----------------------- Page 1----------------------- Theophile Gautier Critiqu
----------------------- Page 1----------------------- Theophile Gautier Critique d INGRES Un document genereusement offert par la societe Theophile Gautier http://www.llsh.univ-savoie.fr/gautier/ Textes collectes et transcrits par Carine Dreuilhe dans le cadre d un memoire de D.E.A (septembre 2000). Un document produit en version numerique par Jean-Marie Tremblay, professeur de sociologie au Cegep de Chicoutimi Courriel:jmt_sociologue@videotron.ca Site web: http://pages.infinit.net/sociojmt Dans le cadre de la collection: "Les classiques des sciences sociales" Site web: http://www.uqac.uquebec.ca/zone30/Classiques_des_sciences_sociales/index.html Une collection developpee en collaboration avec la Bibliotheque Paul-Emile-Boulet de l'Universite du Quebec a Chicoutimi Site web: http://bibliotheque.uqac.uquebec.ca/index.htm ----------------------- Page 2----------------------- Theop hile Gautier Critique D 'ingres 2 Cette edition electronique a ete realisee par la Societe Theophile Gautier (http://www.llsh.univ-savoie.fr/gautier/) mis en page par Frederick Diot, sous la direction de Jean Marie Tremblay, professeur de sociologie au Cegep de Chicoutimi a partir de : Theophile Gautier Critique d INGRES Polices de caracteres utilisee : Pour le texte: Times, 12 points. Edition electronique realisee avec le traitement de textes libre OpenOffice.org 1.1 sous Linux Debian. Edition completee le 14 Fevrier 2004 a Bordeaux , France ----------------------- Page 3----------------------- Theop hile Gautier Critique D 'ingres 3 Textes collectes et transcrits par Carine Dreuilhe dans le cadre d un memoire de D.E.A (sept embre 2000) . Principes d edition : l orthographe d epoque a ete respectee (notamment les finales en ans et ens la ou nous ecrivons aujourd hui ants et ents), les graphies : poeme, poete, entr ouvert etc. Ont ete rectifiees d office les coquilles evidentes. L emploi de l italique pour les titres a ete systematise. La France litteraire, " Salon de 1833 ", mars 1833 A M. Ingres les honneurs du pas. - M. Ingres en est digne sous tous les rapports ; il a une fermete de conviction malheureusement trop rare aujourd'hui. Ayant vu, des son debut, que le dessin etait bon, il s'y est attache par-dessus toute chose, et il a marche droitement et sincerement dans sa voie, sans s'inquieter du succes, et cherchant a se contenter lui- meme plutot que les autres. Il a fait l'Odalisque, il a fait Roger et Angelique, et le V?u de Louis XIII, et l'?dip e devinant le Sphinx, et cela a du paraitre singulierement mauvais a des gens qui admiraient du fond de leur c?ur MM. Abel de Pujol, Couder, Blondel, Meynier et compagnie. En effet, ce fut un feu roulant de plaisanteries tres ingenieuses ; on cria a la barbarie ; on dit que c'etait vouloir retourner a l'enfance de l'art, et mille autres belles choses de ce genre. - Les bonnes perruques ne se doutaient guere que bafouer M. Ingres, c'etait bafouer Albert Durer, Raphael, Holbein, et autres barbares de cette force. M. Ingres persista. La foule voyant qu'il n'allait pas a elle, vint a lui : la foule est comme les femmes. Aujourd'hui, M. Ingres est sur le piedestal qu'il s'est si laborieusement construit. - Il est devenu un mythe ; c'est la personnification du dessin, comme Decamps est celle de la couleur. M. Ingres n'a au salon que deux portraits, celui de Bertin de Vaux et celui d'une dame romaine peinte en 1807 ( au commencement de la galerie, a droite ) : c'est peu ; mais, n'eut-il jamais fait que cela dans sa vie, ce serait assez, a mes yeux, pour le proclamer grand-maitre. - Parlons d'abord de la dame romaine ; c'est, selon moi, la plus belle chose du Musee, et je la met beaucoup au dessus du portrait d'homme. Elle a une robe de velours noir, a taille courte, d'apres la mode de l'Empire, tres decolletee ; un schall de couleur claire est drape sur son epaule gauche avec un style et une elegance inimitables ; ses deux mains, posees l'une sur l'autre, sont rendues de la maniere la plus candide. La charmante creature regarde devant elle avec cette bonhomie et cette serenite particuliere aux Italiennes. La bouche fine et mince, comme une bouche d'Holbein, rit de ce sourire doux et serieux inconnu en France ; les yeux, admirablement ----------------------- Page 4----------------------- Theop hile Gautier Critique D 'ingres 4 enchasses, sont d'une transparence et d'une limpidite sans exemple ; toute la tete vit et remue, et cela sans le prestige de la