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Cœur et sport A Ducardonnet F ace à un sujet pratiquant une activité physique et sportive, quel que soit son niveau, les différentes stratégies d’exploration cardiologique doivent permettre de contre-indiquer à juste titre ou de réaménager une pratique sportive qui pourrait être dangereuse pour sa santé, mais aussi à l’opposé, de ne pas briser une éventuelle carrière sportive ou tout simplement un équilibre psychologique, bénéfice non négligeable de la pratique sportive : il ne faut donc pas hésiter à prendre un avis spécialisé. © 1999 , Elsevier, Paris. I Introduction L’ activité physique et sportive (APS), dénomination plus large et plus adaptée que le seul mot sport, a dépassé le phénomène de mode. Le constat est là : 20 millions de Français déclarent faire d’une façon ou d’une autre du sport ! Cela va de l’athlète performant au cardiaque qui vient de bénéficier d’une intervention réparatrice. Il n’y a plus de limite d’âge pour l’exercice physique, pour peu qu’il soit adapté. Au carrefour de toutes ces situations, le médecin, très sollicité, doit donner son avis sur une aptitude, ou plus exactement sur l’absence de contre-indications à une pratique de loisir ou de compétition, donner des conseils adaptés à chacun pour que le sport reste un plaisir et bon pour la santé, voire « prescrire » une activité physique, dans le cadre de son traitement, pour un sujet à risque vasculaire ou pour un cardiaque. Il n’est plus acceptable aujourd’hui de contre-indiquer l’exercice physique au moindre doute, mais cela s’accompagne d’une prise de responsabilité médicolégale accrue dont il faut connaître les règles. Nos connaissances de la physiologie et de la physiopathologie des adaptations ont considéra- blement progressé dans deux directions : – mieux définir les limites du sujet normal ou pathologique avec de nombreux indicateurs : fréquence cardiaque, débits respiratoires, consommation d’oxygène, seuils métaboliques, étude échographique... ; – mieux identifier les facteurs limitants : morphopsychologiques, entraînement inadapté, pathologie « silencieuse » et chez le sujet malade, le meilleur rapport bénéfice-risque. I Efforts L’appareil cardiovasculaire et l’appareil locomoteur sont au centre de toute activité physique. Ils seront sollicités différemment en fonction du type d’effort dominant dans la pratique. On distingue classiquement endurance et résistance, chacune étant plus ou moins réalisée en fonction du sport et surtout de la façon de le pratiquer : un gardien de but et un avant-centre, une promenade en sous-bois ou le Galibier. Il faut donc bien « cadrer le type d’effort dominant » que voudrait ou qu’est capable de réaliser le sujet. ‚ Effort statique, ou en résistance, ou en anaérobie Selon le langage de l’entraîneur ou du physiologiste-médecin, c’est un effort bref et intense, voire explosif : l’haltérophilie en est l’archétype, mais aussi un sprint, un démarrage violent en vélo... ou courir après le bus ou le train, les valises à la main ! Tachycardie marquée, pression artérielle (PA) s’élevant brutalement, l’organisme puise son énergie dans ses réserves. Ce type d’effort constitue une agression sévère de l’équilibre cardiovasculaire (surtout après 50 ans et sans aucun entraînement) nécessitant une récupération prolongée. ‚ Effort dynamique, ou en endurance, ou en aérobie C’est, à l’opposé, un effort de moyenne intensité qui s’inscrit dans la durée, donc prolongé dans le temps. La marche active, la course à pied à son rythme, le cyclisme, la natation, le ski de fond, mais aussi le cardio-training en salle et le vélo tout terrain (VTT) de loisir, utilisent de façon très prépondérante ce type d’effort. Le cœur va s’accélérer progressivement grâce à un échauffement suffisant, pour atteindre un régime moyen où les besoins en énergie des muscles seront en équilibre avec ce que l’appareil cardiopulmonaire, les vaisseaux et les muscles peuvent produire. Ce type d’effort en endurance est indispensable à tout pratiquant d’APS. Tout début d’APS doit commencer par cet investissement en endurance : apprendre au cœur à travailler à l’économie, permettre une meilleure extraction de l’oxygène (O2) en périphérie. Le point de repère de ce travail en endurance est l’aisance respiratoire. On doit pouvoir, lors de l’effort, dire quatre à cinq mots ; si l’on peut tenir une conversation normalement, l’effort n’est pas assez intense pour s’améliorer ; si en revanche on ne peut pas dire un mot et que l’on est très essoufflé, l’effort est trop important. Il faut « flirter » avec l’essoufflement. Cette façon de faire les efforts fera l’endurance et ses bénéfices. De façon plus précise et physiologique, cette capacité globale d’endurance est définie par la mesure de la consommation maximale d’oxygène (V ˙ O2 max) (cf paramètres physiologiques). I Cadrage du sport et du sportif : visite médicale d’aptitude Avant tout, il faut avoir envie de faire une APS pour qu’elle devienne une alliée pour sa santé, et s’assurer qu’un éventuel essai se fasse dans des conditions