LE SURRÉALISME ET JACQUES PREVERT Après la Première Guerre mondiale, une nouvel
LE SURRÉALISME ET JACQUES PREVERT Après la Première Guerre mondiale, une nouvelle génération remet en cause la raison d’être de la civilisation occidentale. La France avait gagné mais au prix d’un massacre humain qui ne sera pas oublié. Le mouvement Dada exprime alors la révolte des jeunes contre “les vieux”, qui leur avaient imposé de se sacrifier dans les tranchées, et ce mouvement débute avant même la fin de la guerre: le 8 février 1916, à Zürich, au cabaret Voltaire. Dans cette ville se retrouvent des expatriés (Tristan Tzara, Marcel Janco, Victor Brauner- Roumains, Max Ernst, Jean Arp-Allemands) qui rejettent la notion d’art en tant que telle. Avec un coupe-papier pointé au hasard sur les pages d’un dictionnaire on a choisi le nom “Dada”. (dans le dictionnaire, le terme signifie “cheval, dans le langage des enfants”, mais aussi “obsession”).Le dadaïsme est un mouvement qui remet en question la société, la fonction de l’art et les genres littéraires hérités du passé. Il voit dans la libre expression le moyen de se révéler à soi et aux autres. Attaquer le langage, c’est se révolter contre la société et se donner des moyens authentiques de recréer le monde. Tristan Tzara lance ses 7 Manifestes (1916-1920), où il déclare son dégoût et son désespoir. Très vite, Dada devient un mouvement littéraire et artistique international et se répand en France et en Allemagne. Tzara reste fameux pour sa définition du poème dadaïste: ”Pour faire un poème dadaïste/ Prenez un journal/ Prenez des ciseaux/ Choisissez dans ce journal un article ayant la longueur que vous comptez donner à votre poème/ Découpez l’article/ Découpez ensuite avec soin chacun des mots qui forment cet article et mettez-les dans un sac/ Agitez doucement/ Sortez ensuite chaque coupure l’une après l’autre dans l’ordre où elles ont quitté le sac / Copiez consciencieusement/ Le poème vous ressemblera/ Et vous voici un écrivain infiniment original et d’une sensibilité charmante, encore qu’incomprise du vulgaire”(Manifeste sur l’amour faible et l’amour amer, 1921)me. Découpez l'article.des mots qui forment cet article et mettez-les dan Dès 1917, André Breton (1896-1966), futur chef de file des surréalistes, prend connaissance du manifeste Dada et des numéros de la revue Dada chez Apollinaire. En 1919, Breton fonde avec Louis Aragon et Philippe Soupault la revue Littérature et ce sont eux qui accueillent avec enthousiasme Tristan Tzara à son arrivée à Paris. A l’époque, Dada se caractérise par son goût pour l’agitation: des spectacles “à scandales” se proposent de provoquer le public, de dramatiser le constat de l’échec de l’Art tout entier. Les surréalistes participent à cette agitation dadaïste mais leur but va au-delà de la pure révolte. Alors que les Dadas ne laissent plus rien subsister, les surréalistes veulent aussi proposer une nouvelle relation au monde, conquise dans l’authenticité et le respect des aspirations personnelles de chacun. Le mouvement Dada s’épuise en 1921 tandis que le surréalisme triomphe. En 1924 paraît le Manifeste du Surréalisme d’André Breton et le groupe des débuts se constitue avec Louis Aragon, Paul Eluard, Philippe Soupault, Robert Desnos et autres. De 1924 à 1929 paraît la revue du groupe, La Révolution surréaliste. L’auto-critique est sévère, les expulsions sont fréquentes car le surréalisme se veut pur, sans compromis avec la société: si l’homme est innocent, à l’inverse de ce qu’affirme la religion, il doit se préserver d’une société coupable d’imposer sa médiocrité. Le surréalisme dénonce la rigidité des cadres imposés par la société : il veut remettre en question les conditions de vie qui font de l’homme un étranger pour lui-même. Selon lui, il faut briser le cadre idéologique qui empêche l’individu de prendre conscience de ses aspirations personnelles. Le mouvement part à la conquête de la liberté de penser, indispensable à toute révolution sociale. La démarche sera collective et il faut pratiquer l’auto-analyse, démystifier ses propres représentations de soi et du monde. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre leur goût pour l’écriture automatique car elle est vue comme un moyen d’atteindre l’état d’esprit de l’homme libéré des contraintes imposées par la société. Les surréalistes sympathisent avec les communistes mais si certains d’entre eux s’inscrivent dans le Parti (Breton, Aragon, Eluard, Péret), ils s’en éloignent après, car ils tiennent trop à leur indépendance. Nous pouvons dire qu’entre 1919 et 1930 le surréalisme connaît sa période optimiste : il était encore possible alors de concilier l’engagement dans la révolution et la recherche d’une poétique. Les sources du surréalisme sont le romantisme et le symbolisme. Ils ont en commun avec le premier le goût de l’imagination, de la sensibilité, du rêve et de la passion. Avec le second, ils partagent la croyance dans l’existence d’un double niveau de la réalité et le défi lancé aux bourgeois. Les buts des surréalistes sont de réaliser l’homme total dans l’unité du conscient et de l’inconscient et de rétablir l’harmonie perdue entre l’homme et le monde. La méthode: l’exploration systématique de l’inconscient par des expériences telles que le rêve, la folie et les états hallucinatoires. La poésie devient l’instrument privilégié de cette recherche intérieure. Ils vont utiliser les découvertes de Sigmund Freud : pour eux, l’inconscient fait partie de la vie psychique au même titre que la conscience. Il faut déculpabiliser l’être humain et ne pas censurer ses désirs. Il faut aussi changer notre relation au réel: la révolution commence par le langage, par le rapport nouveau entre le mot et la chose qu’il recouvre, chercher au-delà de la surface du visible, dans l’inconscient. Breton s’écarte de Freud à un moment donné, lorsqu’il pense que décrypter les messages de l’inconscient n’est pas seulement un moyen de mieux comprendre les comportements irrationnels, mais qu’analyser le contenu des rêves permet de transformer la notion même de raison. Il cherche donc à trouver un instrument complexe d’analyse et d’expression du réel qui réunirait les 2 facultés propres au psychisme humain: la logique et l’irrationnel. Les surréalistes veulent une action collective, ils réfléchissent en commun et certains écrivent en commun. Ils se réunissent dans des cafés, au domicile de Breton, Rue Fontaine, ou chez Georges Sadoul, Rue du Château. Breton donne au mouvement surréaliste des structures claires et exige une grande fidélité aux impératives critiques et éthiques. Les traits spécifiques au surréalisme : Le récit des rêves . Ce qui change dans le rêve par rapport à l’état de veille, c’est l’ordre des événements. Pour Breton, le texte littéraire doit reproduire l’ordre latent qui se manifeste dans le rêve. Les jeux avec les mots. Ils pratiquent des jeux verbaux comme des exercices de l’esprit. Ils jouent au “ cadavre exquis”: il faut faire passer une feuille de papier où chaque membre du groupe écrit un mot ou un groupe de mots sans voir ce que les autres avaient inscrit avant lui. La variante artistique consiste à dessiner une forme qui vient s’ajouter à celle du précédent. Jouer avec les mots, c’est retrouver la magie de ceux-ci, leur pouvoir, l’individu libère les forces cachées du verbe. L’écriture automatique est une autre pratique favorite du groupe, elle s’impose comme mode de production du langage, écrit ou oral, et du dessin. Dans son Manifeste de 1924, Breton définit le surréalisme ainsi: “Automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale. Le surréalisme repose sur la croyance à la réalité supérieure de certaines associations négligées jusqu’à lui, à la toute puissance du rêve, au jeu désintéressé de la pensée”. Il assure que “la première phrase viendra toute seule, tant il est vrai qu’à chaque seconde il est une phrase étrangère à notre pensée consciente qui ne demande qu’à s’extérioriser”. La folie et le fantastique .Les surréalistes font l’éloge du dérèglement des sens qui donne accès à une dimension supérieure, en dépassant le point de vue logique. La folie possède ceci en commun avec le fantastique que le dément vit en fonction de ses propres lois, marginal. La folie serait alors peut-être une forme exaspérée et vécue du fantastique. Les surréalistes considèrent la folie et la paranoïa comme des modes d’être surréaliste: la folie construit sa vision personnelle du monde et se crée son univers de symboles. Pour les surréalistes, la folie exprime la pure subjectivité et laisse libre cours à une liberté absolue. Breton et Eluard ont simulé le dérapage mental dans certains textes pour constituer en genre littéraire leur éloge de la folie. (Breton était psychiatre, d’ailleurs). Le thème de l’Amour . C’est avant tout un principe dynamique: il permet de libérer les fantasmes et de déculpabiliser l’expression du désir. Dans l’érotisme, l’être montre ses fantasmes et se découvre tout entier. L’amour est aussi le moyen d’atteindre l’idéal et de dépasser les limitations temporelles. L’amour, c’est la révélation de soi: c’est « la femme fatale » ou « la femme –enfant » qui va ouvrir la voie vers un monde authentique et concret. L’amour possède une valeur morale, il est révolutionnaire, uploads/s3/ le-surrealisme-et-jacques-prevert.pdf
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- Publié le Dec 21, 2022
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