Histoire de la musique Occidentale : Par François Meulemans, Mona Miodezzky, 1e

Histoire de la musique Occidentale : Par François Meulemans, Mona Miodezzky, 1er semestre 2018 Questions : - Questions (1à 6) 1) A quoi servait la pratique de la musique dans l’Antiquité grecque? (fonction de culte/ fonction éducative et sociale/ relation à la danse et à la littérature/ virtuosité). Instruments et voix se mêlent dans le culte des dieux et diverses occasions de la vie mondaine et privée. Les instruments les plus nobles sont à cordes, comme la lyre et la cithare ou en grec “Kithara” ( c’est l’origine du mot “guitare”). Mais “l’aulos” (instrument à anches à double tuyau) a eu aussi beaucoup de succès. La voix est aussi privilégiée. Dès l’époque du grand Homère, l’auteur de l’Iliade et l’Odyssée ( 8e siècle av JC), la poésie amoureuse devient chant lyrique ou lyrisme (accompagné sur la lyre). Au 5ie siècle av JC se développe le genre de tragédie théâtrale où la musique est très présente (ce genre inspirera l’opéra en Occident). Plus largement, sous la splendeur d’Athènes, la musique fait partie de l’éducation du bon citoyen. C’est avec le déclin de l’époque hellénistique (après -300) que triomphe le professionnalisme virtuose ou le virtuosisme. La musique grecque semble avoir toujours été monodique. Par contre elle était le plus souvent intimement liée à la danse et la poésie. Dans l’idéalisme de Platon (428 -348 av JC) dont la conception de la musique théorisée porte sur l’objectivité, le beau le vrai et le Bon sont indissolublement liés. On imagine aisément à partir de là que la musique intervient dans l’éducation éthique du citoyen. Prenons un cas concret: le diatonisme (Système qui procède par tons et demi-tons consécutifs) sera considéré comme le système le plus “sain”. Les échelles musicales ( les “modes”) seront chacune liées à certaines vertus. Il convient donc de les utiliser en connaissance de cause, sinon, l’homme -comme l’apprenti sorcier- risque d’être dépassé par la puissance de la musique. Ce courant de pensée moralisateur et idéaliste qui explique pourquoi la musique trouve une place si importante dans la formation du jeune adolescent à Athènes, par exemple, fut parfois contesté par certains qui estimaient déjà dans l’Antiquité que la musique était plutôt un art de la performance ou le savoir-faire et l’oreille valent plus que les normes idéales. 2) Dans la civilisation grecque et sa mythologie, certains instruments ont un pouvoir divin, expliquez. Ex: la flute de pan: Pan et Syrinx Une rapide relecture de l’association de Pan et de Syrinx ( Syrinx = dénomination de la flûte de pan grecque) montrera que le mythe s’est construit en exploitant le potentiel symbolique originel. Nous comprendrons alors toute la pertinence de ce couple indissociable au service de la prospérité des bergers. Dès le VIIIème siècle avant J.C., un hymne homérique, rapportant une légende plus ancienne, fait de Hermès l’inventeur de la flûte de Pan . Un deuxième mythe, plus récent, fait de Pan lui-même l’inventeur de sa flûte : en Arcadie, petite province grecque d’économie pastorale au centre du Péloponèse, Pan assume le rôle de favoriser la fertilité des troupeaux. Mais Pan est effrayant et obscène, son érotisme est brutal. Son apparition déclenche la panique. Il est amoureux de la nymphe Syrinx mais celle-ci préférera se jeter dans le fleuve Ladon plutôt que de lui céder. A l’endroit où elle disparut poussèrent des roseaux bruissant sous le vent. L’infortuné Pan en assembla quelques uns et se consola avec cette flûte qu’il baptisa Syrinx. (le prof dit qu’elle se transforma en roseau) La grâce de Syrinx est désormais entre ses mains, son souffle la fait revivre. D’ailleurs, comment comprendre la déclaration de Pindare " Pan distille son propre miel " si Pan n’était transcendé par Syrinx. Au Ve siècle avant J.C., Syrinx est définitivement un attribut du dieu Pan et celui-ci va maintenant connaître une grande renommée, dépassant largement les frontières de l’Arcadie. Les vertus symboliques originelles de la flûte de Pan s’expriment pleinement dans ce mythe. En effet, toutes les flûtes peuvent favoriser les hyménées pastoraux mais, seule, la flûte polycalame(synonime) a ce pouvoir de rassembler, si nécessaire au dieu Pan. Syrinx, s’opposant à la panique et plus fort qu’elle, apporte un équilibre indispensable à la fonction de Pan. Par ailleurs, il faut ajouter que les nymphes étaient aussi associées aux naissances. Voilà qui garantit un peu plus la fertilité des troupeaux. Plus tard, Platon écrira : " Il te reste la lyre et la cithare, utiles à la ville, aux champs, les bergers auront la Syrinx ". On comprend que la nymphe est puissante en son domaine mais que le charme n’opère pas dans la Cité. Platon ne se trompait pas, la flûte de Pan va être durablement associée au monde pastoral. Mais ce qu’il faut aussi comprendre, c’est que la charge symbolique sera moins prégnante dès lors que la flûte sera éloignée de son milieu originel. 