Séance 3 – jeudi 29 septembre 2016 – Master 3FE Notes de cours de Françoise Boc

Séance 3 – jeudi 29 septembre 2016 – Master 3FE Notes de cours de Françoise Boch francoise.boch@univ-grenoble-alpes.fr 1. Plathelminthe, ou l’activité d’orthographier Objectifs de la séance : S’observer consciemment en train d’orthographier pour voir quelles ressources on utilise pour orthographier. Attention : ressources différentes selon qu’on se situe dans l’orthographe lexicale et orthographe grammaticale. 1. L’activité d’orthographier (cf. orthographier comme processus de M. Laurent, dans le dossier « travaux M. Laurent ») Mettre en évidence l’aspect arbitraire de l’orthographe avec le mot plathelminthe par exemple (mot choisi en raison de son orthographe très peu intuitive), ou encore platyrrhiniens (sorte de singe), ou encore emphytéotique (sorte de bail qui dure plus de 18 ans pour une terre rurale) Question pour les apprenants : que devez-vous faire avec vous-même pour savoir comment orthographier les mots ? Quelles démarches intellectuelles faites-vous pour résoudre le problème ? Pour pouvoir écrire un mot (orthographe lexicale, arbitraire) le mot doit être objectivé c’est-à- dire faire l’objet d’une image mentale qui sera convoquée ensuite (évocation visuelle et auditive) puis démarche de re-connaissance (doute ou certitude à ce moment). Importance du respect des 3 images dans le codage : - Visuelle - Auditive - Geste qui accompagne : mentalement, on est obligé d’étirer le mot (faire correspondre les syllabes orales / écrites / leur graphie). Quels exercices donner aux élèves pour qu’ils puissent ensuite orthographier de manière efficace et satisfaisante ? Travailler avec des outils tels que le Fidel, qui permettent de visualiser, d’étirer le mot, de manière à renforcer la mémorisation de son orthographe. 2. Découverte du « fidel » - Le Fidel (8 panneaux représentant les graphies de chaque phonème du français), adapté des travaux de Caleb Gattegno pour le français. A) Découverte : - Collective Dictée silencieuse (enseignant muet ; apprenants disant les mots) de mots simples : ex : ma, mal, mali, malice, fil, pile, pale, sale, lase, efface, cou, coute, couteau, tot, tord, toque, cote, pore, peau, dos, dors, rode, drole, or, ordre, chaud, roche, roc, croque, proche, gain, gant, gond, goût, geux, gars, goitre, toi, soi, soigneux, - Individuelle (une personne pointe les colonnes, les autres regardes) Ex : Seau, soir, soirée, ré, air, père, faire, terreau, terroir, tiroir, attirant - Individuelle et lettre par lettre Ex : Attirant, rouge, joue, un doigt, une dent, une journée B) Exemple d’application en orthographe grammaticale : les participes passés employés comme adjectifs Pointer : une histoire écrite Un roman écrit Pointer : Une fille inscrite Faire pointer : Un garçon inscrit S’assurer que le jeu est compris, puis proposer les paires suivantes : Une femme surprise Un garçon surpris Une table mise Un couvert mis Une réaction admise Un élève admis Une feuille jaunie Un papier jauni Une couleur éclaircie Un ciel éclairci Une génération maudite Un garçon maudit Une chatte perdue Un chat perdu Une directrice crainte Un directeur craint Une potion dissoute Un produit dissout Feed back : Remarques sur l’outil « FIDEL » - Son utilisation requiert au départ beaucoup d’énergie de la part de l’enseignant et de l’apprenant mais donne lieu à une haute qualité de présence (autrement dit, de concentration) des acteurs (enseignant et apprenants) ; un entrainement régulier (tant pour l’enseignant que pour l’apprenant) permet de dépenser moins d’énergie et d’augmenter encore la qualité de cette présence. - Il permet à la fois de faire la distinction entre ce que j’entends (un phonème) et la manière dont ce son peut s’écrire (toutes les graphies envisageables pour ce son) et de mettre en correspondance le son et sa graphie spécifique dans un contexte donné (par exemple, le son /an/ peut s’écrire de différentes façons (« en », « em », « an », « emps »), etc. mais dans un contexte donné (« quel temps fait-il ? »), il ne peut s’écrire que d’une seule façon (en l’occurrence « emps »). Je m’occupe d’abord du son (colonne), puis je m’occupe du signe (la graphie précise dans la colonne du son). - Il permet de déclencher des prises de conscience durables sur la langue (exemple de prise de conscience à propos des exercices sur les adverbes : « la consonne finale de l’adjectif ne s’entend qu’au féminin ; ex : petit/petite » ; autre prise de conscience : « si je sais écrire le féminin de l’adjectif, je sais écrire l’adverbe en ajoutant –ment ex : grand/grande/grandement ; autre prise de conscience : « j’entends la même chose (« ament ») dans « prudemment » et « bruyamment » alors que l’orthographe est différente », etc.) - Il augmente la qualité de la relation pédagogique entre le professeur (centré sur l’élève) et l’élève (centré sur la tâche) : pas de mots, juste des gestes, pas d’explications. Le silence permet un grand respect du rythme de l’élève. - En tant qu’apprenant, je suis obligé d’être présent à ce que je fais, de « faire attention ». Il faut regarder les mots d’une certaine manière, être conscients de ce dont ils sont faits. - Le tableau est exhaustif. Il met de l’ordre dans les connaissances éparses des élèves. Dans la mesure où l’ensemble des connaissances est fini, il est maitrisable. - Il permet de mettre en circulation des images auditives et visuelles. 3. Retour au tableau muet : travail spécifique portant sur les pronoms relatifs (« que » relatif vs « que conjonctif) Déroulement (fortement inspiré de M. Laurent, 2014, tome 1) : - Prendre appui sur une situation de classe pour choisir les énoncés sur lesquels va portait le travail : A. Sylvain porte des lunettes. B. Ses lunettes sont noires - Faire relier B à A pour produire C : Sylvain porte des lunettes qui sont noires. - Inscrire ces trois phrases au tableau. - Combien de mots dans la 1ère phrase ? Dans la seconde ? Et pour la troisième phrase ? Quelles transformations ? Discussion qui permet d’aborder la notion de mot outil qui remplace et qui relie, et qui s’appelle le pronom relatif. - Faire trvailler à partir d’autres énoncés et avec d’autres pronoms relatifs (que, dont, où, auquel, etc.) Comment travailler la distinction « que » conjonctif » et « que » relatif ? Ex de corpus à faire pointer a) « que » conjonctif (case noire, en bas à droite) : Je crois que Pierre viendra Je sais qu’il viendra Je crains qu’il ne vienne pas Il prétend que Paul est malade Il affirme qu’il dit la vérité J’ai vu qu’il disait la vérité b) « que » relatif (case marron, en haut à gauche) : J’ai croisé un homme ce matin Cet homme était très séduisant Ce matin, j’ai croisé un homme qui était très séduisant L’homme que j’ai croisé ce matin était très séduisant Les pommes qu’on a ramassées au parc étaient presque toutes pourries Celles qu’on a sauvées seront cuisinées en compote c) Phrases mêlant les deux : Je sais que (conj) tu aimes la compote Je pense que (conj) tu adores ça, et la compote que (PrRel) tu mangeras, tu t’en souviendras Les enseignants que (PrRel) j’ai rencontrés à la réunion étaient contents de leur classe Je crois que (conj) les enseignants que (PrRel) j’ai rencontrés à la réunion étaient contents de leur classe. Feed-back : quels critères pour reconnaitre à coup sûr « que » relatif et « que conjonctif » ? parvenir à l’idée qu’ils sont tous les deux des mots de jonction, mais l’un (relatif) remplace, et non l’autre (conjonctif) 4. Annexe Autre exemple d’utilisation du FIDEL (non vu en cours, donné ici à titre indicatif) : travail sur les adverbes (pour étudiants A2 ou B1 ou enfants CM) a) Pointer léger – légère – légèrement b) Pointer grand, puis faire pointer grande – grandement (sur le même modèle que a). S’assurer que le jeu est compris par tous. c) De la même façon, faire pointer adj féminin + adverbe pour différents adjectifs (ex : capricieux/frais/grand/lent/mûr/sûr/sérieux/vert/direct, franc etc.) Règle 1 (à faire formuler puis écrire au tableau et faire écrire dans les cahiers) : Pour les adjectifs qui se terminent par une consonne au masculin, on forme l’adverbe en ajoutant –ment au féminin 3 exceptions : bref, gentil, précis d) Avec le Fidel : faible-faiblement Faire pointer grave/effronté/poli/vrai/absolu/prétendu/assidu/cru/dû/goulu/passionné/gai, etc. Règle 2 : Pour les adjectifs qui se terminent par une voyelle, on forme l’adverbe en ajoutant –ment directement. e) Pointer au Fidel : patient-patiemment Faire pointer Apparent/fréquent/violent/prudent/impatient/intelligent/évident Pointer au Fidel : Méchant-méchamment Faire pointer Vaillant/suffisant/abondant/constant/savant/élégant/brillant Règle 3 : Pour les adjectifs qui se terminent par « ant » ou « ent », on forme l’adverbe en remplaçant « ant » par « amment » et « ent » par « emment » 3 exceptions : lent/présent/véhément Poursuivre par des exercices d’application (voir par exemple fiche jointe en annexe) Annexe M2 - Didactique de la langue – Groupe F. Boch Un exemple d’exercice d’application - La formation des adverbes en « ment » (d’après le site http://www.ccdmd.qc.ca/fr/) Indiquez l’adjectif puis l’adverbe correspondant GN ou GNprep Adjectif Adverbe avec puissance uploads/Science et Technologie/ seance-3-notes-relatifs-orthographe-fidel.pdf

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