Dr Paul Hentgen 06.06.2012 121 Psychanalyse et addictions  Freud  Abraham, Fe

Dr Paul Hentgen 06.06.2012 121 Psychanalyse et addictions  Freud  Abraham, Ferenczi, Tausk  Simmel, Federn, Glover, Bergler, Rado, Fenichel  De Mijolla, Shentoub, Noiville  Winnicott, McDougall, Monjauze  Bergeret, Jeammet, Gutton, Lamas, Le Poulichet, Pedinielli  Lacan  Clavreul, Melman, Israël, Perrier  Lasselin, Descombey  Haddad, Pommier, Assoun  Vachonfrance, Rigaud, Delille  Geberovich  …Szondi, Schotte, Lekeuche, Legrand Boulze (2011), Chassaing (2010), Douville (2011), Monjauze (2001), Roussaux et al. (1996), Saïet (2011) ; Baldwin et al. (2011)  Heigl-Evers, Heigl  Bilitza, Nitzgen, Rost  Wöller, Subkowski, König  Dally, Wernado, Burian, Lührssen  Wurmser Bilitza (2008a, 2008b) Dr Paul Hentgen 06.06.2012 122 Psychanalyse et addictions  Notion d’addiction (concept fédérateur de l’addictologie contemporaine, voir Goodman, 1990) : étymologie évocatrice, précisée par de multiples auteurs (ad dictus, ad dicere - être dit à, être contraint par corps, en rapport avec une dette impayée, voir p.ex. Bergeret, 1981 ; McDougall, 1978, 2001 ; Pedinielli et Bonnet 2008 ; Robin, 2006) ; voir aussi la référence hégélienne de Lacan en rapport avec « la dialectique du maître et de l’esclave ».  « Émergence de la notion d’addiction dans l’histoire de la psychanalyse » (Jacquet et Rigaud, 2000 ; Jeammet et al., 2006 ; Le Poulichet, 2000 ; Rigaud, 2002) : Freud (Gewohnheit, Angewöhnung, Abhängigkeit, Sucht) ; Ferenczi (1911 : manifestations pulsionnelles symptomatiques, capacités endogènes d’euphorie) ; Radó (1926 : orgasme pharmacotoxique ou pharmacogénique, 1933 : pharmacothymies) ; Glover (1932 : addictions, substances psychiques, fonction protectrice) ; Fenichel (1945 : addictions, névroses impulsives) ; Winnicott (1951 : pathologies de la transitionnalité) ; McDougall (1978 : addictions, sexualité addictive, économie addictive, autoprotection) ; Bergeret (1981 : addictions, dimension pulsionnelle) ; Gutton (1984 : pratiques de l’incorporation) ; Wurmser (1984 : névrose sévère, surmoi archaïque) ; Le Poulichet (1987 : narcoses du désir, suppléance) ; etc. Dr Paul Hentgen 06.06.2012 123 L’économie addictive : Joyce McDougall  Joyce McDougall s’est intéressée depuis les années 1950 à la question des addictions, en a précisé l’étymologie (addictus) (le sujet comme esclave d’une solution unique), critiqué la notion de toxicomanie (le désir ne serait pas fondamentalement celui de s’empoisonner), rappelé le caractère intrinsèque et destinal de la dépendance par rapport à la condition humaine. À relever également, dans la lignée d’Anzieu et de McDougall, les travaux de Michèle Monjauze (1993, 2008, 2009, 2011a, 2011b) (l’alcoolisme comme « psychose associative », etc.).  D’après McDougall (1978, 1985 1996, 2001, 2004 ; voir aussi Descombey, 2002 ; Pedinielli et al., 1997 ; Pedinielli et Bonnet, 2008), l’économie addictive serait sous-tendue par la recherche d’une réduction rapide de toute tension psychique (angoisse, colère, culpabilité, tristesse), d’origine interne ou externe (terreurs primitives refoulées en rapport avec des fantasmes prégénitaux violents, craintes de désintégration sous-tendues par une confusion amour / mort, etc.). L’addiction serait alors une tentative de défense contre des anxiétés névrotiques (enjeu narcissique, sexuel), des états aigus d’angoisse (paranoïde) ou de dépression (sentiments de mort interne) ou encore d’« angoisses psychotiques inconscientes » (angoisse de morcellement, terreur du vide mettant en péril le sentiment d’identité), avec décharge pulsionnelle par le biais d’équivalents de passages à l’acte. Dr Paul Hentgen 06.06.2012 124 L’économie addictive : Joyce McDougall  McDougall fait appel à ses références winnicottiennes (voir McDougall, 2003) dans l’analyse de la relation mère-enfant (transmission de la « capacité d’être seul » - en présence de la mère, de la « représentation d’une mère interne soignante », etc., voir Winnicott, 1951) pour soutenir que la personne addictée aurait recours, pour « pallier le manque des introjects soignants » (objets internes), aux « objets addictifs » (objets externes partiels) (la « sécurité intérieure » dépendrait de la qualité des « introjections de l’objet interne », voir la « crainte de l’effondrement », etc., Winnicott, 1974). Les « objets addictifs » se substitueraient aux « objets transitionnels » (Winnicott, 1951) défaillants en tant qu’« objets transitoires », face aux « néo-besoins » de la problématique addictive (comportant une dimension compulsive : la substitution serait continuellement à recommencer du fait de l’échec de l’introjection / des phénomènes transitionnels). Lesdits objets seraient destinés à la fois à représenter la mère et à favoriser l’autonomisation - la séparation et l’individuation - par rapport à celle-ci.  