1 Nouhaud Christelle La respiration et la prise de conscience du corps CEFEDEM

1 Nouhaud Christelle La respiration et la prise de conscience du corps CEFEDEM Bretagne/Pays-de-le Loire Années 2002-2004 2 Sommaire Avant-propos p.3 Introduction p.5 Première partie : La respiration ; principes et prise de conscience p.6 1. L’inspiration 2. L’expiration Deuxième partie : Le sens artistique de la respiration p.10 1. Le cycle 2. A propos du diaphragme 3. La respiration musicale Troisième partie : L’utilisation du corps p.14 1. la posture a. La stabilité b. Le centre de gravité c. La position assise 2. Le corps comme instrument Conclusion p.23 Annexes p.25 Bibliographie p.31 3 Avant-propos Hommage à toi, Souffle, quand tu respires, Hommage soit à toi, quand tu inspires, Hommage à toi, quand tu t’éloignes, Hommage à toi, quand tu t’approches ! Cet hommage est pour le tout de toi. De la première inspiration du nouveau-né à la dernière expiration du mourant, notre respiration est un appel constant du « va-et-vient ». C’est le lien entre l’environnement intérieur et extérieur. A chaque inspiration, nous absorbons l’environnement extérieur en nous même. A chaque expiration nous libérons notre environnement intérieur vers l’extérieur. Plus nous nous sensibilisons à ce processus dans lequel le dehors devient le dedans et réciproquement, plus nous devenons conscients de la précieuse leçon que nous transmet notre souffle sur l’art de donner et de recevoir. Notre respiration est donc directement liée à nos émotions : celles que l’on reçoit ou celles que l’on transmet. Plusieurs expressions courantes de la langue française s’y réfèrent « à bout de souffle, ça m’a coupé le souffle, c’est suffocant il en reste bouche bée, recueillir un dernier souffle… ». Dans l’inspiration, nous recevons le cadeau de la vie et de la créativité, quand nous expirons nous pouvons offrir notre richesse intérieure ( personnelle ) aux autres. Dès lors l’art devient un don de soi et l’artiste un vecteur qui permet au public de communiquer avec une autre réalité. On peut écouter et percevoir sa respiration, on peut la diriger, on peut l’arrêter quelques instants, lui donner un rythme et aussi l’entraîner, tant sur le plan musculaire que nerveux. Chacun dans la vie a besoin de retenir son souffle, de le rendre moins bruyant, de l’adapter à certaines techniques, de créer des réflexes conditionnés. Les musiciens, les chanteurs, les orateurs, les danseurs ont besoin, comme les sportifs, de connaître leurs possibilités respiratoires et de les adapter à leur art. La respiration autant que les gestes ou l’expression du visage, transmet le sentiment profond de l’être et l’émotion de l’artiste. 4 L’auditeur ou le spectateur calque leur respiration sur celle de l’exécutant et se trouvent en communication avec une autre réalité. Le but de la création artistique est de transmettre des émotions. Je citerais ici les paroles du pianiste Claudio Arrau : « La vanité est la chose la plus terrible, la plus handicapante pour un interprète. Si vous êtes certain d’avoir quelque chose d’exceptionnel à dire, alors vous n’êtes pas là pour séduire, ni pour impressionner. Vous avez votre message et c’est tout. Si ça leur plait tant mieux, sinon…Je ne sais pas si j’ai été clair » 5 Introduction Le sens inné de la respiration, bien qu’il soit un don de sa propre émotion est souvent oublié des artistes. Ceci s’explique notamment chez les instrumentistes à vent et les chanteurs : L’émission du son dépend indubitablement de la respiration. Elle est perçue comme une nécessité intégrée à la technique même de l’instrument. De part mon expérience d’élève et d’enseignante, je prendrais comme exemple l’apprentissage de la flûte traversière. Dès les premières leçons, parmi tous les paramètres ( embouchure, position des lèvres…) qu’il doit intégrer, l’élève doit prendre conscience du mouvement naturel de va-et-vient de la respiration. Ceci intervient comme une notion totalement nouvelle : impatients de pratiquer l’instrument, les élèves sont souvent surpris devant l’importance de la respiration. Ils sont souvent conscients qu’un instrument à vent va induire de souffler, mais ils n’ont pas le réflexe conscient de comprendre que le souffle dépend de la respiration. Il paraît absurde de devoir apprendre à quelqu’un comment respirer.( Et je n’ai pas ici cette prétention). De plus la respiration est différente selon chacun individu, puisqu’elle est liée à ce que l’on ressent. J’ai souhaité alors mieux comprendre comment chaque être pouvait utiliser son corps pour un meilleur rapport avec son instrument au travers de la respiration. Je me suis souvent demandée en tant que flûtiste pourquoi la respiration procurait tant de préoccupations ? Pourquoi après des années de flûte, elle était toujours au centre des préoccupations ? Philippe Bernold confiait pourtant qu’il ne s’était jamais posé toutes ces questions qu’après qu’on ne cesse de les lui poser en tant que professeur. Au travers des paramètres physiologiques, corporels, et émotionnels, je souhaiterais m’interroger sur l’interaction entre la respiration, le corps, l’instrument, et la création artistique. 