3) Décrivez les conceptions musicales de Pythagore et leurs enjeux dans la recherche de justesse sonore (jusqu'à aujourd'hui). On attribue à Pythagore ( 6ie siècle avant JC) la découverte des proportions mathématiques entre les sons. Selon la légende le philosophe-sage grec en aurait eu la révélation en entendant des forgerons marteler sur leur enclume, de taille différente. De nos jours ( depuis le développement de l’acoustique aux 17e et 18e siècles), nous expliquons la hauteur des sons de manières physique, en mesurant leurs vibrations oscillant de manière plus ou moins rapide. Mais Pythagore s’en tient au constat mathématique qu’on peut facilement vérifier à partir d’une corde. Si l’on divise une corde en deux, sa moitié produit le son de l’octave. Ses ⅔ donnent la quinte; le rapport de ¾ produit la quarte. Pythagore a construit toute la gamme par échelle des quintes. ( A privilégié le cycle de quintes pour des raisons mystiques et non scientifiques!) Il s’était déjà rendu compte que les sons enharmoniques ne s’équivalent pas à moins d’utiliser notre approximation grossière adoptée sur les claviers de pianos (“le tempérament égal”) Il a aussi déjà perçu le problème de la tierce naturelle qui n’équivaut pas exactement à deux tons entiers. A cause de lui considérée comme intervalle imparfaite pendant tout le Moyen Age en Europe, à l’époque où sa doctrine n’a jamais été remise en cause. Pour pythagore tout est nombre et les nombres élémentaires qui président aux intervalles musicaux fondamentaux (unisson, octave, quinte, quarte) se retrouvent dans tout l’univers: Le Cosmos est donc musical… Les planètes elles-mêmes dont les mouvements sont réglés forment une harmonie musicale. S’ils veut atteindre la justesse, l’homme doit se soumettre à l’objectivité mathématique de l’harmonie universelle plutôt que de juger selon son oreille subjective. → Rejoint le mythe d'Apollon. Prolongée dans l’idéalisme de Platon, cette conception de la musique est donc centrée sur une théorisation et comporte une dimension morale et éducative. Pas basé sur le phénomène sensible du son ( matière = illusion / jouissance matérielle trompeuse) mais sur le système “canonique” qui préside aux consonances (canon= littéralement : règle , loi). 4) Les Grecs ont inventé des systèmes de notation musicale. Reste-t’il suffisamment de vestiges fiables qui nous permettent aujourd’hui de reconstituer leur musique? Bien que d’autres civilisations qui disposaient d’un système d’écriture (en Mésopotamie dès -2000 av JC par exemple) ont sans doute eu une écriture musicale cunéiforme, le plus ancien extrait de musique antique entièrement lisible qui nous soit conservé est un témoignage grec. On y retrouve des indications de hauteurs ( lettres en alphabet ionien ), et de rythme au dessus d’un texte. Il s’agit d’une épitaphe sur une stèle en pierre retrouvée près d’Ephèse. On le retrouve maintenant conservé au musée de Copenhaege. Le chant en hommage au défunt Seikilos parle de la fragilité du temps. Chez les Grecs la musique est intimement liée à la mémoire. Il y a malheureusement très peu d’autres vestiges d’extraits de musique grecque qui ont été retrouvés. Ils sont très tardifs. Il n’y a même pas de quoi faire un CD. Mais on connaît d’autres aspects de la pratique musicale grecque grâce à des écrits littéraires ou théoriques, et aussi toute une iconographie ( sculptures, peintures sur vases etc). Contexte: On parle d’une culture qui a culminé aux 5ème et 4ème siècles avant notre ère. Culture reconnue pour sa puissance guerrière mais aussi pour ses avancées scientifiques, sa philosophie (sagesse interrogeant le mystère humain), et un “canon” de beauté sublimant toute animalité, même dans la nudité. 5) La civilisation grecque ancienne a fortement conditionné la culture en Occident. Sur le plan esthétique, quels sont les aspects de leur héritage qui vous paraissent avoir encore une actualité et pourquoi? C’est surtout la conception de la musique chez les Grecs qui a influencé par la suite l’Occident (pensez simplement à l'étymologie du mot “musique”). Ces deux aspects sont développés par les Grecs: 1. Le mérite durable de la culture esthétique grecque est d’avoir jeté un pont entre les musiques plus primitives (de conception magique) et notre tradition occidentale fortement rationalisée. Enchanteur et immatériel, le son relie l’être humain au divin comme en témoignent de nombreuses fables de uploads/s3/ histoire-de-la-musique-a.pdf

  • 52
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager