See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://ww
See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.net/publication/283674740 Celebrity culture in France and english-speaking countries: A comparative approach Article in Revue Française de Sociologie · April 2011 CITATIONS 0 READS 120 1 author: Some of the authors of this publication are also working on these related projects: Des valeurs. Une approche sociologique View project Nathalie Heinich French National Centre for Scientific Research 145 PUBLICATIONS 981 CITATIONS SEE PROFILE All content following this page was uploaded by Nathalie Heinich on 07 June 2016. The user has requested enhancement of the downloaded file. NOTE CRITIQUE La culture de la célébrité en France et dans les pays anglophones Une approche comparative par Nathalie HEINICH RÉSUMÉ Il existe dans le monde universitaire anglophone un important courant de recherches, développé dans la dernière génération, sur la « celebrity culture », qui n’a pas son équivalent en français. Après avoir dressé un bilan de ces travaux, discipline par discipline, cette note critique tente d’élucider les raisons d’un tel décalage entre sciences sociales anglophone et francophone, et d’identifier les obstacles qui, dans l’une et l’autre traditions, peuvent encore entraver le développement d’une sociologie de la célébrité capable d’éclairer, hors de toute visée normative, les multiples facettes d’un phénomène devenu, au XXe siècle, quasi univer- sel. En 1978, le critique de cinéma américain James Monaco remarquait, dans une annexe bibliographique de sa compilation intitulée Celebrity (1978), que « pas grand-chose d’intéressant n’a été écrit sur le phénomène de la célé- brité » ; il citait moins d’une dizaine de références sur le sujet : deux Français (Edgar Morin et Roland Barthes) et, pour ce qui est de la culture anglophone, deux ouvrages généraux (Thomas Carlyle sur les héros et C. Wright Mills sur l’élite du pouvoir), quatre spécialistes américains du cinéma, dont lui-même, ainsi que le pamphlet contre « l’image » publié à New York par l’historien Daniel Boorstin (1961) une quinzaine d’années auparavant. Une génération plus tard, en 2006, une volumineuse anthologie sur la « celebrity culture », compilée par le spécialiste des médias canadien P. David Marshall (2006) comprendra dans sa bibliographie environ vingt-cinq ouvrages universitaires en langue anglaise consacrés à la célébrité en tant que telle, qu’il s’agisse du phénomène même de la renommée, des personnalités ou de leurs admirateurs (les fans) ; à quoi s’ajoutent ceux, nombreux, prenant pour objet les acteurs, la culture populaire, la télévision, etc., ainsi qu’un grand nombre d’articles. Voilà qui illustre la vitalité d’un courant clairement identifié comme tel dans le monde anglophone – que ce soit aux États-Unis, au Canada, en Grande-Bretagne ou en Australie –, et qui R. franç. sociol., 52-2, 2011, 353-372 353 socio_2-2011 v10-04 Heinich.prn E:\En cours\Socio 2-2011\pages\socio_2-2011 v10.vp lundi 28 mars 2011 16:04:13 Profil couleur : Profil d’imprimante CMJN gØnØrique Composite 150 lpp 45 degrØs s’est spectaculairement développé à partir de la fin des années 1970 sous le terme de « celebrity culture ». Un décalage transatlantique Ce qu’illustrent également ces données bibliographiques, c’est, en compa- raison, la pauvreté de la présence française dans ce domaine. Il n’existe en effet aujourd’hui aucune anthologie semblable en français, et l’expression même de « culture de la célébrité » n’est pas répertoriée comme catégorie de la recherche, contrairement au monde académique anglophone. Il semble que, pendant une quarantaine d’années, l’essai pionnier d’Edgar Morin sur les stars ([1957] 1972) n’ait guère connu de succession. Tout au plus a-t-on pu observer depuis une dizaine d’années la parution de quelques études sur le phénomène des fans et sur la culture populaire – nous y reviendrons –, ainsi qu’une tentative pour donner ses titres de noblesse socio- logique à la notion émergente de « médiacultures » (Maigret et Macé, 2005). Dans l’ouvrage qu’ils lui ont consacré, les sociologues Éric Maigret et Éric Macé proposent une bibliographie fournie, dans laquelle toutefois ne figurent pas les auteurs phares de la « celebrity culture » tels que Boorstin, Marshall, deCordova, Gabler, Gamson, Giles, Rojek ou Turner – nous y reviendrons aussi. Ces noms apparaîtront toutefois dans l’anthologie que ces mêmes auteurs consacreront trois ans plus tard aux « cultural studies » (Glevarec, Macé et Maigret, 2008), mais il n’y sera toujours pas question de « culture de la célébrité », alors même que l’on peut répertorier à partir des années 1970 pas moins de vingt-deux ouvrages en langue anglaise (sans compter les arti- cles) portant dans leur titre ou leur sous-titre les mots « celebrity », « fame » ou « stardom ». Inversement, il est assez peu question de « culture popu- laire » dans les « cultural studies », « media studies », « films studies » et autres « fan studies » dont relèvent ces travaux sur le plan des disciplines. D’une langue à l’autre, les découpages académiques ne sont décidément pas les mêmes ni, partant, les problématiques. S’agissant d’un phénomène massif dans le monde occidental moderne, ce décalage entre les deux cultures universitaires, anglophone et francophone, est particulièrement frappant, et mérite que l’on s’y arrête (1). Nous allons donc décrire successivement l’éventail des études sur la célébrité en anglais et en français, en rapportant ces deux corpus à leurs contextes académiques respectifs. 