LA PLACE DE LA FEMME DANS L'ISLAM Zeina el Tibi C.N.R.S. Editions | « Société,
LA PLACE DE LA FEMME DANS L'ISLAM Zeina el Tibi C.N.R.S. Editions | « Société, droit et religion » 2014/1 Numéro 4 | pages 59 à 64 ISSN 2110-6657 ISBN 9782271081711 Article disponible en ligne à l'adresse : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- https://www.cairn.info/revue-societe-droit-et-religion-2014-1-page-59.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour C.N.R.S. Editions. © C.N.R.S. Editions. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. 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On comprend l’intérêt de cette réfl exion en ces temps, où certains groupes de pression et idéologies tentent de faire prévaloir des théories ou des lois qui remettent en question les fondements mêmes de nos sociétés et nos valeurs les plus fondamentales. L’intérêt de ces remarques, on le comprend aussi au regard de tout ce qui peut être dit ou écrit sur l’islam et la femme, ce qui est le thème du petit livre que j’ai récemment publié chez Desclée de Brouwer. Parmi les facteurs d’incompréhension dont souffre l’islam, la condition de la femme occupe une place importante. La question de la femme est une source inépuisable de quiproquos, de polémiques et d’incompréhension. Aux yeux de certains, l’islam serait la religion qui opprime les femmes ; la femme musulmane vivrait en marge de la société, dans une situation d’infé- riorité, dominée par l’homme et empêchée d’évoluer. Cela donne à penser et incite à remettre en cause les préjugés injustes sur cette question sensible, qui mérite toute notre attention. J’ai écrit mon livre pour réfuter les exagérations et les clichés. Mais mon objectif est aussi de réfuter, et même condamner les dérives extrémistes de ceux qui donnent une caricature inexacte de l’islam Je propose de revenir aux sources. Que dit exactement l’islam au sujet de la femme ? C’est à cette question qu’il faut d’abord répondre. Il est clair qu’il existe un grand décalage entre, d’une part, les clichés et les idées reçues et, d’autre part, la véritable doctrine de l’islam. Cette doctrine ne découle pas des interprétations plus ou moins hasar- deuses de soi- disant cheikhs ou de charlatans qui ont pris la religion en otage. 59 © C.N.R.S. Editions | Téléchargé le 06/04/2021 sur www.cairn.info (IP: 41.250.88.178) © C.N.R.S. Editions | Téléchargé le 06/04/2021 sur www.cairn.info (IP: 41.250.88.178) La doctrine de l’islam découle tout simplement du Coran et de l’enseigne- ment du Prophète Mohammed. Il suffi t de lire le Coran pour être convaincu que le Livre saint de l’islam a représenté un progrès pour la condition féminine. Contrairement aux nom- breuses idées toutes faites qui ont cours en Occident, il faut répéter que l’islam a donné à la femme un statut qui la respecte et l’honore, tant sur le plan spi- rituel que sur le plan social. Sur le plan spirituel, il a affi rmé l’égalité entre les hommes et les femmes. Sur le plan de la vie en communauté, il a reconnu aux femmes des droits et une protection dûment codifi és, mettant fi n à un état d’infériorité. L’Islam a permis le passage de la famille patriarcale, dans laquelle la femme n’avait aucun droit, à la famille conjugale, dans laquelle elle est une moitié du couple. Omar, le deuxième calife bien- guidé, exposait : « Avant la venue de l’islam, nous autres n’avions pas de considération pour les femmes. Puis, lorsque vint l’islam et que Dieu Tout Puissant évoqua leurs droits, nous nous mîmes à comprendre qu’elles avaient des droits sur nous1. » Selon l’islam, l’homme et la femme sont égaux devant Dieu, ils sont pareil- lement les lieu- tenants de Dieu sur terre. Tous les versets coraniques relatifs aux droits et aux devoirs de l’homme concernent également la femme. D’ail- leurs, pour que les choses soient claires, il est le plus souvent écrit les croyants et les croyantes. La Révélation s’adresse à tous sans aucune distinction de race, de sexe, de condition sociale. En matière religieuse, le Coran n’établit aucune supériorité de l’homme sur la femme, car le seul critère retenu est celui du comportement, de la piété. C’est à cette aune que les humains sont appréciés et seront jugés par Dieu : « Tout croyant, homme ou