ADOLPHE TANQUEREY Précis de Théologie Ascétique et Mystique Préface de la quatr

ADOLPHE TANQUEREY Précis de Théologie Ascétique et Mystique Préface de la quatrième édition Comme le titre l'indique, ce Précis n'est pas un traité complet, mais un abrégé, qui puisse servir de cadre à des études plus détaillées et plus approfondies. Toutefois, pour éviter la sécheresse d'un Précis, nous avons tenu à développer, avec des réflexions propres à engendrer la piété, les points essentiels qui constituent la vie intérieure, comme l'habitation du Saint Esprit dans l'âme, notre incorporation au Christ, le rôle de Marie dans notre sanctification, la nature de la perfection et la nécessité d'y tendre. Il en est de même quand nous abordons les trois voies : nous insistons sur ce, qui peut porter les âmes à la confiance, à l'amour, à la pratique des vertus. Convaincu que le Dogme est la base de la Théologie ascétique, et que l'exposé de ce que Dieu a fait et ne cesse de faire pour nous est le stimulant le plus efficace de la vraie dévotion, nous avons eu soin de rappeler brièvement les vérités de foi sur lesquelles se base la vie intérieure. Ainsi notre traité est tout d'abord doctrinal et s'attache à montrer que la perfection chrétienne découle logiquement de nos dogmes et surtout de l'Incarnation qui en est le centre. Mais il est en même temps pratique ; car il n'est rien de tel qu'une foi vive et éclairée pour nous encourager à faire les efforts énergiques et constants que réclament la réforme de soi-même et la culture des vertus. Nous avons donc soin, dès la première partie, de tirer de nos dogmes les conclusions pratiques qui en découlent spontanément, d'en déduire les moyens généraux de perfection et de stimuler nos lecteurs à mettre en pratique ce qu'ils ont lu avec attention : « Estote factores verbi et non auditores tantum » (Ep. Jac., I, 22). Dans la, seconde partie, éminemment pratique, nous ne cessons d’appuyer nos conclusions sur les dogmes exposés dans la première partie, en particulier notre incorporation au Christ et l’inhabitation du Saint Esprit en nous. La purification de l’âme ne se fait parfaitement qu'en nous incorporant à Celui qui est la source de toute pureté ; et la pratique positive des vertus chrétiennes n'est jamais plus facile que lorsque nous attirons en nous Celui qui les possède en leur plénitude et désire si ardemment nous les communiquer. Quant à l'union intime et habituelle avec Dieu, elle ne se réalise pleinement qu'en vivant sous le regard et la direction de la Sainte Trinité vivant en nous. Ainsi notre progrès dans les trois grandes étapes de la vie spirituelle est marqué par notre incorporation progressive au Christ Jésus et par notre appartenance de plus en plus complète à l'Esprit sanctificateur. Cette adhérence au Verbe Incarné et à son divin Esprit n'exclut pas, mais suppose au contraire une ascèse très active. S. Paul, qui a si bien mis en lumière notre incorporation au Christ et notre union à Dieu, n’insiste pas moins sur la nécessité de la lutte contre les tendances du vieil homme, contre le monde et les esprits de ténèbres. Voilà pourquoi, dans l'exposé des trois voies, nous avons souvent parlé de combat spirituel, d'efforts énergiques, de mortification, de tentations, de chutes, de relèvements, non seulement pour les commençants, mais encore pour les âmes avancées. Il faut bien tenir compte des réalités, et tout en décrivant l'union intime avec Dieu et la paix qui l'accompagne, rappeler, comme le fait Ste Thérèse, que le combat spirituel ne finit qu’avec notre mort. Mais ces luttes incessantes, ces alternatives de consolations et d'épreuves, n'ont rien d'effrayant pour les âmes généreuses, toujours unies à Dieu dans le calme aussi bien que dans la tempête. C'est surtout pour les séminaristes et les prêtres que nous écrivons; mais nous espérons que ce livre sera utile aux communautés religieuses et même à ces nombreux laïques qui aujourd'hui cultivent la vie intérieure pour exercer plus efficacement l'apostolat. 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 Nous exposerons avant tout les doctrines certaines ou communément reçues, ne donnant qu'une place très restreinte aux questions controversées. Il y a sans doute plusieurs écoles de spiritualité ; mais les hommes pondérés de ces diverses écoles s'entendent sur tout ce qu'il y a de vraiment important pour la direction des âmes. C'est cette doctrine commune que nous exposerons, en essayant d'y mettre un ordre aussi logique et aussi psychologique que possible. Si parfois nous montrons une certaine préférence pour la spiritualité de l'Ecole française du XVIIe siècle, fondée sur les enseignements de S. Paul et de S. jean, et qui s'harmonise si bien avec la