Greffes, transplantations et dons d’organes, Principes catholiques et applicati
Greffes, transplantations et dons d’organes, Principes catholiques et applications concrètes (abbé François Knittel) GREFFES, TRANSPLANTATIONS ET DONS D’ORGANES Principes catholiques et applications concrètes Depuis quelques années se développe en France une forte campagne en faveur du don d’organes, matériel indispensable aux greffes et transplantations de plus en plus répandues. D’un côté, il semble difficile de s’opposer à ces pratiques médicales qui, relevant souvent de l’exploit technique du corps médical, en appellent à l’altruisme, à la philanthropie, voire à la charité du grand public. Qui d’entre nous, ne désirerait aider son prochain ? D’un autre côté, les fils soumis de l’Eglise voudraient s’assurer qu’il n’y a là rien de contraire aux principes moraux chrétiens. D’où une certaine insistance pour que soit répondu à cette question : les dons d’organes et les greffes qu’ils permettent sont-ils permis ? Comme nous le verrons, les choses ne sont pas aussi simples que nous puissions répondre affirmativement ou négativement pour tous les cas. Il sera indispensable d’opérer certaines distinctions et précisions afin que notre réponse soit conforme aux principes de moralité naturelle et chrétienne. Avant de passer aux dons d’organes, il nous faut d’abord nous pencher sur la question fondamentale du pouvoir qu’a l’homme sur son corps. En effet, si l’homme a tout pouvoir sur son corps, sans limitation aucune, les dons d’organes devraient être facilement permis et cela sans grandes conditions préalables. Par contre, si le pouvoir qu’a l’homme sur son corps est limité, par le fait même sa capacité à se prêter à des dons d’organes le sera aussi. Étant donné que le pape Pie XII[1] a parlé à plusieurs reprises des problèmes soulevés par les dons d’organes et les greffes, nous nous adresserons surtout à lui pour connaître le pouvoir qu’a Dieu et celui qu’a l’homme sur le corps humain (I) et pour comprendre le principe de totalité (II). Puis, nous passerons à l’évaluation morale des diverses formes de greffes pratiquées aujourd’hui (III). Haut de page I – PROPRIÉTÉ ET USAGE DU CORPS HUMAIN 1.- Dieu est le maître du corps humain 2.- L’homme est usufruitier et non propriétaire de son corps. 3. – L’usage des membres du corps humain est réglé par leur finalité naturelle. 4. – L’usufruitier peut sacrifier une partie du corps humain pour sauver le tout. 5. – Le sacrifice de la partie en faveur du tout relève du principe de totalité. 6. – Les mêmes principes obligent l’individu, ses parents, son conjoint ou son médecin. 7. – Ici, pas plus qu’ailleurs, la fin (ou l’intention) ne justifie les moyens. II – LE PRINCIPE DE TOTALITÉ 1.– Énoncé du principe de totalité. 2.- L’organisme humain est un tout physique qui subsiste en soi. 3.– La société est un tout moral qui jouit d’une unité de finalité et d’action. 4.– Le principe de totalité ne donne à l’État aucun pouvoir sur le corps et les organes des citoyens. 5.– L’État ne saurait transférer au médecin. Conclusion partielle III – ÉVALUATION MORALE DES GREFFES ET TRANSPLANTATIONS 1.- Divers types de transplants 1.1.- Du point de vue médical 1.2.- Du point de vue moral 2.- Autogreffes 2.1.- Définition 2.2.- Application du principe de totalité 2.3.- Conditions de licéité 3.- Homogreffes 3.1.- Introduction 3.2.- Les homogreffes entre vivants 3.3 .- Les homogreffes d’un mort à un vivant 4.- Hétérogreffes 4.1. Définition. 4.2. Pas d’application du principe de totalité. 4.3. Quelques exemples. 4.4. L’homme est-il un cobaye ? 4.5. Extension à la pose d’instruments mécaniques dans le corps humain. CONCLUSION I.- PROPRIÉTÉ ET USAGE DU CORPS HUMAIN. Haut de page 1.- Dieu est le maître du corps humain. Se basant sur le fait que l’homme a été créé par Dieu, Pie XII enseigne que : • Dieu a réglé chaque fonction et chaque organe du corps humain : « En formant l’homme, Dieu a réglé chacune de ses fonctions. Il les a distribuées parmi les divers organes ; par là même, Il a déterminé la distinction entre celles qui sont essentielles à la vie et celles qui n’intéressent que l’intégrité du corps, quelque précieux que puissent être son activité, son bien-être, sa beauté. En même temps, Il a fixé, prescrit et limité l’usage de chaque organe. Il ne peut donc permettre à l’homme de régler la vie et les fonctions de ses organes suivant le bon plaisir, d’une façon contraire aux buts internes et constants qui leur ont été assignés. » [2] • Dieu possède le souverain domaine sur la vie et la destinée de l’homme : « La morale