Attestation Word Gymnase de Burier 9 mars 2010 Nous sommes ce que nous mangeons

Attestation Word Gymnase de Burier 9 mars 2010 Nous sommes ce que nous mangeons Pourquoi les Chinois apprécient-ils le filet de rat et les Français les cuisses de grenouille ? Chaque société opère le choix de ce qu'elle juge culturellement comestible. Pourquoi ne consommons-nous pas tout ce qui est comestible ? Les règles culinaires ne peuvent être comprises que dans la logique intrinsèque de la culture de la société considérée. En France, on ne consomme pas d'insectes, de renards, de chats, de chiens ni de rats, alors qu'en Chine le filet de rat se vend au prix du meilleur poulet et le chien se consomme grillé. En revanche, les Français se régalent de toutes sortes d'aliments qui causent du dégoût dans d'autres cultures : la viande de cheval, les escargots, les grenouilles, les huîtres, les tripes d'animaux, la tête de veau, la cervelle d'agneau. Le lapin soulève le cœur des Anglais, l'odeur forte de nos fromages donne la nausée aux Asiatiques, eux qui n'éprouvent aucune gêne à consommer le dourian, un fruit qui pour notre nez répand une puissante odeur fécale : les molécules odorantes perçues par les cellules olfactives sont identiques, mais le décodage du cerveau est différent. Talita Gehret Page 1 Attestation Word Gymnase de Burier 9 mars 2010 Pourquoi dit-on que nous devenons ce que nous mangeons ? L'acte fondamental sur lequel se cristallise l'angoisse de l'omnivore, c'est l'incorporation. Incorporer un aliment, c'est, sur un plan réel et imaginaire, incorporer tout ou partie de ses propriétés. L'aliment consommé tend à transférer analogiquement au mangeur certains de ses caractères. La viande rouge et le sang sont supposés donner de la vigueur. Si je mange du lièvre, je vais courir plus vite. C'est là le trait principal de la pensée magique, l'idée que l'image égale l'objet. Un psychologue américain, Paul Rozin, a un jour tenté une expérience avec deux groupes d'étudiants. Dans un premier temps, ceux-ci devaient prendre connaissance d'un texte décrivant les mœurs d'une culture primitive. Un détail différait pourtant. Dans une des versions, la tribu chassait et consommait des tortues marines, et occasionnellement des sangliers pour leurs défenses; dans l'autre, au contraire, les hommes chassaient et mangeaient des sangliers, et éventuellement quelques tortues pour récupérer leur carapace. On demandait ensuite aux étudiants de déterminer les traits de personnalité de ces deux groupes. Les résultats sont significatifs : les caractéristiques attribuées aux individus consommant des tortues étaient proches de celles de l'animal, c'est-à-dire bons nageurs et paisibles, alors que les seconds, mangeurs de sangliers, étaient jugés rapides à la course et belliqueux comme le cochon sauvage. Pourquoi les Chinois apprécient-ils le filet de rat et les Français les cuisses de grenouille ? Chaque société opère le choix de ce qu’elle juge culturellement comestible. (Claude Fischler, « nous sommes ce que nous mangeons », La gastronomie à travers les âges. L’art du bien-manger, le Nouvel Observateur, hors série, n° 38, Paris, 1999, pp. 20-21) Talita Gehret Page 2 uploads/Societe et culture/ test-word-2007.pdf

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