6 Première partie : La respiration ; principes et prise de conscience 1. L’inspiration L’inspiration dépend du mouvement réflexe de la membrane musculo-tendineuse appelée diaphragme. Dans l’organisme, le diaphragme est à la fois le plancher du thorax et le plafond de l’abdomen. Il peut être comparé à un grand parapluie au mécanisme particulier : lorsque le centre phrénique descend les trois diamètres de l’abdomen ( haut- bas, avant-arrière, gauche-droite ) s’élargissent. Cela crée un appel d’air et cet air entre dans les poumons. Cet élargissement se traduit par le gonflement de l’abdomen. ( Le diaphragme pousse les viscères.) Ce phénomène est souvent à l’origine de confusions chez les jeunes instrumentistes à vent qui parlent de respirer par le ventre ou encore qui pensent que l’air arrive dans le ventre. Il ne faut pas oublier alors que lorsque que le diaphragme se tend, il agit sur l’abdomen mais également sur le bas du dos et les côtés du ventre. ( Voir annexe 1) La première étape pour les jeunes instrumentistes à vent est de prendre conscience du mouvement de l’abdomen à l’inspiration. Plusieurs exercices simples, sans l’instrument, peuvent aider dans ce sens. Ce mouvement inné est très facile à percevoir en position couchée : allongé sur le dos, on plie les genoux. Les pieds doivent être légèrement écartés ( pas plus que la largeur du bassin ), et ils ne doivent pas toucher les fesses pour ne pas bloquer le bassin. Une main posée sur le ventre légèrement en dessous du nombril, il est assez aisé de sentir le mouvement de l’abdomen. Pour aider l’élève à se détendre, on peut lui suggérer de fermer les yeux, ou encore lui parler de tout autre chose pour que son esprit se libère. Dans un deuxième temps, dans la même position, on place une main sur l’abdomen, et l’autre dans le dos au niveau de la cambrure ( naturellement réduite dans cette position). L’élève peut ainsi sentir le mouvement haut-bas et avant-arrière de l’inspiration. Lorsqu’on est allongé, les épaules ne se lèvent pas à la prise d’air ( seul le ventre se soulève ) ; C’est l’inspiration la plus naturelle et la meilleure pour jouer d’un instrument à vent. 7 Je limiterai l’objectif de ces deux exercices à la prise de conscience de sa respiration et du mouvement corporel qu’elle implique. C’est une étape fondamentale mais non moins délicate. En effet, j’ai souvent observé qu’il est périlleux à ce stade de reproduire ce mouvement debout ou pire avec l’instrument. Je citerais ici, le traité méthodique de pédagogie instrumentale de Michel Riquier ( Deuxième leçon exercice deux ) : « …Étant debout, vous placez vos mains sur vos hanches en mettant le pouce légèrement derrière, au-dessus du bassin, sous les dernières côtes, et les doigts le plus possible sur le devant. Ensuite vous vous pliez en deux pour que le tronc forme approximativement un angle droit avec les jambes, et dans cette position vous respirez ( toujours par la bouche ) en prenant soin de n’utiliser que la partie inférieure des poumons. » Il faut refaire cet exercice jusqu’à ce que l’on ressente les mêmes sensations que dans les deux exercices précédents. La troisième étape consiste à reprendre la position debout plié en deux, les mains placées comme il est dit dans l’exercice précédent, et à se relever progressivement de quelques degrés. Le but est de garder toujours les mêmes sensations jusqu’à la position horizontale. Il est inutile de passer d’un exercice à l’autre si les sensations ne sont pas trouvées à chaque étape. L’évolution étant différente selon les personnes, il me semble risqué de proposer hâtivement et successivement tous ces mouvements. De plus on peut très vite se retrouver confronté au phénomène de l’inspiration paradoxale. Certaines personnes ne parviennent pas toujours à réaliser cette déformation de l’abdomen. Voulant inspirer, elles font exactement le mouvement inverse : elles rentrent l’abdomen et ouvre la cage thoracique. C’est que, la musculature de l’abdomen ne se relâchant pas, l’abaissement du diaphragme est impossible. Ceci est fréquent dans plusieurs cas : personnes qui redoutent de « sortir » le ventre, ou personne ayant associé l’inspiration avec des mouvements d’élévation des bras ou de redressement dorsal. On constate souvent ce uploads/s3/ nouhaud-pdf.pdf

  • 55
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager