Chapitre 10 Systèmes financiers et modes de financement de l’économie depuis la

Chapitre 10 Systèmes financiers et modes de financement de l’économie depuis la Révolution industrielle. 1-DES MODES DE FINANCEMENT VARIÉS. 1-1 Financement direct et financement intermédié. 1-2 Economie d’endettement et économie de marchés financiers. John HICKS, La crise de l’économie keynésienne, 1974 2-L’INDUSTRIALISATION : DES BESOINS CROISSANTS LARGEMENT AUTOFINANCÉS. 2-1 Banques Centrales et Etats au 19ème siècle : les formes de l’étalon-or en France et en GB. Alain PLESSIS, Histoires de la Banque de France, 1998 2-2 Le financement du démarrage dans les pays de première génération. 2-2-1 D'où vient le capital de départ? La question de l'accumulation primitive. 2-2-2 Une accumulation largement autofinancée. 2-3 L’accroissement du rôle des banques. 2-3-1 Les besoins de financement augmentent. 2-3-2 Des systèmes bancaires spécialisés. 2-3-3 Les banques universelles au cœur du financement dans les pays du rattrapage. 3-LES MUTATIONS DU FINANCEMENT DE L’ÉCONOMIE DES TRENTE GLORIEUSES À LA PÉRIODE CONTEMPORAINE. 3-1 L’exemple de la France pendant les Trente Glorieuses : une économie d’endettement. 3-1-1 Une monnaie de plus en plus souveraine et un système bancaire contrôlé. 3-1-2 Le rôle du Trésor et des banques . 3-2 Le virage monétariste : vers l’économie de marchés financiers. 3-2-1 Du rôle de la monnaie à la question du statut de la Banque Centrale. Finn KYDLAND et Edward PRESCOTT, Rules rather discretion, 1977 3-2-2 La mise en pratique des nouvelles politiques monétaires [voir surtout ECE2]. 3-3 Les transformations du financement de l’économie à partir de l’exemple français. 3-3-1 La libéralisation des marchés financiers. 3-3-2 Une véritable économie de marchés financiers? Les banques restent des acteurs centraux. 3-3-3 Quelques risques du système financier libéralisé. Dominique PLIHON, Le nouveau capitalisme, 2003 Chapitre 10 Systèmes financiers et modes de financement de l’économie depuis la Révolution industrielle. Le financement désigne les manières d’accumuler le capital, qui dépendent des circuits employés et des politiques monétaires. 1-Des modes de financement variés. 1­1 Financement direct et financement intermédié. On peut classifier les modes de financement de plusieurs manières. •Interne / externe. ­le financement interne provient de l’épargne des entreprises, qui peut être réinvestie : c’est l’autofinancement dépendant notamment de la rentabilité de l’entreprise, de la politique de dividende, et des conditions de l’endettement. ­le financement externe se fait par appel au crédit ou à l’investissement, et peu être lui même intermédié ou non. •Indirect (intermédié) / direct. En première approche, si les marchés financiers sont efficients, il n’est pas nécessaire d’avoir recours à des banques. Pourquoi alors l’intermédiation financière ? ­le marché du crédit présente des asymétries d’information : en information imparfaite, le prêteur a du mal à connaître la situation réelle du débiteur, lui­même ne maîtrisant pas ses développement futurs et donc sa capacité à rembourser. Il y a deux risques en particulier : antisélection [prêter à un mauvais débiteur] et aléa moral [prêter peut encourager à prendre trop de risque]. Les banques permettent de réduire ces asymétries par l’analyse financière, et plus généralement grâce aux relations de clientèle durables qu’elles nouent avec leurs clients qui génère des informations : la qualité de l’information est alors améliorée grâce à la double fonction d’intermédiation et de gestionnaire du compte et des moyens paiement. Néanmoins, la banque reçoit une prime de risque (qui est aussi sa marge) incluse dans les taux commerciaux : en effet, tout projet d’investissement est un pari industriel, et tout crédit à ce projet est un pari sur la qualité de ce pari industriel. ­elles jouent aussi un rôle dans la transformation : le terme des emprunteurs n’est pas celui des prêteurs, et les intermédiaires peuvent transformer des ressources courtes en emplois longs (avec une différence profitable de rémunération liée au terme), ce qui constitue cependant un risque (en cas de retrait des dépôts) en partie encadré par des règles prudentielles. Pari bancaire : il n’y aura pas de run ! ­les banques permettent de diminuer les coûts : elles bénéficient d’économies d’échelle dans la collecte et l’emploi des ressources (par exemple pour l’équipement informatique), elles permettent aussi une réduction des coûts de transaction. ­elles peuvent jouer un rôle d’impulsion décisif dans la création d’entreprise et plus généralement pour les PME qui ne peuvent pas accéder aux marchés, faute notamment de réputation. => ainsi, l’intermédiation est nécessaire mais intrinsèquement risquée. •L’intermédiation elle­même peut­être de natures différentes : ­intermédiation de bilan (ou au sens étroit) : il y a transformation avec d’un côté des déposants et de l’autre des débiteurs, chacun se voyant proposer une forme d’actif et de rémunération. Dans ce cas, les déposants sont créanciers de la banque, mais pas des agents à qui la banque prêt leurs fonds. ­intermédiation de marché (au sens large) : l’institution financière achète aussi beaucoup de titres ou bien joue le rôle d’intermédiaire (conseil, analyse…) pour mettre par exemple en relation l’épargne avec une émission de titres de l’emprunteur. Ex : les OPVCM (organismes de placement collectif en valeurs mobilières), dont les SICAV (sociétés d’investissement à capital variable) sont des sociétés créées par les banques dont les épargnants souscrivent des parts dont la valeur évolue en fonction de la qualité des placements faits par la société. => l’intermédiation au sens large rend compte du poids des banques au­delà des crédits. 