BÉROT Vanessa Université Bordeaux Montaigne UFR Humanités Master Ingénierie de

BÉROT Vanessa Université Bordeaux Montaigne UFR Humanités Master Ingénierie de Projets Culturels et Interculturels Mention études littéraires et ingénierie PROJETS CULTURELS PARTICIPATIFS DANS L’ESPACE PUBLIC : QUELLE MISE EN ŒUVRE DES DROITS CULTURELS DANS LES ARTS DE LA RUE ? @Sylvie Bosc Sous la direction de Monsieur Germinal Climent, directeur de l’espace Bonnefoy (Toulouse) 2014-2015 BÉROT Vanessa Université Bordeaux Montaigne UFR Humanités Master Ingénierie de Projets Culturels et Interculturels Mention études littéraires et ingénierie PROJETS CULTURELS PARTICIPATIFS DANS L’ESPACE PUBLIC : QUELLE MISE EN ŒUVRE DES DROITS CULTURELS DANS LES ARTS DE LA RUE ? Sous la direction de Monsieur Germinal Climent, directeur de l’espace Bonnefoy (Toulouse) 2014-2015 REMERCIEMENTS À Germinal Climent pour son accompagnement bienveillant, ses conseils avisés et sa précieuse disponibilité dans l’encadrement de ce mémoire. À Philippe Saunier-Borrell et Marion Vian pour m’avoir offert une très belle opportunité d’observer des projets participatifs sur le terrain et avoir nourri de leurs interrogations ma propre réflexion sur la mise en œuvre des droits culturels. À toute l’équipe de Pronomade(s), Coraline Bergerault, Clotilde Collier, Michel Farré, Bernard Garotin, Françoise Laffont, Lucie Lagarrigue et Vincent Marie, pour leur accueil et leur sympathie. À tous les artistes et professionnels, plus particulièrement Julie De Muer, Floriane Facchini et Prisca Villa, croisés pendant ce stage qui m’ont apporté des réponses et soulevé de nouvelles questions. À Céline Blanché, Valentine Boé, Martine Buton, Béatrice Carme, Michel Delbos, Jean-Louis Eschen, Malia Louis et Prisca Villa, pour avoir pris le temps de répondre à mes questions. À Hélène Marie-Montagnac et tous les étudiant-e-s du chantier sur les droits culturels pour ces beaux moments de palabre et d’apprentissage collectif. À Caroline Melon et Filaretos Vourkos pour m’avoir amenée sur le chemin des utopies concrètes. 4 SOMMAIRE INTRODUCTION .................................................................................................................... 5 I.) DU DROIT À LA CULTURE AUX DROITS CULTURELS : LES ARTS DE LA RUE À TRAVERS L’ÉVOLUTION DES POLITIQUES CULTURELLES EN FRANCE ................... 11 1) La démocratisation culturelle, un modèle à l’œuvre depuis cinquante ans ........11 2) Les droits culturels : pour une refondation des politiques culturelles et un nouvel élan pour le secteur des arts de la rue .....................................................................19 3) Derrière Le Hublot, Pronomade(s) en Haute-Garonne et l’Usine: trois projets culturels distincts, une même volonté d’inscription territoriale .................................31 II.) LES ENJEUX DÉMOCRATIQUES DE LA PARTICIPATION : LES PROJETS CULTURELS PARTICIPATIFS COMME OUTILS DU MIEUX VIVRE ENSEMBLE ? ........... 40 1) Typologie des projets participatifs : un seul terme, de multiples réalités ...........40 2) Des effets proportionnels aux degrés d’implication : de l’instrumentalisation à l’émancipation des participant-e-s ............................................................................54 3) La co-construction : une méthode complexe mais nécessaire pour répondre à l’exigence démocratique des projets culturels ..........................................................69 III.) LES DROITS CULTURELS : UNE BALISE INDISPENSABLE POUR LA MISE EN ŒUVRE DES PROJETS PARTICIPATIFS. .......................................................................... 78 1) Les incidences esthétiques des projets participatifs sur la création artistique....78 2) Bousculer les représentations et faire évoluer les pratiques professionnelles.. .91 3) Le droit de participer à la vie culturelle: une « responsabilité partagée » ........ 101 CONCLUSION ................................................................................................................... 111 BIBLIOGRAPHIE THÉMATIQUE ....................................................................................... 114 TABLE DES ANNEXES ..................................................................................................... 125 TABLE DES MATIÈRES .................................................................................................... 126 5 INTRODUCTION « L’émergence simultanée, dans des contextes géographiques et socio-culturels très différents, de réalisations de formes identiques – alterconsommation, monnaies locales, coopératives de travail et d’habitat, formes participatives de démocratie – constitue par bien des aspects un phénomène inédit à commencer par son ampleur. L’étendue de ces mobilisations et de ces changements de modes de vie est difficilement mesurable mais l’ensemble de ces mouvements concerne probablement plusieurs millions de personnes dans le monde. (…) C’est ce désir de réinventer le monde autour de soi, de manière pragmatique et sans véritable cadre de référence politique, qui caractérise aujourd’hui ce foisonnement d’initiatives à la base de nos sociétés. (…) Ce sont peut-être les prémices du futur qui émerge et qui s’organise. »1 En réponse aux discours alarmistes, les nombreux exemples de (r)évolutions décrits par Bénédicte Manier sont la preuve évidente que le sentiment de crise que nous connaissons est en fait le reflet d’une dynamique générale de profonds bouleversements socio-économiques. Nos sociétés sont en mutations, portées par l’aspiration de citoyen-ne-s du monde entier à un monde plus juste, plus