ZEN 1ère partie SOURCE DU DOCUMENT Qu’est-ce que le Bouddha ? » demande le moin
ZEN 1ère partie SOURCE DU DOCUMENT Qu’est-ce que le Bouddha ? » demande le moine à son maître zen. « Une spatule à merde ! » répond le maître. Ce dialogue est un « koan », c'est-à-dire une formule destinée à l’éducation et l’illumination du moine zen. Nous reviendrons ultérieurement sur le fondement et l’objectif des koan. Attardons-nous sur le ton irrévérencieux de la formule, la scabreuse hardiesse du propos, surtout en regard des derniers rebondissements de l’actualité religieuse internationale (affaire des caricatures de Mahomet). Quand certains écarts verbaux ou picturaux, voire de simples critiques ou commentaires sur une religion créent de véritables émeutes, proches de la guerre civile (selon les lieux ou les époques, quasiment toutes les religions ont sombré dans cette hystérie) certaines, le zen en particulier, font preuve d’une sérénité, d’une tolérance, d’une liberté d’expression totalement hors du temps. Or, ces vertus s’inscrivent dans la pérennité : depuis l’émergence du bouddhisme zen, jamais ces préceptes non-violents n’ont été remis en question, jamais la souillure n’a terni la lumineuse beauté du zen. Certes, les organisations religieuses ne sont pas les seules à afficher une hargneuse et belliqueuse susceptibilité, mais leur prétention à pacifier le monde, leur discours sur l’amour d’autrui, devraient les mettre à l’abri de toute dérive violente. On aurait pu penser que des précédents célèbres (Gandhi, Mère Thérésa) auraient gravé une trace indélébile de la voie du pacifisme dans la conscience collective, mais le pandémonium humain reprend régulièrement la représentation de son hideuse comédie. L’humble pécheur en quête de la suprême lumière se sent perdu ; il ne comprend plus le message de son église et il finit par quitter le navire. Depuis quelques décennies, les religions occidentales ont perdu des adeptes (récupérés par les sectes, la drogue, les étourdissements de la vie moderne, etc.) Toutes les religions auraient sans doute suivi le même chemin si un agressif prosélytisme n'avait permis à certaines d’élargir leur audience. Ce prosélytisme peut viser deux objectifs distincts : ● L'accroissement de l’influence sur l’échiquier politique grâce à l’augmentation rapide du nombre des adeptes. ● Le contrôle et la soumission de la population (dans certains états, il devient difficile de bénéficier d’un quelconque réseau de soutien si l’on n’adhère pas à une organisation religieuse). Une observation critique et comparative des religions actuellement en expansion évoque parfois (dans certains pays) notre Moyen-âge où un baptême servait d’engagement officiel pour la croisade : triste confusion entre le fait militaire et la foi religieuse. Les grandes religions ont toutes, à un moment de leur histoire, prôné la haine, la conquête, l’endoctrinement, le châtiment, l’asservissement de certaines catégories humaines, l’intolérance, la vengeance. « Telle était la volonté de Dieu ! » clament les grands érudits spécialistes de l’exégèse des saintes écritures. Ainsi voit-on cohabiter dans l’ensemble du monde religieux l’agressivité la plus virulente et les rassérénantes promesses de bonheur ou de paradis. Bonheur qui, pour toutes les religions est, par essence, collectif, le bonheur individuel s’apparentant par trop à l’égoïsme. Cela peut justifier, le cas échéant, le sacrifice de quelques individus (incroyants ou infidèles), voire même d’une minorité plus large si le salut des « justes » est compromis. Ce phénomène est d’autant plus déroutant que c’est parfois la même organisation religieuse qui, dans un même discours appelle à la compassion et à la guerre sainte. Et le dossier s’alourdit encore : pour toutes ces religions, le bonheur, c’est « demain » et « demain » c’est toujours après la mort. On comprend que, dans notre culture hédoniste et son contexte d’érosion des grands dogmes, certains se soient mis en quête d’une autre voie pour entrevoir l’Eden avant de mourir. La découverte du zen et de son message pacifique par les occidentaux est certainement survenue au bon moment dans l’actuelle crise qui affecte les différentes églises. Paradoxalement, alors que la définition du zen est un éternel débat entre son statut de religion et celui de philosophie (donc extrêmement floue sur son ultime finalité), ses objectifs pratiques ont toujours paru d’une éblouissante clarté aux yeux des observateurs extérieurs : recherche de la quiétude, de l’harmonie, de l’esthétique, de la sincérité et surtout de la Vérité. Magnifique programme ! De plus, le zen présente l’originalité de se préoccuper du salut de l’individu « ici et maintenant », selon la formule consacrée. La progression contemporaine des tendances individualistes fut une heureuse coïncidence pour l’expansion du zen en Occident. Et pas de problème d’égoïsme dans ce cas puisque le bonheur (le zen n’emploie pas ce mot, mais « satori » : éveil) se réalise avec la disparition de l’hypertrophie de l’ego. En fait, le zen vise également le bonheur collectif mais avec une démarche différente, logique et séduisante : comme il est utopique d’attendre une mutation générale et spontanée de la société, pour changer le monde commençons par nous changer nous-même car le monde est le reflet fidèle de ce que sont les hommes. Pour simplifier, le zen est une méthode : 1. Pour constater que nous vivons dans l’illusion. 