naturelle et chrétienne maintient partout ses droits imprescriptibles ; c’est d’eux, et non de considérations de sensibilité, de philanthropie matérialiste, naturaliste que dérivent les principes essentiels de la déontologie médicale : dignité du corps humain, prééminence de l’âme sur le corps, fraternité de tous les hommes, domaine souverain de Dieu sur la vie et la destinée. » [3] • Dieu est donc le seul maître de la vie : « Le principe est inviolable. Dieu seul est le maître de la vie et de l’intégrité de l’homme, de ses membres, de ses organes, de ses puissances, de celles en particulier qui l’associent à l’œuvre créatrice. Ni les parents, ni le conjoint, ni l’intéressé lui-même ne peuvent librement en disposer. » [4] Haut de page 2.- L’homme est usufruitier et non propriétaire de son corps. Si donc Dieu est le maître de la vie humaine et de l’intégrité des organes et fonctions du corps humain, l’homme ne peut en être que l’usufruitier. Il a un droit d’usage sur son corps, non un droit de propriété. Citons quelques textes du Pasteur Angélique : « L’homme, d’autre part, n’est pas le propriétaire, le maître absolu de son corps, il en est seulement l’usufruitier. De là dérivent toute une série de principes et de normes qui règlent l’usage et le droit de disposer des organes et des membres du corps, et qui s’imposent également à l’intéressé et au médecin appelé à le conseiller. (…) [L’homme] détient le droit sur son propre corps et sur sa vie, non [de la société], mais du Créateur, et c’est au Créateur qu’il répond de l’usage qu’il en fait. » [5] « Car l’homme n’est pas réellement le propriétaire et le maître absolu de son corps : il en a seulement l’usage et Dieu ne peut lui permettre d’en user de façon contraire aux fins intrinsèques et naturelles qu’Il a assignées aux fonctions des différentes parties du corps. » [6] « En ce qui concerne le patient, il n’est pas maître absolu de lui-même, de son corps, de son esprit. Il ne peut donc disposer librement de lui-même, comme il lui plaît. Le motif même pour lequel il agit n’est, à lui seul, ni suffisant, ni déterminant. Le patient est lié à la téléologie immanente fixée par la nature. Il possède le droit d’usage, limité par la finalité naturelle, des facultés et des forces de sa nature humaine. Parce qu’il est usufruitier et non propriétaire, il n’a pas un pouvoir illimité de poser des actes de destruction ou de mutilation de caractère anatomique ou fonctionnel. » [7] « L’homme n’est que l’usufruitier, non le possesseur indépendant et le propriétaire de son corps, de sa vie et de tout ce que le Créateur lui a donné pour qu’il en use, et cela conformément aux fins de la nature. Le principe fondamental : ‘Seul celui qui a le droit de disposition est habilité à en faire usage, et encore, uniquement dans les limites qui lui ont été fixées’, est l’une des dernières et des plus universelles normes d’action, auxquelles le jugement spontané et sain se tient inébranlablement, et sans lesquelles l’ordre juridique et celui de la vie commune des hommes en société est impossible. » [8] « C’est un des principes fondamentaux de la morale naturelle et chrétienne, que l’homme n’est pas maître et possesseur, mais seulement usufruitier de son corps et de son existence. » [9] « L’homme a le droit de se servir de son corps et de ses facultés supérieures, mais non d’en disposer en maître et seigneur, puisqu’il les a reçus de Dieu son Créateur, de qui il continue de dépendre. » [10] Haut de page 3.- L’usage des membres du corps humain est réglé par leur finalité naturelle. L’usage même des membres, organes et fonctions du corps humain n’est pas laissé à l’arbitraire de l’homme. Leur structure même détermine leur fin naturelle : « Les individus eux-mêmes n’ont sur leurs membres de leurs corps d’autre puissance que celle qui se rapporte à leurs fins naturelles. » [11] « En formant l’homme, Dieu a réglé chacune de ses fonctions. Il les a distribuées parmi les divers organes ; par là même, Il a déterminé la distinction entre celles qui sont essentielles à la vie et celles qui n’intéressent que l’intégrité du corps, quelque précieux que puissent être son activité, son bien-être, sa beauté. En même temps, Il a fixé, prescrit et limité l’usage de chaque organe. Il ne peut donc permettre à l’homme de régler la vie et les fonctions uploads/Sante/ greffes-transplantation-dons-organes-catholicisme-par-abbe-francois-knittel-fsspx.pdf
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- Publié le Fev 24, 2021
- Catégorie Health / Santé
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