dmt N° 78 Documents pour le Médecin du Travail 2008 1 TA 78 Dermatoses aux topi

dmt N° 78 Documents pour le Médecin du Travail 2008 1 TA 78 Dermatoses aux topiques et objets de pansements en médecine du travail f i c h e d ’ a l l e r g o l o g i e - d e r m a t o l o g i e p r o f e s s i o n n e l l e M. N. CREPY (*). (*) Consultation de pathologie professionnelle, hôpital Cochin, Paris, et hôpital Raymond Poincaré, Garches. En résumé Les topiques et pansements utilisés dans les infirmeries d’entreprise et services de santé au travail peuvent contenir des substances irritantes ou sensibilisantes dans le principe actif ou les excipients. Il s'agit essentiellement des anti- septiques, des anti-inflammatoires non stéroïdiens, des cicatrisants (baume du Pérou), des émulsi- fiants et émollients (lanoline, polyoxyéthylènes glycols...), des conservateurs (formaldéhyde, parabens, nonoxynols...), des parfums, des anti- oxydants (BHA, BHT...), des stabilisants, des adhésifs (colophane). Les réactions cutanées aux topiques et pansements ne sont pas rares. Le diagnostic nécessite de préciser le type de la dermatose, essentiellement dermatite de contact allergique, dermatite d’irritation de contact, urticaire de contact et photosensibili- sation. Il doit être confirmé par un bilan allergologique,qui permet également d’identifier les allergènes responsables. La prévention consiste en l’éviction du contact cutané avec les produits incriminés. Cette fiche d’allergologie professionnelle annule et remplace la fiche n°TA 42 « L’eczéma allergique aux médicaments et objets de pansements en médecine du travail ». L es dermatoses liées à l’utili- sation de topiques et panse- ments ne sont pas rares car ils contiennent un certain nombre d’irritants et d’allergènes. Ce sont soit les principes actifs (antiseptiques, anti- inflammatoires non stéroïdiens) soit les ingrédients (conservateurs, parfums et émulsifiants). Les topiques médicamenteux comme les antibiotiques, les dermocor- ticoïdes et les anesthésiques locaux sont généralement prescrits sur ordonnance ou après consultation médicale spécialisée et ne seront donc pas détaillés dans cette fiche. La liste des produits cités dans cette fiche ne constitue absolument pas un modèle de trousse d’urgence nécessaire dans toute infirmerie ou service de santé au travail. Elle a pour but de mieux connaître les risques cutanés liés à l’utilisation de ces produits. É T I O L O G I E S [1 à 7] Les topiques comprennent en général un principe actif et des excipients. Le choix des excipients dépend des caractéristiques physico-chimiques du principe actif, de sa solubilité et de sa stabilité. Principes actifs et excipients sont responsables de dermatoses. Enmédecinedutravail,lestopiquespeuventêtreutilisés sous forme de crème, pommade ou dans des pansements. Documents pour le Médecin du Travail 2008 2 Les principes actifs Les antiseptiques [8 à 14] La povidone iodée est une macromolécule contenant 10 % d’iode disponible actif. Elle est très utilisée comme antiseptique mais elle peut entraîner des irritations dont des formes sévères avec nécrose cutanée, et plus rarement des allergies immédiates et retardées (dermatite de contact, urticaire de contact). Les biguanides : chlorhexidine et hexamidine La chlorhexidine est un agent antimicrobien largement utilisé comme antiseptique et désinfectant, et également comme conservateur dans des cosmétiques. Elle peut provoquer une dermatite de contact (d’irritation ou allergique) et une urticaire de contact avec risque de réactions anaphylactiques sévères sur- tout lors d’application sur une plaie. L’association de lumière solaire et de contact avec la chlorhexidine peut également engendrer des réactions de photo- sensibilisation. L’hexamidine est un allergène pouvant provoquer des eczémas très vésiculeux et parfois pustuleux, et beaucoup plus rarement une photosensibilité. Les alcools Ils sont également de rares allergènes pouvant entraîner des dermatites de contact d’irritation, allergiques et des urticaires de contact. L’alcool éthylique peut entraîner des urticaires de contact et des dermatites de contact allergiques. Lors de l’ingestion d’alcool, des manifestations systémiques sont possibles, de type anaphylactique dans l’allergie immédiate, de type exanthème maculo-papuleux dans la forme retardée. L’alcool isopropylique peut également induire des dermatites de contact allergiques. Il n’y a pas de réaction croisée avec un alcool primaire tel que méthanol, éthanol. Les dérivés mercuriels Ils ne sont pratiquement plus utilisés comme antiseptiques. Ils sont fortement sensibilisants. Les dermatites de contact allergiques peuvent être érythémato-pustuleuses (photo 1). Ce sont le mercurochrome (ou merbromine), le thiomersal (synonymes : merthiolate, thimérosal, thiosalicylate sodique de méthylmercure), le borate, l’acétate et le nitrate de phénylmercure. Il peut exister des réactions croisées entre les dérivés mercuriels. Il faut savoir que le thiomersal contient 2 fonctions sensibilisantes, le mercure et l’acide thiosalicylique. En cas d’allergie à la fraction acide thiosalicylique, il existe un risque de photosensibilisation à un anti-inflammatoire le piroxicam. L’allergie au thiomersal doit être particulièrement évoquée lors d’utilisation de produits à usage ophtalmologique. Les ammoniums quaternaires Ils sont utilisés comme antiseptiques