femme, qui fait une bonne action entrera au Paradis. » (Coran, XL, 40) Le Coran expose aussi la complémentarité entre l’homme et la femme qui sont un couple, « un vêtement l’un pour l’autre ». Outre les principes du Coran, tout l’enseignement du Prophète – la Sunna – prône le respect de la femme. Selon un hadith du Prophète : « la femme est la sœur germaine de l’homme ». Bien entendu, une femme et un homme ne sont pas totalement semblables, en particulier sur le plan biologique. Ainsi, malgré les expériences pseudo- scientifi ques les plus douteuses, allant de la procréation artifi cielle jusqu’au clonage, on ne changera par la nature humaine ni la règle qui veut que c’est la 1. Rapporté par Boukhari (al Sahih). Société, droit et religion 4 | 2014 60 © C.N.R.S. Editions | Téléchargé le 06/04/2021 sur www.cairn.info (IP: 41.250.88.178) © C.N.R.S. Editions | Téléchargé le 06/04/2021 sur www.cairn.info (IP: 41.250.88.178) femme qui enfante. Entre les deux sexes, le Coran pose la règle d’un partage dans la réciprocité, la complémentarité, la cohérence : il ne s’agit donc pas d’une dichotomie, encore moins d’une opposition… Les rapports entre les hommes et les femmes sont du domaine de la frater- nité, du soutien et, principalement, la complémentarité. L’homme et la femme ne sont pas identiques en tout point mais bien complémentaires, ce qui est infi niment supérieur. Ils sont « un vêtement l’un pour l’autre ». C’est donc à ses sources fondamentales qu’il importe de remonter. Les traitements parfois inacceptables réservés aux femmes dans quelques pays musulmans n’ont pas une origine religieuse. Il faut bien faire la distinction qui s’impose entre la religion musulmane et les coutumes ou les pratiques ou habitudes qui sont très éloignées des pres- criptions islamiques. S’il est incontestable que la condition de la femme dans certains pays – et plus particulièrement dans certaines couches de population – est déplorable, ce serait une erreur d’imputer la responsabilité de ce genre de situation à l’islam. Par exemple, des déguisements comme la burqa et le tchador sont des cou- tumes locales (afghane, perse) qui n’ont rien à voir avec la religion. Le voile lui- même n’est pas une prescription stricte et précise. L’excision, que l’on condamne à juste titre, est une pratique africaine, régu- lièrement blâmée par l’islam. C’est une pratique d’ailleurs inconnue dans les pays musulmans en dehors de l’Afrique noire (où elle concerne d’ailleurs aussi bien les chrétiennes que les musulmanes). La polygamie n’a pas été initiée par l’islam qui, au contraire, incite à y mettre un terme en posant des conditions si strictes qu’elles sont irréalisables. En réalité, ce qui fait du mal à l’islam, ce sont les ignorants et les bonimen- teurs qui racontent n’importe quoi, tous ceux qui trahissent le vrai Message progressiste et humaniste de l’islam. C’est ainsi qu’a pu se développer un conservatisme outrancier, enfermé dans la stagnation et la routine. Un conservatisme et des pratiques encouragés par l’ignorance, par la répétition d’habitudes folkloriques et par l’imitation aveugle à des coutumes surannées. C’est cela qui a conduit à une sorte de misogynie stupide d’autant plus déplorable qu’elle contredit l’enseignement de l’islam et semble ignorer que les femmes ont joué un rôle important dans la construction de l’islam. Premièrement, les attitudes limitant les droits de la femme contredisent les enseignements les plus évidents de l’islam. Elles contredisent l’invitation constante de l’islam à ne pas rester englué dans le conformisme et l’imitation aveugle, le taqlid. La place de la femme dans l’islam 61 © C.N.R.S. Editions | Téléchargé le 06/04/2021 sur www.cairn.info (IP: 41.250.88.178) © C.N.R.S. Editions | Téléchargé le 06/04/2021 sur www.cairn.info (IP: 41.250.88.178) En effet, le Coran et la Sunna donnent la possibilité aux croyants d’arti- culer l’ancien et le nouveau, de s’adapter, de se renouveler. L’islam invite à l’effort d’adaptation, l’ijtihâd. C’est pourquoi uploads/Religion/ sdr-004-0059.pdf
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Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Fev 24, 2021
- Catégorie Religion
- Langue French
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