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>ePiH ^Nve ni M \m U IJlË DE LlSIilT DANS LA HIILOSOPIIIEDEDESIIARTES JEAN WAHL At'i'i'B>î '!>' Pliil"sii|iliie Docteur es lettres Ancien élbve de l'École Nonnole SupOricuic Ancien pensionnaire de la Tondalioii Tliiii's Pi-ofesseiir au Ia'cco «In Mans PARIS LIltUA IlilK l'KI.IX au; AN 108, IKH'I.KVAHI) SAIIST-fiEUMAIN, {M') 1920 DU ROLE DE L'IDÉE DE L'INSTANT DANS LA PHILOSOPHIE DK DESCARTES Digitized by the Internet Archive in 2009 witli funding from University of Ottawa littp://www.arcli ive.org/details/duroledelidedeOOwalil D^ KOLI 1)1 i'IDÉi; DE \m\W DANS LA PHILOSIirillE DE DKSCÂKTtlS JEAN WAHL Agrégé fie Philosophie Docteur es lettres Ancien élève de l'École Normale Supérieure Ancien pensionnaire de la Kondaliuii Thipi"s Professeur .-tu Lvrée du Mans PARIS LIBRAllllE F EUX AI.CAN 108, BOUI.KVAIll) SAI.\T-GKI(MA1>, ' M' I 1920 Tous droits de Iradiictiou, de reproduction el d'adaptation réservés pour tous pays. MONSIEUR HENRI BERGSON Du Rôle de l'Idée de l'Instant DANS La Philosophie de Descartes Toute la dialectique ascendante et descendante que nous suivons dans les Méditations et les Principes ne se comprend peut-être bien que grâce à la conception que Descartes se fait du temps. On a insisté le plus souvent sur la théorie cartésienne de l'espace. Pour se rendre compte de la façon dont s'est constituée la philosophie de Descartes, il semble qu'il ne faille pas accorder une moindre place aux résultats de ses méditations sur le temps. C'est par un acte instantané de la pensée que l'esprit pourra se délivrer de son doute. Mais le doute n'aura été qu'un acte instantané. De même que nous devons fonder rationnellement la certitude, il faut poser un fondement rationnel de ce doute même par lequel il faut passer une fois en sa vie (i) : pour cela, il suffira de nous attaquer auv premiers principes de nos connaissances ; et. pour montrer leur incertitude, nous pourrons nous contenter de faire \ oir qu'ils nous ont trompés une seule fois (2). Et comme tout à l'heure, à l'aide d'un seul point ferme et assuré nous reconstruirons le monde (j), maintenant, il ( I) VIT 17, l'r. ( I, X 395. 39S. I-es citations sont faites d'après l'éditiou .\dam-Taniiery. Cependant, ponr les Principes, nous avons utilisé la division en livres et chapitres. (2) VII 18, IT. t 4, X 510. (3) X 515. 2 nu UOLK 1>K 1- ID8K DE I. INSTANT suffira de trouver en certaines affirmations un point qui ne soit pas assurtj pour que tout le système de no~^ affirmations s'écroule. Un des principauv motifs du doute cartésien, c'est l'existence de la méiTioire. Descartes voit en effet en lui-même un grand nombre de connaissances qui lui paraissent certaines, mais qui n'apportent pas a\ec elles, qui n'enferment pas en elles leur propre certitude. Si nous recherchons le fondement de cette apparente certitude, nous sommes forcés de remonter jusqu'à un passé plus ou moins lointain et parfois jusqu'à notre enfance où notre cerveau, natu- rellement plus faible qu'aujourd'hui, recevait plus facilement les opinions d'autrui (i). Bien souvent nous nous trompons parce que nous nous fions à notre mémoire (2). Ce sont ces préjugés qui empêchent la vraie physique de se constituer. Mais tout raisonnement au fond n'implique-t-il pas une certaine opération de la mémoire? Et toute méditation n'est-elle pas un enchaînement de raisonnements ? « Je ne trouve jamais rien que par une longue traînée de considérations » remarquait Descartes (3). Or il y a des conclusions dont nous ne pouvons douter au moment où nous pensons le raisonnement par lequel nous y sommes arrivés : mais quand nous avons oublié le rai- sonnement, pouvons-nous nous fier aux conclusions ? Tel est un des principaux problèmes que se pose Descartes (4). Tout discours implique du temps La faiblesse de l'homme vient de ce qu'il est forcé de recourir à sa mémoire, de ce que son attention n'est pas constante, de ce que son esprit est lent et étroit, de ce qu'il ne peut pas ôti-e fixé toujours sur une mêiTie pensée, de ce que la pointe de son esprit (mentis acies) n'est pas toujours tour- née du môme côté (5), de ce qu'il peut oublier les différents stades par lesquels il est arrivé à telle ou telle conclusion. L'inconstance de notre âme qui ne peut être « quasi qu'un moment attentive à une môme chose », là est la cause de l'erreur en môme temps que du péché (6). (i) IV 114, VI 13, Pi. I 47. 12) I 44.' (3) I 22- (4) VII i.