1­2 Economie d’endettement et économie de marchés financiers. John HICKS, La crise de l’économie keynésienne, 1974 Les politiques monétaires et les circonstances historiques aboutissant à deux types d'économies: l’économie d'endettement (caractère plutôt endogène de la monnaie où la Banque Centrale répond aux sollicitations de l’économie via les banques) et l’économie de marchés financiers (caractère plutôt exogène où l’on essaie de limiter les effets d’une monnaie nocive). •L’économie d’endettement présente les caractéristiques suivantes : ­prédominance des financements intermédiés. ­faible activité des marchés financiers. ­besoin structurel de refinancement des banques. •L’économie de marchés financiers s’appuie davantage sur le financement direct. Le marché financier est le lieu de rencontre entre agents à besoin et à capacité de financement, ceux­ci émettant des titres de créances (obligation – créance comportant un prêt ayant une valeur nominale et un intérêt ­ et autres instruments monétaires) ou des titres de propriété (actions, qui ne sont pas remboursables, assorties d’un droit de vote par forcément proportionnel) sur le marché primaire. La liquidité de l’épargne ainsi investie est assurée sur le marché secondaire (la Bourse proprement dite) : les titres peuvent s’échanger contre de la monnaie, mais comportent cependant un risque. Les caractéristiques de ce mode de financement sont : ­taux d’autofinancement élevé. ­plus de financement direct sur les marchés. 2-L’industrialisation : des besoins croissants largement autofinancés. 2­1 Banques Centrales et Etats au 19 ème siècle : les formes de l’étalon­or en France et en GB. Alain PLESSIS, Histoires de la Banque de France, 1998 La construction des systèmes financiers pendant la révolution industrielle s’appuie naturellement sur les banques centrales, dont les relations avec l’Etat influent la manière dont l’économie est financée. Au­delà de la centralisation du pouvoir monétaire, l’indépendance ou la mise sous tutelle de la banque centrale font débat. •En Grande­Bretagne, après le rétablissement de l’étalon­or en 1821, la Currency school l’emporte avec le Bank Charter Act de 1844, aux termes duquel les émissions sont entièrement couvertes par des lingots, permettant d’éviter les excès de la création monétaire (la loi institue aussi une sorte de réglementation bancaire en obligeant les banques à publier de l’information. Cela rejoint le point de vue de Ricardo qui soulignait que « toutes les fois qu’un gouvernement ou une banque a eu la faculté illimitée d’émettre du papier­monnaie, ils en ont toujours abusé ». Cette loi est aussi appelée Peel’s Act, du nom du premier ministre conservateur de 1841 à 1846, qui a été à l’origine de nombreuses réformes (outre la monnaie, le travail des enfants, l’abrogation des Corn Laws…). Ainsi, la Banque d’Angleterre respecte un principe qui la rend formellement indépendante, par une sorte de neutralisation du pouvoir monétaire. Mais elle joue cependant son rôle de prêteur en dernier ressort en cas exceptionnel, avec validation rétroactive par le Parlement de la suspension du Bank Charter Act. C’est le cas lors de la faillite de la Barings en 1890 après de lourdes pertes en Argentine : un très gros prêt est accordé pour éviter la contagion. De plus, les banques de dépôts développent la monnaie scripturale, ce qui permet de pallier en partie la relative pénurie de billets (sous réserve de fuites modérées). •En France, la situation durablement marquée par l’expérience des assignats, des billets “assignés“ (gagés) aux terres nationalisées du clergé et de la noblesse, portant intérêt et détruits lors de la vente des terres (forme d’escompte auprès du public). Mais ils sont transformés en 1790 en papier­ monnaie sans intérêt, et l’émission très excessive lui enlève toute valeur. La Banque de France est fondée en 1800 avec 30.000 actions de 1000 francs (une des premières société pas action) avec des souscripteurs comme Napoléon, Murat, Sieyès… Les émissions sont gagées sur le métal et les effets escomptés (fonction du volume de l’activité). Mais il n’y a pas de coefficient d’encaisse­or : l’émission monétaire est donc limitée par le plafond, qui devient enjeu politique et de confiance. uploads/Finance/ chap-10-financement.pdf

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  • Publié le Mar 27, 2021
  • Catégorie Business / Finance
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