doctrine classique de S. Thomas, nous déclarons très sincèrement que nous sommes pleins d'estime pour les autres écoles, et nous leur ferons de larges emprunts, visant beaucoup plus à mettre en évidence ce qui les rapproche que ce qui les différencie. C'est au Verbe Incarné et à sa sainte Mère, siège de la divine Sagesse, que nous dédions humblement ce modeste travail, trop heureux s'il peut, sous leur égide, contribuer à la gloire de la Très Sainte et Très Adorable Trinité : Ut in omnibus honorificetur Deus per Jesum Christum ! (I Petr., IV, 11). Les quelques changements que nous avons apportés à cette quatrième édition, pour tenir compte des bienveillantes remarques qu'on a bien voulu nous faire, n’en ont point modifié le fond : et nous remercions de tout cœur ceux qui ont bien voulu nous les communiquer. Solitude d'Issy, (Seine), en la fête de l'Immaculée Conception de la Sainte Vierge, 8 décembre 1924. AD. TANQUEREY Liste chronologique et méthodique des principaux auteurs consultés Nous avons pensé qu'au lieu de donner simplement une liste alphabétique des auteurs, il valait mieux, pour l'utilité des lecteurs, donner une liste à la fois chronologique et méthodique des auteurs, en indiquant, à partir du Moyen Age, les écoles auxquelles ils se rattachent. Mais nous ne donnons que les principaux, ou du moins ceux que nous regardons comme tels 1 . I. L'ÂGE PATRISTIQUE C'est l'âge où s'élaborent les matériaux qui constitueront la science de la spiritualité ; et où nous trouvons déjà deux synthèses, celle de Cassien en Occident et celle de S. Jean Climaque en Orient. 1° Pendant les trois premiers siècles S. Clément, Lettre à l’église de Corinthe (vers 95) pour recommander la concorde, l'humilité et l'obéissance, P. G., I, et éd. Hemmer-Lejay. Hermas, Le Pasteur (140-155), P. G., II, 891-1012, expose longuement les conditions du retour à Dieu par la pénitence. Ed. Hemmer-Lejay, avec trad. française par A. Lelong, avec introduction et notes. Clément d'Alexandrie, Pædagogus (après 195), P. G., IX, 247-794, et éd. Berolinensis, décrit comment par l'ascèse le véritable gnostique arrive à la contemplation. S. Cyprien, (200-258), De habitu virginum, de dominica oratione, De opere et eleemosynis, de bono patientiæ, de zelo et livore, de lapsis, P. L., IV ; mais la meilleure éd. est celle de Hartel, Vienne, 1868- 1871. 2° Du quatrième au septième siècle A) Dans l'Eglise d'Occident : S. Ambroise, (333-397), De Officiis ministrorum, De virginibus, De viduis, de virginitate, P. L., XVI, 25- 302, et l'éd. de Vienne. S. Augustin, (354-430), Confessiones, Soliloquia, De doctrina christiana, De Civitate Dei, Epistola CCXI, etc., P. L., XXXII, XXXIV, XLI. On peut tirer des ouvrages du S. Docteur une théologie ascétique et mystique qui complète et corrige Cassien. 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 Cassien, (360-435), Instituta Cænobiorum, Collationes, P. L., XLIX-L ; et surtout l'éd. de Vienne par Petschenig, 1886-1888. Une trad. française des Conférences par Dom Pichery paraît à la Librairie S. Thomas, à Saint Maximin (Var). Ces conférences résument toute la spiritualité monacale des quatre premiers siècles et n'ont cessé d'être utilisées par les auteurs subséquents. S. Léon, (Pape 440-461), Sermones, P. L., LIV ; ses discours sur les fêtes de Notre Seigneur sont si pleins de doctrine et de piété que l'Eglise lui en emprunte plusieurs dans ses offices liturgiques. S. Benoît, (480-543), Regula, P. L., LXVI, 215-932 ; éd. critique de Butler, 1912. Cette règle est devenue, du VIIIe au XIIIe s., celle de presque tous les moines d'Occident, et se recommande par sa discrétion et sa facilité à s'adapter à tous les temps et tous les pays. S. Grégoire-le-Grand, (540-604), Expositio in librum Job, sive Moralium libri XXXV ; Liber regulæ pastoralis ; Dialogorum libri quatuor, P. L., LXXV-LXXVII. B) Dans l'Eglise d'Orient : S. Athanase, (297-373), Vita S. Antonii, où est décrite la vie et par là même la spiritualité du patriarche, des moines et des cénobites, P. G., XXVIII, 838-976. S. Cyrille de Jérusalem, (315-386), dont les admirables Catéchèses tracent le portrait du vrai chrétien, P. G., XXXIII, et éd. Reischl. S. Basile, (330-379), De Spiritu Sancto, P. G., XXXII, où se trouve décrit le rôle du S. Esprit dans l'âme régénérée ; Regulæ fusius tractatæ, Regula brevius tractata, P. G., XXXI, qui font connaître la discipline monastique d'Orient. S. Jean Chrysostome, (344-407), dont les Homélies forment un répertoire complet de morale et d'ascèse, uploads/Religion/ tanque-rey-fra.pdf

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  • Publié le Oct 24, 2021
  • Catégorie Religion
  • Langue French
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