}6 par exemple. (5) VII 70, VII 4, X 387, 388, 408, 409. (6) IV lift, 117. Dans la philosophie de dkscartes o L'existence de la mémoire, et d une favon plus profonde la réalité du temps, c'est un des mollis les plus importants du doute cartésien. Qui nous garantit avant que Dieu soit prouvé, la persistance des idées à travers les instants > lit d'autre part, toutes les démarches de notre esprit, en même temps qu'elles dépendent d'un passé dont nous n'avons pas une connaissance certaine, engaptent lavenir, hypothèquent sur lui ; non seulement nos concepts se forment lentement, mais ils ne sont pas encore complètement formés ; et de même qu'ils impliquent du passé, ils impliquent de l'avenir (i). Si je dis que l'homme est un être vivant raisonnable, et si je prétends ainsi le définir, me voici forcé de me demander ce que c'est qu'un être vivant, ce que veut dire raisonnable ; je descendrai de questions en questions et j'emploierai un temps précieux dans une vie si courte à des recherches qui ne semblent pas devoir s'épuiser de si tôt. Il nous faudra toujours prendre garde à ne pas nous engager en des raisonnements qui nous mèneraient à l'infini et le raisonnement, qu'il consiste en la recherche des définitions, ou même en la déduction à partir de certains principes, nous mène trop facilement à l'infini. « Les premiers principes que j'ai ci- dessus expliqués, dit Descartes au 111' livre des Principes, sont si simples qu'on en peut déduire beaucoup plus de choses que nous n'en voyons dans le monde, et même beaucoup plus que nous n'en saurions parcourir de la pensée en tout le temps de notre vie » (2). De là le rôle de l'expérience ; l'intuition d'un côté, l'expérience de l'autre seront les moyens par lesquels nous pourrons condenser d une part, limiter de l'autre notre pensée. Mais jusqu'à nouvel ordre, nous sommes placés devant ce danger de la régression ou de la progression à l'infini (5). Or la mort peut à tout moment me surprendre (4). L'idée de la mort et l'idée de l'oubli, c'est sous cette double forme que déjà s affirme ici l'idée de l'indépendance des moments du temps. D'une façon générale, le développement est un signe d'imper- fection, et le lau même qu une chose, qu'une qualité augmente (ij \'II 25, X 515. 51b. Cf. Muiitait;ue : E.ssais, livre 3, ch. 13. (2) Pr. in 4. (3) Sur la régression à l'iiifiui qu'il faut toujours éviter, \11 iS, 106, 107, 111, 422. X 122, IV 112. 113, V 355 — VII 42, 50. (4) II 552. liescartes revient ]ilusicurs fois sur celte idée de la brièveté de la vie, ex. VI 3. 4 Df RÔLE DE L IDÉE DE L INSTANT par degrés est un témoignage irréfutable de son caractère impar- fait (i). Ainsi II les anciennes cités qui, n'ayant été au commen- cement que des hourgadcs. sont devenues par succession de temps des grandes villes sont si mal composées au prix de ces places régulières qu'un ingénieur trace à sa fantaisie dans une plaine ». L'idéal serait donc de trouver « dès le commencement une règle de vie parfaite, de faire un usage entier de notre raison dès le point de notre naissance » {2). Idéal que nous ne pouvons atteindre, car si nous l'atteignions nous serions Dieu. Du moins nous pou\ons tenter d'imiter, dans une faible mesure, la connaissance divine. Si nous le voulons, il ne nous faudra assurément pas rester enfermés dans la cunsidération des corps et de la nature, car les corps changent incessamment et si nous disons que notre corps est le môme que dans notre enfance (31, si nous disons que ce morceau de cire est le même que tout à l'heure, cela veut dire avant tout que le corps de noire enfance et notre corps d'aujour- d'hui sont joints à la même âme, que nous avons de la cire un concept qui reste identique. Un minimum de certitude \a nous suffire pour que toute certi- tude soit reconstruite, de même qu'un minimum de doute avait sutïi pour que toute certitude soit détruite. Ce qu'il s'agit de trouver, nous l'avons dit. c'est une certitude instantanée, une vérité qui enferme sa certitude, qui soit essentiellement diffé- rente d'un raisonnement ou d'un souvenir. Or nous possédons en nous une telle vérité. Tandis que je pense à telle ou telle chose, que je regarde tel objet, il n est pas certain par exemple que l'objet auquel je pense existe, mais il est certain tout au moins que je pense, il uploads/Sante/j-wahl-du-role-de-l-x27-idee-de-l-x27-instant-dans-la-philosophie-de-descartes-1920.pdf

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  • Publié le Mar 09, 2022
  • Catégorie Health / Santé
  • Langue French
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