2. Pour revenir dans la réalité, ce que certains préfèrent énoncer : « découvrir la Vérité ». En résumé, le zen propose, avec une surprenante adéquation à la vie moderne, une immense et bénéfique transformation de l’individu au travers d’une pratique pour le moins minimaliste. De quoi séduire un public réceptif à l’omniprésente notion de productivité. Le zen est issu du bouddhisme ; pour en saisir toutes les subtilités, remontons aux origines. UN PEU D’HISTOIRE Le bouddhisme est né en réaction à l’hindouisme (religion dont les premières traces remontent à 2000 ans avant notre ère), qui vénère de multiples divinités et au jaïnisme (à l’ancienneté mal définie) qui prône une ascèse extrêmement rigoureuse. Si le bouddhisme a rejeté les divinités de l’hindouisme et l’ascèse du jaïnisme, il a conservé un certain nombre de croyances totalement intégrées à la culture hindoue : en particulier la réincarnation. En 560 avant notre ère, au nord de l’Inde, un jeune prince de la lignée royale des Shâkya, Siddhârta Gautama (dit Shâkyamuni : « le sage des Shâkya »), prit un jour conscience que l'homme était une créature qui souffrait, qui vieillissait et qui mourait. Sous le choc de cette impitoyable réalité, il décida de quitter son univers de richesse et de vie facile, de mener une vie ascétique et devint ermite, ne subsistant que de mendicité (sa recherche le conduit donc de l’hindouisme au jaïnisme). Il médita pendant des lustres en quête d'une réponse à sa torture morale. Un matin, alors qu'il avait passé sa nuit en méditation, il « s'éveilla ». Il devint « Bouddha », littéralement « l'éveillé » en sanskrit. Un Bouddha est un être pleinement éveillé qui a purifié toutes les passions et développé toutes les potentialités. L’état de Bouddha est donc un état intégral et parfait, dénué de tout conditionnement et omniscient. Il n'était qu'un homme (surtout pas un Dieu !) et il venait de découvrir la Vérité ! ● L’homme pouvait échapper à la souffrance et aux réincarnations après chaque mort qui le rejetaient sans cesse dans ce cercle vicieux (le samsara). ● Il suffisait de mener, sans jamais dévier du juste chemin, une vie positive par la teneur de ses actes et de ses pensées (c'est le karma). Quand le cumul des bonnes actions atteignait un certain niveau, la délivrance (le nirvana) récompensait celui qui avait vécu selon la voie du juste milieu (ni débauche, ni ascèse mais en toute chose le comportement juste). ● Pour achever le tableau, mentionnons une pratique courante du bouddhisme qui permet à l’éveillé (celui qui a atteint le nirvana) de différer l’accès à l’état de Bouddha pour se consacrer à l’aide des souffrants : c’est le « bodhisattva ». Le bouddhisme était né. Jusqu'à sa mort, 45 années plus tard, il n'eut de cesse d'enseigner sa découverte et les moyens de parvenir à l'éveil. « Tu ne dois pas prendre mes mots juste pour mes mots mais tu dois être comme le forgeron qui brûle la matière pour en faire de l'or », disait-il à ceux qui lui demandaient de les guider. De multiples documents confirment cette histoire qui n’est donc pas une légende. Au fil des siècles, son enseignement chemina en Asie et se partagea en trois grandes tendances : ● Le bouddhisme indien (totalement disparu d’Inde aujourd’hui) ; ● Le bouddhisme tibétain (dit « lamaïsme ») ; ● Le bouddhisme japonais (dit « zen »). Cependant, cette classification, couramment admise, est par trop simplificatrice car, bien que l'on discerne un fond commun, le bouddhisme présente des caractères spécifiques dans chacun des pays où il s'est implanté. En Chine, par exemple, premier pays d'accueil du bouddhisme primordial, le syncrétisme avec le taoïsme et le confucianisme l'a profondément transformé. Les interdits du pouvoir en place (en dernier le régime communiste) l'ont décapité à plusieurs reprises. Certes, il a ressuscité, mais largement amoindri et surtout sous la forme du bouddhisme « chan » (« zen » en japonais). Notre discours met donc en opposition : 1. Des religions dont les textes uploads/Religion/ zen-et-koan.pdf
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- Publié le Dec 28, 2021
- Catégorie Religion
- Langue French
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