adaptées, pour ne pas conclure à tort que le « sport n’est pas fait pour soi ». Le rôle du médecin, souvent interrogé pour cadrer le sujet médicalement et « sportivement », est alors primordial. Différents paramètres vont intervenir pour aider à choisir le « bon sport », la « bonne pratique ». Les Trois profils de sportifs : celui qui commence tôt et ne s’arrête jamais : c’est le profil idéal car il se connaît bien, connaît ses sensations et garde les bénéfices de l’APS ; celui qui commence tôt, s’arrête, puis reprend : c’est un profil à risque, car il a gardé ses points de repère, ses sensations de 20 ans, mais les facteurs de risque ont souvent fait silencieusement leur œuvre. Le bilan est très important, d’autant plus que les motivations de reprise sont bien souvent les enfants, d’où le risque de rythme soutenu ; celui qui n’a jamais commencé et qui débute tard : c’est un profil à risque modulé, car il est limité par l’apprentissage technique et souvent plus à l’écoute des conseils. 1 AKOS Encyclopédie Pratique de Médecine 2-0420 © Elsevier, Paris 2-0420 goûts bien évidemment (sport individuel, en équipe, esprit de compétition...) sont à prendre en compte, mais sont importantes aussi l’absence de contre-indication et l’évaluation des capacités physiques du sujet. Il n’existe quasiment plus aujourd’hui de contre-indication absolue et définitive sur le plan médical. Une pratique d’APS est toujours possible en fonction de ce bilan d’évaluation. La visite médicale initiale ou annuelle est indispensable et obligatoire pour s’inscrire dans une fédération et pour la compétition. ‚ Interrogatoire Il recherche des antécédents cardiovasculaires personnels ou familiaux et évalue le profil de risque cardiovasculaire : âge, tabac, cholestérol, triglycérides, glycémie, hypertension artérielle (HTA), excitants, médicaments... Sur le plan fonctionnel, palpitations, précor- dialgies, malaise ou perte de connaissance, dyspnée anormale récente, seront pris en compte et évalués. La pratique d’une activité physique ne doit pas occasionner de symptômes cardiovasculaires. Quand un sportif, quel que soit son niveau, se plaint de symptômes cardiaques au cours ou au décours de la pratique de son sport il faut, jusqu’à preuve du contraire, considérer ces signes comme un point d’appel cardiaque chez un sujet apparemment sain puisqu’ayant bénéficié d’un examen pour le certificat d’aptitude. Palpitations Palpitations et dyspnée sont souvent associées dans une description fonctionnelle polymorphe : battements rapides et violents dans la poitrine, sensation de piqûre et de pincement au niveau du cœur, battements au niveau des tempes, dyspnée avec oppression thoracique obligeant à des inspirations profondes, parfois manifestations de type spasmophilie, l’ensemble survenant surtout pendant l’effort, plus rarement en phase de récupération. L’interrogatoire minutieux tentera de reconnaître une désadaptation à l’effort, une dystonie neurovégétative et des extrasystoles isolées ou des accès de tachycardie, dont il faudra préciser le caractère : régulier ou irrégulier, survenue au repos ou à l’effort, début brutal ou non, facteurs déclenchants comme la prise d’excitants (café, tabac, thé, Coca-Colat) ou une infection récente. Les événements rythmiques pathologiques les plus fréquemment associés aux palpitations sont des extrasystoles supraventriculaires ou ventriculaires, un épisode de fibrillation auriculaire paroxystique, une tachycardie paroxystique (de type Bouveret) pouvant parfois révéler une préexcitation (syndrome de Wolff-Parkinson-White). Le diagnostic de trouble du rythme précisé, il faudra surtout rechercher une cardiopathie sous-jacente : cardiomyopathie, valvulopathie, prolapsus valvulaire mitral, insuffisance coronaire. Dyspnée La dyspnée est le plus souvent le témoin d’une pratique sportive à un niveau de performance trop élevé, plus rarement l’expression d’une pathologie cardiaque ou respiratoire. Un problème respiratoire ne doit pas être méconnu : asthme d’effort, bronchopneumopathie chronique latente, sans oublier les petits troubles respiratoires 15 jours à 3 semaines après un épisode infectieux respiratoire. Des épreuves fonctionnelles respiratoires avec une gazométrie d’effort, voire une épreuve d’effort avec mesure de la V ˙ O2 sont parfois nécessaires pour faire la part des choses. Malaises et perte de connaissance Les malaises pouvant aller jusqu’à la perte de connaissance sont un motif fréquent de consultation et doivent être schématiquement classés en fonction de leur circonstance de survenue : – pendant l’effort ou à l’acmé de celui-ci : pratiquementtoujourspathologique ; – à l’arrêt ou juste après l’arrêt de l’effort : rarementgrave. Des signes d’accompagnement (douleurs, palpitations, nausées, vomissements, pâleur) peuvent également orienter. Les syncopes vasovagales surviennent volontiers à l’arrêt de l’effort uploads/Sports/ coeur-et-sport.pdf
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- Publié le Mai 03, 2021
- Catégorie Sports
- Langue French
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