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1 Anonyme 2 PAS SI FOU UN SCHIZOPHRÈNE SE RACONTE AVERTISSEMENTS Le texte que vous allez lire contient des critiques contre les médicaments neuroleptiques, abondamment utilisés en psychiatrie. Les personnes qui prennent actuellement de tels médicaments pourraient être, en me lisant, tentées d'interrompre leur traitement du jour au lendemain. Je leur conseille la prudence, surtout si elles ont pris le médicament durant une longue période. Il peut être judicieux de réduire les doses progressivement, si possible avec l'assistance d'un professionnel de la santé - pas forcément un psychiatre. Je n'irais pas jusqu'à affirmer que ces médicaments doivent être interdits dans tous les cas. Ils peuvent être utiles s'ils sont employés durant un brève période, en cas de délire extrême. Mais ils sont souvent très mal utilisés, et font pour cela plus de mal que de bien. Aux psychiatres qui me liront, je tiens à dire que mon récit ne doit pas être interprété comme une attaque contre leur profession. Certains, parmi eux, font de l'excellent travail. Tout comme le font également de nombreux infirmiers en psychiatrie, ou d'autres professionnels de la santé mentale. Mais la psychiatrie présente également une "face sombre". Elle peut faire des ravages. Et c'est de cela qu'il est question ici. Je précise que je n'appartiens à aucune église, secte, ou organisation politique - du moins pas au moment où j'écris ces lignes. Je n'ai que peu de convictions idéologiques. Ma révolte contre les traitements psychiatriques forcés trouve son origine dans mon histoire personnelle. J'ai été diagnostiqué "schizophrène" à 12 ans. C'est ce diagnostic, ainsi que les traitements qui ont suivi, qui a créé ma maladie. Mon cas n'est pas isolé. C'est ce que j'explique ici, en espérant que mon témoignage contribuera à faire évoluer les choses. Schizo Anonyme Le 21 février 2001. 3 INTRODUCTION J'avais sept ans lorsque j'ai été déclaré psychotique. Douze lorsqu'un psychiatre réputé posa le diagnostic de "schizophrénie infantile", et me prescrivit ces "camisoles chimiques" que sont les médicaments neuroleptiques. Je suis aujourd'hui âgé de 41 ans. Raconter ma maladie et mon itinéraire psychiatrique m'est pénible. N'y a-t-il pas une grande indécence dans le fait d'étaler ainsi une partie de mon intimité? J'ai hésité, longtemps, avant de me décider à entreprendre le présent récit. Si je me suis finalement décidé à le faire, c'est parce que je suis persuadé que mon témoignage sera utile à de nombreuses personnes. Énormément d'idées fausses circulent sur la schizophrénie, les autres formes de psychoses1, ainsi que sur les affections de l'âme en général. Les médecins eux-mêmes les comprennent très mal. Il est donc souhaitable que les principaux intéressés sortent de leur silence. Je suis en mesure de le faire, parce que les souffrances psychiques ne m'ont pas rendu muet - bien au contraire. J'ai même été journaliste, dûment inscrit au registre professionnel suisse. J'ai publié des articles sur des sujets aussi variés que le Kurdistan turc, les faits divers policiers en Suisse, l'informatique, les sectes religieuses, le Kosovo, l'extrême-droite, les squats genevois, et bien d'autres thèmes de société. Mais jusqu'à présent, je n'avais pas écrit sur moi. J'ai hésité à signer ce texte de mon vrai nom, avant de me décider pour "Schizo Anonyme". Tenter d'assumer à visage découvert l'étiquette de "schizophrène" serait inutilement douloureux. Je sais que certains me reconnaîtront, et je l'accepte. Je ne dissimule pas mon passé à mes proches amis. Mais je ne souhaite pas rendre mon nom public dans un tel contexte2. Bonne lecture! Schizo Anonyme 1 Pour plus de précisions quant aux termes employés dans ce texte, voir le chapitre "Définitions", dans la parties "annexes". 2 L'on peut toutefois prendre contact avec moi, grâce aux nouvelles technologies de communication électronique. Mon courriel (email) est: schizan@alterpsy.org à l'heure ou je rédige ces lignes. Mon site web: http://www.alterpsy.org . Ces coordonnées peuvent changer dans l'avenir. Mais l'on trouvera toujours le moyen de me joindre sur l'internet. Il suffira d'utiliser un l'un de ces index électroniques qu'on nomme "moteurs de recherche" (google, yahoo, altavista, etc.), et de chercher "fous rebelles" ou "Schizo Anonyme", par exemple... Note importante: ce texte est destiné à être diffusé librement. Le lecteur est autorisé à en faire des copies et à le diffuser, sans devoir s'acquitter d'un droit d'auteur, à condition d'inclure la présente note. S. An. 4 TABLE DES MATIÈRES Avertissements Introduction Chapitre un: Fous Rebelles Chapitre deux: Un étrange voyageur Chapitre trois: Le petit monstre Chapitre quatre: Diagnostic secret Chapitre cinq: L'horreur médicamenteuse Chapitre six: Séquelles neuroleptiques ? Chapitre sept: Haine de soi Chapitre huit: L'égarement idéologique Chapitre neuf: Une adolescence psychotique Chapitre