McDougall souligne également le rôle du père absent (sinon inconsistant) « là où l’objet addictif se montre comme une protection inconsciente contre les aspects dangereux de l’imago maternelle » (McDougall, 2001 : 23). La relation précoce à une « mère insuffisamment bonne » (Winnicott, 1971) (l’écart aurait été introduit par Winnicott suite à une confrontation théorique avec Lacan, voir plus loin) contribuerait à la construction d’un « faux self » (Winnicott, 1960). Dr Paul Hentgen 06.06.2012 125 L’économie addictive : Joyce McDougall  McDougall voit dans la conduite addictive une tentative d’autoguérison (voir, dans la lignée de Kohut, les travaux de Khantzian, 1995, 1997), de réparation de l’image narcissique et de règlement de comptes, sous la forme de 3 défis : défi de l’objet maternel interne défaillant, défi du père interne défaillant, défi finalement de la mort (position de toute-puissance v/s soumission devant les pulsions de mort) (McDougall, 1996 : 237, 2001 : 34) (défense visant le maintien de l’homéostasie psychique en cas d’attaque narcissique ou objectale ; l’« objet addictif » en tant que seul objet capable de réparer la faille interne par le rétablissement d’un « état idéal » de plénitude ou d’exaltation) (voir aussi la notion de « bon objet » et l’idée d’une « fusion avec l’objet maternel » représenté par la drogue, Burian, 2003, 2008 ; voir encore l’« objet apersonnel », Tress, 1985, l’« objet inanimé » ou « objet mort », Voigtel, 1996, le « mauvais objet interne » remontant lors de l’« opération toxique », lors de ce « moment de vérité pour le rapport du sujet à l’objet et à l’autre », Assoun, 2011 ; comparer, enfin, à l’« objet- collage interne » dans la perversion, Khan, 1979).  Pour McDougall, les conduites addictives sont des « actes-symptômes » (échec de la fantasmatisation et de l’internalisation de l’objet). L’addiction serait par ailleurs davantage une « solution psychosomatique » voire une « solution somatique » (« forclusion de l’affect », voir les notions de pensée opératoire (Marty) et d’alexithymie (Nemiah, Sifnéos, Krystal)) que psychologique pour soulager une souffrance psychique, souvent enracinée dans l’enfance (mère interne refusant tout contact corporel - fantasme d’envahissement par l’enfant / mère surprotectrice et dépendante de l’enfant).  En somme, dans l’addiction il y aurait une défaillance de l’étayage maternel ne permettant pas à l’enfant d’élaborer les processus de séparation. L’objet maternel interne serait vécu comme absent ou incapable de consoler l’enfant perturbé. Ce qui marquerait une atteinte narcissique originaire, une fragilité identitaire. L’addiction tiendrait de l’illusion de retrouver le paradis perdu de l’enfance. Dr Paul Hentgen 06.06.2012 126 Psychanalyse et addictions  Autres pistes : l’addiction comme « passion du besoin » (Pedinielli et al., 1997), « perversion désexualisée » (Pirlot et Pedinielli, 2005), « pseudo-pulsion », « dépendance addictive » (la dépendance comme « processus constitutif de la subjectivité », la dépendance précoce laissant la « trace de l’union à l’objet »), « dé-psychisation », « économie parallèle » (« réification du désir ») (Pedinielli et Bonnet, 2008), trouble narcissique et identitaire (Brusset, 2004 ; Corcos et Jeammet, 2006), « conduite ordalique » (Valleur, 2005) ou encore en lien avec un échec de la « castration symbolique » (Pommier, 2002) ou avec le « capitalisme pulsionnel » (Stiegler, 2007) (voir Pedinielli et Bonnet, 2008 ; voir aussi Fernandez et Sztulman, 1999) ; voir plus loin pour les travaux dans la lignée d’Abraham et Torok, p.ex. ceux de Gutton, 1984, 2005a, 2005b, déjà cités ; voir aussi e.a. l’hypothèse narcissico-perverse de Vera Ocampo (1989) (manque d’un objet dont la perte serait déniée, un signifiant se signifiant lui-même, tentative de libération de l’objet par le retour d’avant la séparation, etc.) ; le « corps étranger » dans l’« espace interne », le « creux de mère » (Schneider, 2000, 2001) ; les « identifications addictives inconscientes » (Le Poulichet, 2000) ; les « figures anthropologiques » des conduites à risque, l’ordalie, le sacrifice, la blancheur et l’affrontement (Le Breton, 2004, 2007, 2009).  D’aucuns parlent aujourd’hui non seulement des « nouvelles addictions », mais aussi de la « nouvelle psychologie des addictions » (Hautefeuille, 2011 ; Hautefeuille et al., 2010). Dr Paul Hentgen 06.06.2012 127 Alcoologie psychanalytique : orientation lacanienne  J. Lacan : Autres écrits  J. Clavreul : La parole de l’alcoolique  Les alcooliques, ça ne me dit rien  Alternance : pôle du moi idéal (ivresse) et pôle de l’idéal du moi (abstinence)  Chiasme du mariage alcoolique (pos. antinomiques, combats entre 2 narc.)  C. Melman : Le discours de l’alcoolique  L’alcoolisme comme discours adressé à l’épouse  L’épouse est investie du fantasme de la jouissance illimitée de l’autre  La jubilation moïque ne peut être éprouvée que dans le regard de l’autre  Impossibilité à être uploads/Sante/ addictologie-2.pdf

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  • Publié le Mar 16, 2021
  • Catégorie Health / Santé
  • Langue French
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