63 AIT ATHMANE Foudil Les cahiers du MECAS N°10 Décembre 2014 Analyse des déter
63 AIT ATHMANE Foudil Les cahiers du MECAS N°10 Décembre 2014 Analyse des déterminants de l’innovation dans les entreprises du secteur agroalimentaire de la région de Bejaïa. AIT ATMANE Foudil Email : aitfoudil@yahoo.fr Résumé : L’innovation est un facteur déterminant de la compétitivité et de la rentabilité des entreprises et est par conséquent un élément essentiel de la stratégie de l’entreprise. A travers cette communication, nous tenons à expliquer la faible compétitivité de l’entreprise algérienne par une série de facteurs de blocage de la dynamique d’innovation. Les facteurs de blocage relèvent de la responsabilité directe de l’entreprise (absence d’un management des activités d’innovation, niveau technologique et de créativité faible, etc.) et aussi de son environnement (l’inexistence d’organismes d’appui de l’innovation, faible synergie entre les universités et les entreprises, absence d’une politique nationale d’innovation, etc.). En d’autres termes, la question principale à laquelle nous voulons répondre est : Quels sont les déterminants organisationnels, institutionnels et géographiques de l’innovation, dans le secteur agroalimentaire de Béjaia, qui expliqueraient les blocages en matière d’innovation au sein de l’entreprise algérienne ? Mots-clés : Déterminants institutionnels, déterminants organisationnels, déterminants géographiques, compétitivité, politique d’innovation, secteur agroalimentaire de Béjaia. Abstract: Innovation is a determining factor of the competitiveness and the profitability of companies and is consequently an essential element of the strategy of the company. Through this communication, we have to explain the low competitiveness of the Algerian company by a series of factors of blocking of the dynamics of innovation. The factors of blocking recover from the direct responsibility of the company (absence of a management of the activities of innovation, technological level and a low creativity, etc.) and also of its environment (the non-existence of institutions of support of the innovation, the low synergy between universities and companies, absence of a national policy of innovation, etc.). In other words, the main question which we want to answer is: what are the organizational, geographical and institutional determinants of the innovation which would explain the low competitiveness and factors of blocking innovation in the Algerian company? Keywords: Institutional determinants, organizational determinants, geographical determinants, competitiveness, Algerian company, policy of innovation, agro-alimentary sector of Bejaia. Introduction Le dynamisme économique dont font preuve les pays émergents est en grande partie stimulé par des innovations qui se sont transformées en succès mondiaux dans des secteurs stratégiques à forte valeur ajoutée. La croissance spectaculaire que connaissent les pays développés et les progrès formidables dans les domaines de la technologie, de l’information et de la communication couplés avec l’ouverture des économies et la mondialisation ont renouvelé l’intérêt des économistes pour l’étude de la relation entre les changements techniques et le progrès économique. Cependant, l’innovation dans l’entreprise n’est pas seulement l’apanage de l’inventeur, du spécialiste clairvoyant du capital-risque ou de la grande entreprise riche en ressources. L’innovation puise, au contraire, ses ressources dans un environnement plus large et plus complexe. L’Algérie, comme la plupart des pays du contour méditerranéen, semble être en marge de cette dynamique qui, pourtant, a pris de l’ampleur. Par rapport aux nombreux travaux portants sur les relations entre changement technique, institutions et performances économiques, et entre innovation et localisation géographique, notre étude propose une analyse de l’innovation dans une perspective systémique où plusieurs acteurs (entreprises, Etat, collectivités locales, sociétés de financement) sont mis en réseau et où l’innovation rassemble des déterminants qui dépassent assez largement les sphères de la science et de la technologie stricto sensu1. En général, dans l’analyse de l’innovation deux types d’approches sont distinguées : une approche microéconomique (axée sur l’innovation dans les entreprises) et une approche macroéconomique (axée sur les institutions, c'est-à-dire le système national d’innovation). Toutefois, notre approche tient compte du niveau microéconomique et du niveau macroéconomique en incluant plusieurs variables (internes et externes à l’entreprise) qui peuvent expliquer le comportement innovateur des organisations. 1Amable B. , Barré R. et Boyer R. : « Les systèmes d’innovation à l’ère de la globalisation ». Édition ECONOMICA, 1997. Page 3. 64 AIT ATHMANE Foudil Les cahiers du MECAS N°10 Décembre 2014 Compte tenu des caractéristiques de l’économie algérienne (économie en transition, système national d’innovation en dysfonctionnement, faibles capacités d’innovation, etc.), il nous est apparu fondamental d’opter pour une approche qui ne réduit pas les déterminants de l’innovation à des décisions stratégiques, à des tâches de conception technique, à la recherche et développement (R-D) et à des pratiques de gestion de projet. Mais il faut souligner que la compréhension de l’innovation réclame des approches multiples comme ce fut expliqué par Schumpeter et, plus récemment, par les théories évolutionnistes et institutionnalistes. Toute dynamique de croissance implique une multitude d’acteurs qui participent activement au développement de l’innovation. C’est pourquoi nous privilégions une étude des déterminants de l’innovation qui prend en compte l’aspect organisationnel, l’aspect institutionnel et l’aspect géographique des activités d’innovation. L’objectif de cet article est d’analyser les déterminants de l’innovation dans l’économie algérienne en recourant à une étude empirique qui porte sur le secteur agroalimentaire de la région de Bejaïa. 