mais aussi comme conservateurs. Ils sont principalement irritants et plus rarement sensibilisants. Le triclocarban Il peut entraîner très rarement des dermatites de contact allergiques et des photosensibilisations. Les colorants à action antiseptique tels l’éosine sont de rares sensibilisants. L’éosine est phototoxique. À noter que l’éosine est utilisée à tort comme antiseptique. C’est en réalité un produit asséchant. Les colorants ont de plus le grave inconvénient de colorer la peau et ainsi de masquer les premiers signes d’une complication notamment infectieuse. Les dérivés métalliques à base d’argent Le nitrate d’argent peut entraîner des ulcérations. La sulfadiazine argentique peut provoquer des dermatites de contact allergiques, des réactions immédiates et des photosensibilisations. Les antihistaminiques [1] Ils sont peu utilisés en topiques du fait de leurs propriétés sensibilisantes. Citons les phénothiazines utilisés comme antiprurigineux, la diphénydramine, Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) [1, 2, 15 à 17] Ils provoquent essentiellement des dermatites de contact allergiques et photoallergiques, et plus rarement des irritations, des réactions phototoxiques, des urticaires de contact, et des éruptions érythème polymorphe-like. En cas de sensibilisation à un AINS en topique, la ré-administration par voie générale peut provoquer une dermatite systémique. – Les dérivés de l’acide arylpropionique sont responsables de la majorité des cas. Le kétoprofène est le plus fréquent. En 2005, il était considéré comme le premier photoallergène de Photo 1 : T est épicutané positif pustuleux au thiomersal. © M.N. CRÉPY / HÔPITAL COCHIN Documents pour le Médecin du Travail 2008 3 sorbitan (Span 85), laurate de sorbitan (Span 20), stéarate de sorbitan (Span 60), tristéarate de sorbitan (Span 65), sesquioléate de sorbitan (Arlacel C-83) et oléate de sorbitan (Span 80). Le sesquioléate de sorbitan est un mélange de mono et de dioléate de sorbitan utilisé comme émulsifiant non ionique. Il fait partie du fragrance mix I de la batterie standard européenne. L’alcool cétylique (synonymes : alcool palmitylique, hexadécanol). Il peut avoir des réactions croisées avec l’alcool myristylique et l’alcool stéarylique. Il peut provoquer des dermatites de contact allergiques et des urticaires de contact. La triéthanolamine est utilisée pour composer des émulsions (mélange d’eau et de graisses) ou des gels. On la retrouve également dans les cosmétiques, les huiles de coupe, les détergents, les peintures, les produits de développements, les pesticides. C’est surtout un irritant cutané. Les conservateurs [4, 23] Le formaldéhyde, les libérateurs de formaldéhyde, les isothiazolinones et le méthyldibromoglutaronitrile sont des allergènes bien connus. Ils sont surtout utilisés dans les cosmétiques et de très nombreux produits industriels. Ils sont plus rarement incriminés dans les allergies aux topiques car ils sont moins présents dans cette utilisation. Les parabens : malgré leur large utilisation, ils sont rarement incriminés. Une étude récente de l’IVDK (réseau des Cliniques Dermatologiques allemandes) [24] montre que la sensibilisation aux parabens pourrait être un indicateur de plus grande susceptibilité à l’allergie de contact de type retardé (risque plus important de polysensibilisation, et de réactions cliniques plus fortes). Le chlorocrésol (synonymes : parachlorométacrésol, PCMC). Il peut induire des dermatites de contact allergique et aussi de l’urticaire de contact. L’allergie croisée est possible entre le chlorocrésol et le chloroxylénol. contact en France. Il peut entraîner des réactions sévères, extensives et parfois d’apparition retardée. Il existe des réactions croisées possibles entre le kétoprofène et d’autres AINS (acide tiaprofénique, ibuprofène, flurbiprofène, suprofène), des hypocho- lestérolémiants (fénofibrate), filtres solaires dérivés des benzophénones. L’ibuproxam et l’ibuprofen sont aussi responsables de dermatites. – Les AINS d’autres groupes incriminés sont surtout l’étofénamate, le buféxamac, le diclofénac, l’hydrochloride de benzydamine, le piroxicam et l’indométhacine. Les cicatrisants [3, 4, 18] Le Baume du Pérou, encore appelé Myroxylon pereirae (nomenclature internationale des ingrédients de cosmétiques) est une substance oléorésineuse brune et épaisse, provenant de la sève d’un arbre de l’Amérique centrale. Il contient de nombreux allergènes, le benzoate de conyféryle, l’acide benzoïque, le benzoate de benzyle, l’isoférulate de benzyle, des cinnamates, l’eugénol, l’isoeugénol, le nérolidol, le farnésol et la vanilline. Il est utilisé tel quel dans de nombreux topiques pour ses propriétés cicatrisantes. Il a également un rôle de dépistage de l’allergie aux parfums. Il est responsable de dermatites de contact allergiques et d’urticaires de contact. Les excipients Les émulsifiants et émollients [4, 19 à 22] La lanoline ou les alcools de laine et dérivés. Comparable au sébum chez l’homme, la lanoline est extraite du suint de mouton. Très auto-émulsionnable, elle est surtout utilisée pour son pouvoir pénétrant et émollient. L’Amerchol 101 est un dérivé uploads/Finance/ dermatoses-aux-topiques-et-objets-de-pansements-en-medecine-du-travail.pdf

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  • Publié le Mar 21, 2021
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