléguée, ne sacrifiant pas le profit À quoi sert la finance :Nécessité de la finance : financement etp/ménage : réalloc ressources/ se pré- munir de risques sociaux : Nous sommes tous des spéculateurs ; Rationalité indiv mène à l’irrationalité coll Panique financière ? Irrationalité indiv : manque, surplus d’attention Régulation spécul nui- sible AMF, bâle I 1988, shadow banking dialogue, transparence, exigence en capitales modifiés Bâle II : plus de flexibilité : meilleure éval des risques ; supervision plus stricte Trading haute défini- tion : jeu à somme négative Finance comportementale Aléa moral : a posteriori, quand une partie du contrat détient des informations qui peuvent avoir un impact sur l’autre partie Sélection adverse : marché des lemons : un marché vient à manquer à cause d’une asymétrie d’infor- mation La recherche doit donc être transversale pour permettre le développement de l’économie théorie des jeux et théorie de l’information : permet de mieux comprendre les comportements des acteurs du marché Hypothèse de la rationalité des individus : apport de la psychologie cognitive : les acteurs économiques ne se comportent pas de façon égoïste (discussion : individualisme méthodologique) Mathématisation de l’économie : se baser sur des faits empiriques : Esther Duflo Pas assez de financements des chercheurs : empêche le développement de la recherche française en économie L’apport de la psychologie cognitive - notamment des théories de Kahneman et Tversky - a permis de mieux comprendre les motivations économiques des individus. En effet, un des présup- posés de l’économie est que les individus sont rationnels. Cependant, les comportements obser- vés ne semblent pas aller dans ce sens. La psychologie cognitive a par exemple permis de mon- trer que les individus s’appuient sur leur mémoire pour faire des choix, mais que celle-ci est sélec- tive. Elle ne retient que les informations qui entérinent ses idées préconçues. Les individus n’ont également pas les mêmes comportements, selon qu’ils puissent identifier ou non les personnes impactées par leur action : c’est le biais de la victime identifiable, dans lequel l’empathie humaine entre en jeu. Les individus veulent également correspondre à la norme sociale : ainsi, le droit ne serait pas réduit à une incitation à bien agir sous peine de sanction : il rend compte de la norme sociale à suivre. uploads/Finance/ note-de-lecture.pdf
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- Publié le Apv 26, 2021
- Catégorie Business / Finance
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