1- Déterminants de l’innovation : Aspects théoriques Aujourd’hui, l’activité d'innovation dans l'entreprise va bien au-delà de sa simple composante technologique, elle concerne les procédés de fabrication, l'organisation du travail ainsi que les modes de gestion du capital de compétences humaines. Il faut rappeler encore que dans le contexte économique actuel, où le savoir et la connaissance sont des actifs indispensables de la performance, les relations entre les entreprises et la qualité de l’environnement institutionnel sont fondamentales. Dans cette perspective, les systèmes d’innovation constituent le lieu au sein duquel se produit l’essentiel de la dynamique de l’innovation. Ainsi, la notion de SNI décrit les phénomènes d’innovation dans le cadre des institutions sociales et économique. Enfin, il existe une littérature abondante qui confère à l’innovation une dimension territoriale, analysant les structures locales ; mettant en relation des entreprises, des établissements scientifique, etc. ce sont des systèmes locaux d’innovation, qui peuvent revêtir des appellations diverses : districts, clusters, milieu innovateur, etc. Nous développerons les déterminants de l’innovation que nous avons choisis de scinder en trois principales catégories de déterminants, à savoir : les déterminants organisationnels ; qui relèvent de la responsabilité de l’entreprise ainsi que de sa culture et pratique managériale de l’innovation, les déterminants institutionnels ; il s’agit de mettre en évidence le rôle des institutions dans la dynamique d’innovation et en l’occurrence la politique publique d’innovation et les déterminants géographiques où nous mettrons en lumière le rôle des systèmes territoriaux d’innovation ainsi que les formes de proximité sur l’innovation. 1-1 Les déterminants organisationnels de l’innovation Innover aujourd’hui, n’est plus l’apanage des grands laboratoires qui découvrent la grande révolution technologique, le produit, le service du futur ou le marché d’avenir. L’innovation est un processus rigoureux, une discipline au croisement de plusieurs disciplines (stratégie, marketing, design, R-D) soutenus par des valeurs et des caractéristiques particulières (veille permanente, capacité à décentrer son point de vue, fusion de capacités analytiques et créatives, fusion de qualités de conceptualisation et de réalisation, capacité à prendre des risques, savoir accepter et gérer l’échec, etc.). Les déterminants organisationnels de l’innovation relèvent de la responsabilité directe de l’entreprise et découlent de décisions et pratiques managériales. Ces déterminants concernent l’ensemble des ressources humaines, technologiques, financières, systèmes d’information et de veille, culture d’entreprise, etc. mobilisées à l’intérieur de l’entreprise dans une fin d’innovation de produit ou de procédé. En effet, à partir des années 1980 une nouvelle conception de l’innovation apparaît, débordant le strict cadre de l’innovation technologique. Il s’agit notamment des travaux de Kline et Rosenberg (1986) et des tenants du courant évolutionniste (G. Dosi, 1998)2. L’innovation passe par le développement d’apprentissages de natures diverses (scientifique et technique, organisationnelle, etc.) à différents endroits de l’entreprise (laboratoire de R-D mais aussi atelier de production et de conception, réseau de commercialisation, etc.). Le département R-D n’est pas toujours à l’origine des innovations, la fonction R-D n’est pas le seul déterminant de l’innovation dans l’entreprise, etc. mais plusieurs variables de l’entreprise sont déterminantes dans les activités d’innovation (GRH, culture d’entreprise, démarche stratégique, système d’information, etc.). 2 Marbach Ch. Regards sur les PME n° 10, Mai 2010, Observatoire des PME, OSEO services, page 24. 65 AIT ATHMANE Foudil Les cahiers du MECAS N°10 Décembre 2014 1-2 Les déterminants institutionnels de l’innovation Aujourd’hui, il faut tenir compte de la prise en compte croissante de l’importance des institutions dans le développement économique. Pour l’approche institutionnaliste du changement technique (Dopter K., 1986, Dufourt D., 1993, Kirat T, 1993), la coordination des comportements des agents et des activités économiques, l’émergence de règles et de routines ne sont pas pensables sans institutions consubstantielles à la vie économique.3 En effet, la capacité d’innovation des entreprises et les incitations à innover sont liées à une large gamme de facteurs de portée nationale, tels que le système législatif et le cadre macroéconomique (droits de la propriété intellectuelle et droit des brevets, gouvernement d’entreprise, système financier, droits de douane, concurrence…). Ces facteurs sont à la fois physiques et humains, individuels et collectifs, et relèvent autant des sphères publiques que privées. L’innovation dépend de la capacité scientifique des acteurs et des institutions. Mais aussi de uploads/Science et Technologie/ analyse-des-determinants-de-l-x27-innovation-dans-les-entreprises-du-secteur-agroalimentaire-de-la-region-de-bejaia.pdf
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- Publié le Jui 12, 2021
- Catégorie Science & technolo...
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