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1 Fer Dr. Ferenczi Sdndor idegorvos kir. töroényszéki orvosszakértö VII, Erzsébet- körtit 54 ^ Budapest, 18 janvier 1908 Très honoré Monsieur le Professeur, Je vous suis très reconnaissant de vous déclarer prêt à me recevoir en compagnie du Docteur Stein', moi que vous ne connaissez pas. Non seulement parce que je suis très désireux de vous approcher personnellement, Monsieur le Professeur, vous dont l'enseignement occupe sans cesse mon esprit depuis près d'un an, mais aussi parce que cette rencontre promet d'être pour moi utile et instructive à plus d'un titre. Maintenant plus que jamais, j'ai besoin d'être instruit, car je suis sur le point d'exposer l'ensemble de vos découvertes devant un public de médecins, pour une part totalement ignorants en la matière, pour une autre faussement informés 2. Cela étant, je ne perds pas de vue votre axiome : pour être vrai, il faut tenir compte de son auditoire; aussi ne présenterai-je tout d'abord que des faits évidents, faciles à comprendre, et par là même, convaincants. Quoi qu'il en soit, c'est une tâche très difficile : en les bousculant sans tact, je ne pourrais que nuire à la cause; je veux me montrer un maître au moins dans l'art de la limitation 3. Pardonnez-moi d'entrer aussitôt in media res *. Il est facile de se laisser submerger par un tel sujet. Je vous remercie encore de votre amabilité, et dans l'agréable attente du 2 février, je reste votre très dévoué Dr. Ferenczi A. En-tête préimprimé : Dr. Sdndor Ferenczi Neurologue Expert médical près les Tribunaux royaux VII, Erzsébet-kbrût 54 4 Correspondance 1908-1914 * En latin dans le texte: au coeur du sujet. 1. Philippe (Fülöp) Stein (1867-1918). Neuropsychiatre hongrois. Militant du Mouvement antialcoolique. Sa visite, ainsi que celle de Ferenczi, chez Freud, fut organisée par l'intermédiaire de Jung (Jung à Freud, 28 VI 1907, Correspondance FreudJung, I, pp. 116-119) pour le dimanche 2 février 1908. Stein avait collaboré aux expériences d'associations verbales de ce dernier au Burghölzli (voir 2 F, note 3), où Ferenczi avait aussi été reçu en 1907 (lettre inédite de Jung à Ferenczi, du 1°" octobre 1907). 2. Ferenczi, 1908, 60 (voir 5 Fer, note 2 et 7 Fer). 3. Ferenczi fait probablement allusion aux lignes de Goethe: « La limitation, c'est là qu'on voit le maître, /La loi seule peut nous donner la liberté.» U.W. Goethe, Poésies, trad. R. Ayrault, 1982, t. Il, pp. 496-497.) N.d.E. Les notes du transcripteur sont signalées par des lettres majuscules: A. Les notes des traducteurs par des astérisques: *. Les notes des commentateurs par des chiffres :'. Les notes des auteurs par: /*/. 2F Prof Dr. Freud Vienne, IX. Berggasse 19 le 30 janvier 1908 A Monsieur et très honoré Collègue, Je serai donc très heureux de vous recevoir chez moi le dimanche 2 février, en compagnie de votre collègue le Dr. Stein. Des ennuis de santé survenus dans ma famille' empêchent malheureusement ma femme 2 de vous recevoir à déjeuner tous les deux, comme nous avons pu le faire en des temps meilleurs pour le Dr. Jung s et le Dr. Abraham 4. Je ne peux donc que vous prier de venir aux environs de 3 heures de l'après-midi et de me consacrer votre journée à partir de ce moment. Votre confraternellement dévoué Dr. Freud Mes meilleures salutations au Dr. Stein. A. En-tête préimprimé. Voir supra « A propos de la transcription ». 1. Plusieurs membres de la famille Freud étaient alors atteints de la grippe; la fille aînée, Mathilde (1887- 1978), souffrait, selon ses termes, « d'irritation abdominale », après une opération d'appendicite (Freud à Jung, le 25I 1908, Correspondance Freud-Jung, I, p. 174). Karl Abraham, dans une lettre à Max Eitingon du 8 mars 1908 (in Hilde Abraham, Karl Abraham, 1976, p. 81) parle d'une pérityphlite, c'est-à- dire d'une inflammation de l'enveloppe périto néale du cæcum et de l'appendice. Mathilde épousa, en 1909, Robert Hollitscher (1875-1959), un agent commercial. Le couple, sans enfants, mourut à Londres, en émigration. 2. Martha Bernays-Freud (1861-1951). Fille de Berman Bernays — négociant, puis secrétaire du célèbre économiste Lorenz von Stein — et d'Émilie Philipp, issue d'une famille de savants juifs; elle avait pour grand-père paternel Isaac Bernays, grand rabbin de Hambourg dans les années 1840. La famille Bernays quitta Hambourg pour Vienne en 1869. Dix ans plus tard, 1908 mort du père: le fils aîné Éli assume désormais le rôle de chef de famille. En octobre 1883, mariage d'Éli avec Anna, la soeur aînée de Sigmund Freud. Fiançailles de Freud et Martha le 17 juin 1882. Séparation des fiancés un an plus tard du fait du retour de Mme Bernays en Allemagne, à Wandsbeck près de Hambourg. Pour des raisons pécuniaires, Freud n'y fait que de rares visites, d'où une correspondance quasi quotidienne entre les fiancés. Leur mariage a lieu à Wandsbeck, le 13 septembre 1886. Freud accepte à contre-coeur un mariage religieux, exigé par la loi autrichienne. Le couple s'installe à Vienne. Ils auront six enfants: Mathilde (1887), Martin (1889), Oliver (1891), Ernst (1892), Sophie (1893), et Anna (1895). 