dix: Séquelles neuroleptiques ? (suite) Chapitre onze: Afrique Chapitre douze: Délire Chapitre treize: Rechutes Chapitre quatorze: Neuroleptiques à quatre ans Chapitre quinze: Quelles alternatives ? Annexes: Définitions Mode d'action des neuroleptiques Le retour des électrochocs Les ex-patients psychiatriques s'organisent Scientologues contres psychiatres Quand la médecine rend malade - les aberrations de l'économie moderne Rémission spontanée d'une schizophrène Hyperactivité et Ritaline 5 Chapitre 1 FOUS REBELLES "On dit que je suis schizophrène", m'explique la jeune femme. "Les médecins veulent me forcer à prendre un médicament que je ne supporte pas, pour le restant de mes jours. Pourtant, je suis persuadée de ne pas être malade." Genève, été 1999, par un samedi après-midi. Sur une petite terrasse ombragée du centre-ville, mon interlocutrice - appelons la Mélanie - raconte une histoire qui me paraît incroyable. Elle a 22 ans, et était inscrite en seconde année de lettres à l'Université de Lausanne lorsque, voici six mois, une violente dispute familiale l'a précipitée dans les engrenages des institutions psychiatriques. Mélanie se sentait dépréciée par sa belle-mère, et l'a agressée en paroles avec une violence qui a effrayé son père. Il a appelé la police, qui a présenté sa fille au service des urgences de l'hôpital psychiatrique de la ville. Les médecins ont jugé son cas suffisamment grave pour la soumettre à l'internement forcé dans un établissement de la région. Les médecins lui ont prescrit du Haldol3, l'un des neuroleptiques les plus utilisés en psychiatrie. Elle ne l'a pas supporté. Ce médicament interfère avec la complexe activité biochimique des neurones, ces cellules qui composent notre cerveau et notre système nerveux4. Il exerce un effet calmant tout en infligeant des souffrances qu'il est difficile de décrire à qui n'a jamais pris ce produit, ou un médicament similaire. Des anciens patients psychiatriques assurent qu'il provoque un mal-être insupportable dans tout le corps, et qu'il inflige au patient un terrible sentiment d'abattement psychique. A long terme, ce produit est dangereux, et peut laisser des séquelles irréversibles affectant la coordination des mouvements. Mélanie confirme que l'effet du Haldol était horrible. Les médecins ont, face à ses plaintes, accepté de lui prescrire un autre neuroleptique, le Zyprexa5, qu'elle supporte mieux, tout en insistant sur le fait qu'elle ne désire aucun médicament, et qu'elle estime ne pas en avoir besoin. Les médecins, quant à eux, persistent à lui coller l'étiquette de schizophrène, et tentent de la persuader qu'elle devra, pour le restant de ses jours, se soumettre aux traitements qu'on lui prescrira. La juge de paix de sa commune a par ailleurs engagé une procédure visant à mettre Mélanie sous tutelle de... son propre père! Pourtant, elle fait tout pour montrer qu'elle est capable de gérer son existence. Elle passe ses nuits à la clinique, mais travaille dans une boulangerie le samedis et dimanche, ce qui lui permet de payer les cours de danse et de peinture qu'elle suit en semaine. Elle a l'intention de recommencer ses études dès que l'on le lui permettra. Et m'explique ses disputes familiales avec lucidité. Sa mère est morte voici quelques années, et son père s'est remarié avec une femme qui semble détester Mélanie, et la considérer comme un obstacle entre elle et son nouveau compagnon. Mélanie est donc plusieurs fois sortie de ses gonds. Y a-t-il donc vraiment là de quoi diagnostiquer une schizophrénie? 3 Nom scientifique: Haloperidol 4 Pour plus de détails, voir "mode d'action des neuroleptiques" dans les annexes en fin de ce texte. 5 Nom scientifique: Olanzepine 6 "Les psychiatres m'ont dit qu'il s'agit d'un mal héréditaire. Ils me disent que si ma maladie ne s'est pas déclarée avant la mort de ma mère, c'est parce que l'amour que j'éprouvais pour elle cachait ma schizophrénie". Peut-être n'aurais-je pas cru Mélanie si je n'avais, plus d'un quart de siècle auparavant, été moi aussi déclaré schizophrène. J'avais douze ans. Ma mère venait de me laisser en tête à tête avec un pédopsychiatre renommé. Elle m'avait conduit dans son cabinet sur recommandation du service médico-pédagogique genevois, parce que mes mauvaises performances scolaires, ainsi que mon caractère excentrique - et parfois très agressif - intriguaient ma famille autant que mes professeurs. Notre première entrevue commença par un long face à face silencieux. j'attendais qu'il parle, mais il persistait à me regarder en silence, attendant que je prenne la parole en premier. Ce dont je me sentais incapable: ce personnage au visage sévère, qui fixait sur moi son regard déformé par d'épaisses lunettes, m'intimidait. Je ne savais quoi lui dire, ni uploads/Sante/ temoignage-schizo.pdf

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  • Publié le Aoû 09, 2022
  • Catégorie Health / Santé
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