s Dominique Fondateur De t'orûre Des Frères firêcbeurs, par le R. P. D.-A. MORT
s Dominique Fondateur De t'orûre Des Frères firêcbeurs, par le R. P. D.-A. MORTIER, des Frères Prêcheurs. CUZZ3 SOCIÉTÉ SAINT-AUGUSTIN. DESCLÉE, DE BROUWER ET O , Imprimeurs des Facultés catholiques de Lille. — 1895. CDU *afe *afe «afe «afe *afe 1 Hatnt Dominique | 2 - Fondateur — g ^ ne roture Des; Frères Егес&еш. & JSatnt Dominique te i. — Jlejs prcmfer* pas*. ^ ' E S T un fils de grands seigneurs d'Espagne, Félix de Guzman * et Jeanne d'Aza, plus grands encore par leur insigne piété que par la noblesse de leur sang. Il naquit à Calaruega, en Castille, dans le château de ses pères, Tan 1 1 7 0 . Dès avant sa naissance, DIEU, dont le cœur a pour ses saints toutes les prévenances, fit comprendre à Jeanne d'Aza la vocation extraordinaire de l'enfant qu elle portait. Il lui sembla voir en songe un chien s'échapper de son sein et courir, un flambeau dans la gueule, illuminer et embraser le monde. Au moment de son bap- 3 SAINT DOMINIQUE. terne, alors que cet enfant reçut le nom de Dominique, sa marraine vit une étoile briller sur son front. Ses rayons y laissèrent, toute sa vie, comme une splendeur surnaturelle. Présages lumineux qui forment, autour du berceau de saint Dominique, les premières et douces clartés d une aurore dont le plein midi resplendira sur tout l'univers. Quand il eut sept ans, Jeanne d'Aza confia l'éducation de son fils à un de ses frères, archiprêtre de Gumiel d'Yzan. C'est à l'ombre du sanctuaire, sous la direction prudente d'un prêtre, que Dominique se forma à la vertu. Ses premiers pas dans cette voie furent des pas de géant. DIEU prit pos- session de son cœur, qui, sous un tel Maître, resta pur, simple, droit comme le cœur d'un ange. Et cependant, comme les jeunes gens de son âge et de sa condition, il lui fallut quitter le toit paternel, ce foyer domestique où le regard d'une mère est une protection SAINT DOMINIQUE. 9 contre le mal, un secours contre l'adversité. A quinze ans, Dominique se rendit à l'Uni- versité de Palencia, célèbre alors dans toute TEspagne par la haute réputation des maî- tres qui y enseignaient les sciences divines et humaines. Ses études y furent brillantes. Doué d'une intelligence d'élite et sentant au fond de son cœur l'appel au sacerdoce, il voulut orner son esprit de toutes les con- naissances capables d'éclairer sa foi. Il accu- mule ainsi par la prière et l'étude les trésors de lumière et de vertu qu'il communiquera plus tard aux âmes. L a prière sans l'étude est un édifice sans fondement, comme l'étude sans la piété, pour un clerc, est un labeur infructueux. L'alliance des deux forme le vrai prêtre. De cette période universitaire une seule parole de Dominique est venue jusqu'à nous, mais comme elle le révèle tout entier ! L'Espagne était désolée par unehorriblefamineja misère étaiteffroyablc. IO SAINT DOMINIQUE. Le saint jeune homme vend ses livres pour acheter du pain aux pauvres, et comme on s en étonne, il dit : € Puis-je étudier sur des peaux mortes quand mes frères meurent de faim ? » °--Wr il. - Oötita. j RDONNÉ prêtre vers 1195, Dominique brisa les liens qui l'attachaient au monde en entrant dans le Chapitre régulier que Dom Martin de Bazan, évêque d'Osma, avait établi dans sa cathédrale. « Il y parut, dit Thierry d'Apoîda, comme la lampe qui brille sur le chandelier, miroir de vie, mo- dèle de sainteté. Assidu à l'oraison, d'une charité parfaite, plein de compassion pour tous, son cœur et ses sens ne vivaient que pour DIEU. » Le chanoine commence la vie SAINT DOMINIQUE. I I de prière et de pénitence qu'il continuera jusqu'au dernier soupir. A première vue, Dominique, devenu chanoine d'Osma, 12 SAINT DOMINIQUE. semble s'éloigner de la voie que DIEU lui réserve. Nullement, ce n est point un écart, mais bien plutôt une providentielle prépa- ration. Le culte divin, dont les chanoines réguliers devaient, par état, relever la splen- deur, sera, dans l'Ordre futur des Prêcheurs, une des fonctions principales de ses mem- bres. A son insu, le grand Fondateur, que la main de DIEU dirige, que son Esprit couve, s'emplit de la grâce qu'il devra répandre un jour sur les siens. Pendant qu'il sanctifie son âme et active en elle le feu de la charité dans le cloître d'Osma, autour de sa paisible retraite on entend les hurlements des loups qui se jettent sur le troupeau du CHRIST. Dans le midi de la France, une secte nouvelle a paru, réformatrice, dit-elle, de l'Eglise romaine, dont elle condamne, au dehors, les abus, tout en pratiquant, dans l'ombre, les plus honteuses débauches. On appelle ces SAINT DOMINIQUE. 13 hérétiques Albigeois, car la ville d'Albi surtout en est infestée. Ces « bonshommes^, comme disaient les naïfs du temps, s'en allaient pauvrement vêtus, prêchant la péni- tence, le dépouillement des biens de la terre, qu'ils accaparaient sous main à leur profit, séduisant par des dehors d'austérité ceux que le luxe et la cupidité de certains prélats et clercs scandalisaient. Le mal était si pro- fond et si dangereux que le Pape Inno- cent III, homme de génie qui gouvernait l'Église, avait envoyé légats sur légats pour lutter contre son envahissement. Les rumeurs en arrivent jusqu a Osma et le cœur de Dominique se prend d'ardeur pour le combat. Sauver les âmes, les ramener à JÉSUS-CHRIST, il en palpite d'aise ! Le chien du Seigneur,— ce chien symbolique entrevu par Jeanne d'Aza, — s'agite derrière les murs qui l'emprisonnent ; les hurlements des loups excitent son ardeur ; il a hâte de sortir, 14 SAINT DOMINIQUE. de courir à la chasse, d'aboyer après les ravisseurs. La porte du cloître d'Osma s est refermée sur Dominique, qui la lui ouvrira ? Le successeur de Martin de Bazan, Dom Diego d'Azévédo, s était pris d une grande affection pour le serviteur de DIEU. Ame ardente et désireuse du bien, il avait, comme Dominique, la suprême ambition de se dévouer au salut de ses frères. C'est lui que DIEU a choisi pour le conduire où sa volonté l'appelle. n i . — jLz$ öibutg apo#= = = toliqttc0* = A cour de Castille est en émoi. Al- phonse V I I I veut demander en ma- riage, pour son fils Ferdinand, âgé de 16 ans, la fille du roi de Danemark. L e voyage I N N O C E N T III. D'après une estampe de la Vie des Pontifes, gravée par J.-I3. Cavallieri, x v n c siècle. l6 SAINT DOMINIQUE. est long, l'ambassade délicate, l'alliance ardemment désirée. On s'empresse pour donner à l'ambassadeur un cortège digne de la puissance et de la richesse de l'Espa- gne. Comme la Providence laisse les hom- mes se démener dans leurs pensées terres- tres et sait s'en servir pour le salut du monde ! Il s'agit bien, pour DIEU, du ma- riage d'un prince de Castille ! Si ce projet préoccupe Alphonse V I I I , si les politiques en calculent les chances et en escomptent les suites, c'est pour ouvrir à Dominique la porte des Pyrénées. L'ambassadeur choisi est Diego d'Azévédo ; il ne partira pas sans son fidèle ami. Tous deux, escortés d'une suite nombreuse, passent les Pyrénées : Dominique se trouve sur le champ de ba- taille que DIEU lui a réservé. A peine arrivé, il combat. A Toulouse même, il s'aperçoit que le maître de la maison où il reçoit l'hospitalité est hérétique ; il entreprend de SAINT DOMINIQUE. 17 le convertir, il lui parle avec tant de dou- ceur et de clarté que cet homme se jette à ses pieds et abjure son erreur. Ce sont les prémices de son apostolat, le germe fécond de l'Ordre des Prêcheurs. Les deux voyageurs, continuant leur route, remplirent avec succès leur mission près la cour de Danemark. Au retour, après un rapide pèlerinage au tombeau des apôtres à Rome, ils s'arrêtèrent à Montpellier. Douze abbés de l'Ordre de Cîteaux et quelques prélats, délégués par Innocent III, y délibéraient sur les moyens à prendre pour combattre l'hérésie albigeoise. Diego d'Azé- védo, rempli de l'esprit de DIEU, leur dit : « Mes Seigneurs et mes Pères, si vous vou- lez ramener à la vérité ces esprits égarés, commencez par leur donner le bon exemple. Laissons le luxe de nos équipages, et, à pied, pauvres comme notre Sauveur, prê- chons la vraie doctrine de l'Évangile. » Et, S. Dominique. 2 i8 SAINT DOMINIQUE. aussitôt, le saint évêque renvoie les gens de sa suite, les autres font de même, et tous se mettent à prêcher. Dominique était ravi, le vœu de son cœur se réalisait. Pendant deux ans il travailla, sous la direction de son évêque, à la conversion des Albigeois, et quand celui-ci, sentant ses forces défaillir, regagna son église d'Osma, il ne put aban- donner l'œuvre commencée- Les deux amis SAINT DOMINIQUE. 19 se dirent adieu sur cette terre de France, arrosée de leurs sueurs et destinée uploads/Religion/ saint-dominique-fr-daniel-antonin-mortier-op.pdf
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- Publié le Nov 11, 2022
- Catégorie Religion
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