354 Revue française de sociologie socio_2-2011 v10-04 Heinich.prn E:\En cours\Socio 2-2011\pages\socio_2-2011 v10.vp lundi 28 mars 2011 16:04:13 Profil couleur : Profil d’imprimante CMJN gØnØrique Composite 150 lpp 45 degrØs La « celebrity culture » dans le monde anglophone En publiant en 2006 sa volumineuse anthologie consacrée à la « celebrity culture », David Marshall conféra consistance et visibilité à un courant d’études déjà considérablement développé, et qui possède aussi à présent ses analystes (Meyrowitz, 2002 ; Turner, 2004 ; Harmon, 2005). Nous nous limi- terons ici aux ouvrages, à l’exclusion (sauf quelques exceptions notables) des très nombreux articles. Comment classer cette production considérable ? On peut tout d’abord l’envisager de façon chronologique, en distinguant, premièrement, les rares publications, très dispersées, allant de la Seconde Guerre mondiale à la fin des années 1960 (Löwenthal, [1943] 1961 ; Powdermaker, 1950 ; Horton et Wohl, 1956 ; Boorstin, 1961 ; Klapp, 1962) ; deuxièmement, le démarrage du courant, entre la fin des années 1970 et la fin des années 1980 (Monaco, 1978 ; Goode, 1978 ; Dyer, [1979] 1998 ; Caughey, 1984 ; Schickel, 1985 ; Braudy, 1986 ; Rein, Kotler et Stoller, [1987] 2006) ; troisièmement, sa montée en puissance, avec une quinzaine d’auteurs dans les années 1990 (deCordova, [1990] 2001 ; Gledhill, 1991 ; Fowles, 1992 ; Jenkins, 1992 ; Lewis, 1992 ; Cathcart et Drucker, 1994 ; Gamson, 1994 ; Gabler, 1995 ; Marshall, 1997 ; Collins, 1998 ; Frow, 1998 ; Evans et Wilson, 1999) ; et, enfin, sa consolidation actuelle, avec près d’une vingtaine d’ouvrages publiés dans les seules années 2000 (Giles, 2000 ; Cowen, 2000 ; Dahlgren et Sparks, 2000 ; Andrews et Jackson, 2001 ; Barbas, 2001 ; Rojek, 2001 ; Maltby, Houran, Lange et al., 2002 ; Ponce de Leon, 2002 ; Couldry, 2003 ; Turner, 2004 ; Cashmore, 2006 ; Holmes et Redmond, 2006 ; Marshall, 2006 ; Castles, [2000] 2007 ; Halpern, 2007 ; Rowlands, 2008 ; Brim, 2009 ; Loug- hlan, McDonald et Van Krieken, 2010). Voilà qui suffit à mettre en évidence la nette accélération des études sur la célébrité dans le monde anglophone depuis le milieu des années 1980. Elles proviennent donc d’auteurs nés, au minimum, après la Seconde Guerre mondiale et, pour nombre d’entre eux, avec ou après l’apparition de la culture télévisuelle. Un autre classement, non plus par la chronologie mais par la nationalité, met en évidence la prééminence des Américains (Barbas, Boorstin, Braudy, Brim, Caughey, Collins, Cowen, deCordova, Ferris, Gabler, Gamson, Goode, Halpern, Jenkins, Monaco, Ponce de Leon, Powdermaker, Rein, Rowlands, Schickel), puis des Britanniques (Cashmore, Couldry, Dahlgren et Sparks, Dyer, Evans et Wilson, Giles, Gledhill, Holmes et Redmond, Kear et Steinberg [1999], Maltby, Rojek), ainsi que la présence des Australiens (Castles, Frow, Turner, Loughlan), et enfin des Canadiens (Klapp, Marshall), après les travaux pionniers sur les médias de Marshall McLuhan ([1964] 1977). Le genre édito- rial peut également avoir sa pertinence, selon que l’on a affaire à des essais à la limite du pamphlet (tels Boorstin, Dyer, Rowlands), à des anthologies (Monaco, Gledhill, Lewis, Andrews et Jackson, Dahlgren et Sparks, Marshall), ou encore – beaucoup plus souvent – à des enquêtes ou des réflexions empiri- quement étayées, ne serait-ce que par le recours à l’historiographie. 355 NOTE CRITIQUE socio_2-2011 v10-04 Heinich.prn E:\En cours\Socio 2-2011\pages\socio_2-2011 v10.vp lundi 28 mars 2011 16:04:13 Profil couleur : Profil d’imprimante CMJN gØnØrique Composite 150 lpp 45 degrØs C’est toutefois la discipline qui offre l’entrée la plus parlante dans cette production, caractérisée par une grande variété de spécialisations universi- taires. L’essor des travaux sur la célébrité à partir de la fin des années 1970 provient avant tout des spécialistes de cinéma. Le premier d’entre eux fut le critique américain James Monaco, qui rassembla en 1978 un ensemble de textes sur la célébrité, au sein de laquelle il distingue trois catégories : les « héros », qui ont uploads/Societe et culture/ heinich-celebrity-culture-usa-france.pdf
Documents similaires










-
68
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Jul 03, 2022
- Catégorie Society and Cultur...
- Langue French
- Taille du fichier 0.1798MB