solidaire, plus humain. Les alternatives développées par la société civile mettent en avant la nécessité d’une économie plus collaborative, et d’une démocratie plus participative, basées sur une éthique du partage. Et la remise en question des modèles de production et de consommation construits au XXème siècle concerne tous les domaines de la société. Dans un tel contexte global, le secteur culturel, lui aussi « en crise », s’interroge et cherche à renouveler un modèle que certains estiment à bout de souffle. Fondées sur une logique d’accès à la culture, les politiques culturelles françaises se trouvent aujourd’hui bousculées par l’émergence des droits culturels, annoncés comme le nouveau paradigme nécessaire aux politiques publiques. Définis dans la Déclaration de Fribourg rédigée en 2007 par le Groupe d’experts internationaux du même nom, ils réaffirment les droits énoncés dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1948 et développent les principes établis dans la Déclaration universelle sur la diversité culturelle de l’UNESCO de 2001. Comme les autres droits de l’Homme, les droits culturels sont « universels, indivisibles et interdépendants » et expriment « l’exigence de la dignité humaine. »2 Ils 1 MANIER Bénédicte, Un million de révolutions tranquilles, Paris, Les Liens qui libèrent, 2012, 324 p. Extraits diffusés au cours du spectacle « Do not clean » de la compagnie Komplex Kapharnaüm, création 2015. 6 garantissent à chaque individu, et sans aucune discrimination, le droit de vivre son identité culturelle « comprise comme l'ensemble des références culturelles par lequel une personne, seule ou en commun, se définit, se constitue, communique et entend être reconnue dans sa dignité. »3 L’approche des droits culturels oblige donc à adopter une définition élargie, et distincte de celle communément répandue en France, du terme « culture » recouvrant « les valeurs, les croyances, les convictions, les langues, les savoirs et les arts, les traditions, institutions et modes de vie par lesquels une personne ou un groupe exprime son humanité et les significations qu'il donne à son existence et à son développement. »4 Les droits culturels remettent donc les personnes au centre et défendent l’idée que chaque personne est porteuse d’une culture qu’elle s’est elle-même constituée au travers de multiples références culturelles. Ils posent la nécessité d’une reconnaissance réciproque des personnes et encourage le développement de leurs capacités et le partage de leurs ressources. Ils se décomposent en huit droits dont l’effectivité est garantie par les acteurs publics : « identité et patrimoine culturels, référence à des communautés culturelles, accès et participation à la vie culturelle, éducation et formation, information et communication, coopération culturelle. »5 Encore marginale et mal connue des acteurs culturels il y a quelques mois, la notion de droits culturels s’est retrouvée au cœur de l’actualité avec l’adoption de l’article 103 de la loi NOTRe (Nouvelle Organisation Territoriale de la République) y faisant clairement référence : « La responsabilité en matière culturelle est exercée conjointement par les collectivités territoriales et l’État dans le respect des droits culturels énoncés par la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles du 20 octobre 2005. »6 Proposé par un groupe de sénatrices écologistes, l’amendement s’est vu adopté en première lecture de la loi au Sénat, avant d’être supprimé par l’Assemblée Nationale, suscitant de vives réactions de la part des défenseurs des droits culturels accusant les députés d’incohérence administrative (la France ayant déjà ratifié les textes internationaux sur la diversité culturelle) et de feindre l’ignorance. Pour le rapporteur de la Commission Culture de l’Assemblée et celui de la loi NOTRe, les droits culturels ne pouvaient être mentionnés dans la loi puisqu’« identifiés dans aucun texte à l’heure d’aujourd’hui »7, oubliant ainsi que les droits culturels font partie des droits humains fondamentaux énoncés dès 1948. Dans une tribune publiée dans l‘Humanité le 17 février dernier, quinze personnalités du monde politique et culturel ont appelé les députés à faire preuve de courage et à ne pas céder à la pression des opposants à l’amendement, rappelant que garantir le droit de chacun-e d’être 2 GROUPE DE FRIBOURG, Déclaration de Fribourg sur les droits culturels, adoptée à Fribourg le 7/05/2007, [en ligne], disponible sur https://www.fidh.org/IMG/pdf/fr-declaration.pdf (consulté le 30/08/15). Voir l’annexe n° 1 p 117 3 Ibid 4 Ibid 5 Ibid 6 Article 103 de la Loi NOTRe [en ligne], disponible sur http://www.mariechristineblandin.fr/les- droits-culturels-enfin-reconnus/ (consulté le 30/08/15) 7 Voir la lettre ouverte de Jean-Michel Lucas à François Hollande [en ligne], disponible sur http://www.irma.asso.fr/Jean-Michel-Lucas-Doc-Kasimir (consulté le 30/08/15) 7 reconnu-e dans son égale dignité était le meilleur rempart contre les extrémismes.8 C’était en effet un peu plus d’un mois après les attentats qui ont fait dix-sept victimes les 7 et 9 janvier et mis plus de quatre millions de personnes dans la rue deux jours plus tard pour défendre la liberté d’expression et le « vivre-ensemble ». Même si l’amendement a été préparé avant les attentats, le contexte dans lequel les uploads/Societe et culture/les-individus-donnent-du-sens-aux-espaces-et-les-transforment-en-lieux-de-vie-et-d-x27-interactions-sociales-l-x27-appreciation-et-l-x27-appropriation-de-l-x27-espace-public-leur-appartiennent.pdf

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