3. Carl Gustav Jung (1875-1961), à l'époque médecin-chef à l'Hôpital cantonal et clinique universitaire du Burghôlzli à Zurich (une institution d'avant-garde parmi les plus importantes d'Europe, sous la direction d'Auguste Forel et de son successeur Paul Eugen Bleuler (voir 18 F, note 2); un grand nombre de ceux, intéressés par la psychanalyse et qui devaient devenir plus tard des personnalités réputées, y ont séjourné, entre autres: Karl Abraham, R.G. Assagioli, Ludwig Binswanger, Trigant Burrow, Abraham Arden Brill, Charles Macfie Campbell, Imre Décsi, Max Eitingon, Sàndor Ferenczi, Johann Jakob Honegger, Smith Ely Jelliffe, Ernest Jones, Alphonse Maeder, Herman Nunberg, Johann H.W. van Ophuijsen, Nicolaï E. Ossipov, Franz Riklin, Hermann Rorschach, Tatiana Rosenthal, Leonhard Seif, Eugénie Sokolnicka, Sabina Spielrein, Fülöp Stein, Wolf Stockmayer, Johannes Irgens Stromme, Jaroslav Stuchlich et Alexander Young). Les expériences d'associations verbales de Jung avaient éveillé l'intérêt de Freud, dont il devint par la suite l'élève, le collaborateur et l'ami, et qui voyait en lui son cher fils et successeur (Freud à Jung, le 10 VIII 1910, Correspondance Freud-Jung, I, p. 81). Ainsi Jung fut rédacteur en chef du premier périodique psychanalytique, le Jahrbuch für psychoanalytische und psychopathologische Forschungen (Revue annuelle de recherches en psychologie et en psychopathologie), fondé en 1908, et le premier président de l'Association Psychanalytique Internationale (A.P.I.). A partir de 1912, Jung commença à développer des théories qui s'écartaient de celles de Freud — essentiellement à propos du concept de libido — et créa sa propre école dite de « psychologie analytique . Ses théories sur la psychose en font un pionnier dans ce domaine. Ses recherches portent essentiellement sur l'héritage archaique de la psyché humaine. Ses déclarations sur la « psyché juive et les fonctions qu'il occupa sous le III° Reich (en 1933, président de la Société médicale internationale de psychothérapie, et jusqu'en 1939, rédacteur en chef du Zentralblatt für Psychotherapie und ihre Grenzgebiete (Revue de psychothérapie et domaines annexes) furent sévèrement critiquées. Voir Jung, Ma vie; souvenirs, rêves et pensées, ainsi que Col. Works, vol. XIV. 4. Karl Abraham (1877-1925) Psychanalyste allemand. Depuis 1904, premier assistant de C.G. Jung au Burghölzli. A partir de 1907, en rapport étroit avec Freud, dont il devint un des plus proches collaborateurs et membre fondateur, avec S. Ferenczi, E. Jones, O. Rank, Hanns Sachs, du « Comité secret (1912) (voir 320 F et la note 4). En 1908, Abraham fonda, à Berlin, une Association psychanalytique non officielle qui devint, en 1910, la première société composante de l'A.P.I. et il en resta le président jusqu'à sa mort. Avec Hitschmann, il reprit à Jung la rédaction du Jahrbuch; à partir de 1919, Abraham fut le rédacteur en chef de l'Internationale Zeitschriftfür (àrztliche) Psychoanalyse (Revue internationale de psychanalyse médicale). En 1914, Abraham remplaça Jung comme président de l'Association Psychanalytique Internationale jusqu'en 1918. En 1924, il fut réélu à cette fonction. Ses travaux théoriques — notamment ceux concernant les stades de développement prégénitaux et les psychoses — sont considérés comme des contributions classiques à la psychanalyse. 3 Fer Dr. Ferenczi Sdndor idegorvos kir. töroényszéki orvosszakértö VII, Erzsébet- körtit 54 Budapest, le 10 février 1908 Très honoré Monsieur le Professeur, Vous recevrez demain, dans le courant de la journée, la visite d'une Madame Marton de Tapolcza (Hongrie). Je l'ai examinée il y a plusieurs jours et j'ai constaté une paranoïa assez récente avec prédominance d'un délire de jalousie. Un entretien prolongé m'a convaincu que la patiente est encore capable de transfert. Je crois qu'il s'agit là d'un cas où l'analyse pourrait être tentée avec quelque chance de succès. Mais avant de m'y résoudre, je voulais connaître votre opinion et j'ai incité la patiente à se rendre à Vienne. A mon avis, le traitement devrait se faire dans une institution. A moins que vous n'estimiez que l'on puisse se passer du traitement en institution? La journée de dimanche dernier que vous m'avez permis de passer en votre compagnie me travaille sans cesse ; je ne saurais trop vous remercier de votre prévenante amabilité et des uploads/Sante/ i-ferenczi-janvier-1908-juillet-1914.pdf
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- Publié le Jui 17, 2021
- Catégorie Health / Santé
- Langue French
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