couleur, avec un simple ton local, habilement gradue selon les formes et le mouvement, que nous preferons beaucoup, pour notre part, au tricot prismatique dont l'ecole de Gros revet ses personnages, et qui nous semble incontestablement plus vrai et plus agreable a l'?il. Il y a dans ce portrait une telle saintete de lignes, une telle religion de la forme dans les moindres details, le faire en est si primitif, que l'on a toutes les peines du monde a croire que cela ait ete peint en plein regne de David, il y a quelques vingt ans. N'etait la coupe des vetemens, on pourrait croire ce tableau de la meme main que la Marguerite d'Alencon. Le portrait de Bertin, malgre ses incontestables qualites, n'est pas aussi magistral ; le parti pris n'est pas, a beaucoup pres, si franc : le peintre a plus vise au relief, et par cette raison meme n'a pas produit quelque chose d'aussi complet. Au reste, le lineament des mains est d'une purete rare, la pose vraie et vivante ; les vetemens sont severes, sans lazzis, comme tout ce que fait M. Ingres ; seulement, on regrette en voyant ce dessin si irreprochable, qu'il ne soit pas applique a un tout autre sujet. Tant de purete et d'exactitude dans un pli de gilet et de redingote, qui pouvait etre autrement sans cesser d'etre vrai, nous paraissent depenses en pure perte. M. Ingres ne devrait faire que des sujets nus, ou, tout au moins, antiques. Les madones et les tableaux de saintete lui iraient encore admirablement bien, a cause de leur gravite symetrique ; mais, en verite, nos pauvres physionomies et nos miserables haillons sont indignes qu'un aussi grand peintre les immortalise. Ce que je dis la paraitra clair a ceux qui, au risque d'un torticolis, auront vu et admire l'Apot heose d'Homere dans le Musee Charles X. La France Industrielle, " Salon de 1834 ", avril 1834 Pour le Saint-Symphor ien de M. Ingres, c'est la plus belle fresque, le plus magnifique carton qu'il soit possible de voir. Quelques journaux ont dit que c'etait un pas retrograde, n'ecoutez pas les journaux ; c'est un pas en avant. C'est la logique de la maniere de M. Ingres, poussee jusqu'a la derniere consequence. On a dit que M. Ingres imitait servilement Raphael, et se trainait comme un ecolier dans l'orniere ouverte par le divin jeune homme. Nous ne sommes pas de cet avis ; le sentiment de M. Ingres est bien plus allemand qu'italien. Albert Durer est plutot son patron que Raphael. Les tetes de M. Ingres sont bien moins ideales que celle du Sanzio ; c'est une traduction de la nature beaucoup plus mot a mot : son dessin serre la forme de plus pres ; et le caractere de son style est l'exageration dans un principe vrai des details exterieurs, car M. Ingres ----------------------- Page 5----------------------- Theop hile Gautier Critique D 'ingres 5 soigne principalement le silhouette lineaire de ses personnages, et dessine plus sur le bord que dans le milieu : procede qui, otant beaucoup de relief, a pour resultat un aspect large et simple tout a fait magistral, et qui ferait distinguer au premier coup d'?il le tableau entre mille. Un peintre de l'ecole angelique eut seul pu dessiner la tete du saint Symphorien. Le sentiment catholique qu'elle respire est admirable. On pretend que le tableau est d'une vilaine couleur. Nous ne nous sommes pas apercu qu'il fut d'une couleur plutot que d'une autre. Le portrait de femme ne vaut pas a beaucoup pres le portrait de la Romaine, la couleur est lumineuse, les mains parfaitement belles, l'ajustement du plus grand gout, les vetemens executes d'une maniere superieure, le modele fin et savant, mais le modele est moins heureusement choisi. Figaro, " Des beaux-arts et autres ", 16 octobre 1836 Nous n'avons pas encore dit notre mot sur l'art. Parlerons-nous de l'art ? Qui n'en parle pas ? Quel journal n'a pas son feuilleton d'art, specialite reguliere, qui devient deux mois de l'annee, les deux mois du salon, un compte rendu fidele, une analyse pareille a celles qu'on fait des ouvrages dramatiques, un feuilleton redoutable, entoure des sollicitations, des inimities, des terreurs et des dangers qui s'attaquent habituellement a la critique theatrale ; les autres dix mois de l'annee, le redacteur d'art remplit ses colonnes a sa fantaisie ; il se lance dans de hautes considerations d'esthetique et depl astique qui impriment a l'abonne un grand respect pour uploads/s3/ gautier-critique-ingres.pdf
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- Publié le Mai 30, 2022
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